Publié le 23 Mars 2010
Publié le 23 Mars 2010

Je vous salue, dit l'ange à Marie : Ave. Ecoutez, ô trés douce Vierge Marie, dit saint Bonaventure, écoutez des choses nouvelles, écoutez des merveilles.
Ecoutez, ô ma fille, vous dit votre père David, voyez et prêtez une oreille attentive : Audi, filia, et vide, et inclina aurem tuam (Psal. 44,10). Ecoutez Gabriel, ce glorieux messager.
Ecoutez la manière miraculeuse de votre fécondité; prêtez votre oreille pour un consentement si avantageux. Ecoutez ce que Dieu le Père va vous révéler d'une manière certaine. Voyez comment le Fils de Dieu s'incarnera en vous. Prêtez l'oreille au Saint-Esprit, qui opérera en vous. Puisque vous avez des oreilles pour entendre, écoutez, et dés le commencement de ce que vous devez entendre, écoutez cette salutation nouvelle : Je vous salue, Marie : Ave, Maria.
Que chacun de nous dise donc, et que tous disent : Je vous salue, Marie : Ave, Maria.
O salutation vraiment gracieuse et vénérable! ô salutation vraiment glorieuse et admirable ! s'écrie le vénérable Béde , autant elle est nouvelle, autant elle convient à la dignité de Marie. Dans cette trés douce salutation sont renfermées cinq merveilleuses sentences, dans lesquelles sont désignées cinq recommandations ou éloges de la Vierge.
O insinuation vraiment douce! car dans cette salutation on voit combien la bienheureuse Vierge Marie est pure, pleine, assurée, digne, utile : trés pure, dis-je, à cause de l'exemption de la faute ; trés pleine par l'abondance de la grâce ; trés assurée à cause de la présence divine ; trés digne par le respect dû à sa personne ; trés utile par l'excellence de celui qui naîtra d'elle. La trés grande pureté de Marie à cause de l'exemption de la faute est bien insinuée lorsqu'on lui dit : Ave, Je vous salue. Car on dit avec raison : Je vous salue, à celle qui n'a jamais encouru le vae, la malédiction de la faute.
Cela convenait à la Mère de Dieu, d'aprés le témoignage de saint Anselme qui dit: Il convenait que la conception de cet homme se fit d'une Mère trés pure; que cette Vierge brillât d'une pureté telle, qu'on ne pût trouver son égale au-dessous de Dieu, puisque Dieu le Père se disposait à lui donner son Fils unique qu'il engendre de son cœur, égal à lui, et de le donner de telle manière, qu'il fût un et même Fils de Dieu et de l'homme :
Decebat ut hominis illius conceptio de Matre purissima fieret, ut ea puritate, qua major sub Deo nequit intelligi, Virgo Ma niteret, cui Deus Pater unicum Filium, quem de corde suo œqualem sibi genuit, ita dare disponebat, ut essetunus atque idem Dei et hominis Filius.
Ce nom de Marie a été ajouté non par Gabriel en cet endroit, mais par la dévotion des fidéles et par l'inspiration du Saint-Esprit.
Ave, Je vous salue. 0 mot bon et suave que cet Ave, qui est le commencement de notre délivrance de l'éternel vae, de l'éternelle malédiction!
Que chacun de nous et que tous disent trés dévotement : Je vous salue, Marie, je vous salue, et encore je vous salue, et mille fois je vous salue ! Ave, Maria, ave et ave, et iterum ave, et millies ave.
Publié le 23 Mars 2010

La belle parole « Voici la servante du Seigneur : Ecce ancilla Domini, » proférée par Marie, après la magnifique salutation de Gabriel, offrit un contraste surprenant, dit saint Bernard, digne de l'étonnement des hommes, de l'admiration des anges, des complaisances de Dieu !
Reconnue pleine de grâce, Marie ne considère que son néant ; comblée de dons, elle ne songe qu'à glorifier le Très-Haut ; et plus elle se voit élevée par grâce, plus elle s'abaisse par humilité. L'ange la salue, la proclame Mère de Dieu; et à peine ose-t-elle s'appeler sa servante : Mater Dei salutatur; et ancillam se nominat.
