homélie.

Publié le 3 Décembre 2007

Homélie pour les obsèques d’Anne-Lorraine SCHMITT
Samedi 1er décembre 2007
 Cathédrale de Senlis  
 
merci  du lien à Pierre

Chère famille,

Chers amis
Et vous chers jeunes si nombreux… 

Dimanche dernier, Anne-Lorraine prit le RER à Paris pour venir célébrer la solennité du Christ-Roi, avec sa famille, dans cette cathédrale. C’est son évangile que nous venons de réentendre. Par là-même, nous honorons le rendez-vous manqué. Cet évangile prend un relief tout spécial : nous disons à-Dieu à Anne-Lorraine en tournant notre regard vers notre Roi, le Christ, l’Innocent crucifié et ressuscité. 

La plupart d’entre nous, nous avons la chance d’être chrétiens. Certes, notre foi ne nous épargne ni la souffrance ni la mort. Cependant, la foi au Christ nous soutient ; elle aiguise notre sens des responsabilités dans un contexte tendu. Nous sommes au pied de la croix. La mort d’Anne-Lorraine résulta d’un acte d’une violence inouïe. L’irréparable fut commis. Face au mal absurde qui dépasse l’entendement, nous avons conscience, avec la famille d’Anne-Lorraine, qu’il nous faudra non seulement nous remettre de sa mort, mais encore nous prémunir contre un autre danger, moins violent mais plus pernicieux : celui de la rancune qui se légitimerait et qui distillerait dans nos coeurs un venin funeste. Le mal ne ferait que redoubler. Dieu merci, nous n’en sommes pas là. Mais nous en appelons humblement au Christ qui a vaincu le mal. Qu’il nous garde tous dans sa paix. Qu’il nous accorde ce supplément d’âme dont nous avons besoin. Quand le mal abonde, il faut que la charité surabonde. 

Seigneur Jésus, souviens-toi de nous dans ton Royaume,
toi Notre Roi qui, avant d’être couché dans ton linceul,
enveloppas le monde dans ta miséricorde. 

Je me souviens de cette autre page d’évangile. Les disciples traversent le lac de Galilée. Au milieu de la traversée et de la nuit, une violente tempête se lève. Jésus rejoint la barque menacée. Il marche sur les eaux. A l’appel du Christ, Pierre le rejoint, marchant à son tour sur les eaux. Soudain, se laissant fasciner par les vents hurlants et les flots en furie, Pierre commence à sombrer. A l’appel du Christ et dans un sursaut de foi, il tourne son regard vers Jésus et saisit la main qu’il lui tend. De suite, Pierre échappe à l’abîme pour régner avec le Christ sur les éléments déchaînés (Cf. Mt14,22-33). Aujourd’hui, en raison même du drame que nous vivons, nous détournons nos yeux du mal fascinant pour contempler le Christ ressuscité, vainqueur du péché et de la mort. Et c’est être fidèle à Anne-Lorraine que de vivre cette conversion. Elle aimait contempler le Christ et chanter avec nous : « Seigneur, je n’ai d’autre désir que de t’appartenir… » Frères et sœurs, nous ne sommes pas des fils des ténèbres. Nous sommes des fils de la lumière et des frères du Christ ressuscité. 

 ~ ~ ~ 

Nous gardons d’Anne-Lorraine l’image d’une jeune fille au caractère bien trempé et qui croquait la vie avec gourmandise. Sa vie fut pour nous un cadeau. Nous remercions Dieu de nous l’avoir donnée pour fille, pour sœur, pour amie. Sa vie de femme fut brève mais riche et féconde.  Recueillons maintenant son témoignage d’humanité et de foi. Pour ma part, après vous avoir longuement écoutés, je glisse quatre fleurs dans le bouquet d’action de grâces que nous déposerons sur l’autel dans quelques instants.  

