homélie du st Père, mercredi des cendres 2009
Publié le 26 Février 2009
homélie de Benoît XVI lors de la messe du Mercredi des cendres (25 février)
ROME, Jeudi 26 février 2009 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral de l'homélie prononcée par le pape lors de la messe du 25 février, Mercredi des cendres dans la basilique Sainte-Sabine sur l'Aventin à Rome.
* * *
Chers frères et sœurs !
Aujourd'hui, Mercredi des Cendres - porte liturgique qui introduit au Carême -, les textes préparés pour la célébration couvrent, même de façon sommaire, toute la physionomie du temps du Carême. L'Eglise se préoccupe de nous montrer quelle doit être l'orientation de notre esprit, et nous fournit les aides divines pour parcourir avec décision et courage, déjà éclairés par la splendeur du Mystère pascal, l'itinéraire spirituel singulier que nous commençons.
« Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12). L'appel à la conversion apparaît comme le thème dominant dans toutes les composantes de la liturgie d'aujourd'hui. Dès l'antienne d'ouverture, on dit que le Seigneur oublie et pardonne les péchés de ceux qui se convertissent ; dans la collecte, on invite le peuple chrétien à prier afin que chacun entreprenne « un chemin de véritable conversion ». Dans la première lecture, le prophète Joël exhorte à revenir vers le Père « dans le jeûne, les larmes et le deuil...car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d'amour, renonçant au châtiment » (Jl 2, 12-13). La promesse de Dieu est claire : si le peuple écoute l'invitation à se convertir, Dieu fera triompher sa miséricorde et ses amis seront comblés d'innombrables faveurs. Avec le Psaume responsorial, l'assemblée liturgique fait siennes les invocations du Psaume 50, en demandant au Seigneur de créer en nous « un cœur pur », de renouveler en nous « un esprit ferme ». Il y a ensuite la page évangélique, dans laquelle Jésus, en nous mettant en garde contre la vanité qui ronge et qui conduit à l'ostentation et à l'hypocrisie, à la superficialité et à l'autosatisfaction, répète la nécessité de nourrir la rectitude du cœur. Il montre dans le même temps le moyen de croître dans cette pureté d'intention : cultiver l'intimité avec le Père céleste.
Au cours de cette année jubilaire, qui commémore le bimillénaire de la naissance de saint Paul, c'est avec une reconnaissance particulière que nous parvient la parole de la deuxième Lettre aux Corinthiens : « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (5, 20). Cette invitation de l'apôtre retentit comme un encouragement supplémentaire à prendre au sérieux l'appel du Carême à la conversion. Paul a fait l'expérience de façon extraordinaire de la puissance de la grâce de Dieu, la grâce du Mystère pascal, dont le Carême lui-même vit. Il se présente à nous comme « Ambassadeur » du Seigneur. Qui mieux que lui peut nous aider à parcourir de façon fructueuse cet itinéraire de conversion intérieure ? Dans la première Lettre à Timothée, il écrit : « le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi le premier, je suis pécheur », et il ajoute : « mais si le Christ Jésus m'a pardonné, c'est pour que je sois le premier en qui toute sa générosité se manifesterait ; je devais être le premier exemple de ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle » (1, 15-16). L'apôtre est donc conscient d'avoir été choisi comme exemple, et son exemplarité concerne précisément la conversion, la transformation de sa vie survenue grâce à l'amour miséricordieux de Dieu. « Moi qui autrefois ne savais que blasphémer, persécuter, insulter. Mais le Christ m'a pardonné (...) mais la grâce de notre Seigneur a été encore plus forte, avec la foi et l'amour dans le Christ Jésus. » (ibid., 1, 13-14). Toute sa prédication, et avant même, toute son existence missionnaire furent soutenues par une poussée intérieure pouvant être ramenée à l'expérience fondamentale de la « grâce ». « Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, - écrit-il aux Corinthiens - et la grâce dont il m'a comblé n'a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi » (1 Co 15, 10). Il s'agit d'une conscience qui apparaît dans chacun de ses écrits et qui a fonctionné comme un « levier » intérieur sur lequel Dieu a pu agir pour le pousser de l'avant, vers des limites toujours plus reculées, non seulement géographiques, mais également spirituelles.
