la grâce ne détruit pas la nature. ou quand le trop surnaturel prend le dessus.
Publié le 18 Février 2015
terriblement d'actualités ! quand on n'arrive plus à respecter les règles de la stricte justice.dans ces milieux où tout est permis! . , etc...
Dans un tel monde, il s'agit avant tout de restaurer la nature, il s'agit de refaire des hommes.
L'amour le plus haut se reconnaîtra à ce signe qu'il saura sauver la réalité la plus humble. Je pourrai douter, jusqu'à preuve expresse du contraire, du caractère surnaturel de la vocation de telle juene fille qui se croit appelée à la contemplation infuse ou de tel intellectuel qui brûle de servir Dieu par la parole ou par la plume (je ne dis pas que de telles vocations n'existent pas à l'état pur, je dis qu'il en est beaucoup de frelatées), mais si je vois l'amour de Dieu refaire un bon paysan ou un bon père de famille, je ne douterai plus de l'authenticité de cet amour.
Si la grâce ne se met pas au service de la nature, demain la nature dévastée n'offira plus à la semence divine qu'un désert - ou un égout.
L'homme a trop longtemps gaspillé sa nature en des jeux divins; il est temps de lui apprendre que le divin passe nécessairement par l'humain; il n'est que temps - car la marge entre la folie et la mort devient chaque jour plus étroite - de rééduquer cette pauvre nature à qui je ne sais quelle danse inhumaine, non plus devant l'arche du Seigneur, mais devant le miroir de Narcisse, a fait perdre l'usage de ses articulations ontologiques. Et cela dans l'intérêt même du surnaturel, car si la grâce édifie (quel signe de mort que ce mot splendide soit devenu ridicule!) , c'est toujours la nature qui fournit les fondements.
C'est l'amour le plus haut qu'il faut répandre sur les hommes, c'est l'absolu, c'est le ciel - mais un ciel qui commence à la terre, aux plus pauvres racines humaines. Et non pas un ciel qui se suffirait à lui-même derrière les nuages et les rêves!
Si nous voulons sauver le ciel-réalité, il faut que nous rendions à l'homme sa santé charnelle et terrestre.
Par respect pour l'ange qui dort, sauvons l'animal et l'homme!
Reçue dans un climat intérieur malsain (j'excepte quelques réalitions merveilleuses qui, par leur caractère exceptionnel, nous enseignent le respect de la règle), que devient l'image du ciel, sinon une chimère ou un poison de plus?
Ne souffrons-nous pas d'assez de mots sans caution vivante, d'assez de rêves exsangues et de superstructures sans fondement?
Certes, nous aimons les choses d'en bas pour elles-mêmes, mais nous aimons surtout en elles le socle et le pilier des choses d'en haut; le commencement du ciel!
Sur ces courtes et pauvres réalités repose le Dieu dont chaque homme porte en lui la tremblante esquisse. Elles ne sont pas tout, ces pauvres choses, mais elles supportent tout, elles commencent tout.
que peut-il entrevoir, par exemple, de la réalité suprême, cet homme en série qui a perdu le goût de toutes les réalités humaines, cet homme tari et gâté par tout son climat terrestre, depuis la façon de s'alimenter jusqu'aux institutions politiques?
Notre réalisme, notre matérialisme si l'on veut, a pour mot d'ordre:
Au nom du ciel, sauvons la terre!
gustave Thibon.