la samaritaine.

Publié le 23 Février 2008


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Jésus, Sauveur du monde, a faim et soif de donner sa vie aux hommes.

Cette volonté du Père est sa nourriture. Lui, le Pain vivant, il a faim de se donner : « Combien j'ai désiré manger cette Pâque, » dit-il à la Cène.

   


Lui, la Source des eaux vives, s'écrie : « J'ai soif », sur la Croix, soif déjà apaisée par la Femme qui se tenait debout au Calvaire et qui, par sa foi aimante, s'ouvrait aux torrents de grâce débordant de son Coeur transpercé.

    Pour nous préparer au mystère pascal, l'Église nous propose le récit de la Samaritaine, en qui chacun peut se reconnaître.

    Jésus, en Bon Pasteur, vient chercher et sauver une brebis égarée : il lui fallait traverser la Samarie pour cette femme avec qui il avait rendez-vous, auprès du puits de Jacob, puits qui évoquait tant de scènes idylliques de la vie des patriarches (Rébecca, Rachel...).

Providentiellement, Jésus est seul : les apôtres sont partis, eux qui avaient une corde et une cruche pour puiser de l'eau ; la femme aussi vient seule, à midi, une heure insolite, les autres femmes ne venant que le matin ou le soir et non en pleine chaleur. Jésus, fatigué du chemin, est assis sur la margelle du puits : il est posté comme un chasseur à l'affût là où le gibier doit boire.

Sa proie ne lui échappera pas : il prend l'initiative du dialogue : « Donne-moi à boire! » La femme lui réplique avec une douce ironie qu'un juif ne parle avec une samaritaine schismatique ; c'est pour elle une satisfaction d'amour-propre de rendre service à un homme qui devient ainsi son obligé. Mais Jésus, à son tour, avec bienveillance et discrétion, insinue sa supériorité : « Si tu savais le don de Dieu »... Avec finesse, il éveille la curiosité de la femme qui soupçonne que l'eau matérielle est symbole d'une autre eau. Le don de Dieu n'est-il pas par excellence (pour un juif) la Loi, ou la Sagesse ? Le Seigneur n'est-il pas la source des eaux vives ?

    Mais alors, qui est ce donateur de l'eau vive : « Es-tu plus grand que Jacob? », plus grand que Moïse qui fit jaillir du rocher une source pour rassasier le peuple élu dans le désert ? La Loi, donnée par l'intermédiaire de Moïse est un puits profond, mais qui ne peut donner une réponse à toutes les aspirations de l'être : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif ». Seule l'eau vive, la vérité présente en Jésus, peut étancher la soif spirituelle la plus authentique.

    La Samaritaine demande de cet élixir merveilleux !

    Son être est un puits d'inquiétude : sa vie a été un échec, mais demeure en elle le désir d'aimer et d'être aimée. La soif est l'expression du désir insatisfait que le coeur sclérosé risque de colmater.

- Le Petit Prince rencontre un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif : on en avale une par semaine et l'on n'éprouve plus le besoin de boire. « C'est une grosse économie de temps. On épargne 53 minutes. - Et que fait-on de ces 53 minutes ? - Ce que l'on veut. - Moi, dit le Petit Prince, si j'avais 53 minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine ». (Saint-Exupéry)

    La Samaritaine marche vers sa Source : « Mon âme a soif du Dieu vivant », peut-elle dire avec le lévite qui aspirait  au Temple. Mais où adorer ? Jésus, qui cherchait l'assoiffée révèle que le Père cherche aussi de vrais adorateurs : il cherche, comme s'il avait besoin d'eux, et comme s'il avait du mal à en trouver de sincères, lui offrant le sacrifice total de leur volonté, de leur coeur.

    L'adoration en esprit de vérité se fait dans le Christ, la Vérité même ; c'est Lui, le premier adorateur du Père; c'est en Lui, par Lui, avec Lui, que les hommes peuvent devenir de parfaits adorateurs, en unissant à sa vie, à son sacrifice. C'est lui le nouveau Temple remplaçant le mont Garizim et le temple de Jérusalem; et de son côté droit coule une source : l'Esprit-Saint, qui est l'inspirateur de notre culte intérieur. « L'amour de Dieu, a dit saint Paul, a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné ».
Il est le Don du Père et du Fils, pour que nous puissions remonter, en Lui, par le Fils, vers le Père qu'il nous fait prier en gémissements ineffables. En nous, il devient source jaillissant pour la vie éternelle : il est un fleuve qui coule vers le ciel, une eau vive qui communique avec la Source.

    L'adoration du Père en esprit et en vérité est une adoration trinitaire (que nous devons renouveler avec les promesses de notre baptême). Cette révélation dépasse la Samaritaine qui découvre progressivement en Jésus, simple juif, un Seigneur plus grand que Jacob, puis le Prophète, enfin le Messie. Alors, le coeur purifié, désaltérée en abondance, convertie totalement, elle abandonne sa cruche avec une seule soif : celle de donner aux autres le goût de l'eau vive, d'être l'apôtre de tous ceux qui confessent que Jésus est le Sauveur du monde. Amen.


Fr Jean Gabriel. O.S.B.
Kergonan,  pour le petit Placide.

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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