Saint Paul reconnaît que tout en lui est œuvre de la grâce divine, mais il n'oublie pas qu'il faut adhérer librement au don de la vie nouvelle reçue dans le Baptême. Dans le chapitre 6 de la Lettre aux Romains, qui sera proclamée au cours de la veillée pascale, il écrit : « Il ne faut donc pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. Ne mettez pas les membres de votre corps au service du péché pour mener le combat du mal : mettez-vous au contraire au service de Dieu comme des vivants revenus de la mort, et offrez à Dieu vos membres pour le combat de sa justice » (6, 12-13). Dans ces paroles est contenu tout le programme du Carême selon sa perspective baptismale intrinsèque. D'une part, on affirme la victoire du Christ sur le péché, survenue une fois pour toutes par sa mort et sa résurrection ; de l'autre, nous sommes exhortés à ne pas offrir nos membres au péché, c'est-à-dire à ne pas laisser, d'une certaine manière, de possibilité de revanche au péché. La victoire du Christ attend que le disciple la fasse sienne, et cela a lieu avant tout avec le Baptême, à travers lequel, unis à Jésus, nous sommes devenus « vivants, revenus d'entre les morts ». Toutefois, afin que le Christ puisse régner pleinement en lui, le baptisé doit en suivre fidèlement les enseignements ; il ne doit jamais baisser la garde, pour ne pas permettre à l'adversaire de regagner du terrain de quelque façon terrestre.
Mais comment accomplir la vocation baptismale, comme des êtres victorieux dans la lutte entre la chair et l'esprit, entre le bien et le mal, une lutte qui marque notre existence ? Dans le passage évangélique, le Seigneur nous indique aujourd'hui trois moyens utiles : la prière, l'aumône et le jeûne. Dans l'expérience et dans les écrits de saint Paul, nous trouvons également à cet égard des références utiles. En ce qui concerne la prière, il exhorte à « persévérer » et à être « fidèles à la prière ; qu'elle vous tienne éveillés dans l'action de grâce » (Rm 12, 12 ; Col 4, 2), à « prier sans relâche » (1 Th 5, 17). Jésus est au fond de notre cœur. La relation avec Lui est présente et demeure présente même si nous parlons, nous agissons selon nos devoirs professionnels. C'est pourquoi, dans la prière, demeure la présence intérieure dans notre cœur de la relation avec Dieu, qui devient à chaque fois également une prière explicite. En ce qui concerne l'aumône, les pages consacrées à la grande collecte en faveur des frères pauvres sont certainement importantes (cf. 2 Co 8-9), mais il faut souligner que pour lui, c'est la charité qui est le sommet de la vie du croyant, « le lien de la perfection » : « Par-dessus tout cela, qu'il y ait l'amour : c'est lui qui fait l'unité dans la perfection » (Col 3, 14). Il ne parle pas expressément du jeûne, mais il exhorte souvent à la sobriété, comme caractéristique de celui qui est appelé à vivre dans une attente vigilante du Seigneur (cf. 1 Ts 5, 6-8 ; Tt 2, 12). Son évocation de l'« esprit de compétition » spirituel, qui exige modération, est également intéressante : « Tous les athlètes à l'entraînement - écrit-il aux Corinthiens - s'imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas » (1 Co 9, 25). Le chrétien doit se priver pour trouver la voie et parvenir réellement au Seigneur.
