la chandeleur.
Publié le 28 Janvier 2010
La chandeleur vient de l’expression latine « festa candelarum », la fête des chandelles. Elle désigne avant tout la fête de la lumière qui a lieu chaque année le 2 février. L’histoire de la chandeleur est complexe. A l’origine, le mois de février désigne pour les Romains le dernier mois de l’année. Dans la religion romaine, ce mois est vécu comme un mois de purification, d’où l’étymologie latine de février, venant du latin « februare » qui signifie « purifier ». Dans l’antiquité latine, le mois de février était vécu comme un moment de purification avant une renaissance, celle qui viendra avec le réveil de la nature et l’arrivée du printemps. Le 2 février, les Romains fêtaient les lupercales, fêtes données en l’honneur du dieu Pan. On s’y rendait en grande procession en portant des chandelles dans les villes.
Présentation au Temple et rite de purification
Ensuite, au moment où l’Empire devient chrétien, le pape Gélase 1er supprime les Lupercales. Le calendrier se christianise. L’Etat devient chrétien, on y instaure des monuments et des fêtes chrétiennes, la fête des chandelles est remplacée par la fête de la Présentation au Temple.
En 472, Gélase 1er fixe le 2 février la fête de la Présentation de l’enfant Jésus au Temple, appelée également Fête de la purification de la Vierge. C’est un rite juif. Toute femme juive, selon la loi mosaïque, doit se purifier pendant une période de sept jours puis attendre trente trois jours, ce qui fait 40 jours. 40 c’est le temps de l’attente, de la traversé, comme les 40 ans passés au désert. Le 2 février nous sommes 40 jours après Noël. Cette fête commémore la venue de Marie au Temple, quarante jours après la naissance de son enfant, le 25 décembre. Elle rappelle l’événement biblique raconté par les Evangiles : comme toute femme juive, Marie observe les rites de purifications de la loi mosaïque. Après le temps rituel qui suit celui des couches pour les femmes, elle retourne au temple de Jérusalem, accompagnée de Joseph, pour offrir en sacrifice un couple de tourterelles. Le prêtre Siméon reconnaît alors l’enfant Jésus comme le Messie annoncé par les prophètes (Lc 2,22-32). Il prononce les mots messianiques : « un glaive traversera ton cœur. » qui annonce la Passion à venir. Le jour de la Présentation au Temple est alors présenté comme un jour de lumière. Dans l’exégèse chrétienne, l’enfant Jésus est en effet comparé à une chandelle dont la cire rappelle la chair et la flamme, la divinité, manière de dire et de décrire la double nature du Christ, humaine et divine. D’autant que le Christ est aussi la lumière du monde. Au fil des siècles, la fête de la Présentation au Temple s’enrichit de rites.
Traditions populaires
La fête a lieu en février qui est aussi un mois de purification. Pour les Romains c’est le dernier mois de l’année, c’est aussi le passage de l’hiver vers des temps meilleurs, c’est le retour de la fécondité, la montée de la sève dans les arbres. Les trois premiers jours de février on fête les saintes patronnes du lait : sainte Brigitte et sainte Ella, sainte Agathe (dont on a coupé les seins pour la priver de lait et donc de fécondité). Février est un mois qui nous parle de la fécondité, comme les crêpes qui sont rattachées à la fête de la chandeleur.
Pourquoi les crêpes ? Début février on distribuait des crêpes aux pèlerins qui allaient à Rome. A cette occasion des processions avaient lieu à travers la ville et on portait des chandelles, symbole du Christ. Par leur forme ronde les crêpes rappellent les beaux jours, le retour des saisons, elles sont porteuses de vie. En plus l’étymologie latine de crêpe est « crispus », ondulé, qui est très proche de « christus ». Là aussi religion et gastronomie sont liées.
Les rites agricoles sont liés aussi à la chandeleur. Dans les campagnes françaises, ce jour s’accompagne de festivités. Il n’était pas rare au XIXe siècle que le 2 février soit un jour chômé. Pour les mentalités, il rappelait aussi le passage du repos forcé de l’hiver à la reprise des activités agricoles, on y consommait les crêpes, faites à base de farine de sarrasin. La tradition de faire sauter les crêpes avec une pièce d’or trouve là son origine. Une ou deux crêpes sont placées en haut des armoires et y restent toute l’année, elles apportent protection et fécondité à la famille. En effet, elles assuraient une protection sur les récoltes, notamment le blé et le sarrasin. Elles auguraient que la récolte serait bonne toute l’année. C’est la raison pour laquelle on conservait notamment crêpes et galettes en haut de l’armoire jusqu’à l’année suivante. Dans de nombreuses régions, par exemple en Bretagne, la crêpe de la chandeleur était aussi un moyen de demande de fiançailles. La jeune fille faisait les galettes. Si sa mère les rangeait dans l’armoire, le jeune homme se voyait refuser son parti. Par contre, si les galettes restaient sur la table, c’était le signe que les deux jeunes gens étaient promis l’un à l’autre. Traditions populaires et catholicisme sont étroitement liés.
De nombreux dictons rappellent aussi que les fêtes chrétiennes restent inscrites dans le calendrier cyclique des saisons, parmi ceux liés à la chandeleur on trouve : S’il pleut à la Chandeleur, les vaches auront beaucoup de beurre et A la Chandeleur, l’hiver cesse ou reprend vigueur.