Publié le 31 Juillet 2011
Qui pourrait le croire ? Dans le Petit-Bayonne, quartier qui est l'épicentre des Fêtes, le rendez-vous des plus jeunes parmi les festayres, il existe un lieu de calme, de recueillement, de prière, et même d'adoration. Un lieu jusqu'où parviennent les bruits de la fête, mais en sourdine, comme étouffés.
Ce fut le premier acte officiel, visible, de Mgr Marc Aillet, après son ordination épiscopale. Le 30 novembre 2008, il était consacré évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, et le 25 mars 2009, il inaugurait, à l'arrière de l'église Saint-André, la chapelle de l'Adoration perpétuelle.
Dispositif renforcé
Depuis près de deux ans, dans la plus grande discrétion, des fidèles catholiques se relaient, nuit et jour, dans cette petite chapelle, accessible sept jours sur sept, pour y prier et adorer le Saint-Sacrement. Ils restent généralement une heure avant de passer le relais.
Durant les Fêtes, ce dispositif n'est pas du tout annulé. Il est, au contraire, renforcé. Pour ne pas laisser un adorateur tout seul, un groupe de trois à dix volontaires s'installe dans la chapelle de minuit à 6 heures du matin. Des lits de camp sont dressés dans un coin, de l'eau, du café, des boissons chaudes sont à la disposition des adorateurs, et chacun d'eux veille jusqu'au petit matin, s'accordant quand même, si nécessaire, quelques heures de sommeil.
N'entre pas qui veut dans la chapelle de l'Adoration perpétuelle. Il faut d'abord posséder un numéro de code qui donne accès à la cour intérieure, puis tambouriner à la porte, car la chapelle est fermée à clé de l'intérieur. Jeudi soir, un fidèle en tenue de festayre, plutôt costaud, entrebâille la porte, tel un videur de boîte de nuit soucieux de trier la clientèle. « Qu'est-ce que vous voulez ? », nous demande-t-il, méfiant.
Une fois que nous avons décliné notre identité, il nous laisse passer et reprend sa prière à genoux. Ils sont trois, ce soir-là, deux femmes et un homme, à attendre l'aube en compagnie du Saint-Sacrement.
Une présence
À l'exception d'un tronc qui aurait été vandalisé et pillé, il n'y a pas eu beaucoup d'incidents avec les festayres depuis la création de cette chapelle. « La première année, un couple de jeunes de moins de 20 ans est entré par hasard, se rappelle Claudine. Ils étaient très surpris, se demandant où ils étaient. Et ils sont repartis sans rien dire. Je me souviens aussi de ce monsieur visiblement très alcoolisé, mais qui souhaitait quand même se recueillir. Il a senti une présence et éprouvé du regret. »
Cette présence divine ne fait, pour Claudine, pas l'ombre d'un doute. Et elle lui semble « encore plus forte la nuit », quand les ténèbres luttent contre la lumière. Cette Bayonnaise de 64 ans, divorcée, mère de deux fils et quatre fois grand-mère, qui s'occupe de l'alphabétisation de gens du voyage, d'aide aux devoirs pour des enfants de familles en difficulté, qui « sert Dieu à travers les autres », choisit toujours ce moment, y compris durant le reste de l'année, pour prendre sa place dans la chaîne humaine qui se relaie dans la chapelle bayonnaise. « Je souhaite, dit-elle, être en communion avec des groupes de prière du monde entier, notamment les communautés qui se lèvent à 2 heures ou 3 heures du matin. »
Mais, paradoxalement, Claudine n'éprouve pas le sentiment, ces jours-ci, d'être à l'écart des Fêtes de Bayonne. Bien au contraire. « C'est une joie pour tous ceux qui viennent ici, pas une corvée, souligne-t-elle. Et le bruit de la rue ne me gêne pas : c'est comme si on participait à la fête. »