homélie dom Jean Pateau . happy birthday to you !

Publié le 24 Avril 2023

 

 

 

 

 

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SAMEDI 22 AVRIL

JOURNÉE MONASTIQUE POUR LES 75 ANS DE LA RESTAURATION DE LABBAYE

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 22 avril 2023)

 

Très Révérends Pères, chers Pères et Frères représentant les fondations de l’abbaye de Fontgombault,
Chers Frères et Sœurs,
Mes biens chers Fils,

Après le temps austère du carême, la liturgie renoue ce matin avec l’usage antique et monastique du samedi de Beata. En ce jour qui lui est consacré, les fils de saint Benoît en particulier ne se lassent pas de rappeler à Marie qu’elle est bienheureuse. Bienheureuse parce qu’elle a cru ; bienheureuse parce qu’elle a porté en son sein l’Enfant-Dieu ; bienheureuse parce qu’elle a reçu au pied de la Croix et accueilli en une maternité spirituelle la postérité innombrable des enfants des hommes. Après avoir enfanté le Verbe de Dieu à la vie en sa nature humaine, il lui revient désor- mais, en tant que corédemptrice, de nous enfanter à la vie éternelle au long des longues gestations de nos vies.

La scène qui décrit cet instant, où la parole du Crucifié confie cette mission à sa Mère, nous venons de la contempler. Tous les apôtres se sont dispersés. Seules Marie, la Mère de Jésus, Marie, la sœur de sa mère et femme de Cléophas, et Marie-Madeleine sont au pied de la Croix. Jean, « le disciple qu’il aimait » est là lui aussi.

Ils assistent au supplice. Stabat Mater dolorosa, aimons-nous à chanter. Le regard de Jésus se pose sur sa mère et sur le disciple aimé. Jésus s’adressant à sa mère lui dit simplement : « Femme, voici ton fils » ; puis au disciple : « Voici ta mère. »

Bientôt, le Seigneur va s’écrier :

« Éli, Éli, lema sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46)

Bientôt, il va remettre l’esprit. Alors que la violence arrive à son paroxysme et que les ténèbres sont déchaînées, Jésus ouvre son cœur à la détresse du monde en lui offrant simplement une Mère, sa Mère. Au cœur de la Passion, annonçant déjà les fleuves de miséricorde qui vont s’épancher de son côté transpercé, Jésus témoigne d’une insondable humanité.

Marie reçoit ces paroles comme elle avait reçu celles de l’ange Gabriel. Fiat de l’Annonciation, Fiat pour la Croix, Fiat pour tous ses enfants, c’est tout un. Fiat pour tout. Saint Jean n’évoque pas l’accueil de Marie à la parole de Jésus, il se borne à témoigner du sien : « À partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jn 19,27)

Telle est l’invitation que le disciple aimé nous adresse : prendre Marie chez nous. Cette invitation, le Père Abbé Édouard l’a entendue et l’a transmise à ses enfants comme un précieux trésor à cultiver. Prendre Marie chez soi, ou plutôt, venir habiter chez Marie ; venir s’abreuver à la Fontaine d’Amour, Fons amoris, selon la devise qu’il a choisie pour cette maison, et dont il a écrit qu’elle lui avait été soufflée par Marie.

Le programme du Père Abbé, ou plutôt celui de Marie, il le partageait en conclusion de son toast lors du déjeuner qui suivait sa bénédiction abbatiale le 7 octobre 1953 :

Lui laisser faire de ce monastère dédié depuis toujours à sa glorieuse Assomption, et aujourd’hui ressuscité par elle, un joyeux foyer de vie mariale, une profession vivante du dogme de l’Assomption, un paradis d’enfance spirituelle, de simplicité dans la liberté des enfants de Dieu, une source jaillissante et intarissable d’eau vive, une éternelle fontaine d’amour. Fons amoris — donec lucescat dies.

