fête de la Purification - homélie dom Jean Pateau, père abbé de Fontgombault.

Publié le 2 Février 2021

 

 

 PRÉSENTATION DE L’ENFANT-JÉSUS AU TEMPLE

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 2 février 2021)

 

 

 

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils, 

 

 La Messe de ce jour s’est ouverte par la bénédiction des cierges. Cinq oraisons ont appelé la grâce du Dieu créateur et recréateur sur ces luminaires destinés à nous accompagner durant l’année à venir comme un sacramental témoignant de la protection divine.

Ce rite, accompli en ce jour particulier, ne peut se comprendre que dans son lien à la rencontre entre le vieillard Siméon et la sainte Famille, rapportée par l’Évangile de ce jour. Poussé par l’Esprit, Siméon, un homme juste et craignant Dieu, rempli de l’Esprit-Saint, et qui attendait la consolation d’Israël, c’est-à-dire la venue du Messie, se rend au Temple. Il avait reçu la révélation qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir rencontré le Messie attendu par Israël. Cette promesse s’accomplit en ce jour.

Dieu est toujours fidèle à ses promesses.

La rencontre au Temple fait naître dans le cœur du vieillard une bénédiction adressée à Dieu et dont Marie s’est souvenue : Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » (Lc 2,29-32) Siméon est comblé. Ses yeux voient l’enfant, accomplissement de la Promesse. Il voit et porte dans ses bras le Messie, Lumière qui se révèle aux nations. Dans la nuit de Noël, le Rédempteur est venu dans le monde.

Pour les peuples qui marchaient dans les ténèbres, une lumière a lui. Lors de l’Épiphanie, cette lumière s’est manifestée aux nations. La rencontre du vieillard Siméon, enfin, revêt un caractère particulier, lié à l’endroit où elle se déroule : le temple, lieu du culte et de l’adoration, où sont offerts les sacrifices.

La présentation de l’Enfant Jésus au Temple est comme l’offertoire du sacrifice qui sera consommé sur le Calvaire. Siméon prend l’enfant dans ses bras, l’élevant à la face du monde.

À travers le vieillard Siméon, nos yeux ont vu. Mais nos yeux voient-ils toujours ? Voient-ils encore ?

La présence lumineuse du Christ qui éclaire tout homme venant en ce monde a besoin de nous être rappelée. Le Christ est notre seul Sauveur.

Aussi souhaitons-nous porter les cierges « rayonnants de lumière », bénits ce matin « pour l’usage des hommes et pour la santé des corps et des âmes, soit sur la terre, soit sur la mer », comme le dit la première oraison, afin d’être nous-mêmes « embrasés du feu sacré » et « présentés dans le saint temple » de la gloire de Dieu.

La présentation du Christ s’achève dans notre propre présentation à Dieu.

La troisième oraison demande qu’à la façon dont la lumière chasse les ténèbres de la nuit, « nos cœurs, illuminés d’un feu invisible, la splendeur du Saint-Esprit, soient exempts de l’aveuglement de tous les vices. »

La quatrième oraison implore qu’au don de la lumière extérieure des cierges corresponde le don de la lumière de l’Esprit divin pour les âmes, afin, comme le mentionne la cinquième oraison, de reconnaître et d’aimer fidèlement le Seigneur.

Le drame des âmes est l’aveuglement.

L’œil spirituel purifié, le cœur peut discerner ce qui plaît à Dieu et ce qui sert au salut, franchir « les obscurs dangers de ce siècle », pour arriver à la lumière indéfectible de l’éternité.

   Ce chemin vers la lumière que nous parcourons, les peuples le parcourent aussi, Dieu aidant. Je voudrais achever notre méditation en évoquant brièvement l’apparition de Notre-Dame à Pontmain le 17 janvier 1871, il y a juste 150 ans. La France est en guerre contre la Prusse. L’armée ennemie a envahi tout le nord du pays, du Jura jusqu’à la Normandie. L’armée française se révèle incapable de repousser l’envahisseur. La situation politique n’est guère meilleure. L’épidémie de typhoïde commence à reprendre. Les gens sont désespérés. Dieu semble absent.

Malgré tout, à Pontmain, le zèle infatigable d’un saint curé encourage sans relâche les fidèles à la prière. La nuit est tombée en ce soir du 17 janvier. Il est environ cinq heures et demie. Au-dessus du toit d’une maison, en plein ciel, une « Belle Dame » tend les bras, comme dans un geste d’accueil, et sourit. Elle est vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles d’or. Sur sa tête, un voile noir surmonté d’une couronne d’or avec un liseré rouge au milieu. Aux pieds, elle porte des chaussons bleus avec une boucle d’or. Elle est au milieu d’un triangle formé de trois grosses étoiles. Parmi tous ceux qui scrutent le ciel ce soir-là, seuls quelques enfants la verront. La Dame ne dira pas un seul mot. Après la récitation du chapelet, au début du chant du Magnificat, une grande banderole vient se dérouler sous l’apparition.

Des lettres commencent alors à s’écrire, en majuscule, une à une, couleur d’or : MAIS PRIEZ MES ENFANTS DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS· MON FILS SE LAISSE TOUCHER

Vers 20h30, alors que cela fait plus de trois heures que l’apparition a commencé, le curé fait dire la prière du soir. Les enfants voient un voile blanc qui apparaît aux pieds de la Vierge et monte lentement, la cachant progressivement jusqu’à la fin de la prière, où tout disparaît. Les Prussiens qui devaient prendre Laval ce soir-là n’y sont pas entrés. Le lendemain, ils commencent à se replier. Sept jours plus tard, le 25 janvier, l’armistice est signé. À Pontmain, Marie vient nous inviter à la prière. Retenons aussi de cette apparition la pureté de cœur, indispensable à l’union intime avec Dieu : celle de Marie lors de l’Annonciation, celle de Siméon au Temple, celle des enfants de Pontmain.

Marie révèle aussi l’incroyable puissance de notre pauvre prière, capable de toucher le cœur de son Fils. En ce jour de la vie consacrée, cette invitation à la prière prend une importance particulière pour toute personne consacrée, qui, inspirée par le don bouleversant du Christ, aspire à son tour à donner sa vie et à tout abandonner pour marcher à sa suite. Dieu veut nous exaucer. Le Créateur de l’univers porte aussi un regard de bonté sur nos tribulations terrestres. Marie est prête à nous aider, si nous savons le lui demander avec une foi ardente.

En ce jour, imitons le vieillard Siméon : Dieu nous appelle, Dieu nous confirme, Dieu nous attend et nous invite à la communion. Entrons dans la lumière, dans la paix qu’il nous offre, entrons dans l’espérance.

 

Amen.

Rédigé par Philippe

Publié dans #homélies

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