C'est cependant le suprême degré de la grandeur de Marie, en qui tout d'ailleurs est grand, extraordinaire et singulier.
Grande est Marie, parce qu'elle est Vierge : Magnum quia Virgo; plus grande elle est encore, parce qu'elle est à la fois et Vierge et Mère : Majus quia Mater et Virgo; très-grande elle est indubitablement, parce qu'elle est Mère du Dieu qu'elle adore : Maximum quia Mater Dei.
Or, serait-il possible de monter encore plus haut?
Oui, Marie s'élève encore au-dessus de cette grandeur; puisque, étant si grande aux yeux de Dieu, elle est moins que rien à ses propres yeux : elle est grande par la vertu des divins prodiges opérés en elle, elle est plus grande encore par le prodige de sa vertu : Sed longe maximum quod talis cum sit, putat se nihil esse.
Or, ce fut précisément par ce prodige de l'humilité de Marie que s'accomplit le mystère précieux de notre salut ; de même que le mystère fatal de notre ruine s'était accompli précisément par le prodige de l'orgueil d'Eve.
Marie, dit saint Bernard, en était arrivée au point de plaire au Verbe éternel par les charmes de sa pureté ; mais elle ne le conçut dans le temps que par la confession de son néant; ainsi que le Père céleste l'engendre dans l'éternité par la connaissance de sa propre excellence : Virginitate placuit humilitate concepit. Cette humilité si nouvelle, si singulière, si héroïque, si sublime, donna à la grande parole, articulée par Marie : « Qu'il Soit Fait, fiat, » l'efficacité de restaurer le monde qui avait été également créé par un Qu'il Soit Fait, fiât.
Oh ! sainte humilité, que ta force, que ton efficacité, que tes charmes sont grands! Mais que ta nécessité est grande aussi.
De même que le grand mystère de la réparation de l'homme a été accompli par l'humilité, de même aussi on ne saurait en éprouver les fruits que par l'humilité. L'orgueil de l'ancien Adam et de l'ancienne Eve nous avait ouvert l'enfer ; l'humilité du nouvel Adam et de la nouvelle Eve, de Jésus-Christ et de Marie nous a ouvert le ciel : mais comme ces portes bienheureuses ne nous ont été ouvertes que par les mains de l'humilité, ainsi n'y parviendra-t-on que par le sentier de l'humilité.
Jésus-Christ l'a dit : Si nous ne descendons jusqu'à la petitesse, jusqu'à la candeur, jusqu'à la simplicité des petits enfants, il nous sera interdit d'entrer dans le royaume des cieux : Nisi conversi fueritis, et efficiamini sicut parvuli, non intrabitis in regnum cœlorum. (Matth. xvm.)
Remarquez attentivement celte expression du Seigneur : « Si vous ne vous faites petits enfants, nisi conversi fueritis, » car elle veut dire : Que, comme la Mère de Dieu s'est faite servante; que, comme le Verbe de Dieu s'est fait homme, ainsi l'homme doit se faire petit enfant pour être sauvé.
Il existe des hommes superbes, orgueilleux, enthousiastes de leur propre opinion, qui ne supportent qu'en frémissant d'impatience les réprimandes de la censure, le frein de l'autorité ; qui estiment se suffire à eux-mêmes, n'avoir besoin que d'eux-mêmes; qui, tandis qu'ils censurent tout dans les autres, tiennent à être flattés, applaudis, idolâtrés dans tout ce qu'ils disent et font eux-mêmes ; qui se croient et prétendent se faire croire par tous, les seuls savants qui savent tout, les seuls habiles qui remédient à tout, les seuls clairvoyants qui prévoient tout; les seuls infaillibles qui décident parfaitement de tout; eh bien, ces hommes-là, quoique sous les dehors d'une vie régulière et chrétienne, ont une secrète affinité, une sorte de parenté avec Lucifer, père de l'orgueil ; ils ont au fond du cœur d'infernales sympathies pour le vice et l'erreur; ils ont ce levain funeste qui résiste à l'action secrète de la grâce, et qui, corrompant lentement l'intelligence, finit par corrompre aussi le cœur.