Quelques années plus tard, il attendait aussi une pluie de roses du Père Xavier Forgeot, rappelé prématurément à la maison du Père, « première fleur, écrivait-il... cueillie pour lui par le Seigneur, dans ce jardin d’enfants qu’est, je l’espère, le beau domaine de sa Mère. »

Durant ces 75 ans, le beau domaine de Marie s’est étendu donnant naissance à Randol à la devise toute thérésienne : In corde Ecclesiæ, « dans le cœur de l’Église » ; à Triors, Domus aurea, « la Maison d’or », en allusion aux litanies de Lorette ; Donezan, Soli Deo et l’absolu de Dieu, notre tout ; Clear Creek avec le mystère de l’Annonciation (Ecce, Fiat) et enfin Wisques, où la devise de l’apôtre Paul, Scio cui credidi, fut d’abord celle de Marie, la Femme qui a toujours cru.

En considérant du haut du Ciel la fécondité de ces 75 ans, mais aussi les croix qui n’ont pas manqué sur le chemin, espérons que celui qui avait abandonné les rives de la Sarthe pour instaurer sur celles de la Creuse une maison qu’il voulait fidèle à l’héritage solesmien de Dom Guéranger, de Dom Delatte et de Madame Cécile Bruyère n’aura pas été déçu.

Aujourd’hui, chacune de nos communautés poursuit son chemin derrière le pasteur que Dieu lui a donné. À Randol, derrière Marie et le mystère de la Visitation, on se hâte dans les montagnes (Festinans in montana) ; À Triors, par le même chemin, on vise au plus profond du cœur de Dieu, Ad interiora velaminis ; à Donezan, l’espérance, Spes, fondée sur le Seigneur qui ne déçoit pas, préside au quotidien ; à Clear Creek, Nihil amori Christi, rien ne doit être préféré à l’amour de Dieu, selon la recommandation de saint Benoît ; enfin, le tout jeune abbé de Saint-Paul de Wisques a choisi Tuus sum, « Je suis tien », seule réponse possible à ce que le Seigneur lui-même nous a dit depuis si longtemps, et qu’il a dit aussi à sa Mère : « Je suis tien. »

Dans leur diversité, nos maisons veulent suivre le chemin de la vie monastique dans la simplicité des petits enfants, tendus vers les réalités d’en haut, dans l’attente du moment où paraîtra le grand jour, l’aube de l’éternité qui n’a point de fin.

En ce jour d’action de grâces, remercions le Seigneur pour les bénédictions qu’il s’est plu à répandre sur nos maisons durant ces 75 ans. Rendons grâces aussi pour tant d’actes de charité dont nous avons été parfois le sujet, parfois l’objet ; petits cailloux blancs sur les chemins de nos vies communautaires et personnelles déposés dans le cœur de Marie afin qu’ils fleurissent en joie éternelle. Ecce quam bonum et quam jucundum... Demandons aussi pardon pour les infidélités qui n’ont pas manqué ; tristesses communautaires et personnelles abandonnées dans l’espérance à la glorieuse et toujours Vierge Marie afin d’en être libérés. Confions-nous aussi à l’intercession de ceux d’entre nous qui ont gagné le ciel, et implorons miséricorde pour ceux que nous aimons et qui aujourd’hui seraient dans l’attente de la vision céleste au purgatoire.

À la suite du Père Abbé Édouard et de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, adressons un dernier appel à Marie :

Ô Mère admirable, présentez nos communautés, présentez chacun d’entre nous à votre cher Fils, en qualité d’esclaves éternels, afin que, nous ayant rachetés par Vous, il nous reçoive par Vous. Ô Mère de miséricorde, faites-nous la grâce d’obtenir la vraie Sagesse de Dieu et de nous mettre, pour cela, au nombre de ceux que Vous aimez, que Vous enseignez, que Vous nourrissez et protégez comme vos enfants et vos esclaves...

Amen. Alléluia.

 

 

" Maintenant, c'est bien simple pour aller à vous, et je fais souvent ce voyage: la prière, l'union en Celui qui est le Lien de toute affection, voilà mon mode de transport..."

ste Elisabeth de la Trinité. 

heureux et saint  anniversaire !

Alleluia, alleluia, alleluia ! 

Ph. 

 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #homélies

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