Notre Christ.

Publié le 7 Février 2021

 

 

 

   Le vrai contemplatif c'est le Christ lui-même. Dès le premier instant , aussitôt que le Verbe eut assumé cette âme et ce corps qui devaient être son humanité, il déversa en elle toute sa clarté et tout de suite son âme humaine entra en plénitude dans la vision du face à face, sans aucune ombre, sans aucun nuage. 

   L'âme du Christ assiste à la genèse de ce Verbe qui l'a prise à soi: l'âme du Christ assiste à la procession de l'Esprit-Saint, qui jaillit au sein de la nature divine, comme terme de l'amour infini, substantiel du Père et du Verbe; et c'est vision en plénitude, autant qu'un être créé est capable de la recevoir.

   Ainsi quand nous suivons notre Christ en tout ce qu'on nous a raconté de lui, dès les premières pages, les merveilles de la nuit de Bethléem nous émeuvent assurément, le chant des anges, l'adoration des bergers, l'illumination des âmes présentes à cette scène divine, tout cela fait tressaillir notre foi.

    Mais si nous pouvions écouter ce qui se déroule au plus profond de son âme à lui; cette adoration telle qu'on n'en avait point encore vu monter à Dieu de semblable, cette adoration chantée par les anges, comme gloire plénière rendue à Dieu et gage de paix accordé à la terre, si nous pouvions surprendre le secret de cette vie divine qui est le fond du mystère en l'âme de notre Christ, si nous pouvions la surprendre à Nazareth en ces longues années de silence si mystérieux..

   ah! sans doute nous croirions en entendre quelque chose en recueillant un peu des échanges si divins qui vont du Fils à la Mère, en leurs regards si pleins de Dieu, en leurs paroles si apaisées: mais c'est tout au fond de son âme qu'il faudrait descendre pour entendre le secret dernier, c'est cette clameur, cette prière mystérieuse qui monte de son âme à son Père , c'est cette supplication sans trêve qui nous étreint tous pour nous porter à Dieu.  Et si nous assistons à sa vie apostolique, ce n'est pas en regardant à ses miracles pourtant si révélateurs de sa divine charité, ce n'est pas même en recueillant dans l'adoration sa parole de vie que nous aurons le dernier mot sur notre Christ; c'est dans ses nuits qu'il faut le suivre et le trouver, Erat pernoctans oratione, en ce colloque mystérieux , sans parole, où tout est amour, où toute formule cesse, où le regard du Christ plonge et se perd en Dieu; c'est là que le contemplatif qu'est Jésus-Christ donne toute sa mesure.

   Et quand l'heure définitive arrive, quand l'oeuvre que son Père lui a confiée s'achève dans les tortures du Golgotha, ce n'est pas ce corps déchiré, cette humanité sainte broyée en tous ses membres , qui nous dira le dernier mot de tout; là encore et plus qu'ailleurs, le mystère nous dépassant davantage en sa profondeur, il faudrait nous approcher, écouter longtemps pendant ces trois longues heures où son âme face au Père, dominant toutes choses, était perdue en Dieu, occupée tout entière à signer notre retour en grâce.

   Si nous pouvions venir assez près pour tout comprendre de cette charité adorable, est-ce que nous pourrions ensuite nous en distraire en un instant? Est-ce que nous n'en deviendrions pas les " captifs " pour l'éternité? 

   Voilà donc ce qu'est le contemplatif en Jésus-Christ , et Jésus-Christ est notre chef, il est venu pour constituer avec nous comme un corps vivant dont il est la tête et dont nous devons être les membres, et nous avons à vivre de tout ce dont il a vécu.

   Evidemment c'est lui qui devra s'incliner, qui devra déverser sur nos âmes à nous, comme il a déversé sur son âme à lui la divine clarté , et je sais bien que tant que nous serons sur la terre ce ne sera pas la vision définitive, tant que nous serons voyageurs, nous cheminerons sous la lumière de foi. 

   Pourtant à regarder l'âme de nos saints et de nos saintes, à l'âme de Thérèse de Jésus, comme à l'âme de Catherine de Sienne ou de Thomas d'Aquin, comme nous y trouvons l'affirmation de cette parole de saint Jean : En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes.. Il est venu parmi les siens .. et c'est de sa plénitude que nous avons tous reçus... 

   Toute cette vie qui est le Verbe de Dieu, qui est essentiellement lumière, éclat de la splendeur du Père, le Verbe en venant à nous l'a déversé en nous, et nous l'avons vu plein de gloire de l'unique Engendré.

    Il a passé plein de grâces et de vérité, et c'est de cette plénitude de gloire , de grâce et de vérité que nous avons été tous enrichis.

  Il est donc comme un foyer vivant, sans mesure, en l'infini de la vie qui l'alimente, et tout à fait nôtre: il est notre en sa vie comme en sa mort. Il est donc celui par lequel nous est communiqué la lumière de contemplation; et non seulement il est cause efficiente de tous les biens divins qui nous sont  communiqués en lui, mais il est celui qui nous accompagne et par l'assistance de sa grâce nous permet de vivre sous cette lumière, car il demeure l'exemplaire resplendissant de cette marche qui va nous emmener en Dieu jusqu'à la consommation dans l'Un.

RP . G Vallée op+ 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article