fête de tous les saints - homélie dom Jean Pateau père abbé de Fontgombault

Publié le 4 Novembre 2021

 

 

saint Francisco Garcia

Martyr

Octobre 2021 

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+ TOUSSAINT

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault 

Fontgombault, le 1er novembre 2021

Beati estis Heureux êtes-vous

(Mt 5, 11) 

 

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

La fête de la Toussaint est la fête de tous les saints, la fête de la sainteté.

La foule de l’Apocalypse, composée de membres de tous les peuples, races, nations et langues que nul ne peut dénombrer, a grandi des premiers jours de la Création jusqu’à nos jours. Les temps à venir contribueront encore à son accroissement jusqu’à la fin du monde. L Cette foule, rapporte l’auteur de l’Apocalypse, proclame sans fin la gloire de Dieu : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! »

Ainsi s’écoulera l’éternité dans la contemplation de ce qu’il y a de plus beau, de meilleur et de plus vrai. L’esprit humain ne saurait épuiser la nouveauté de Dieu.

Bien loin de s’endormir ou de se lasser, il sera constamment tenu en éveil, attendant tout de Dieu et disposé à tout recevoir.

Mais le voyant de l’Apocalypse n’oublie pas que telle n’est pas la condition humaine actuelle. Aussi, ne veut-il pas nous laisser ignorer le chemin des élus, un chemin à parcourir généreusement. L’un des Anciens proches du trône de Dieu, répond à son interrogation : Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le Trône de Dieu, et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire. Celui qui siège sur le Trône établira sa demeure chez eux. (Ap 7,14-15)

Tous les hommes obtiendront-ils cet honneur ? Tous y sont appelés mais seuls ceux qui ont blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau parviendront au but et remporteront la victoire. Ces hommes sont debout. Ils sont ressuscités. Ils ne ploient plus sous le poids du mal et du péché. L’Agneau se tient au milieu d’eux et Dieu a essuyé toute larme de leurs yeux. Ils sont dans la demeure de Dieu, et Dieu est dans leur demeure. Ils n’ont plus faim, ils n’ont plus soif. Ni la chaleur, ni le soleil ne les accablent. Ces hommes tiennent des palmes à la main, signes de victoire. Conduits par l’Agneau, ils ont traversé la grande épreuve. Ils ont franchi le ravin de la mort.

Qui voyons-nous dans cette foule immense ?

Là, nous reconnaissons Adam et Eve que les Pères de l’Église placent volontiers au Paradis malgré le premier péché, cette première révolte contre Dieu et ses commandements, dont ils furent personnellement coupables et dont le poids et les conséquences marquent chaque homme venant en ce monde, et ce dès avant sa naissance, du signe de la colère contre Dieu. Ici, ce sont les patriarches de l’Ancien Testament dont l’Écriture nous apprend qu’ils ont marché avec Dieu en sa présence. Nous voyons encore les personnages familiers du Nouveau Testament, Marie et Joseph, le Précurseur, les apôtres, les saintes femmes et le bon larron, premier canonisé de l’histoire de l’Église.

Nous voyons aussi tous les saints dont l’Église a reconnu le caractère exemplaire de la vie, et dont elle a affirmé qu’aujourd’hui ils sont avec Dieu. Nous reconnaissons enfin ceux que le Pape François appelle les saints de la porte d’à côté. Ces gens qui n’ont pas été canonisés ; des gens que nous avons connus et qui ont marqué notre enfance, notre vie, par leur pratique exemplaire de la charité et de la miséricorde. Imiter leurs gestes d’amour et de miséricorde, affirme le Saint-Père, est un peu comme perpétrer leur présence dans ce monde. Et en effet, ces gestes évangéliques sont les seuls qui résistent à la destruction de la mort : un acte de tendresse, une aide généreuse, un temps passé à écouter, une visite, une parole gentille, un sourire...

À nos yeux, ces gestes peuvent sembler insignifiants, mais aux yeux de Dieu, ils sont éternels, car l’amour et la compassion sont plus forts que la mort. (Angélus du 1 er novembre 2015)

Suivre le Christ à travers le chemin des saints de tous les temps, c’est prendre le chemin de l’éternité bienheureuse : Heureux, dès à présent, les morts qui meurent dans le Seigneur. Oui, dit l’Esprit, qu’ils se reposent de leurs peines, car leurs actes les suivent ! (Ap 14,13)

Nous ne retrouverons au Ciel que ce que nous aurons donné sur la terre : nos actes de miséricorde, de charité. Nos actes, bons ou mauvais, sont comme les enfants de nos vies. Dans la mesure où ils nous font progresser vers le Seigneur, nous-mêmes ou autrui, dans la mesure où ils nous en détournent, ces actes prennent une couleur morale. Ils sont bons ou mauvais. Dieu nous tient pour responsables les uns des autres.

Nous voici donc invités à prendre soin de toute vie humaine dont la fin est la gloire et la louange de Dieu, et dont les actes préparent dès aujourd’hui l’éternité. De sa conception jusqu’à sa fin , la vie humaine est orientée vers une rencontre. Ce soin s’étend aussi à ceux qui sont morts et qui demeurent aujourd’hui au purgatoire, cette antichambre du Paradis. Leur séjour est pesant, alors que ces âmes séparées de leur corps aspirent à la rencontre de Dieu.

Tout en comprenant le motif de leur pénitence, elles attendent l’ouverture de la porte du Ciel. Demain, l’Église nous invitera à prier pour nos frères défunts. Par nos visites au cimetière, par l’assistance à l’office des morts, par la récitation du chapelet, nous allégeons le poids de leur peine et réduisons la durée de leur séjour. Ils nous béniront pour cela.

En ce matin de la Toussaint, allons-nous donc demeurer dans la contemplation du Ciel, comme les apôtres au jour de l’Ascension ?

Le Seigneur poursuit l’annonce des béatitudes par deux adresses à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde... » (Mt 5,13-14)

La fête de la Toussaint nous rappelle que la terre, sortie des mains de Dieu, née de la lumière du premier jour, est le haut lieu, le beau lieu où il revient à l’homme de mettre en œuvre le programme des béatitudes.

Heureux les doux, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, heureux les artisans de paix... (Cf. Mt 5,1-12)

Parmi ces béatitudes, la tradition monastique a enseigné tout particulièrement la pureté du cœur, qui se traduit à travers la vérité et la cohérence de la vie, la franchise, la simplicité et la limpidité, l’absence de murmures, de critiques infondées ou stériles. Mettons-nous à l’école des premiers moines. Oui, comme ils sont bienheureux les cœurs purs ! Au sein d’un monde fatigué et malade, ils rayonnent et témoignent de la Bonté, de la Beauté, de la Vérité qu’est Dieu.

Déjà, ils voient Dieu.

Amen

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #homélies

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