du sacrement de pénitence.
Publié le 22 Mai 2014
"Dieu, principe de tout ce qui est bon, exaucez la prière de vos fidèles et accordez-nous, sous votre inspiration et votre impulsion, une égale rectitude dans nos pensées et dans nos actes. "
5ème dimanche après Pâques.
J'ai l'impression que nos pénitents vivent dans une incroyable ignorance... et ne soupçonnent pas les richesses merveilleuses du mystère sacramentel.
La bonne volonté ne suffit pas, le recours à un catalogue de péchés est presque toujours périlleux et dispose au scrupule: remède désespéré et exceptionnel auquel il faut recourir avec une extrême prudence.
Non, la question présente est plus simple à la fois et plus profonde: il faut s'attaquer résolument à la source du mal et rétablir, grâce à la théologie et au bon sens, chaque chose à sa place, c'est la phase préliminaire: il faut aussi orienter sa vie spirituelle vers la source de tout Bien, car telle est la fin du sacrement des morts: illuminare iis qui in tenebris et in umbra mortis sedent, ad dirigendos pedes nostros in viam pacis.
Second baptême, ce sacrement, qui accueille les morts et les ressuscite, est le signe efficace de la Vie. Il nous introduit ici-bas dans le royaume de Dieu, nous assurant l'inhabitation des trois personnes divines de la Sainte Trinité. " Mortuus est, et revixit alleluia!"
Le sacrement de pénitence, comme tous les sacrements est une parabole vivante, petit drame en trois actes, où l'accusé est à la fois témoin et accusateur, mais où cet accusé se présente sous les livrées d'un pénitent, car il ne suffit pas qu'il raconte ce qu'il a fait; encore faut-il que ses dispostions intimes lui méritent l'absolution du Juge et l'accueil miséricordieux du Père.
Or la plupart des chrétiens qui vont à confesse portent tous leurs efforts sur l'accusation, ignorant que si l'intégrité de leurs aveux est indispensable, elle ne constitue que l'élément matériel de la confession. Tout n'est pas dit parce que l'on eu le souci scrupuleux de tout dire avec une précision mathématique.
Certes, l'intégrité est requise, mais il y a des circonstances où elle ne l'est plus, tandis que le repentir, qui fait de l'accusé un pénitent, ne souffre pas d'exception.
Si je demande pardon à un ami et lui avoue ma faute, est-ce tout? Un enfant qui répond à sa mère:" Oui, c'est moi qui l'a fait", ne sera pas quitte tant qu'il ne dira pas:" J'ai eu tort, je vous ai fait de la peine, pardonnez-moi, je ne recommencerai pas'. " cor contritum et humiliatum" .
Ce que les Scolastiques nous ont accoutumés à considérer comme l'élément spécifique de ce sacrement, c'est la Contrition qui s'achève dans le Ferme-Propos, autrement dit la disposition intime de componction qui émeut le coeur de Dieu, ce qui revient à dire que la valeur subjetive du sacrement dépend essentiellement de l'attitude du pécheur envers Dieu offensé et à l'égard du péché, la contrition se mesurant au degré de haine du mal, et d'amour du Souverain Bien.
Détester le péché n'est-ce pas regretter d'avoir lésé les droits de Dieu et offensé Celui qui nous a aimés le premier et veut être aimé par-dessus toute chose?
Se détourner du mal et se convertir au Seigneur, c'est tout un: Aversio a creaturis, conversio ad Deum.
Ce qui nous manque, hélas! c'est la conviction profonde des droits de Dieu sur nous et de nos devoirs envers lui; c'est une forte spiritualité basée sur une théologie authentique: c'est une vie théologale assise sur la pierre angulaire de la foi, de l'espérance, de la charité.
La vertu de la pénitence ne s'improvise point, il ne suffit pas d'entrer dans un confessional, d'accuser scrupuleusement ses péchés, leur espèce et leur nombre, de recevoir dévotement les avis et l'absolution du confesseur, voire même d'accomplir la pénitence sacramentelle.
" Je n'avance pas" !!!
Le propos ou résolution est la conséquence logique du repentir.
En face d'un mal que je dois éviter ma conduite est déterminée par l'appréciation de ce mal. Car le péché, qui est souvent un bien pour mes appétits inférieurs, sera toujours un mal pour ma raison éclairée par la foi.
Je le hais, parce que j'aime Dieu et que Dieu me l'interdit, et l'ayant commis, je le déplore parce qu'il offense le Seigneur, et cela suffit à m'en détourner; par contre, je ne progresse pas dans le bien parce que mon repentir n'est pas sincère.
Or, savez-vous pourquoi votre contrition est insuffisante? C'est parce qu'elle est purement naturelle (horreur du désordre moral, remords humain) ou intéressée (vous avez peur de l'enfer); cela s'appelle l'attrition, repentir de qualité inférieure, ce n'est pas cette véritable contrition qui est l'expression de la charité; elle a sa source, non en Dieu, mais en vous-même.
Elle n'est pas assez surnaturelle, car, en définitive, on ne hait véritablement le mal que si l'on aime souverainement le Bien; on ne pleure sincèrement son péché que si l'on a au coeur l'amour de Dieu, la vertu de pénitence étant l'épanouissement de la vertu de religion. On ne se décide à réparer les droits lésés de Dieu que si l'on a conscience de la Bonté et de la Justice du Père et si l'on croit efficacement à l'Amour .
Nous disons en effet:" Mon Père, j'ai un extrême regret de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon et infiniment aimable, et que le péché vous déplait." car le motif formel de la contrition est la charité.
J'ai fait de la peine au Christ, que je dois aimer plus que tout au monde, plus que moi-même; alors je déplore ma faute comme le petit enfant qui pleure parce qu'il voit pleurer sa maman. Repentir cordial et surnaturel qui obtient le pardon du Père :"
Remittuntur ei peccata multa, quia dilexit multum (Luc VII,7)
"Quia caritas operit multitudinem peccatorum. (Petr. IV, 8 )
un moine bénédictin à des prêtres; 1948