homélies dom Jean Pateau - Fête de l'Assomption . 15 Août 2021

Publié le 15 Août 2021

 

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ASSOMPTION
AUX VÊPRES, AVANT LA PROCESSION DU VŒU DE LOUIS XIII.

Allocution du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault (Fontgombault, le 15 août 2021)

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

AU soir d’un jour tout illuminé du triomphe de Marie, dans l’action de grâces pour les deux professions de ce matin et dans la fidélité au vœu du roi Louis XIII qui a consacré la France à la Mère de Dieu, nous allons processionner au chant des Litanies de Lorette, du Chez nous soyez Reine et de l’Ave Maria de Lourdes.

Alors que tant de nos contemporains sur la surface de la terre souffrent de la maladie et de ses terribles conséquences sur la vie sociale, il nous faut prier tout particulièrement Notre-Dame de Lourdes, unis aux pèlerins présents au sanctuaire, l’implorant de guérir tant d’êtres humains blessés dans leur corps et leur esprit, d’apporter la paix et la réconciliation au sein des familles, des communautés, des pays.

Le virus a comme révélé la vulnérabilité d’un monde sans Dieu... Alors que sous nos yeux se poursuit la lutte acharnée entre le bien et le mal, l’être humain est démuni. Une vie sans la bous- sole des commandements de Dieu, sans la perspective de la communion avec lui pour l’éternité, n’a plus de sens.

Jusqu’ici l’homme pouvait s’étourdir dans une vie sociale de plus en plus débridée. Mais voici que les relations sociales sont bouleversées. L’autre devient l’ennemi. L’avortement, l’euthanasie,

l’enfant conçu à tout prix et comme un dû, la famille à géométrie variable, décomposée et recomposée... des progrès sociétaux, nous dit-on, mais qui suscitent l’inquiétude. L’homme et les sociétés se libèrent, mais pour qui, mais pour quoi ? Où allons-nous ?

Alors que la déprime a peut-être déjà envahi notre horizon, reve- nons aux fondamentaux de notre foi. Si le mal et le bien semblent paraître sur un même plan, aussi forts l’un que l’autre, peut-être cela tient-il à notre facilité de choisir l’un ou l’autre, d’oublier aussi que Dieu est Dieu. Il paraît si exaltant d’être libre de tout... de faire le choix du vide, du néant.

Pourtant, tout demeure dans la main toute puissante de Dieu, créateur de toutes choses. Si Dieu respecte notre liberté, que nous agissions pour le bien ou pour le mal, il n’en demeure pas moins que nous sommes appelés et que nous avons la grâce nous permet- tant de choisir le bien et de l’accomplir. Dieu n’est pas surpris par notre péché. Au-delà des victoires éphémères du mal, il poursuit vers son achèvement l’œuvre commencée au premier jour de la création. Il ne peut se tromper. L’histoire de l’humanité ne peut s’achever qu’en louange de sa gloire.

A l’attente d’un Sauveur, Dieu a répondu par un enfant né d’une Vierge. Au désespoir des disciples au soir du Vendredi-saint, a fait suite le triomphe du matin de Pâques. Demeurons-en convaincus, Dieu poursuit son œuvre de création aujourd’hui. En action de grâces pour ses œuvres admirables, marchons en procession à la suite de Marie, marchons comme elle et avec elle vers la gloire.

Demeurons dans l’espérance et témoignons à notre pays, au monde, dans une vie en cohérence avec notre foi, que nul ne trou- vera consolation et secours, si ce n’est dans le Nom du Seigneur, lui qui a fait le ciel et la terre.

Acclamons donc maintenant notre Maman au Ciel.

 

+ ASSOMPTION

PROFESSION SIMPLE de deux novices

 

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 15 août 2021)

Chers Frères et Sœurs,


Mes très chers Fils, et vous particulièrement qui allez émettre vos vœux de religion,

Aujourd’hui, l’Église fête le triomphe de Marie qui, au terme de sa vie sur la terre, entre corps et âme au Ciel.

Aujourd’hui, les moines de Fontgombault et beaucoup d’amis se souviennent qu’en cette fête, l’an passé, alors que le soleil était au zénith, à l’heure solaire de l’Angelus, le Père Abbé Antoine a remis son âme à Dieu, et celle-ci s’est présentée à la porte du Ciel.

Aujourd’hui enfin, en la fête patronale de notre monastère, renouant avec une tradition interrompue depuis 1967, deux frères vont prononcer leurs vœux simples de religion, vœu de stabilité dans la famille monastique qu’ils ont choisie, vœu de conversion de leurs mœurs et vœu d’obéissance.

Prononcer des vœux monastiques, c’est renoncer au monde et reconnaître que Dieu mérite d’être préféré à tout, même aux affections les plus légitimes, comme celle de la famille que nous remercions pour le don auquel elle participe ce matin.