Et n'est-ce pas là la cause de ces chutes que ne rappelle qu'avec horreur l'histoire ecclésiastique, de tant de martyrs qui, après avoir rendu hommage à la foi de Jésus-Christ par la générosité de leur confession, l'ont ensuite déshonoré par le scandale de leur apostasie ; de tant de sages qui, après avoir défendu l'Église par la splendeur de leur doctrine, ont fini par l'attaquer par les blasphèmes de leurs erreurs : de tant de saints qui, après avoir édifié le peuple chrétien par l'héroïsme de leur vertu, ont fini par l'affliger par la turpitude de leurs vices.
Au contraire, les hommes dociles, humbles, qui, pensant bassement d'eux-mêmes et se défiant de leur propre esprit, de leurs propres lumières, de leurs propres forces, cherchent en dehors d'eux-mêmes la vérité qui les instruise, la force qui les soutienne, le conseil qui les guide, et qui aiment mieux croire que disputer, écouter que discourir, obéir que commander; ces hommes-là, dis-je, quoi qu'il arrive, soit qu'ils tombent dans l'erreur ou dans le vice, finissent enfin par venir à résipiscence et à secouer le linceul de leur mort spirituelle.
Au milieu même de leurs désordres, ils appartiennent encore, par une affinité secrète, par un fil imperceptible, à Jésus-Christ, le maître et le modèle de l'humilité ; ils ont des sympathies célestes pour la vérité et la vertu; ils conservent libre le sentier, ouverte la porte du cœur, le sentier, la porte de l'humilité par où peut toujours s'introduire et par où s'introduit effectivement la grâce, qui le convertit, le transforme et s'en rend maîtresse.
Et n'est-ce pas là la cause cachée de ces changements, éclatants que rappelle avec admiration et complaisance l'histoire ecclésiastique, de tant de satellites de la persécution idolâtrique, devenus ensuite martyrs de la foi : de tant de partisans de l'erreur, devenus ensuite docteurs de la vérité catholique ; de tant de pécheurs, devenus ensuite des saints.
Ah! descendons de la hauteur de notre ambition, des prétentions de notre vanité, de la présomption de notre orgueil ; défions-nous de nous-mêmes, humilions notre esprit et notre cœur devant Dieu et devant les hommes.
C'est le plus beau moyen d'honorer le mystère de ce jour, le mystère par excellence de l'humilité du Fils de Dieu et de la Mère de Dieu. C'est le moyen le plus sûr de conserver la grâce de Dieu si nous l'avons acquise, et de la recouvrer si nous l'avons perdue. C'est la pratique la plus sûre pour vivre en vrais chrétiens ou pour le devenir au plus tôt.
C'est l'escalier royal pour monter au ciel.
Car s'accomplit non-seulement dans le temps, mais encore dans l'éternité, l'oracle de Jésus-Christ : que quiconque s'exalte sera humilié, et que quiconque s'humilie sera exalté : Omnis qui se exaltat hitmiliabitur, et qui se humiliat exaltabitur. (Luc, xiv.)
PÈRE VENTURA.
Publié le 23 Mars 2010

Plusieurs interprètes prétendent que l'ange s'agenouilla en présence de la Vierge, inférieure à lui par nature, mais supérieure à lui en pureté, en grâce, en dignité; et que, dans cette attitude de respect pour celle qui allait devenir la reine des anges et la mère de Dieu, il prononça les paroles : Salut, ô pleine de grâce ! le Seigneur est avec vous : Ave, gratia plena ; Dominus tecum.
O paroles ! ô salutation ! qui ne sont pas un compliment humain, mais un augure divin, une révélation, une reconnaissance de ce qu'est effectivement Marie ; et tout à la fois une splendide prophétie de ce qu'elle sera dans peu !
Premièrement le mot Ave, dit A. Lapide à la suite de beaucoup de Pères, est ici manifestement allusif au nom d'Eve; dixit Ave; ut alludat ad nomen Evae; car Eve, signifie vitale, vivifiante, madre de' viventi.
