Nd du très Saint Rosaire . Homélie dom Jean Pateau Père abbé de Fontgombault

Publié le 8 Octobre 2021

 

 

 

+ NOTRE-DAME DU ROSAIRE

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 7 octobre 2021)

 

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

"Fiat mihi secundum verbum tuum"

Qu’il soit fait de moi selon ta parole Lc 1,38

 

La richesse de la Fête du Très Saint Rosaire déployée tant dans les

textes de la Messe qu’à travers ceux de l’office conduit à considérer l’ensemble des mystères de la vie du Seigneur dans les yeux et dans le cœur de Marie.

Pie XII écrivait le 7 août 1947 aux membres d’un congrès qui s’est déroulé à Paris et à Lisieux du 23 au 30 septembre suivant à l’occasion du cinquantenaire de la mort de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus :

Tandis que dans l’ordre naturel, l’enfant, en grandissant, doit apprendre à se suffire, dans l’ordre de la grâce, l’enfant de Dieu en grandissant comprend de mieux en mieux, qu’il ne pourra jamais se suffire à lui-même qu’il doit vivre dans une docilité et une dépendance supérieure.

Quel homme pourrait oublier que si Marie a enfanté sans douleur Jésus en l’étable de Bethléem, la Vierge toute douloureuse nous a tous reçus comme ses enfants et nous a enfantés au pied de la Croix : « Femme, voici ton fils... Voici ta Mère. » (Jn 19,26-27)

L’évangéliste Jean à qui s’adressait les paroles de Jésus ajoute en conséquence : « Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. »

Contrairement à l’ordre de la nature où l’enfant à mesure qu’il grandit s’éloigne de ses parents, si de par la volonté de Jésus nous avons reçu Marie pour Mère, il nous revient d’accueillir toujours plus cette maternité, de demeurer ses enfants, de la prendre chez nous. Ce faisant, un chemin sûr s’ouvre pour avancer vers le Seigneur. Marie ne peut enseigner autre chose que ce qu’elle a elle-même vécu. Celui qui suit le chemin qu’elle indique, assurément prend la route du Ciel et y parviendra.

En ce sens, le choix de l’Église de retenir comme péricope évangélique pour cette fête du Saint Rosaire l’événement de l’Annonciation n’est pas anodin. Appelés à méditer les mystères de la vie de Jésus à travers les yeux et dans le cœur de Marie, reconnaissons que pour Marie tout prend sa source dans la conclusion apportée par la Vierge aux paroles de l’ange : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il soit fait de moi selon ta parole. »

Saint Jean de la Croix avait l’habitude d’adresser de courts billets à ceux qu’il accompagnait afin de les guider sur les chemins spirituels. Voici ce qu’il écrivait sur l’un d’eux : « Le Père n’a dit qu’une parole : ce fut son Fils. Et dans un silence éternel il la dit toujours : l’âme doit l’écouter en silence. » (Maxime 147)

Ce qui a trait à la génération éternelle du Verbe dans la bouche du Père pourrait se transposer aussi en la bouche de Marie pour ce qui est de la naissance du Verbe selon la nature humaine et dans le temps : « Marie n’a dit qu’une parole « Qu’il soit fait de moi selon ta parole » ; et cette parole a été féconde. Et cette parole elle la dit toujours et l’âme de celui qui veut demeurer à l’école de Marie doit l’écouter en silence sans jamais se lasser de l’écouter à nouveau. » La vie de Marie n’est que l’éclosion d’une unique parole.

Mais comment Marie en est-elle venue à prononcer cette parole ?

Tout commence par la visite d’un ange : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » (Lc 1,28) Cette visite inattendue a de quoi troubler l’humble Vierge qui ne comprend pas une telle salutation. Après l’avoir rassurée, l’ange lui confirme sa première salutation : le Seigneur est avec elle ; elle a trouvé grâce auprès de Dieu.

Dans un second temps, l’ange explicite ce que signifie cette grâce, cette beauté particulière de Marie en raison du choix, du regard divin qui s’est posé sur elle : Elle va concevoir un fils.

Une demande lui est faite : elle lui donnera le nom de Jésus c’est-à-dire Dieu sauve. Cette demande est tout un programme : comment une mère serait-elle étrangère à l’œuvre de son fils ?

Quant à ce que sera cet enfant, l’ange le révèle : son nom est Fils du Très-Haut. Il recevra le trône de David pour un règne qui n’aura pas de fin.

Marie répond sur un plan tout humain, qu’elle ne connaît point d’homme. Mais l’Esprit-Saint viendra sur elle et la puissance du Très-Haut la prendra sous son ombre. La maternité d’Élisabeth, la stérile, confirmera cette annonce.

L’ange ajoute : « Aucune parole n'est impuissante quand elle est de Dieu. »

Tout est dit du côté de Dieu : Marie a été choisie pour une maternité unique, celle du Fils du Très-Haut, celle du Messie.

Bien plus que d’acquiescer à une conception miraculeuse, il lui est demandé à travers le nom qu’elle doit donner à l’enfant  d’acquiescer à la totalité du mystère du Christ. Elle ne sera pas seulement la mère d’un enfant, elle sera la mère du Sauveur.

Par un acte de foi fait au nom de l’humanité, Marie répond en écho à la parole de l’ange : « Qu’il soit fait de moi selon ta parole, » cette parole toute puissante qui vient de Dieu.

Parce que Marie est toute à Dieu, Dieu en elle fait de grandes choses. A travers elle, comme au jour de la première création, mais de façon plus belle puisque Marie est créature raisonnable, Dieu dit et les choses sont. Puissions-nous l’imiter !

En ce jour où bien des souvenirs nous ramènent dix ans en arrière, écoutons les mots prononcés par le Père Abbé Édouard au jour de sa propre bénédiction abbatiale le 7 octobre 1953 :

Majestueusement assise, deux anges derrière la tête, Notre Seigneur sur ses genoux la main levée pour bénir, pendant qu’Elle, dans un geste de souverain respect, soutient de la sienne le bras de son Fils comme pour provoquer ou s’associer à sa bénédiction, la Vierge Immaculée, la glorieuse reine du Ciel, la Reine du Rosaire, restée fidèle à son sanctuaire n’a pas cessé de le garder dans sa jeune splendeur et de chanter avec Lui son cantique de simplicité... J’aime y voir... comme une invitation à lui laisser faire de ce monastère dédié depuis toujours à sa glorieuse Assomption... un joyeux foyer de vie mariale, un paradis d’enfance spirituelle, de simplicité dans la liberté des enfants de Dieu, une source jaillissante d’eau vive et intarissable, une éternelle fontaine d’amour, Fons Amoris, donec dies elucescat, jusquà ce que paraisse le jour.

 

A l’école de nos Pères Abbés du Ciel, demeurons tels de petits enfants, les fils dociles et aimants de notre Vierge et Mère.

Amen.

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #homélies

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