Telle est donc la vocation des chrétiens : ressuscités avec le Christ, ils sont passés à travers la mort et leur vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu (cf. Col 3, 1-2). Pour vivre cette « nouvelle » existence en Dieu, il est indispensable de se nourrir de la Parole de Dieu. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons réellement être unis à Dieu, vivre en sa présence, si nous sommes en dialogue avec Lui. Jésus le dit clairement, lorsqu'il répond à la première des trois tentations dans le désert, en citant le Deutéronome : « Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4 ; cf. Dt 8, 3). Saint Paul recommande : « Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse ; par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu, dans vos coeurs, votre reconnaissance » (Col 3, 16). En cela également, l'apôtre est avant tout témoin : ses Lettres sont la preuve éloquente du fait qu'il vivait en dialogue permanent avec la Parole de Dieu : pensée, action, prière, théologie, prédication, exhortation, tout en lui était fruit de la Parole, reçue dès sa jeunesse dans la foi juive, pleinement révélée le reste de sa vie au cours de sa « course » missionnaire. Il lui fut révélé que Dieu a prononcé en Jésus Christ la Parole définitive, lui-même, la Parole de salut qui coïncide avec le mystère pascal, le don de soi dans la croix qui devient ensuite résurrection, car l'amour est plus fort que la mort. Saint Paul pouvait ainsi conclure : « Mais pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde » (Ga 6, 14). Chez Paul, la Parole s'est faite vie, et sa seule gloire est le Christ crucifié et ressuscité.
Chers frères et sœurs, tandis que nous nous préparons à recevoir les cendres sur le front en signe de conversion et de pénitence, nous ouvrons le cœur à l'action vivifiante de la Parole de Dieu. Que le Carême, marqué par une écoute plus fréquente de cette Parole par une prière plus intense, par un style de vie austère et pénitentiel, soit un encouragement à la conversion et à l'amour sincère envers nos frères, en particulier les plus pauvres et ceux qui sont le plus dans le besoin. Que nous accompagne l'apôtre Paul, que nous guide Marie, Vierge attentive de l'écoute et humble Servante du Seigneur. Nous pourrons ainsi arriver, renouvelés dans l'esprit, à célébrer avec joie la Pâque. Amen !
ROME, Jeudi 26 février 2009 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral de l'homélie prononcée par le pape lors de la messe du 25 février, Mercredi des cendres dans la basilique Sainte-Sabine sur l'Aventin à Rome.
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Chers frères et sœurs !
Aujourd'hui, Mercredi des Cendres - porte liturgique qui introduit au Carême -, les textes préparés pour la célébration couvrent, même de façon sommaire, toute la physionomie du temps du Carême. L'Eglise se préoccupe de nous montrer quelle doit être l'orientation de notre esprit, et nous fournit les aides divines pour parcourir avec décision et courage, déjà éclairés par la splendeur du Mystère pascal, l'itinéraire spirituel singulier que nous commençons.
« Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12). L'appel à la conversion apparaît comme le thème dominant dans toutes les composantes de la liturgie d'aujourd'hui. Dès l'antienne d'ouverture, on dit que le Seigneur oublie et pardonne les péchés de ceux qui se convertissent ; dans la collecte, on invite le peuple chrétien à prier afin que chacun entreprenne « un chemin de véritable conversion ». Dans la première lecture, le prophète Joël exhorte à revenir vers le Père « dans le jeûne, les larmes et le deuil...car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d'amour, renonçant au châtiment » (Jl 2, 12-13). La promesse de Dieu est claire : si le peuple écoute l'invitation à se convertir, Dieu fera triompher sa miséricorde et ses amis seront comblés d'innombrables faveurs. Avec le Psaume responsorial, l'assemblée liturgique fait siennes les invocations du Psaume 50, en demandant au Seigneur de créer en nous « un cœur pur », de renouveler en nous « un esprit ferme ». Il y a ensuite la page évangélique, dans laquelle Jésus, en nous mettant en garde contre la vanité qui ronge et qui conduit à l'ostentation et à l'hypocrisie, à la superficialité et à l'autosatisfaction, répète la nécessité de nourrir la rectitude du cœur. Il montre dans le même temps le moyen de croître dans cette pureté d'intention : cultiver l'intimité avec le Père céleste.