De prime abord, dit saint Épiphane, il peut sembler étrange qu'Adam ait donné à sa compagne, après le péché, un si magnifique nom, en l'appelant vivante et mère fortunée des vivants, elle qui déjà avait ouï la terrible sentence qui la condamnait, elle et ses descendants, à mourir, elle qui était devenue mère infortunée des morts : Eva Mater viventium vocata est postquàm audivit : Pulvis es; et mirum est, quod post transgressionem hoc magnum nomen habuerit.
Eh bien, non, rien d'étrange en cela, continue le saint docteur, la salutation d'Adam ne fut ni contradictoire, ni vaine, mais mystérieuse et prophétique.
En parlant de cette sorte à sa compagne, il eut en vue Marie ; à la faveur de la divine lumière il connut et prédit que Marie, dont Eve, encore vierge et épouse, était le type et la figure, serait la vraie Mère des vivants; Beata Mater Dei Mariae per Evam significabatur, quae per enigma accepit ut mater viventium diceretur.
Or, Marie ne commence à être la Mère des vivants qu'à l'instant qu'elle conçut l'auteur même de la vie. Ainsi donc l'ange, en disant à Marie : Tu vis, ô Marie! salut, ne lui dit autre chose que ceci : Tu es la vraie Eve. Celle-là fut pleine de crimes, et toi tu es pleine de grâce ; celle-là fut rebelle à Dieu, et toi tu lui es fidèle ; et, à cette heure-ci même, l'ancienne prophétie se vérifie en toi.
Remarquez encore que le mot Ave, qui dans le latin dérive de l'hébreu, et a dans les deux langues la même signification, est le nom d'Eve retourné, ce qui signifie, dit saint Augustin, que la malédiction d'Eve s'est changée par Marie en bénédiction, qu'avec la grâce du Sauveur qu'elle vient nous apporter, et dont elle fut surabondamment remplie, elle effaça la faute d'Eve: Maria impleta est gratia, et Eva evacuatur culpâ. Maledictio Evae in benedictionem mutatur Mariae. (Serm. 18, de Sanct.)
C'est aussi pour cette raison que l'ange l'appelle la pleine de grâce par excellence, gratia plena; c'est-à-dire, ainsi que l'explique saint Bonaventure et Maldonat : La créature en qui toutes les grâces et tous les mérites, tous les priviléges et toutes les vertus qui résident en Jésus-Christ comme dans leur source, qui, dans les anges et dans les saints sont comme divisés en petits ruisseaux ; se trouvèrent réunis tous ensemble comme dans un fleuve plus près de sa source, comme dans un océan mystérieux; et dans la plus grande mesure dans laquelle il était possible à une pure créature d'en recevoir : Sicut omnia flumina intrant in mare; sic omnes gratixae quos habuerunt Angeli patriarchae, prophetae, apostoli, martyres, confessores, virgines, in Mariam fluxerunt. (Sanct. Bon., Spec, c. 2.)
Et saint Jérôme dit : « Oh qu'elle est dûment saluée pleine de grâce celle par l'intermédiaire de laquelle la pluie précieuse de la grâce de l'Esprit-Saint s'est répandue abondamment sur la création tout entière ! Bene gratia plena, per quam largo Spiritus Sancti imbre perfusa est omnis creatura. (Serm. de Assumpt.)
Les paroles : Le Seigneur est avec vous, Dominus tecum, signifient que, bien que le Seigneur, par son immensité et sa puissance, soit avec toutes les créatures; que, par sa grâce actuelle qui éclaire l'esprit et excite les cœurs, il soit souvent aussi avec les pécheurs; que, par sa grâce sanctifiante, il soit avec les justes; et que, par une protection spéciale, il soit avec tous les élus; dans Marie et avec Marie, Dieu est non-seulement de toutes ces manières, mais qu'il y est, en outre, d'une manière plus noble et plus intime.