1.      Première fleur. Anne-Lorraine nous laisse le témoignage d’une jeune-femme dotée d’une vie chrétienne profonde et bien en place, nourrie par la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Sa vie avait le Christ ressuscité pour fondation et pour clé de voûte ; et l’Esprit de son Baptême et de sa Confirmation pour dynamisme intérieur. Elle fait partie de cette génération Jean-Paul II, façonnée par les Journées Mondiales de la Jeunesse, les récollections et les pèlerinages estudiantins. 

2.      Deuxième fleur. Anne-Lorraine était l’aînée de sa fratrie et elle le restera. Son indépendance de caractère ne retirait rien à l’amour profond qu’elle portait à sa famille et à l’affection prévenante qu’elle témoignait à ses frères et sœurs, avec un humour parfois décapant. Elle entretenait également des amitiés spirituelles profondes. Jésus est l’Ami par excellence. Il nous dit: « Je vous appelle mes amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn15,15). Anne-Lorraine est une amie du Christ. Avec ses meilleures amies, elle partageait le travail, les responsabilités, la fête et la prière. Elle puisait l’amour et l’amitié dans le cœur du Christ. Aussi, nous sentons qu’un lien ineffable et éternel nous unit à elle, par-delà ciel et terre, et pour l’éternité. L’amour est plus fort que la mort.

 3.      Troisième fleur. Anne-Lorraine nous laisse le témoignage d’une étudiante bien de son temps, brillante, intellectuellement curieuse, artiste aussi. Un trait la caractérisait et faisait notre admiration : sa force de conviction n’avait d’égale que son ouverture d’esprit. Elle ne tombait jamais dans le sectarisme. Dans ce monde et à une époque où nous sentons le besoin urgent et impérieux de témoigner à temps et à contre-temps de notre foi salutaire, nous retenons le savoir-faire d’Anne-Lorraine. Nul n’ignorait ses engagements et sa pratique religieuse. Elle en parlait simplement, avec une étonnante liberté intérieure et de l’humour. Elle rendait compte de ses convictions avec intelligence. Cela a forcé le respect et suscité l’amitié de beaucoup d’entre vous. Et puis elle avait cette curiosité intellectuelle qui la poussait à s’intéresser aux autres qui ne pensaient pas comme elle. Elle vivait en amitié avec des gens très différents ; preuve qu’on n’est pas d’autant plus ouvert qu’on a moins de convictions. Anne-Lorraine nourrissait sa foi par la lecture, la réflexion et les discussions avec son entourage. Elle qui était cultivée, elle avait peut-être à l’esprit cette phrase magnifique de Jean-Paul II : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité ». Anne-Lorraine avait une foi profonde éclairée par son intelligence, et une intelligence profonde éclairée par sa foi. Elle aurait fait une très bonne journaliste.  

4.      Quatrième fleur pour terminer. Anne-Lorraine, pourtant mobilisée par des études de haut niveau, savait s’engager au service des autres : dans le scoutisme, auprès d’enfants handicapés et des personnes malades. Tout ce qu’elle faisait, elle le faisait à fond, avec grand cœur et une conscience admirable. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples » (Jn13,35). Nul doute qu’Anne-Lorraine fit partie des disciples du Christ. 

Que son exemple nous encourage à prendre notre vie de foi à cœur pour vivre en amitié avec tous, tout en témoignant avec intelligence, simplicité et par des actes, que le Christ ressuscité nous fait vivre sur Terre comme au Ciel.  

Nous confions Anne-Lorraine à Dieu notre Père. Nous le bénissons pour les 23 belles années que nous avons vécues en sa compagnie. Car son pèlerinage ici-bas aura rendu notre Terre un peu plus belle et notre cœur plus riche. 

« Jésus, souviens-toi de moi
quand tu viendras inaugurer ton Règne »
Jésus lui répondit :
« Amen, je te le déclare :
aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ».  
 
 
P. Stéphan JANSSENS, Curé archiprêtre

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article