Au cours de cette année jubilaire, qui commémore le bimillénaire de la naissance de saint Paul, c'est avec une reconnaissance particulière que nous parvient la parole de la deuxième Lettre aux Corinthiens : « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (5, 20). Cette invitation de l'apôtre retentit comme un encouragement supplémentaire à prendre au sérieux l'appel du Carême à la conversion. Paul a fait l'expérience de façon extraordinaire de la puissance de la grâce de Dieu, la grâce du Mystère pascal, dont le Carême lui-même vit. Il se présente à nous comme « Ambassadeur » du Seigneur. Qui mieux que lui peut nous aider à parcourir de façon fructueuse cet itinéraire de conversion intérieure ? Dans la première Lettre à Timothée, il écrit : « le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi le premier, je suis pécheur », et il ajoute : « mais si le Christ Jésus m'a pardonné, c'est pour que je sois le premier en qui toute sa générosité se manifesterait ; je devais être le premier exemple de ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle » (1, 15-16). L'apôtre est donc conscient d'avoir été choisi comme exemple, et son exemplarité concerne précisément la conversion, la transformation de sa vie survenue grâce à l'amour miséricordieux de Dieu. « Moi qui autrefois ne savais que blasphémer, persécuter, insulter. Mais le Christ m'a pardonné (...) mais la grâce de notre Seigneur a été encore plus forte, avec la foi et l'amour dans le Christ Jésus. » (ibid., 1, 13-14). Toute sa prédication, et avant même, toute son existence missionnaire furent soutenues par une poussée intérieure pouvant être ramenée à l'expérience fondamentale de la « grâce ». « Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, - écrit-il aux Corinthiens - et la grâce dont il m'a comblé n'a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi » (1 Co 15, 10). Il s'agit d'une conscience qui apparaît dans chacun de ses écrits et qui a fonctionné comme un « levier » intérieur sur lequel Dieu a pu agir pour le pousser de l'avant, vers des limites toujours plus reculées, non seulement géographiques, mais également spirituelles.
Saint Paul reconnaît que tout en lui est œuvre de la grâce divine, mais il n'oublie pas qu'il faut adhérer librement au don de la vie nouvelle reçue dans le Baptême. Dans le chapitre 6 de la Lettre aux Romains, qui sera proclamée au cours de la veillée pascale, il écrit : « Il ne faut donc pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. Ne mettez pas les membres de votre corps au service du péché pour mener le combat du mal : mettez-vous au contraire au service de Dieu comme des vivants revenus de la mort, et offrez à Dieu vos membres pour le combat de sa justice » (6, 12-13). Dans ces paroles est contenu tout le programme du Carême selon sa perspective baptismale intrinsèque. D'une part, on affirme la victoire du Christ sur le péché, survenue une fois pour toutes par sa mort et sa résurrection ; de l'autre, nous sommes exhortés à ne pas offrir nos membres au péché, c'est-à-dire à ne pas laisser, d'une certaine manière, de possibilité de revanche au péché. La victoire du Christ attend que le disciple la fasse sienne, et cela a lieu avant tout avec le Baptême, à travers lequel, unis à Jésus, nous sommes devenus « vivants, revenus d'entre les morts ». Toutefois, afin que le Christ puisse régner pleinement en lui, le baptisé doit en suivre fidèlement les enseignements ; il ne doit jamais baisser la garde, pour ne pas permettre à l'adversaire de regagner du terrain de quelque façon terrestre.