Ce fut donc, selon saint Augustin, comme si l'Ange lui eût dit : O Marie! le Seigneur est avec vous d'une façon beaucoup plus parfaite qu'en moi ; Dominus tecum magis quam mecum ; puisque vous êtes pleine de grâce, vous êtes pleine de Dieu ; Dieu est en vous et vous êtes en Dieu et avec Dieu ; vous appartenez à Dieu ; vous êtes investie, possédée entièrement de Dieu ; vous êtes toute de Dieu ; aussi est-ce pour cela que vous êtes la créature par excellence à laquelle Dieu est le plus intimement uni, Dominus tecum; et que vous êtes, comme il est dit dans les cantiques, la vraie, la grande, l'unique amie de Dieu: Una est amica mea, una est. (Cant. Iv.)
L'ange, évangéliste des grandeurs et des gloires de Marie, ne s'en tient pas là : mais, après l'avoir proclamée unique devant Dieu, il la proclame unique entre tous les hommes, lui disant : Vous êtes la femme bénie parmi toutes les femmes, Benedicta tu in mulieribus; dans le sens substantif, absolu dans lequel elle avait été appelée la Vierge, la mère des vivants, la femme pleine de grâce, la mère de Dieu, c'est-à-dire, la femme prince, la femme modèle, la femme honneur et gloire de toutes les femmes; qui réunit en elle toutes les vertus, tous les mérites, toutes les qualités, toutes les distinctions de la femme dans ses divers états, et qui ne sauraient se trouver associées dans la même personne ; savoir : la liberté d'esprit de la veuve, le bonheur de la société conjugale, la pureté de la vierge et la fécondité de la mère.
Marie a encore été la femme, bénie entre toutes les femmes, parce qu'elle a été la seule qui ait apporté au monde la bénédiction par le moyen du fruit béni de son chaste sein, dans lequel se sont réunies toutes les bénédictions, et en qui devaient être bénies toutes les nations de la terre. (Sen. xxvi.)
Or, que fait Marie en entendant un pareil discours, que répond Marie?
Ah! la nouvelle Eve, choisie pour apporter le remède à la faute primitive, se comporte avec Gabriel tout autrement que ne l'avait fait l'ancienne Eve avec Satan.
Le discours du démon à Eve supposa et exalta dans cette femme imprudente une indépendance de Dieu, un mérite, une excellence qu'elle n'avait pas : Cur praecepit vobis Deus, ut non comederetis de omni ligno paradisi. (Genèse, m.)
Le discours de Gabriel à Marie annonça, dans cette fortunée jeune fille, une grandeur extraordinaire aux yeux de Dieu, un mérite, une excellence réelle, une possession parfaite de la grâce et la plus intime union avec Dieu : Ave gratia, plena : Dominus tecum.
Cependant, le langage du mensonge et de l'imposture, au lieu de troubler l'esprit d'Eve, l'enivre d'une stupide complaisance pour elle-même et la remplit d'un orgueil démesuré qui la pousse jusqu'à mettre en doute la véracité des divines menaces, ne forte moriamur.
Au contraire, le langage de la sincérité et de la vérité, qui semblait devoir rassurer Marie et la rendre satisfaite d'elle-même, la trouble, la déconcerte, la fait trembler. Marie se cherche en elle-même et ne s'y retrouve plus.
L'orgueil fit qu'Eve prit un ange des ténèbres, un serpent, pour l'ange de la lumière. L'humilité fit craindre à Marie de rencontrer, dans l'ange véritable de la lumière, l'ange des ténèbres, bien qu'elle fût accoutumée à la vue des anges et à leur société.
Marie se croyait indigne de mériter une si belle et si magnifique salutation, articulée avec un si profond respect.
Au lieu donc de s'y complaire, elle s'épouvante; et ne pouvant comprendre pourquoi elle lui est adressée, ni où elle doit aboutir, elle demeure muette, pensive, agitée : Quae cum audisset, turbata est in sermons ejus; et cogitabat qualis esset ista salutatio. (Luc, 29.)
