à l'impossible, nul n'est tenu....
Publié le 26 Août 2011
A l'impossible, nul n'est tenu ...
Mission impossible...
Impossible n'est pas français...
Rien est impossible à Dieu....
-> Souvenir d'une proposition (argumentée ) d'un frère à son abbé : " Si nous fondions à ..."
Réponse de l'abbé (argumentée aussi) : " Impossible ."
Quelques années plus tard, la fondation était réalisée dans la joie et l'espérance qui vont avec.
Vaincre l'impossible est souvent un combat. Mais c'est surtout le fruit d'une forte motivation, d'un enthousiasme, de la confiance, de la persévérance, de la solidarité aussi. Seul, on ne peut pas grand chose. Le pape vient de le redire aux jeunes des JMJ de Madrid.
Mais n'est-ce pas aussi s'en remettre à plus grand que soi, à Dieu qui peut tout et qui va nous conforter dans nos efforts, nous inspirer dans nos choix, nous éclairer dans la nuit. Mystère de cette collaboration que, dans son amour, Dieu attend tellement aussi.
Et "Dieu ne nous aide-t-il pas à porter ce dont lui-même nous charge ?" (Dom Delatte )
C'est comme çà que Pierre a marché sur l'eau du lac.
Faire nous semble parfois impossible. Renoncer aussi est un acte qui peut sembler au-dessus de nos forces (arrêter de conduire, de boire - quitter des responsabilités - renoncer à un amour ...)
Mais pour en revenir au chapitre de la Règle du jour,
" S'il arrive qu'un frère se voie commander une chose difficile ou impossible, il recevra en toute sérénité et obéissance l'ordre formulé."
La vie monastique est un chemin d'obéissance. Saint Benoît l'invoque sans cesse. Pourquoi donc ?
Benoît, homme d'expérience, connaît bien l'homme et sait combien il penche souvent vers la facilité.
Nous savons fuir de mille façons.
Alors comment monter vers Dieu, chemin difficile, sinon en acceptant qu'un autre (l'abbé) , que d'autres (des frères, un conjoint, un ami, un voisin, un pauvre...) nous sollicitent et nous poussent à donner davantage . " J'ai besoin de toi..." - " Je ne saurai pas..." (réalité ou fuite devant l'obstacle ?) - " Si, tu pourras, tu trouveras, tu réussiras...." (expérience vécue bien fraiche.!)
Et si on se tourne vers l'autre au lieu de se tourner vers soi, on peut, on trouve, on réussit, on aide, on grandit.
Alors face aux difficultés, essayons d'être plus sereins.
Quant à celui qui commande, Benoît dit aussi "qu'il aura à en rendre compte". (RB2,38)
Mais il peut arriver effectivement que la charge semble dépasser notre compétence.
" Soumettre avec patience et en temps opportun à son supérieur les motifs de son incapacité. "
En parler. Trouver le bon interlocuteur, le bon moment. Ne pas ruminer son impuissance, son échec. Prendre un peu de distance. Rester en paix.
Accepter peut-être avec humilité d'être déchargé de cette mission.
Accepter peut-être de s'y re-confronter si nécessaire, dans une adhésion tranquille. Peut-être que Dieu veut seulement éprouver notre obéissance ?
Alors, " mû par la charité, soyons confiant en l'aide de Dieu."
Ce chapitre sur nos impossibilités, si on le lit bien, nous découvre aussi combien saint Benoît approche ses frères avec douceur et les invite à la confiance (ce qui suppose humilité).
C'est tout l'art de l'amour paternel !
La Règle comme l'Evangile ne sont pas pour nous des contraintes mais un chemin de liberté.
Quand nous aurons vraiment pris conscience de nos faiblesses, que nous les aurons acceptées, elles cesseront de nous paralyser.
C'est bien là le sens de beaucoup de paroles de Jésus qui nous semblent paradoxales tels "Heureux ceux qui pleurent." Celui qui ne sait pas pleurer ne désirera jamais être consolé... " Heureux les affamés " : celui qui n'a jamais eu faim de pain, d'amour sera sans désir et c'est mortel.
Celui qui laisse enfin tomber les murailles qu'il a dressées pour se protéger va découvrir de nouveaux horizons.
Celui qui s'est abandonné entre les mains de Dieu jusqu'à la croix est passé de la mort à la vie.
Est-ce que j'y crois ?