Il n’a pas voulu être en vue dans le monde ; Il a enduré l’opprobre et la dérision ; Il a supporté les crachats, les fouets, les soufflets, la couronne d’épines et la croix ; et parce que nous sommes tombés loin de la joie intérieure à cause des plaisirs charnels, Il montre quelle amertume il faut traverser pour y revenir. Oui, que ne doit souffrir l’homme pour lui même, si Dieu a tant supporté pour les hommes !
Celui qui déjà a foi dans le Christ, mais qui continue à rechercher le gain avec rapacité, qui se laisse enfler d’orgueil par les honneurs, qui s’enflamme d’envie pour des apparences, qui se souille dans l’ordure de la débauche, qui convoite la prospérité de ce monde, celui-là dédaigne de suivre Jésus en qui cependant il croit.
Vraiment, il prend un autre chemin, celui qui convoite les joies et les délectations lorsque son guide lui montre le chemin de l’amertume !
Remettons-nous donc sous les yeux les péchés que nous avons commis.
Considérons ce Juge redoutable qui doit venir nous corriger. Accoutumons notre esprit aux lamentations ; que notre vie devienne amère dans la pénitence en ce temps-ci pour ne pas être amère dans l’éternité. Ce sont les larmes qui nous conduisent à la joie éternelle, comme l’a promis la Vérité qui dit : « Bienheureux les affligés, car ils seront consolés » . C’est par les plaisirs que l’on parvient aux gémissements, la Vérité l’atteste en disant : « Malheureux vous qui riez maintenant, car vous pleurerez et vous gémirez » . Donc si la joie de la rétribution est notre but, gardons en cette vie l’amertume de la pénitence.
Et ainsi non seulement notre vie s’accroît en Dieu, mais notre conversion elle-même enflamme les autres à la louange de Dieu. C’est pourquoi il est écrit : « Tout le peuple voyant cela fit monter ses louanges vers Dieu ».
st Grégoire le Grand .