Publié le 25 Janvier 2020
"Je suis devenu semblable au pélican qui habite la solitude, comme le hibou qui se retire dans les masures. J'ai veillé et j'étais comme le passereau solitaire sur les toits. "
Ces trois oiseaux signifient les trois grandes divisions des pénitents. Quelques-uns cherchent la solitude absolue , comme sainte Madeleine, sainte Marie-Egyptienne, saint Paul, premier ermite, saint Antoine, Saint Hilarion, et ils peuvent dire avec le Psalmiste : " Je me suis éloigné, j'ai fui et je suis demeuré dans la solitude. " (Ps.LIV)
Là, dans ces lieux solitaires, semblables au pélican qui détruit les animaux dangereux et surtout les serpents du désert, ils se nourrissent de leurs continuelles victoires sur le démon.
D'autres restent au sein des cités, mais il se renferment dans d'étroites cellules, comme le hibou dans son mur ruineux; ils remplissent la solitude des nuits du cri de leur pénitence, de ce cri que leur arrache la crainte des jugements de Dieu, et ils en sanctifient la durée par la succession de leur cantiques et de leurs hymnes spirituels.
D'autres , forcés par leurs liens de rester dans le sein de leur famille, ou dans des emplois publics, habitent sur les toits comme l'oiseau solitaire, c'est-à-dire qu'ils dépassent le niveau dans lequel ils vivent, les foules et les habitants des cités. Ils sont dans le monde, mais sans être du monde; ils se soumettent les affaires, les honneurs, les richesses, mais ne leur sont pas soumis, ils les dominent, en disposent, les distribuent, ne leur permettant pas de prendre sur eux le moindre pouvoir, et conservant leur coeur solitaire et libre pour le ciel. La mission de ces derniers, c'est de veiller et de prêcher sur les toits, de veiller à leurs propres dangers et aux dangers de ceux qui les entourent, en même temps que de les édifier et par leurs paroles et leurs exemples. (Bellarmin)
Le passereau veillant et solitaire sur le sommet des toits, est l'image de l'âme qui s'éloigne en fuyant, pour s'établir dans la solitude. Elle a fixé sa demeure sur le toit, " au-dessus de l'habitation " des hommes: c'est-à-dire au-dessus de leurs passions et de leurs criminelles convoitises, et s'étant choisi ce refuge, elle ne le quitte plus, fidèle à l'avis du Seigneur :" Que celui qui est sur le toit n'en descende pas pour prendre ce qui est dans la maison. "
Là, élevée et solitaire, elle aspire vers vous, ô mon Dieu! La nuit, elle vous désire, et dès le matin elle veille encore, attendant l'heure dont il est écrit :" Heureux le vigilant serviteur prêt à recevoir son maître au moment de sa venue." (Matth. XXIV,17)