8 Mai: apparitions de st Michel .
Publié le 6 Mai 2008
Son œil veille par toute la terre au lit des mourants ; car sa charge spéciale est de recueillir les âmes élues au sortir de leurs corps. Avec une tendre sollicitude et une majesté incomparable, il les présente à la lumière éternelle et les introduit dans le séjour de la gloire. C'est la sainte Eglise elle-même qui, dans les textes de la Liturgie, nous instruit sur ces prérogatives du grand Archange. Elle nous enseigne qu'il a été préposé au Paradis, et que Dieu lui a confié les âmes saintes pour les conduire à la région du bonheur sans fin.
Au dernier jour du monde, lorsque notre divin Ressuscité paraîtra assis sur les nuées du ciel pour juger le genre humain, Michel aura à remplir un ministère formidable, lorsque, avec les autres Anges, il accomplira la séparation des élus et des réprouvés, qui auront repris leurs corps dans la résurrection générale. Au moyen âge, nos pères aimaient à représenter l'action du saint Archange dans ce moment terrible. Ils le figuraient au pied du trône du souverain juge, tenant une balance dans laquelle il pèse les âmes avec leurs œuvres.
Le culte d'un si puissant ministre de Dieu, d'un si bienveillant protecteur des hommes, devait se répandre dans la chrétienté, surtout après la défaite des faux dieux, lorsqu'il n'y eut plus à craindre que les hommes fussent tentés de lui décerner les honneurs divins.
Constantin lui éleva près de sa nouvelle capitale un sanctuaire célèbre qui porta le nom Michaélion ; et à l'époque où Constantinople tomba au pouvoir des Turcs, on n'y comptait pas moins de quinze églises consacrées sous le nom de saint Michel, soit dans l'enceinte de la ville, soit dans les faubourgs. Dans le reste de la chrétienté cette dévotion ne s'étendit que par degrés; et ce fut par des manifestations du saint Archange que les fidèles furent doucement avertis de recourir à lui. Ces manifestations étaient locales, vulgaires en apparence; mais Dieu, qui fait sortir les grands effets des petites causes, s'en servit pour éveiller peu à peu chez les chrétiens le sentiment de la confiance envers leur céleste protecteur.
Les Grecs célèbrent l'apparition qui eut lieu en Phrygie, à Chône, nom qui a remplacé celui de Colosses. Il existait dans cette ville une église en l'honneur de saint Michel, et elle était fréquentée par un saint personnage nommé Archippe, que les païens poursuivaient avec fureur. Afin de se défaire de lui, ils lâchèrent l'écluse d'un cours d'eau qui vint s'unir au Lycus, et menaça de renverser l'église Saint-Michel, où Archippe était en prières. Tout à coup le saint Archange apparut tenant en main une verge; à son aspect l'inondation recula, et les eaux, grossies par l'affluent que la malice des païens avait déchaîné, allèrent se perdre dans le gouffre où le Lycus s'enfonce et disparaît près de Colosses. La date de ce prodige n'est pas certaine ; on sait seulement qu'il eut lieu à une époque où les païens étaient encore assez nombreux à Colosses pour inquiéter les chrétiens.
Une autre apparition fut destinée à accroître la dévotion à saint Michel chez les peuples de l'Italie, et eut lieu sur le mont Gargan, en Apulie ; c'est celle que nous fêtons Une troisième se passa en France, sur les côtes de Normandie, au mont Tomba ; nous la célébrerons au 16 octobre.
La fête d'aujourd'hui n'est pas la plus solennelle des deux que l'Eglise consacre chaque année à saint Michel ; celle du 29 septembre est d'un degré supérieur, mais elle est moins personnelle au saint Archange. On y honore en même temps tous les chœurs de la hiérarchie angélique.
dom Guéranger.