ABBAYE DE FONTGOMBAULT : 75 ANS DE PRÉSENCE DANS LE DIOCÈSE DE BOURGES
Publié le 12 Septembre 2023
ABBAYE DE FONTGOMBAULT : 75 ANS DE PRÉSENCE DANS LE DIOCÈSE DE BOURGES
L'Abbaye Notre-Dame de Fontgombault fête ce 9 septembre ses 75 ans de présence dans le diocèse de Bourges. Avec des photos d'archives confiées par les moines, redécouvrez le récit de cette installation en Berry.
L’histoire de l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault commence en 1091. Bien des vicissitudes viendront émailler sa vie au cours des siècles avant qu’un essaim nombreux venu de l’Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, au cours de l’été 1948, ne rallume le flambeau de la vie monastique interrompue depuis presque 50 ans. Les soixante-quinze années écoulées depuis cet événement représentent peu de chose dans cette longue histoire, mais elles sont pour nous l’occasion de rendre grâces, et de nous remettre entre les mains de Dieu et de sa Providence.
Dès avant la guerre, à Solesmes, on parlait de fondation. Comptant environ 120 moines en 1946, la communauté de Saint-Pierre se trouvait à l’étroit. Le Père Abbé Dom Germain Cozien cherchait pour cette fondation quelque monastère ancien, à l’écart, avec des bâtiments conventuels suffisamment grands pour recevoir dès le départ une communauté nombreuse, et surtout avec une belle église monastique.
L’ancien monastère de Fontgombault, au diocèse de Bourges, répondait à ces conditions ; il fut l’un des premiers projets examinés par le Père Abbé. Dans la vallée pittoresque de la Creuse, s’élevait une vaste et belle église romane, en bon état, les anciens bâtiments conventuels desservis par un cloître, un jardin de quatre hectares enclos de murs, et à quelque distance de l’abbatiale, le bourg de Fontgombault avec son église paroissiale. Un séminaire interdiocésain de vocations tardives y était installé, et le diocèse de Bourges s’était rendu propriétaire en 1939 de la plus grande partie des bâtiments.
Dans le courant de 1946 le Père Abbé de Solesmes s’ouvrit de son projet de fondation auprès de Mgr Joseph Lefebvre, archevêque de Bourges.
Cependant la situation financière du séminaire de Fontgombault devenait critique et son effectif était tombé à cinquante élèves, dont quatre seulement appartenaient au diocèse de Bourges ; l’Archevêque était maintenant résolu à dissoudre l’Établissement. Le Père Abbé de Solesmes qui avait été informé de ces évènements prit l’initiative d’une nouvelle démarche, et à sa lettre du 2 septembre 1947, Mgr Lefebvre donnait bientôt une réponse favorable. Dès lors, les négociations allèrent rapidement. Les 2 et 3 octobre suivant, Mgr Lefebvre vint à Solesmes pour étudier les modalités du rachat. Il fut aussi convenu que Solesmes entrerait dans la jouissance de l’ensemble des locaux de Fontgombault à la fin de l’année scolaire 1947-1948. Le 18 novembre 1947 le Père Abbé se rendit à Fontgombault où Mgr Lefebvre lui avait donné rendez-vous : ensemble ils examinèrent l’état des lieux.
Le 9 avril 1948, le Père Abbé Cozien fit part au Chapitre de Solesmes des premières nominations à Fontgombault : le Supérieur en sera Dom Édouard Roux. Un premier groupe partira le 12 mai afin de préparer l’arrivée d’un deuxième groupe plus important.
Le 12, c’est donc le départ des quatre premiers membres de la fondation ; les adieux se font dans la cour d’honneur de Solesmes pendant que la cloche “Sancta Maria” sonne à la volée ; on s’entasse dans le camion, déjà bourré de la première dotation de quelques services, et des bagages personnels.
L’élection de son successeur, Dom Jean Roy, marquait le début d’une nouvelle période coïncidant avec le concile Vatican II. Il fallait discerner le chemin pour être fidèle à l’héritage monastique reçu, tout en demeurant un fils très obéissant de l’Église. Cette double fidélité n’alla pas sans épreuves, ni sans bénédictions : quand le Père Abbé, épuisé, fut à Rome, en 1977, brutalement rappelé à Dieu, les vocations s’étaient pressées en si grand nombre qu’il avait dû agrandir les bâtiments, puis entreprendre la fondation de Notre-Dame de Randol, en Auvergne.
Avec l’abbatiat de Dom Antoine Forgeot, son successeur, l’histoire de l’Abbaye a été rythmée par les fondations : Notre-Dame de Triors dans la Drôme en 1984, Notre-Dame de Gaussan près de Narbonne en 1994 (monastère qui s’est transféré depuis à Donezan), enfin Notre-Dame de Clear-Creek en Oklahoma aux États-Unis en 1999.
En 2011, Dom Forgeot, sentant le poids de l’âge et le moment venu de passer le flambeau, résigna sa charge. La communauté élit alors Dom Jean Pateau. Deux années plus tard, la reprise de l’Abbaye Saint-Paul de Wisques, fragilisée par l’âge et le tarissement des vocations, par des moines envoyés de Fontgombault, s’est inscrite dans la continuité de ce dynamisme fondateur. Dom Forgeot fut rappelé à Dieu le jour de l’Assomption en 2020. La première attente d’une communauté, c’est celle de vocations solides et persévérantes, gages d’avenir. Inséparablement, et parce que nul ne vit pour soi dans l’Église, cette attente rejoint les grandes espérances de toute l’Église, en particulier celle d’un renouveau de foi, d’espérance et de joie.
Le message de l’Évangile est plus actuel que jamais. Que le Seigneur envoie des prêtres et des laïcs généreux et joyeux à la mission. Notre monde a un urgent besoin de rencontrer le vrai visage du Christ doux et miséricordieux. Pour cela, il faut que nous-mêmes l’ayons rencontré et continuions de le chercher et de le rencontrer.
Là se tient le message des moines qui portent la bonne nouvelle de l’Évangile non par ce qu’ils font mais par ce qu’ils sont.
un moine de Fontgombault
diocèse de Bourges
Merci à Nicolas pour nos échanges ... ! udp bonne rentrée !
bonjour à frère Thibault (repéré ! )
Philippe
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