« Corse qu'as-tu fait de ton baptême ? »

Publié le 7 Août 2014

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65 prêtres en activité en Corse

 

ncardinés ou non dans le diocèse, religieux, le nombre d’ecclésiastiques ne cesse de diminuer Une tendance nationale. Le dernier séminariste sera ordonné diacre le 6 septembre prochain à Bastia

 

Devenir prêtre aujourd'hui ? La question ne semble plus se poser chez les jeunes corses puisque le dernier séminariste que compte le diocèse, Louis El Rahi, sera ordonné diacre le 6 septembre prochain en la cathédrale Sainte-Marie de Bastia. Il s'agit là de la dernière marche avant son ordination presbytérale qui interviendra en 2015.

 

Le problème est qu'après lui, il n'y aura plus d'ordination sacerdotale en Corse avant longtemps.

 

Ce tarissement des vocations a débuté il y a quelques années, les jeunes insulaires semblant plus intéressés par l'aspect matériel de la société plutôt que son côté spirituel. Certains veulent faire de la Corse une terre chrétienne depuis son origine, mais il semblerait que l'île poursuive lentement mais sûrement son chemin de déchristianisation. Les églises ne font plus le plein le dimanche et seules les grandes fêtes rassemblent encore les fidèles, souvent âgés. Un constat amer sur une île qui a comme « Reine » depuis 1765, la Vierge Marie et s'apprête à être consacrée une nouvelle fois à Marie.

 

Les chiffres sont implacables. Il y a actuellement 65 prêtres en activités sur un diocèse qui compte plus de 300 000 âmes et près de 400 paroisses. Seuls 28 d'entre eux sont incardinés au diocèse d'Ajaccio. Cela veut dire qu'ils ont été ordonnés en Corse et dépendent directement de l'évêque.

 

Seize autres ne sont pas incardinés et 21 prêtres appartiennent à des ordres religieux. C'est le cas d'ailleurs du nouveau curé de Sartène, le Père Salvador, qui est un franciscain. À cela, s'ajoutent quinze diacres permanents qui ne peuvent célébrer l'Eucharistie.

 

Couvrir tout le territoire

 

Ces données statistiques obligent le diocèse d'Ajaccio et l'évêque de Corse à composer avec les paroisses et les paroissiens pour trouver des solutions. Malgré cela, comme on l'explique du côté de l'évêché, « il n'est pas question pour l'instant de concentrer les prêtres sur des secteurs à forte densité et de délaisser les zones où il y a moins de monde. La volonté de Mgr de Germay est de déployer sur tout le territoire de l'île des prêtres en activités. »

 

Pour parvenir à rendre des services d'église sur toute la Corse, Mgr Olivier de Germay doit se reposer aussi sur des ordres religieux présents sur le territoire depuis plusieurs siècles à l'image des Franciscains qui, à Sartène, viennent du Mexique mais assurent la présence de la spiritualité du Poverello sur l'île. Il en est de même pour les Capucins sur les hauteurs de Bastia qui ont en charge le couvent de Saint-Antoine. Si beaucoup d'entre eux sont tout de même corses, le siège provincial de cette communauté se trouve en Sardaigne.

 

Une pyramide des âges inversée

 

Autre fait non négligeable : l'âge des prêtres qui ont des charges pastorales. Une pyramide des âges inversée puisque 40 curés ont de 52 ans à plus de 90 ans. 29 d'entre eux ont entre 30 et 52 ans. C'est un facteur qu'il ne faut pas occulter puisque l'âge de la retraite des ecclésiastiques est fixé à 75 ans. Dans les années qui viennent, le manque de prêtres se fera de plus en plus criant sur l'île et de nombreuses paroisses n'auront plus de curé. Il en va donc de la survie de l'église de Corse puisqu'une église sans prêtre ne peut exister.

