1er dimanche de la Passion.
Publié le 20 Mars 2010
En vérité, en vérité je vous le dis : j'étais avant qu'Abraham fût fait.
Amen, amen dico vobis, antequam Abraham fieret, ego sum.
Quelle charité de Jésus-Christ pour les hommes!
Lorsque les hommes lui préparent les supplices les plus cruels, la mort la plus ignominieuse, c'est alors même que, pour les prévenir contre le scandale de sa croix, il s'applique à les convaincre par les preuves les moins équivoques, qu'il est Dieu, et qu'il ne sera livré que parce qu'il le voudra, et au moment qu'il le voudra. Nous l'avons vu, il y a peu de temps, pour affermir la foi de ses disciples, manifester sa gloire à trois d'entre eux sur le mont Thabor, leur découvrir sa grandeur et sa divinité par le concours de divers prodiges mystérieux; leur faire entendre la voix du Père céleste, qui l'appelle son Fils bien-aimé, en qui il met toutes ses complaisances, qui le reconnaît pour sa sagesse éternelle, pour la vérité par essence, en ordonnant de l'écouter et de le suivre; leur faire voir Moïse et Elie qui figurent la loi et les prophètes, s'entretenant avec lui pour marquer qu'il est la fin et le terme de la loi, la lumière, le conducteur, l'objet des prophètes et l'accomplissement des prophéties; leur apprendre enfin, par l'entretien qu'il a avec Moïse et Elie sur ce qu;il doit souffrir à Jérusalem, que loin de se scandaliser de ses souffrances, ils doivent en conclure qu'il est véritablement le Sauveur attendu sous sa loi, promis par les prophètes, désigné par Jes anciennes figures, donné dans la plénitude des temps.
Aujourd'hui ce n'est plus à l'écart et à trois disciples seulement, mais au milieu du temple et à tout Israël qu'il expose les preuves de ses perfections, de ses grandeurs, de l'excellence de son ministère, en un mot, de sa divinité.
Il les prouve d'abord par son impeccabilité, en défiant les Juifs de le convaincre du péché; par sa personnalité de Fils unique de Dieu, en l'appelant formellement son Père, qu'il honore, et qui également recherche sa gloire et lui fait justice; par sa qualité de vérité essentielle, de parole éternelle du Père, qui lui donnait droit d'être écouté et d'être cru de ceux à qui il daignait parler, et qui ne pouvaient, sans se rendre coupables, mépriser les vérités qu'il leur annonçait ; par sa mission divine, en disant qu'il est celui dont Abraham a désiré avec ardeur de voir le jour, et dont la vue, seulement en esprit et par l'espérance, l'a comblé de joie.
Enfin, par l'éternité de son existence dans le sein de Dieu en déclarant que, quoiqu'il n'eût paru que depuis peu d'années sur la terre, il était avant qu'Abraham fût fait : Amen, amen dico vobis, antequam Abraham fieret, ego sum.
Est-ce sans dessein que l'Eglise, dans ce saint temps, nous met coup sur coup sous les yeux toutes ces preuves des grandeurs, des perfections sublimes de Jésus-Christ?
Non sans doute, mes frères; elle veut que nous nous en occupions d'une manière particulière, avant que d'entrer dans ces jours destinés à nous rappeler les humiliations de ce divin Sauveur.
Conformons-nous donc aux vues de cette mère tendre et si éclairée sur nos besoins.
Il est doux, il est grand, il est consolant de s'occuper de notre divin Sauveur, sous les divers points de vue de sa gloire et de ses abaissements.
Il réunit lui seul le ciel et la terre, Dieu et l'homme, le temps et l'éternité; la vérité que nous devons croire, la majesté que nous devons adorer, la bonté que nous devons aimer, et la grâce que nous devons attendre.
dom Sensaric.