Ne craignez rien, ô Marie! reprit l'ange, en l'appelant par son nom, pour lui inspirer plus de confiance; vous avez trouvé grâce devant Dieu : Ne timeas, 'Maria, invenisti enim gratiam apud Deum (Luc, 30) ; c'est-à-dire, comme l'explique saint Bernard : « Vous, qui n'avez jamais cherché d'autre mérite, d'autre honneur, d'autre gloire que de plaire à Dieu, vous avez donc trouvé ce que vous avez sans cesse cherché. Vous êtes plus gracieuse, plus chère, plus agréable à son regard divin que tous les saints qui vous ont précédée, que toutes les plus nobles créatures, réunies ensemble. Invenisti quod quaerebas, quod ante te nemo potuit invenire. (Serm. ni, Sup. Miss.)
O riche trésor! ô pierre précieuse que Marie! prévenant l'Évangile, a acheté par l'offrande, par la consécration de tout son être à Dieu : Dedit omnia sua et comparavit eam (Mat.,XXXI), c'est-à-dire qu'elle a obtenu tant de grâce et tant de vertu qu'elle a mérité, comme l'enseignent les scolastiques avec Suarez et Vasquez, la maternité divine, sinon au titre d'une rigoureuse dignité (de condigno), au moins à celui d'une parfaite convenance (de congruo), et pour preuve de cela : « Voici, lui ajoute l'ange, que vous concevrez dans votre sein et enfanterez un fils : Ecce concipies in utero, et paries filium. » (Luc, I, 31.)
Avant tout, rappelons ici le grand et magnifique oracle d'Isaïe : « Dieu lui-même vous donnera un prodige : Voici que là Vierge concevra et enfantera un fils : Dabit Dominus ipse vobis signum : Ecce Virgo concipiet et pariet Filium. »
Or l'ange ayant dit à Marie (la Vierge) (ad Virginem) : « Voici que vous concevrez et enfanterez un fils : Ecce concipies et paries filium; » lui ayant répété les paroles mêmes d'Isaïe, ce fut lui dire : « Vous êtes, ô Marie! la Vierge dont a parlé le prophète ; et voici que le grand prodige, jadis promis de Dieu, de la conception et de l'enfantement de la Vierge, s'accomplit aujourd'hui en vous. »
L'ange continua encore à dire à Marie : Vous donnerez à votre fils le nom de Jésus. Il sera le Grand, et s'appellera le Fils du Très-Haut : Et vocabis nomen ejus Jesum. Hic erit magnus et Filius Altissimi vocabitur. (Luc-, 31, 32.) Isaïe, lui aussi, avait dit: Il sera appelé Emmanuel : Et vocabitur nomen ejus Emmanuel.
L'ange n'a donc fait encore ici que répéter et expliquer plus clairement les paroles du prophète ; à la différence qu'il s'est servi, dans ce but, de plusieurs mots, tandis que le prophète avait tout dit en un seul. Car Emmanuel signifie Dieu avec nous, ou Homme-Dieu; c'est-à-dire Fils de Dieu et à la fois Fils de l'Homme ; signifie Jésus ou Sauveur des hommes; puisque le Messie n'est Jésus ou Sauveur, et par cela même, le Grand en puissance et en bonté qu'en tant qu'il est Emmanuel, ou Homme-Dieu, ou Dieu avec nous. (Ita A. Lapide, In Isaïam.)
L'ange ajouta encore : « Dieu donnera à votre le fils trône de David son père ! Il régnera dans la maison de ]acob, et son règne n'aura d'autres limites que l'univers, d'autre durée que l'éternité : Dabit illi Duminus sedem David patris ejus ; et regnabit in domo Jacob in aeternum, et regni ejus non erit finis » (Luc, 32.)
Ces paroles sont aussi celles qu'a dites Isaïe : Il s'assiéra sur le trône de David, aujourd'hui et pour l'éternité ; et son règne pacifique n'aura pas de fin. Le Seigneur a envoyé son Verbe en Jacob, et il fut recueilli en Israël : Et pacis ejus non erit finis. Super solium David, et regnum ejus sedebit a modo usque in sempiternum. Verbum misit Dominus in Jacob, et cecidit in Israël. (Isaïe, IX.)
