dies natalis
Publié le 20 Août 2014
"Dies natalis": on sait que telle est l'appellation que le Martyrologue romain donne au jour où les Saints qu'il célèbre ont quitté ce monde. Le plus ancien exemple connu de cette expression:" jour de naissance" dans le sens de jour de la mort, se rencontre dans le Martyre de Polycarpe (fin du IVè s.):" Devant l'opposition soulevée par les Juifs, le centurion exposa, aux yeux de tous, le corps de Polycarpe et le brûla, selon la coutume païenne. Voilà comment nous pûmes ensuite recueillir ses ossements, d'une plus grande valeur que les pierres précieuses, plus estimables que l'or, pour les déposer dans un lieu convenable. C'est là que, dans la mesure du possible, nous nous rendons dans la joie et ll'allégresse pour célébrer, avec l'aide du Seigneur, l'anniversaire du jour où Polycarpe est né (à Dieu) par le Martyre: ce sera un hommage à la mémoire de ceux qui ont combattu avant nous, en même temps qu'un entraînement et une préparation aux luttes de l'avenir."
St Ignace d'Antioche (aux environs de 110) avait écrit aux Romains:" Il m'est bien plus glorieux de mourir pour le Christ-Jésus, que de régner jusqu'aux extrémités de la terre. C'est lui que je cherche: ce (Jésus) qui est mort pour nous! Voici le moment où je vais être enfanté. De grâce, frères, épargnez-moi: ne m'empêchez pas de naître à la vie, ne cherchez pas ma mort... Laissez-moi arriver à la pure lumière: c'est alors que je serai vraiment homme. Permettez-moi d'imiter la passion de mon Dieu. Si quelqu'un possède ce Dieu dans son coeur, que celui-là comprenne mes désirs.. Dans sa miséricorde, Dieu m'a fait la grâce d'être quelqu'un, si j'arrive à lui."
Il semble que la piété chrétienne d'aujourd'hui ait trop perdu ce sens exaltant de la croix, c'est-à-dire de la souffrance et de la mort chrétienne. Quelle force et quel enthousiasme joyeux dans les aspirations d'Ignace au Martyre! - Mais pour le chrétien la mort est toujours le suprême témoignage et la suprême imitation de son Dieu.
" Je n'approuve pas, pour parler sérieusement, que vous vous laissiez aller à la pensée de la mort par effet de mélancolie. Rien, certainement, n'est plus beau que de mourir après avoir connu tout ce qu'on peut connaître ici-bas, Dieu, son Christ et son Eglise; mais cette pensée ne doit pas venir par un côté sombre de l'âme; il faut qu'elle arrive par le côté lumineux et le plus serein, comme le soleil sort de l'orient."
Lacordaire, lettre à des jeunes gens.
rp Bouëssé op