le bon larron +
Publié le 6 Février 2024
"Au sujet de ce bandit-là, j’ai quelque chose sur le cœur. Après deux mille ans de christianisme et de cycle liturgique, il me semble qu’on aurait bien pu donner un jour de fête au bon larron. … Pour le bon larron, rien, l’année n’a pas assez de jours pour lui. Il doit inquiéter les curés et faire peur aux panégyristes. Ce n’est pas un paroissien modèle que celui qui n’entre dans la paroisse que pour sa dernière heure. Il n’est évidemment pas le genre de bonhomme qu’on aime rencontrer seul à seul au coin d’un bois. Les Romains l’ont supprimé, il est vraisemblable que nos sociétés modernes, en feraient autant. Le plus fort est qu’il est de cet avis et qu’il estime juste son propre châtiment. Bref il est infréquentable, pas de fête pour lui.
"Lui bien entendu s’en moque : il lui suffit d’être de Jésus-Christ le compagnon de misère, son premier martyr, celui qui le premier reçut le baptême de sang et de désir. Ce brigand-là a gardé assez le sens de la justice pour s’indigner, non de son propre supplice qu’il accepte, mais du supplice infligé à Jésus-Christ.
"Je trouve qu’il est exemplaire. Il ne représente rien de social auprès de Jésus, absolument rien, ni la famille, ni l’amitié, ni la mission apostolique ou sacerdotale, ni l’autorité papale, rien, absolument rien, que le compagnonnage de hasard de cette crucifixion, et puis cette profession de foi des misérables en leur Seigneur, la rédemption des péchés accordée à cette profession de foi, et enfin la promesse du Paradis faite par celui-là qui est Roi du Paradis … A la réflexion d’ailleurs on ne sait même pas le nom de cet homme ; il ne nous est même pas présenté, comment pourrait-on donner son nom à un enfant comme nom de baptême ? C’est un contrebandier du Paradis."