ecce Mater tua . Ecce Fiat !

Publié le 14 Avril 2014

http://sander-gaiser.de/ru/bilder/passion3/rubens01.jpg

 

 

http://img.over-blog.com/600x558/1/10/86/49/le-petit-placide/2011/petit-placide-2/placide/2012/2012-PETIT-PLACIDE/roger-van-der-weyden-el-descendimiento.jpg

 

 

Cependant la nuit était si profonde qu'on avait peine à s'y reconnaître, et la terreur amenée par ces ombres inaccoutumées pénétrait les âmes que la pitié n'avait pu émouvoir: la plupart des Juifs se hataient de regagner la ville et le temple, pour s'abriter contre la catastrophe dont ils sentaient l'arrivée. Les soldats inquiets suivaient ce mouvement de retraite, en se rapprochant du groupe formé autour du centurion sur la pente du Calvaire. L'accès de la croix devenait ainsi plus facile. Mais les blasphémateurs ne songeaient plus à abuser de cette liberté: ils fuyaient la tête basse et la bouche muette, aussi pressés de ne plus voir leur victime, qu'ils l'étaient naguère de la donner en spectacle à la multitude.

 

Les amis de Jésus purent donc s'avancer discrètement jusqu'au pied même de sa croix. Il y avait là Marie sa mère, Jean le disciple bien-aimé, Madeleine et Marthe, Marie Jacobé, Salomé, Jeanne de Cusa, d'autres encore dont la traditiion ne nous a pas conservé les noms.

 

Les regards du mourant tombèrent sur ce petit groupe d'amis fidèles, cherchant sans doute Celle qu'il attendait à ce rendez-vous de la dernière heure. Marie se tenait debout, à sa gauche, près du mauvais larron, comme si elle eût essayé de le préserver contre la justice prête à le frapper: effort inutile, hélas! puisque le malheureux n'en devait pas profiter.

 

Du coeur de la divine Mère il montait au coeur de son Fils une ardente supplication pour le genre humain, dont il l'avait faite corédemptrice; ce qu'elle voulait avant tout, c'était l'assurance du pardon pour l'humanité. Il le comprenait bien: et, tout aussitôt il lui adressa la parole pleine de respect qui convenait au ministère dont il la revêtait:

 

" Femme, lui dit-il, voilà votre Fils." Et ses yeux désignaient saint Jean. Puis au disciple avec une intonation grave et douce:  " Voilà votre mère" !

 

C'est à dire:" O ma mère, reine et maitresse de tout ce qui est à moi, voilà les hommes que je vous confie afin que vous soyez désormais leur avocate. Je vous fais leur mère, pour m'interdire de les rejeter, puisque je ne le pourrais sans vous rejeter vous-même. Soyez heureuse: ils sont sauvés! Et vous, homme, voilà votre modèle et votre refuge! Je vous ai pardonné, puisque je vous remets entre les mains de celle à qui je ne puis rien refuser, quand elle intercède en votre faveur" !

 

Un long silence suivit, pendant lequel Jésus entra dans sa dernière agonie, plus rapide, mais aussi plus cruelle que celle de Gethsémani. Il n'avait pas voulu s'y abandonner avant d'avoir rassuré les pécheurs contre la crainte de l'abandon où Dieu allait mettre la victime de leurs fautes: c'est pourquoi il leur avait d'abord donné un refuge dans l'amour maternel de Marie. Maintenant il pouvait se livrer aux étreintes de la justice divine, pour souffrir tout ce que suppose la malédiction prononcée contre le péché :" Il a revêtu cette malédiction comme un vêtement" , en prenant la responsabilité de nos misères; et par conséquent, il en doit subir le châtiment, c'est-à-dire l'abandon où Dieu laisse justement celui qui l'a d'abord abandonné.

 

Or, par la faute de l'homme, cet abandon devait être sans rémission: la séparation, éternelle de soi, ne supposait aucun retour; C'est pourquoi Jésus se trouvait, à cette heure délaissé de Dieu, avec le sentiment d'une solitude comparable à celle qui désespère le damné. " La malédiction pénétrait ses os comme l'huile, ses entrailles comme l'eau qui s'infiltre"; c'était l'heure du triomphe de l'Enfer, et perdu momentanément dans cet abîme d'angoisses, le Rédempteur ne peut retenir un cri:

 

" Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné"?

 


 

"

  R.P. Ollivier OP


Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article