O ange saint! quelles obligations ne vous-avons-nous pas! Qu'il est beau pour nous fidèles, d'entendre de votre bouche céleste l'application et l'interprétation de cette magnifique prophétie, fondement et preuve de notre foi !
père Gioacchino Ventura
Publié le 22 Mars 2010
Publié le 22 Mars 2010
Publié le 22 Mars 2010

0 mon Dieu, vous vous êtes souvenu de moi et vous n'abandonnez point ceux qui vous aiment! Saint Paul dit (Rom., VIII, 28) : Tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu ; et il est écrit dans l'Évangile: Pas un cheveu de votre tête ne tombera sans la permission de votre Père céleste (Matt., X, 30); et ailleurs : Dieu donne la nourriture aux oiseaux qui ne sèment point, qui ne récoltent point; et à la fleur des champs, qui ne file ni ne tisse (Matt., VI, 15), un vêtement plus magnifique que la pourpre des rois. Or, vous êtes à ses yeux plus que des oiseaux et des lis (Matt., X, 31).
Ce qui ne veut pas dire que l'homme doit tout abandonner à la Providence sans prudence et sans travail.
Il doit avoir sa part d'action dans tout ce qui se fait ici-bas, puisque par sa raison il y est le représentant de Dieu, et que l'exercice de sa liberté, qui lui a été donnée à cette fin, lui impose une responsabilité. Ce qui ne veut pas dire non plus que tout doive prospérer aux fidèles serviteurs de Dieu, et qu'ils n'auront jamais rien à souffrir pour son service et l'accomplissement de sa loi. Au contraire ils rencontreront beaucoup d'obstacles, de combats, de tribulations, et c'est justement par là que leur fidélité sera éprouvée et qu'ils attireront la grâce qui viendra les secourir ou les délivrer en son temps. Mais ce qui est certain, c'est que tout ce qui leur arrivera, même leurs plus cruelles infortunes et leurs plus vives douleurs, tournera en définitive à leur plus grand bien, s'ils persistent dans leur voie, et à la plus grande gloire de Dieu, o'est-à-dire à l'accomplissement des desseins providentiels en eux et par eux.
Nous en voyons un exemple en Daniel, la plus belle figure peut-être que nous offre l'Écriture sainte, après celles de J.-C. et de sa mère. Dès son adolescence l'Esprit divin s'est emparé de lui et le guide dans ses pensées, comme on le voit dans la délivrance de la chaste Suzanne, que le peuple trompé par les apparences et les ruses diaboliques de deux infâmes vieillards a condamnée à mort. Seul, il parle en sa faveur contre tout le peuple, et il prouve son innocence. A Babylone, tout captif qu'il est, il refuse hardiment d'observer les décrets du roi qui prescrivent l'idolâtrie, et il reste, malgré tout, fidèle au culte du Dieu d'Israël. Il est jeté à cause de cette résistance dans la fosse aux lions qui le respectent, parce que l'Esprit de Dieu qui est en lui les arrête. Cette conservation miraculeuse le met plus que jamais en faveur auprès du roi, qui lui donne une grande autorité ; et la puissance ne l'exalte pas plus que la persécution ne l'avait abattu. Il persiste à combattre l'idolâtrie et à démasquer l'hypocrisie de ses prêtres. Il renverse les idoles, tue le dragon, tourne en ridicule les superstitions du peuple qui, s'ameutant contre lui et contre le roi qui le soutient, le force par leur rébellion et leurs menaces de livrer Daniel à leur fureur.
On le jette de nouveau dans la fosse aux lions, et pour qu'il n'échappe point cette fois à leur cruauté, on ne leur donne point de nourriture pendant plusieurs jours.
Dieu sauve encore de la mort son fidèle Daniel, et sa bonté pour lui va même jusqu'à lui envoyer à manger par un nouveau miracle.
Ici encore le dessein providentiel s'accomplit.
