Bonne et sainte année 2021 avec les Rois.
Publié le 31 Décembre 2020
Il y a tant de fraîcheur et de vérité dans le récit de l'adoration des mages que nous devons savoir gré à la Liturgie de mettre chaque année sous nos yeux cette page d'Evangile.
Une telle évocation, avec les éléments de pensée et de conduite qu'elle renferme, avec la participation au saint sacrifice qui lui donne son plein sens, dispose les chrétiens à recevoir la grâce propre actuelle de l'Epiphanie. Car les mystères du Christ, objet de nos solennités annuelles, sont une réalité toujours vivante qui n'a rien perdu de son efficacité originelle. Le bienfait insigne qui fut conféré aux mages nous est donc offert. " Le mystère qui s'est accompli en ce jour, dit saint Léon, ne doit pas y être confiné; grâce à la munificence de Dieu et à la force d'expansion de sa grâce, notre temps possède la réalité de la grâce dont les mages eurent les prémices".
Qu'avons-nous de commun avec ces princes exotiques? Comment leur étoile peut-elle éclairer notre route?
Les mages étudiaient les astres pour y découvrir l'avenir; qui de nous ne voudrait percer les épaisses ténèbres qui enveloppent le futur immédiat ou lointain? Mais pareille curiosité s'accompagnait dans l'âme des mages d'un grand espoir en l'avènement du roi des Juifs. Notre inquiétude ne sera salutaire que si elle accroît notre soif du règne de Jésus, d'un règne tel que Dieu le veut, non tel que nous l'imaginons ou le souhaitons peut-être.
La grande épreuve des mages, celle qui révéla la profondeur et la tenacité de leur foi, ne fut pas la disparition de l'étoile ou l'ironie moqueuse d'Hérode; ce fut de trouver, au lieu du roi qu'ils cherchaient , un bébé couché sur de la paille et dans une crèche, un enfant de pauvres gens obligés de prendre logis dans une grotte. Malgré toutes ces apparences, ils ne s'y trompent point; leur foi les initie aux procédés divins; elle leur fait accepter l'économie rédemptrice avec la part inévitable de souffrance qu'elle comporte, puisque la force et les autres moyens adorés des hommes n'y ont point de place.
Les présents qu'ils posent devant l'Enfant mystérieux montrent que les mages ont saisi d'emblée tous les aspects essentiels de sa personnalité. L'or honore la royauté du Christ, l'encens proclame sa divinité, la myrrhe son humanité passible.
Oserons-nous maintenant comparer notre foi à celle des mages, si pure, si ferme, si généreuse? Nous qui connaissons pourtant la suite de l'histoire du Christ, son immolation personnelle prix du salut apporté à la terre, nous nous étonnons peut-être , sans trop l'avouer, de l'humilité et de la faiblesse des moyens divins.
Il nous semble parfois que Dieu pourrait faire plus ou s'y prendre autrement pour assurer son triomphe ici-bas, pour établir le règne du Christ. Sa propre gloire et le bien de l'humanité n'y trouveraient-ils pas également leur compte? Pourquoi Dieu ne recrute-t-il pas son armée, pourquoi n'organise-t-il pas sa propagande, alors que l'une et l'autre s'avèrent indispensables à la conquête du monde? Pourquoi ne collabore-t-il pas davantage avec le "monde officiel" dont l'appui, après tout, n'est pas négligeable?
Pourquoi toujours prière et de pénitence, alors que la cruelle pandémie bouleverse le monde?
D'aussi pauvres moyens sont-ils vraiment à la mesure d'une tâche si urgente, si colossale?
Cette question, si elle nous vient à l'esprit sous une forme ou l'autre, montre à quel point nous avons besoin de "comprendre avec une intelligence purifiée " la leçon de l'Epiphanie.
Car si nous lions inconsciemment nos espoirs chrétiens aux moyens temporels, si nous doutons de l'efficacité des moyens spirituels adoptés par le Christ, ce ne peut-être que pour avoir négligé l'application loyale et entière de ces mêmes moyens à notre propre cas. Nous appelons de nos voeux l'instauration d'un ordre nouveau, nous souhaitons une révolution qui rendrait à Dieu le rang social qui Lui revient. Mais dans notre impatience de modifier le cours des réalités politiques et temporelles, nous oublions qu'il faut d'abord promouvoir le règne de Dieu en nous, au secret de notre coeur trop souvent complice des passions qui dressent les hommes les uns contre les autres. L'ordre nouveau dont nous rêvons, c'est là qu'il importe de le faire naître par " l'amélioration spirituelle de la vie de chacun, mise en plus parfait accord avec la loi du Christ. ( S.S. Pie XII)
Voilà l'appui nécessaire de notre espoir en une cité plus humaine et plus chrétienne; la preuve de sincérité que doit fournir toute âme de bonne volonté en prenant conscience de ce que Dieu attend d'elle.
Les mages, et après eux tous les saints, ont accepté l'invitation; ils n'ont pas eu à se plaindre des lenteurs divines; ils ont admiré, au contraire, le rendement de l'économie surnaturelle.
A nous de refaire cette merveilleuse expérience en imitant la foi des mages pour " trouver l'Enfant avec Marie sa Mère. "
rp Joseph Marie Parent op+