2 Novembre : homélie de dom Jean Pateau - père abbé de Fontgombault

Publié le 4 Novembre 2024

 

 

 

 

Image du Christ récupéré de la boue laissée par les inondations dans la municipalité valencienne de Paiporta,

 

 

 

+ JOUR DES MORTS

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 2 novembre 2024)

Requiem æternam dona eis Domine. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel.

 

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

Hier, la vision de l’auteur de l’Apocalypse nous a conduits au pied du trône de l’Agneau.

Une multitude de toutes nations, tribus et langues se tient debout, louant et proclamant la grandeur de Dieu et ses merveilles pour l’éternité.

Une dans la louange, cette foule est d’abord une par la charité qui est communion avec Dieu, vision de paix, ce repos éternel que nous avons imploré dans le chant de l’Introït. Telle n’est pas la vision qu’offre l’autre lieu appelé à perdurer pour l’éternité : l’enfer.

Le mal, le péché conduisent à la solitude. Pas de désir de Dieu. Pas d’amour du prochain. Les damnés sont seuls ; tous et chacun, à terre, noyés dans une haine inextinguible qui les ronge et les rongera sans fin : haine des autres damnés, haine de toute créature, haine de Dieu. Pas de repos pour le damné, pas de paix, mais une haine éternelle. Ce drame du pécheur est déjà vécu sur la terre. Il est une invitation à ceux qui sont encore en chemin à implorer le secours du Christ. Enfin, il est un autre lieu appelé à disparaître à la fin des temps où des âmes, séparées de leur corps mais qui attendent de pouvoir rejoindre la béatitude, vivent un temps de purification : le purgatoire. Ces âmes ne sont pas encore prêtes pour la vision de Dieu. Elles la désirent. Ce temps de purification leur est offert comme une miséricorde de Dieu.

L’Église nous invite vivement à intercéder pour ces âmes afin d’abréger leur attente et de combler leur désir. Il n’est pas anodin, dans un monde déchiré par des guerres sans fin, de rencontrer les traits du visage de l’Église, corps mystique du Christ, dans ses membres si divers : Église glorieuse, Église douloureuse, Église pérégrinante ; Église une et sainte, communion de chaque membre avec le Christ et communion de tous dans le Christ. Église une et synodale, c’est-à-dire en possession de la sainteté et en marche, dans ses membres, vers la sainteté.  

 Rappelons les lignes de la Constitution dogmatique du concile Vatican II L'union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ ne connaît pas la moindre intermittence; au contraire, selon la foi constante de l’Église, cette union est renforcée par l'échange des biens spirituels. (n° 49)

Réjouissons-nous donc que le repos éternel de nos frères du Paradis soit un repos actif, et souvenons-nous que nous avons aussi à intercéder pour les âmes du purgatoire.

Les lectures de ce matin nous invitent cependant à considérer une dernière étape de l’histoire de l’humanité : le jugement final et la résurrection des corps : En un instant, en un clin d’œil, quand, à la fin, la trompette retentira. Car elle retentira, et les morts ressusciteront, impérissables, et nous, nous serons transformés... Et quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire... Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. (1Co 15,52, 54 et 57)

Saint Jean n’a pas un autre enseignement : Comme le Père... a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ; et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne soyez pas étonnés ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés. (Jn 5,26-29)

Le mystère de la résurrection des morts est peut-être un des mystères les moins enseignés à l’heure qu’il est, et pourtant, nous le professons chaque dimanche dans le Credo : Et expecto resurrectionem mortuorum et vitam venturi sæculi – Et j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir.

Ce mystère est l’objet d’une attente, d’une double attente : la résurrection des corps et la vie éternelle. Le Catéchisme de l’Église Catholique reconnaît : Dès le début, la foi chrétienne en la résurrection a rencontré incompréhensions et oppositions (cf. Ac 17,32 ; 1Co 15,12-13). « Sur aucun point la foi chrétienne ne rencontre plus de contradiction que sur la résurrection de la chair. » (S. Augustin, Psal. 88,2,5).

Il est très communément accepté qu’après la mort la vie de la personne humaine continue d’une façon spirituelle. Mais comment croire que ce corps si manifestement mortel puisse ressusciter à la vie éternelle ? (n°996)

Mais qu’est-ce que ressusciter ? Dans la mort, séparation de l'âme et du corps, le corps de l'homme tombe dans la corruption, alors que son âme va à la rencontre de Dieu, tout en demeurant en attente d'être réunie à son corps glorifié. Dieu, dans sa toute-puissance, rendra définitivement la vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes, par la vertu de la Résurrection de Jésus. (n°997)

Cet événement arrivera à la fin des temps. Quant au comment, il « dépasse notre imagination et notre entendement; il n'est accessible que dans la foi. » (ibid. n°1000) Et pourtant, malgré cela, nous devons attendre dans l’espérance ce moment.

Le Catéchisme souligne que si notre corps est appelé à ressusciter et à vivre dans l’éternité, c’est qu’il le mérite, c’est qu’il a une certaine beauté.

D’où lui vient cette beauté ? Le Catéchisme poursuit en évoquant le jour de la fin du monde : Dans l'attente de ce jour, le corps et l'âme du croyant participent déjà à la dignité d'être « au Christ » ; d’où l’exigence de respect envers son propre corps, mais aussi envers celui d’autrui, particulièrement lorsqu’il souffre : Le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera, nous aussi, par sa puissance. Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? ... Vous ne vous appartenez pas... Glorifiez donc Dieu dans votre corps (1Co 6,13-15 6,19-20). (n°1003 et 1004) Peut-être vaut-il la peine pour finir de rappeler le verset qui conclut le développement de l’Apôtre sur la résurrection des corps : Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue.

Que Notre-Dame du Bien-Mourir, qui est aussi Notre-Dame du bien vivre, Vierge glorieuse et Mère aimante, conduise ses enfants encore dans la vallée de larmes aux portes du Paradis.

Amen.

Rédigé par Philippe

Publié dans #homélies

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