Mais comment accomplir la vocation baptismale, comme des êtres victorieux dans la lutte entre la chair et l'esprit, entre le bien et le mal, une lutte qui marque notre existence ? Dans le passage évangélique, le Seigneur nous indique aujourd'hui trois moyens utiles : la prière, l'aumône et le jeûne. Dans l'expérience et dans les écrits de saint Paul, nous trouvons également à cet égard des références utiles. En ce qui concerne la prière, il exhorte à « persévérer » et à être « fidèles à la prière ; qu'elle vous tienne éveillés dans l'action de grâce » (Rm 12, 12 ; Col 4, 2), à « prier sans relâche » (1 Th 5, 17). Jésus est au fond de notre cœur. La relation avec Lui est présente et demeure présente même si nous parlons, nous agissons selon nos devoirs professionnels. C'est pourquoi, dans la prière, demeure la présence intérieure dans notre cœur de la relation avec Dieu, qui devient à chaque fois également une prière explicite. En ce qui concerne l'aumône, les pages consacrées à la grande collecte en faveur des frères pauvres sont certainement importantes (cf. 2 Co 8-9), mais il faut souligner que pour lui, c'est la charité qui est le sommet de la vie du croyant, « le lien de la perfection » : « Par-dessus tout cela, qu'il y ait l'amour : c'est lui qui fait l'unité dans la perfection » (Col 3, 14). Il ne parle pas expressément du jeûne, mais il exhorte souvent à la sobriété, comme caractéristique de celui qui est appelé à vivre dans une attente vigilante du Seigneur (cf. 1 Ts 5, 6-8 ; Tt 2, 12). Son évocation de l'« esprit de compétition » spirituel, qui exige modération, est également intéressante : « Tous les athlètes à l'entraînement - écrit-il aux Corinthiens - s'imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas » (1 Co 9, 25). Le chrétien doit se priver pour trouver la voie et parvenir réellement au Seigneur.
Telle est donc la vocation des chrétiens : ressuscités avec le Christ, ils sont passés à travers la mort et leur vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu (cf. Col 3, 1-2). Pour vivre cette « nouvelle » existence en Dieu, il est indispensable de se nourrir de la Parole de Dieu. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons réellement être unis à Dieu, vivre en sa présence, si nous sommes en dialogue avec Lui. Jésus le dit clairement, lorsqu'il répond à la première des trois tentations dans le désert, en citant le Deutéronome : « Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4 ; cf. Dt 8, 3). Saint Paul recommande : « Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse ; par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu, dans vos coeurs, votre reconnaissance » (Col 3, 16). En cela également, l'apôtre est avant tout témoin : ses Lettres sont la preuve éloquente du fait qu'il vivait en dialogue permanent avec la Parole de Dieu : pensée, action, prière, théologie, prédication, exhortation, tout en lui était fruit de la Parole, reçue dès sa jeunesse dans la foi juive, pleinement révélée le reste de sa vie au cours de sa « course » missionnaire. Il lui fut révélé que Dieu a prononcé en Jésus Christ la Parole définitive, lui-même, la Parole de salut qui coïncide avec le mystère pascal, le don de soi dans la croix qui devient ensuite résurrection, car l'amour est plus fort que la mort. Saint Paul pouvait ainsi conclure : « Mais pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde » (Ga 6, 14). Chez Paul, la Parole s'est faite vie, et sa seule gloire est le Christ crucifié et ressuscité.
Chers frères et sœurs, tandis que nous nous préparons à recevoir les cendres sur le front en signe de conversion et de pénitence, nous ouvrons le cœur à l'action vivifiante de la Parole de Dieu. Que le Carême, marqué par une écoute plus fréquente de cette Parole par une prière plus intense, par un style de vie austère et pénitentiel, soit un encouragement à la conversion et à l'amour sincère envers nos frères, en particulier les plus pauvres et ceux qui sont le plus dans le besoin. Que nous accompagne l'apôtre Paul, que nous guide Marie, Vierge attentive de l'écoute et humble Servante du Seigneur. Nous pourrons ainsi arriver, renouvelés dans l'esprit, à célébrer avec joie la Pâque. Amen !
© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice du Vatican
Traduction : Zenit