Ecce Homo Giulio Cesare Procaccini
Publié le 13 Avril 2022
"Voilà l'homme". D'un geste d'aboyeur, solennel et moqueur à la fois, Pilate nous montre le roi des Juifs, fixant ses yeux noirs sur nous spectateurs. Un regard qui nous cloue, comme si nous-mêmes, en ce moment, étions appelés à décider du sort de cet enseignant qui prêchait dans les rues et sur les places, qui aurait accompli des miracles inouïs, qui s'était proclamé fils de Dieu ... "Regardez", dit le gouverneur romain. Prendre la responsabilité que je ne peux pas et surtout ne veux pas prendre sur moi. Pilate le chercheur de vérité, mais qui au fond préfère s'en laver les mains. Pilate symbole d'une autorité qui se targue d'être juste, mais qui finit par céder aux hurlements de la foule...
Pilate, donc, vêtu à la turque, avec turban et zimarra : comme si, en tant que gouverneur romain, il s'était adapté pour servir de laquais aux nouveaux dirigeants de Jérusalem, qui au XVIIe siècle sont précisément les Ottomans. A côté de lui deux voyous qui, d'un geste scénographique (mais ici tout est déjà théâtre, représentation, drame), soulèvent soudain le tissu qui recouvre Jésus (déjà une anticipation de la feuille du Suaire), montrant moqueurs, visages tordus en grimaces obscènes, des satyres, des masques, la figure d'ivoire du Sauveur. Comme le veut le passage évangélique de Jean, la couronne d'épines a été imposée au roi des Juifs, tandis qu'il tient dans ses mains croisées la canne avec laquelle il a été frappé, un sceptre en guise de plaisanterie, les hanches cerclées du manteau de pourpre.
Oui, "Voici l'homme", s'exclame Pilate en le désignant du doigt. Et, bien qu'inconsciemment, il semble presque imiter le geste qui était du Baptiste, pour indiquer l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. L'agneau a conduit au sacrifice lors de la rédemption de la nouvelle Pâque.