mois de Novembre: la dévotion aux défunts.
Publié le 2 Novembre 2020
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HONNEUR ET RESPECT
Depuis l'époque des premiers chrétiens, l’Eglise catholique a toujours entouré les morts d’une atmosphère de respect sacré. Ce dernier et les honneurs funèbres qu’elle leur a toujours rendus permet de parler d’un certain culte des défunts : un culte, non pas au sens théologique strict, mais entendu comme une vénération sacrée manifestée par ceux qui ont foi en la résurrection de la chair, en la vie future. Le christianisme des premiers siècles n'a pas rejeté le culte des défunts des civilisations anciennes. Au contraire, il l’a consolidé, en le purifiant, et en lui donnant son véritable sens transcendant, à la lumière de la connaissance de l’immortalité de l’âme et du dogme de la résurrection. Le corps - qui durant la vie est « temple de l’Esprit Saint » et « membre du Christ » (1 Corinthiens 6, 15), et dont le destin définitif est la transformation spirituelle dans la résurrection - a toujours été, pour les chrétiens, aussi digne de respect et de vénération que les choses les plus saintes. Ce respect s’est d’abord manifesté par la manière même d’enterrer les cadavres. A l’imitation de ce que firent pour le Seigneur Joseph d’Arimathie, Nicodème et les saintes femmes, les cadavres étaient souvent lavés, oints, enveloppés dans des linges imbibés d’aromates, puis placés ainsi avec beaucoup de soin dans un tombeau. Dans les Actes du martyre de saint Pancrace, on lit qu’il fut enseveli « après avoir été oint de parfums et enveloppé dans de très riches tissus », et lorsque l’on ouvrit le cercueil de cyprès de sainte Cécile, en 1599, elle était revêtue de très riches vêtements. La piété et le culte des chrétiens pour les défunts n’étaient pas seulement manifestés par la préparation soigneuse du cadavre ; la sépulture matérielle était également un expression éloquente des mêmes sentiments. Ces sépulcres étaient ornés de fleurs et des parfums étaient répandus sur les tombes des êtres chers.
LES CATACOMBES
Au cours de la première moitié du deuxième siècle, après avoir bénéficié de quelques concessions et donations, les chrétiens commencèrent à enterrer leurs morts sous terre. Ce fut l’origine des catacombes. Nombre d’entre-elles furent creusées et agrandies autour de sépultures familiales dont les propriétaires, récemment convertis, les ouvrirent à leurs frères dans la foi plutôt que de les réserver à leurs familles. Au cours du temps, les zones funéraires s’élargirent, parfois à l’initiative de l’Eglise elle-même. C’est le cas typique des catacombes de saint Calixte : l’Eglise assuma directement son administration et son organisation, sur un mode communautaire. Lorsque les Empereurs Constantin et Licinius promulguèrent l’édit de Milan, en février 313, les chrétiens ne furent plus persécutés. Ils pouvaient librement professer leur foi, construire des lieux de culte et des églises, dans et hors des murailles de la cité, acheter des lopins de terre, cette fois sans risque de confiscation. Toutefois, les catacombes continuèrent d’être utilisées, comme des cimetières réguliers, jusqu’au début du Ve siècle, lorsque l’Eglise procéda aux enterrements exclusivement dans le voisinage ou à l’intérieur des basiliques dédiées à des martyrs importants. La vénération des fidèles portait cependant principalement sur les tombes des martyrs. Ce fut autour d’elles que naquit le culte des saints. Toutefois, ce culte très spécial pour les martyrs ne supprima pas la vénération vouée aux morts en général. On pourrait même dire, d’une certaine manière, qu’elle s’en trouva renforcée. En effet, dans l’esprit des premiers chrétiens, le martyr, victime pour sa fidélité inébranlable au Christ, faisait partie du cortège des amis de Dieu, qui jouissaient de la vision