Le roi, frappé de cette protection merveilleuse du ciel, et plein de joie de retrouver vivant celui qu'il aime, reconnaît publiquement que le Dieu de Daniel est le Dieu véritable, et décrète que toute la terre doit l'adorer. Ainsi Daniel est sauvé, et le vrai Dieu est glorifié. Mais que d'événements terribles pour arriver à cette fin, et combien Daniel a dû souffrir au milieu de ces péripéties et de ces persécutions!
Tout lui a tourné à bien, sans doute, parce qu'il aimait Dieu de tout son cœur, et ne cherchait que sa gloire. Mais il lui a fallu subir constamment la haine des grands du royaume, jaloux de cet étranger qui avait la faveur du prince, les calomnies et les persécutions des prêtres de Bel et de Dagon, indignés de l'audace de ce misérable Juif, d'un esclave qui ose s'attaquer à leur autorité, démasquer leurs ruses et leur enlever leurs profits avec leur crédit et leur puissance. Il s'est trouvé seul devant le peuple en révolte et demandant sa mort, il s'est vu abandonné du roi, dont la vie était aussi menacée. Deux fois il a été jeté en proie aux lions, et ainsi il a dû ressentir à deux reprises toutes les angoisses d'une mort qui semblait certaine, ou du moins dont aucun secours humain ne pouvait le préserver.
Dieu l'a sauvé à cause de sa fidélité et du courage de son amour ; mais il l'a sauvé à travers les mille tribulations de la plus cruelle épreuve.
Telle est la leçon que nous donne cette histoire si terrible et si consolante tout ensemble. Elle nous assure du secours d'en haut en toute occurence et quel que soit le danger, si comme Daniel nous restons fidèles à la cause de Dieu, l'honorant et le servant comme il veut l'être. Mais ne nous imaginons pas qu'il nous épargnera les souffrances, les angoisses, tous les accidents plus ou moins pénibles de la lutte avec les passions humaines coalisées contre la vérité ; lutte inévitable qui doit éprouver notre fidélité, manifester notre courage et justifier notre amour.
mr l'abbé Bautin
Publié le 22 Mars 2010
Nous sommes en recherche de livres liturgiques: Graduels, cérémonials, livres de Matines, etc. comme ceux de Fontgombault, le Barroux ..
je vous en remercie.
+ P. Petrus Paulus Mariae Schola Veritatis.
Publié le 22 Mars 2010
sur d'autres sites sans évidement en noter la source. dès qu'il s'agit de rétablir certaines règles en la matière l'on nous accuse de manque de charité ou carrément lorsque publiquement l'on n'attaque pas votre for interne. Méthodes déjà connues dans le passé.
De telles attitudes sont inacceptables.
Le jour où l'on rétablira la justice dans certains milieux où l'on rendra à chacun ce qui lui est dû, peut-être mes positions changeront en attendant les donneurs de leçon de morale sont plutôt malvenus.
le petit Placide.
Publié le 21 Mars 2010



tous.
Parmi les couronnes éternelles des habitants du ciel,
Récompenses de leurs saints combats,
Vous brillez par l'éclat supérieur de vos mérites
O Saint Benoît
Une sainte vieillesse est votre ornement de l'enfance;
La volupté n'a aucune emprise sur vous,
Le monde et sa fleur sont pour vous fanés: vous avez
tourné votre âme vers les hauteurs.
Très tôt, prenant la fuite, vous laissez patrie et parents,
Pour devenir le fervent habitant des forêts;
Vous matez votre chair, au Christ la soumettez,
En bourreau sans pitié.
Pour ne pas vous laisser enseveli dans ces calmes retraites,
Les miracles de vos oeuvres pies vous trahissent;
Votre heureuse réputation se répand à travers le monde
D'un coup d'aile.
+
Dieu éternel et tout-puissant qui avez en ce jour tiré saint Benoît, votre très saint confesseur, de la prison de son corps pour l'élever au ciel, daignez accorder à vos serviteurs qui célèbrent sa fête le pardon de tous leurs péchés, afin que, dans la joie de leur âme, s'associant à sa gloire et à son bonheur, ils aient, grâce à son intercession, part à ses mérites.
aux premières Vèpres.