 

C'est un vaste problème de société auquel se retrouve confronté actuellement Mgr Olivier de Germay. Comment donner envie à des jeunes hommes de marcher sur les pas du Christ ? Une question que de nombreux évêques en France se posent. Pour le moment, elle reste sans réponse. Un bien triste constat pour une terre de Corse attachée à ses traditions religieuses. « L'église n'est pas un self-service où l'on vient que lorsque l'on a besoin », disait en son temps un curé. Une phrase pleine de sens qui devrait être méditée.

 

Et en plagiant et en modifiant une citation restée célèbre de Saint Jean-Paul II, une question pourrait être posée : « Corse qu'as-tu fait de ton baptême ? »

 


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La crise des vocations n'est pas spécifique à la Corse, même si elle est ici assez marquée puisqu'actuellement un seul jeune se prépare à devenir prêtre en Corse, un jeune qui est libanais.

 

La crise des vocations a de multiples causes. On constate en tout cas qu'elle est liée à la baisse de la pratique. Là où la pratique dominicale diminue, la transmission de la foi diminue, et par conséquent les vocations aussi. C'est la raison pour laquelle on dit souvent que la crise des vocations est d'abord une crise de la foi.

Comparé à un diocèse de même taille, y a-t-il des diocèses sur le continent qui n'ont plus de séminaristes?

 

Oui, il y a des diocèses, même plus grand que le nôtre, qui n'ont plus de séminaristes depuis plusieurs années. Le séminariste que nous avons actuellement sera ordonné diacre le 6 septembre prochain, ce qui est un motif d'action de grâces, même s'il doit encore accomplir deux années d'études au séminaire.

 

Par ailleurs, je fais entrer au séminaire en septembre un homme d'âge mûr qui, si Dieu le veut, pourra être ordonné prêtre pour le diocèse dans quelques années.

 

La famille doit-elle être le creuset de ces vocations?

 

La famille doit d'abord être une « Église domestique », c'est-à-dire une sorte d'Église en miniature. Un lieu où la foi n'est pas un sujet tabou, un lieu où l'enfant est initié à la prière : prière personnelle, prière familiale, prière avec la communauté chrétienne le dimanche.

 

Un lieu aussi où on s'efforce de vivre l'Évangile, où on apprend à tenir compte des autres, à partager, à pardonner, se réconcilier. Un lieu enfin où on découvre l'importance mais aussi la joie qu'il y a à aller au-devant de ceux qui sont dans le besoin.

 

Même si la transmission de la foi n'est pas quelque chose d'automatique, de telles familles sont des lieux où la foi se transmet. Non pas en s'imposant, mais comme par capillarité. Dans ce cadre, si Dieu appelle un jeune, il a beaucoup plus de chance d'entendre l'appel que s'il vit dans un milieu où on ne parle jamais de Dieu.

 

Dans le Notre Père, on dit « que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Est-ce une volonté divine que l'Église d'occident connaisse une baisse des vocations pour mieux renaître par la suite?

 

« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes pensées au-dessus des vôtres », dit le Seigneur. Autrement dit, il faut faire attention à ne pas vouloir trop vite se faire l'interprète de la volonté de Dieu.

 

Ce qui est sûr c'est que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et que l'Évangile soit annoncé à toutes les nations. Même si, surtout depuis le Concile Vatican II, nous voyons mieux maintenant que l'Église a besoin de la participation de tous (consacrés et laïcs) pour remplir sa mission, il reste que l'Église a besoin de prêtres et de consacrés.

 

Je ne dirais donc pas que le Seigneur souhaite une baisse des vocations, mais peut-être nous faudra-t-il passer par une période de purification pour retrouver une foi qui soit moins culturelle et plus spirituelle. Nous nous disons parfois chrétiens parce que nous sommes attachés à la culture, aux traditions ou aux valeurs qu'elle véhicule.

 

C'est bien mais il s'agit d'aller au-delà, à un attachement à la Personne de Jésus-Christ qui suppose une remise en question permanente pour mettre en pratique l'Évangile et témoigner de la joie de croire. Le renouveau de l'Église passera par la redécouverte de la dimension missionnaire de la vie chrétienne.

 

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Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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