l'office du silence.

Publié le 30 Novembre 2013

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"Écoute, ô mon fils... et prête l'oreille de ton coeur !"

 

 


 

Nous regardons volontiers la culture du silence comme partie d'un mécanisme ésotérique, ou si nous pensons qu'elle est une réelle discipline spirituelle, nous la croyons exclusivement réservée à la prière contemplative. Nous y voyons un conseil de perfectionnement pour les personnes de vastes loisirs, portées à la méditation, aspirant à ces hauts états de prière qui nous paraissent dangereusement apparentés aux expériences d'extase et autres phénomènes mystiques.

 

Ce qu'il nous faut apprendre, c'est que la pratique du silence est solide sagesse pour les gens ordinaires qui recherchent la prière d'intime communion: discipline préliminaire par excellence de tous ceux qui désirent entrer dans le grand domaine de la prière.

 

Le sens d'irréel qui hante de falçon si persistante le novice de la prière est dû au fait qu'il est engagé dans un monologue et non dans une conversation. Car l'objet de la prière n'est pas uniquement de trouver une expression à nos plus profondes aspirations, mais de converser avec un Autre. d'entendre l'appel divin, de sentir sa divine réponse aux mouvements secrets de l'âme. Et il est aussi impossible de réaliser notre communion avec Dieu sans la pratique du silence, que de conduire, une conversation, "à seul".

 

En approchant de la prière par la spacieuse antichambre du silence, nous arrivons à réaliser que celui qui fait le premiier geste, ce n'est pas nous, mais Dieu. La prière qui monte à nos lèvres, implorant passionnément la sollicitude et la bonté du Père, n'est pas une demande initiale: c'est plutôt la réponse à une avance. Sa violence même est inspirée par l'Esprit qui s'attarde aux-dessus des eaux informes de l'âme et fait jaillir une demande articullée de tout un océan de besoins non formulés.

 

La prière a toujours en Dieu son principe. De même que l'enfant apprend des lèvres de sa m!ère les premières paroles de prière, de même l'âme apprend de Dieu l'esprit de la prière. Pas une seule aspiration à demi-formée, pas une seule impulsion vers le ciel qui n'ait été d'abord formulée en nous par l'Esprit qui intercède pour nous. Nous ne pourrons bien prier si le Seigneur de la pière ne nous l'enseignait et les seules prières non exaucées sont celles qu'il n'a pas inspirées.

 

Nous nous refusons si souvent de venir à la prière par l'antichambre du silence, nous ne voulons pas attendre et écouter les prières que le Seigneur veut prier en nous et par nous. Et le résultat est un long, fastidieux, décourageant monologue, qui devient intolérable quand nous nous rendons compte que nous sommes seuls. Nul, si ce n'est le grand imaginatif qui se délecte à tisser des fantaisies autour de lui-même, ne peut soutenir indéfiniment le monologue; après un temps le coeur se lasse d'espérances déçues, et nous abandonnons la prière, qui n'est plus qu'une forme aride du monologue.

 

Cependant, si nous le savions, un silence attentif rendrait nos prières personnelles toutes vivantes de la réalité de la divine réponse. L'esprit dont nous n'avons pas tenu comptre en formulant nos prières, attend pour les diriger, clarifier notre vision, approfondir nos aperçus, puiser dans le trésor caché du Christ et le montrer à nos yeux extasiés.

 

Quand la prière nous semble une hallucination, il suffit de faire le silence en notre âme pour être rassurés, sans aucun doute, de la réalité de notre contact avec l'invisible. C'est de notre bonne volonté à entendre et à écouter parler Dieu que dépend, du premier au dernier instant, toute notre vie de prière. Ceci devrait nous être évident, quand nous nous souvenons que la prière est le pèlerinage de l'âme, du "moi" vers Dieu,; et le remède le plus efficace contre l'amour de soi et l'absorbtion en soi est l'habitude de l'humble attention à la voix divine.

 

 

C'est seulement par l'effort constant, patient, à faire en nous ce silence où la voix de Dieu peut être entendue, que nous trouverons le repos de nos âmes. C'est dans le silence que notre foi se vérifiera spirituellement.

 

Mais comment reconnaître la voix de Dieu, quand tant de voix trompeuses nous sollicitent dans le silence? L'âme qui attend dans le silence doit apprendre à démêler la voix de Dieu du piège des autres voix - les chuchotements de fantôme de l'inconscient, les trompeuses voix du monde, les voix paralysantes de l'amitié mal dirigée, les clameurs de l'ambition et de la vanité personnelles, le murmure de la volonté propre, la chanson de l'immagination déréglée, la note excitante du romantisme religieux.

 

Apprendre à garder l'oreille juste dans un concert intérieur aussi subtil est vraiment une grande aventure.

 

Une heure passée à écouter ainsi peut nous donner un aperçu plus profond des mystères de la nature humaine, et un instinct plus sûr des valeurs divines, qu'une année d'étude acharnée ou de relations extérieures avec les hommes.

 

C'est pourquoi les grands solitaires nous surprennent toujours par leur compréhension aiguë de la vie. Tout en vivant loin des hommes, ils ont une science de la nature humaine que le politicien ou le financier pourrait leur envier. Ils se meuvent à leur aise au milieu de ces complications, ils ont sondé à la fois sa petitesse et sa grandeur, et savent comment toucher ses ressorts d'action secrets. Et ils connaissent l'homme parce qu'ils connaissent Dieu et ont entendu sa voix.

 

Connaître Dieu par-dessus tout est leur signe distinctif, et ce peut-être le nôtre au prix d'une simple et laborieuse loyauté vis-à-vis de notre Créateur.

 

La prière de qualité positive, créatrice, veut un arrière-plan de silence, et, jusqu'à ce que nous soyons préparés à pratiquer ce silence, il est inutile d'espérer connaître le pouvoir de la prière et le secret de l'action.

 

 


Rédigé par un moine

Publié dans #spiritualité

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