béatifique depuis le moment même de leur mort : quels meilleurs protecteurs que ces amis de Dieu ? C’est ainsi que les fidèles voyaient les choses, qui mirent toujours leur honneur à reposer après leur mort auprès du corps de certains de ces martyrs, fait qui reçut le nom de sépulture ad sanctos. De leur côté, les vivants étaient également convaincus de ce qu’aucun hommage envers leurs défunts ne pouvait être comparé au fait d’être enterré sous la protection des martyrs. Ils considéraient qu’ainsi était assurées non seulement l’inviolabilité de la sépulture mais aussi une intercession et une aide plus efficaces du saint. C’est pourquoi les basiliques, et les églises en général, finirent par devenir de véritables cimetières, ce qui contraignit bientôt les autorités ecclésiastiques à y imposer des limites. Cependant ces mesures de prohibition auxquelles elle fut contrainte de recourir, pour éviter des abus, n’affectèrent en rien le sentiment de profond respect et de vénération de l’Eglise pour ses fils défunts, ni sa ferme volonté de les honorer. Ainsi s’établit l’usage, avant l’enterrement, de porter le cadavre dans l’église, au pied de l’autel, pour que soit célébrée la Sainte Messe en suffrage. Cette pratique, déjà quasi-générale à la fin du IVe siècle, et dont saint Augustin témoigne clairement en relatant en ses Confessions les funérailles de sa mère, sainte Monique, s’est maintenue jusqu’à nos jours. Saint Augustin expliquait aux chrétiens de son temps que les honneurs externes n’apportaient ni avantage ni honneur aux morts s’ils n’étaient accompagnés des honneurs spirituels de la prière : « si ces supplications offertes pour les morts par une foi et une piété légitimes venaient à manquer, je suis d'avis qu'il ne servirait de rien à leurs âmes de déposer leurs corps privés de vie dans n'importe quels lieux saints. (...) Soyons assurés que nous n'atteindrons les morts auxquels nous rendons des devoirs que par l'autel, la prière et l'aumône. Voilà les supplications solennelles et les sacrifices qui leur sont utiles » .
L’Eglise, qui entend les choses ainsi, s’est toujours préoccupée de donner une digne sépulture aux cadavres de ses enfants, en leur apportant, pour les honorer, le meilleur de ses trésors spirituels. Dépositaire des mérites rédempteurs du Christ, elle a voulu les appliquer à ses défunts, en offrant à certains jours sur leurs tombes ce que saint Augustin appelle avec tant de bonheur le sacrificium pretii nostri, c’est-à-dire le Sacrifice de notre rachat. Déjà, au temps de saint Ignace et de saint Polycarpe, il en est question comme d’une pratique fondée dans la tradition. Mais, là encore, l’usage dégénéra en abus, de sorte que l’autorité ecclésiastique dut intervenir pour s’y opposer et le réduire. Ainsi fut-il décidé que la Messe ne serait plus célébrée que sur les tombeaux des martyrs.
LES DEFUNTS DANS LA LITURGIE
Par ailleurs, la mémoire des défunts était chose commune dans toutes les liturgies dès le troisième siècle. C’est-à-dire qu’outre les quelques messes spéciales qui étaient offertes pour eux auprès des tombes, toutes les « synaxes » eucharistiques comportaient, comme encore aujourd’hui, une « mémoire - memento » - des défunts. Ce même esprit d’affection et de tendresse inspire toutes les prières et les cérémonies du merveilleux rite des obsèques. De nos jours, l’Eglise fait spécialement mémoire de ses fils défunts durant le mois de novembre, par la Commémoration de tous les fidèles défunts, le 2 de ce mois, consacré à leur souvenir et aux suffrages pour leurs âmes. Lors de la Fête de tous les saints, le jour précédent, elle célèbre l’entrée au Ciel de tous les saints qui, sans avoir acquis la renommée attachée à la sainteté en leur vie, ont reçu la récompense éternelle, et parmi lesquels se trouve l’immense majorité des premiers chrétiens.