je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, (3. )

Publié le 14 Mai 2014

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Ne perdons donc pas de vue les trois progrès de l'oeuvre diabolique, et voyons en regard trois degrés correspondants dans l'oeuvre de rédemption dont Dieu traçait les grandes lignes.

 

   Voici d'abord la femme pécheresse avec qui lui le serpent avait lié d'amitié, et par la séduction de laquelle il avait commencé son triomphe. Et Dieu lui oppose une nouvelle femme, dont il fera lui-même l'ennemie mortelle du serpent, inimicitias ponam inter te et mulierem, pour qu'elle devienne le principe, l'origine, et le premier point de départ de sa déconfiture.

 

   Voici en second lieu, le chef de notre race, asservi à Satan par l'entremise de la femme séduite,, et en qui l'humanité entière venait d'encourir l'esclavage du péché. Et Dieu lui oppose le libérateur donné au monde par l'entremise de la nouvelle femme, de celle qui ne connaîtra point d'homme. (Luc I, 34), bien appelé pour cette raison semen illius, et dans lequel tout le genre humain aura sa rançon.

 

   Voici enfin cette postérité spirituelle que Satan s'était créé sur terre: semen tuum: cette postérité, dis-je, que le dédain ou le refus du bienfait de la rédemption lui devait conserver ici-bas, mais comme sujet d'une déroute plus complète et plus humiliante encore.

 

   Et Dieu lui oppose cette grande Eglise, corps mystique et plénitude de Jésus-Christ selon la parole de l'apôtre (Eph. I,23), comprise donc, elle aussi, dans la semence ou postérité de la femme bénie entre toutes les femmes; et déjà les échos du paradis terrestre résonnaient du fameux non praevalebunt, se traduisant par la finale de la sentence portée contre Satan: ipsa conteret caput tuum, elle t'écrasera la tête.

 

   C'est ainsi que l'ordre de la réparation devait suivre parallèlement l'ordre de la ruine. C'est ainsi que Dieu répondait à la séduction de la première femme, par le décret visant la sainte Vierge Marie; au funeste entraînement du premier homme, par l'annonce de Jésus rédempteur; à l'asservissement du monde, par la fondation d'un royaume des cieux sur terre, et à l'étourdissant succès de Satan, par l'assurance d'une inévitable défaite.

 

   Que si nous venons de voir une nouvelle Eve, la contradiction de la première, et un nouvel Adam, l'opposé de l'ancien, il y aura encore le nouvel ange, l'ange Gabriel, qui interviendra pour le salut de la même manière, exactement, que l'ange Lucifer était intervenu pour notre perte.

 

   Il y aura encore le nouvel arbre de la croix, en opposition à l'arbre de la science du bien et du mal, ut qui in ligno vincebat, chante l'Eglise, in ligno quoque vinceretur: il y aura même le nouveau fruit cueilli sur le nouvel arbre, nous voulons dire la sainte eucharistie destinée à réparer tout le mal que le fruit cueilli à l'arbre fatal nous avait causé d'abord.

 

   En un mot, il n'était pas possible de mieux retourner contre un ennemi orgueilleux, enflé de son succès, la ruse dont il avait usé, et tout le plan qui lui avait réussi au delà de toute espérance.

 

   Mais, sans nous attarder ici en de plus longues explications, notons plus spécialement, en quel jour éclatant était mise dans l'antique oracle qu'on a pu décorer du nom de protévangile, la femme, contre partie de la prière Eve; comment elle vient en tête, occupe le premier rang, et est le sujet auquel se réfère et se rapporte tout le reste; comment le Rédempteur et les siens n'y sont annoncés que sous la domination de postérité de cette femme bénie entre toutes les femmes, semen illius; comment enfin selon la version de la Vulgate, qui ne s'éloigne tant soit peu de la matérialité du texte original, que pour en faire ressortir davantage le véritable sens, Dieu va dire que c'est elle, qui portera le coup décisif à la puissance du serpent, encore que, bien entendu, elle ne le pût faire qu'en raison de Celui que par son virginal enfantement elle devait mettre au monde.

 

Mais la tournure marquait mieux le profond jugement qui renvoyait le serpent à ses propres machinations; comme si Dieu lui avait dit alors:

 

Tu as tenté la faiblesse de la femme, eh! bien, tu sentiras la pesanteur de son bras;

Tu as essayé de son amitié, tu expérimenteras son inimitié;

par elle tu as assuré ton triomphe, par elle tu seras débouté de tes fins;

autant une première fois elle te fut favorable, autant elle te deviendra fatale : une femme Satan, une femme t'écrasera la tête, ipsa conteret caput tuum.

 


 

 

Louis Billot S.J.

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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