Jeudi de l'Ascension.
Publié le 20 Mai 2009


Cardinal John Henry Newman (1801-1890), prêtre, fondateur de communauté religieuse, théologien
Lectures on Justification, n° 9,9
Le Christ, qui avait promis de rendre tous ses disciples un en Dieu avec lui, qui avait promis que nous serions en Dieu et Dieu en nous, a réalisé cette promesse. D'une façon mystérieuse il a accompli pour nous cette grande oeuvre, ce privilège stupéfiant. Il semble que ce soit en montant vers le Père qu'il l'a fait, que son ascension corporelle est sa descente spirituelle, que son assomption de notre nature jusqu'à Dieu est en même temps la descente de Dieu jusqu'à nous. On pourrait dire qu'il nous a vraiment, quoique dans le sens caché, emportés jusqu'à Dieu et qu'il a amené Dieu jusqu'à nous, selon le point de vue que nous adoptons.
Ainsi donc lorsque saint Paul dit que « notre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3), nous pouvons comprendre qu'il veut dire par là que notre principe d'existence n'est plus un principe mortel et terrestre, tel que celui d'Adam après la chute, mais que nous sommes baptisés et cachés de nouveau dans la gloire de Dieu, dans cette lumière pure de sa présence que nous avons perdue lors de la chute d'Adam. Nous sommes créés à nouveau, transformés, spiritualisés, glorifiés dans la nature divine. Par le Christ nous recevons, comme par un canal, la vraie présence de Dieu, au dedans de nous et au dehors ; nous sommes imprégnés de sainteté et d'immortalité.
Et c'est là notre justification : notre montée par le Christ jusqu'à Dieu ou la descente de Dieu par le Christ jusqu'à nous, nous pouvons le dire d'une façon ou de l'autre... Nous sommes en lui, il est en nous ; le Christ est « l'unique Médiateur » (1Tm 2,5), « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), joignant la terre avec le ciel. Et c'est là notre vraie justification -- pas seulement le pardon ou la faveur, pas seulement une sanctification intérieure --...mais l'habitation en nous de notre Seigneur glorifié. Tel est le grand don de Dieu.
Entre tes mains, Seigneur, je me mets tout entier
Tu m'as créé pour toi.
Je ne veux plus penser à moi-même.
Je veux te suivre.
Que veux-tu Seigneur que je fasse ?
Permets-moi de faire route avec toi.
Que ce soit dans la joie ou dans la peine,
je veux t'accompagner.
Je te fais sacrifice des souhaits, des plaisirs,
des faiblesses, des projets, des pensées
qui me retiennent loin de toi
et me replient sans cesse sur moi-même.
Fais de moi ce que tu veux !
Je ne marchande pas.
Je ne cherche pas à savoir à l'avance
quels sont tes desseins sur moi.
Je veux être ce que tu veux que je sois.
Je ne dis pas : "Je veux te suivre où que tu ailles", car je suis faible.
Mais je me donne à toi pour que tu m'y conduises.
Je veux te suivre dans l'obscurité
et je ne te demande que la force nécessaire.
Ô Seigneur,
fais que je porte toutes choses sous ton regard,
pour demander ton consentement
à chacun de mes vouloirs
et ta bénédiction sur chacun de mes actes.
Comme un cadran solaire n'indique l'heure
que par le soleil,
ainsi je ne veux être déterminé que par toi,
si tu veux bien te servir de moi et me conduire.
Qu'il en soit ainsi, Seigneur Jésus !
Léon Le Grand, Ve siècle