Faire le choix de Dieu n’est pourtant pas propre au moine. Qui que nous soyons, sans cesse, il nous revient de faire en vérité ce choix, sachant que Dieu ne nous trompera pas et que, nous- mêmes, nous ne pourrons le tromper. Par une existence retirée, les moines rappellent de façon radicale ce devoir à ceux qui passent auprès de leurs maisons ou les visitent. Faire le choix de Dieu, c’est faire le choix de la vie en grand. C’est ce que vous allez chanter d’ici peu : « Recevez-moi Seigneur et je vivrai et ne décevez pas mon attente. »

Vivre, pour beaucoup aujourd’hui, se résume au plaisir, à profiter de la vie. Dans un tel contexte, l’homme attend de la société qu’elle dispose tout pour le satisfaire : se faire du bien et ce jusqu’à permettre ce qui, dans les temps prétendus arriérés du Moyen-Âge, n’aurait jamais été imaginé. L’histoire humaine n’a retenu et ne retiendra aucun État qui ait survécu à de tels principes. Lorsque le bien propre ignore le bien commun, lorsque la société ne protège plus le faible dans le sein maternel, qu’elle prive la psychologie sans défense de l’enfant des guides et des lumières qui lui permettront de construire son humanité, dans l’harmonie avec le corps qu’il a reçu, il n’y a plus d’avenir ni pour la société, ni pour les familles, ni pour l’individu. La vie des sociétés et la vie de l’homme sont privées de sens. Pourquoi notre monde en quête de plaisir est-il si triste ? Demeure-t-il sans espérance ? Ne sachant où il va, l’homme ne sait où se diriger. Quant à son but et quant à sa raison d’être, la vie est vide de sens.

Pour le chrétien, il n’en va pas ainsi. La vie est un don, un cadeau. Le sens de sa vie, le chrétien le reçoit de Dieu. Il chemine vers lui et il sait que dans l’instant présent, il demeure dans sa main.

La Règle de saint Benoît ne fait qu’ordonner la vie de la société monastique de sorte que tous y cherchent Dieu dans les meilleures conditions. Saint Benoît prévoit même la rencontre

avec le péché en donnant à son fils le 72e instrument des bonnes œuvres : Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.

Là me semble résider pour tout homme la clé de la joie, de la simplicité, de l’enfance, qui sont, en particulier, le propre des maisons monastiques : la quête insatiable d’un plaisir éphémère et jamais assouvi y est remplacée par l’assurance dans le présent du regard miséricordieux de Dieu sur la pauvreté de nos vies et pour l’avenir par la promesse de la vision. Si la vie éternelle pour tous est déjà commencée, cela est vrai pour le moine qui doit vivre dans un cœur à cœur constant avec Dieu.

Un tel cœur à cœur est-il difficile ? Je ne le crois pas. Il s’agit simplement d’être libre, libre pour donner son cœur, libre pour abandonner son cœur. Mais comment oser faire le pas de la libération, de la liberté lorsque ce pas exige de réels renoncements et que nous n’avons pas encore rencontré face à face celui qui nous tend la main ?

Par ses vœux, le moine est appelé à se libérer de ses soucis. Ainsi dépouillé, il doit demeurer pauvre, libre. Le Père Abbé Antoine exprimait cela ainsi :

Les gens croient que les moines sont enfermés en prison mais je dis facilement que c’est le monde qui est en prison. Les moines peuvent sortir de la clôture comme ils veulent, ils ont la clé..., mais c'est le monde qui ne peut pas entrer. Le respect de la clôture est un bien non seulement pour les moines mais aussi pour le monde qui peut être 'interpellé' par les exigences de notre vie.

Les trois événements évoqués au début de cette homélie et qui pouvaient sembler sans rapport, s’ordonnent à la lumière d’un mot : liberté, liberté pour un don : don de la vie dans la profession monastique, don de l’âme à travers la mort, deux étapes de la vie humaine que, d’une manière ou d’une autre, nous aurons à parcourir.

Puis, à la fin des temps, arrivera pour les amis de Dieu, le couronnement que Marie a déjà vécu lors de son assomption et que nous vivrons alors que notre âme retrouvera son corps.

L’histoire de toute vie se résume à l’histoire d’une libération. Une libération dont Dieu est le premier et, au fond, le seul artisan ; une libération qu’il nous faut accueillir en commençant par accueillir en nous le libérateur. Comment ? Saint Benoît, dès le premier mot de sa Règle, y invite le moine par un mot tout simple : « Écoute ».

Depuis les premiers temps de l’histoire de l’humanité, les merveilles de Dieu s’opèrent dans les cœurs de ceux qui écoutent. Le Père Abbé Antoine a été de ceux-ci et la fécondité de son abbatiat rend témoignage à sa vie. Souvent les merveilles de Dieu demeurent cachées même à ceux qui en bénéficient. Dieu aime celui qui conserve tout en son cœur.

Marie est celle qui a écouté la parole de Dieu et qui ainsi est devenu féconde : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1,38) Marie est la femme qui écoute, qui accueille, qui enfante. Elle est celle qui au terme de son chemin sur la terre est accueillie chez Dieu, drapée de lumière, la lune sous ses pieds, et la tête entourée de douze étoiles.

Ce soir après les vêpres nous allons processionner solennellement en l’honneur de notre Maman du Ciel. Nous lui confierons nos deux profès de ce matin ; nous lui confierons chacune de nos vies ; nous lui confierons tous les hommes de notre terre qui sont ses enfants. Enfin nous recommanderons à sa maternelle sollicitude le Père Abbé Antoine, qui ne manquait jamais une occasion de rappeler à ses fils les gloires de leur Mère.

Trahe nos, Virgo Immaculata : entraînez-nous, Vierge Imma- culée. Tirez-nous sur le chemin du Ciel.

Amen, Alleluia.

mes prières pour surtout l'un d'entre eux, félicitations à Thibault  et à sa famille. 

Philippe. 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #homélies

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