le calvaire des chrétiens d'Orient

Publié le 1 Septembre 2014

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C’est l’une des plus vieilles communautés religieuses du Moyen-Orient. De l’Irak à l’Égypte, ils subissent les pires avanies et persécutions. Ils sont surtout dépositaires de la mémoire des siècles. Même les pays occidentaux semblent les avoir délaissés.

 

Les chrétiens d’Orient crient au secours ! Après les exactions contre les Coptes de la vallée du Nil, voilà la communauté chrétienne délibérément ciblée en Irak de l’ouest. La tête des adeptes du Christ est mise à prix par les bataillons djihadistes de l’Émirat islamique, qui rêve d’instaurer un barbare califat du Maghreb au Pakistan. Plus de 100.000 chrétiens mais aussi Yézidis, fidèles d’un mouvement syncrétique considérés comme adorateurs du diable par les islamistes, ont dû fuir vers le Kurdistan, cette enclave autonome au nord de l’Irak. Mais nombre d’entre eux n’accordent plus leur confiance aux peshmergas, les soldats kurdes (littéralement « combattants de la mort »). Ils préfèrent désormais l’exil.

 

La communauté internationale s’est indignée devant ces pogroms, tant envers les chrétiens que les Yézidis. Et pourtant si peu a été fait. La France a accordé quelques visas et octroyé de l’aide humanitaire. Les États-Unis ne veulent plus intervenir en Irak, de peur de semer davantage le trouble, et se refusent à bombarder les positions en Syrie de l’État Islamique afin de ne pas favoriser Bachar Al Assad. Le monde assiste, impuissant ou indifférent, au naufrage d’une région. Et les chrétiens sont aux premières loges.

 

Cela fait pourtant une dizaine d’années qu’ils vivent un enfer dans maints pays du Moyen-Orient. Depuis les années 2000, les Coptes subissent attentats, assassinats ciblés et destructions de leurs lieux de culte en Égypte, où ils représentent environ 10 % de la population de 80 millions d’âmes. Le message des sicaires est clair : le monde arabe ne peut être que musulman. Et il est inenvisageable pour l’oumma, la communauté des croyants, de vivre avec d’autres communautés. Le sectarisme sur ce lit d’exclusivité ne pourra ainsi que prospérer.

 

Avec l’État Islamique, le message est devenu encore plus violent. Il est autant à destination des chrétiens que des musulmans non sectaires. Ce que veut Abou Bakr Al-Baghdadi, autoproclamé amir al-muminim, « le commandeur des croyants », c’est accentuer la pression, dans un triple but : terroriser le Moyen-Orient, asseoir son autorité et créer un vaste laboratoire du terrorisme. Il est en passe de remporter son pari, notamment pour prendre de vitesse Al Qaeda dans la course à la croisade islamiste mondiale.

 

Dans cette stratégie, la prise de Mossoul marque un tournant. Personne ne s’attendait à ce qu’en juin les djihadistes, lors d’un raid-éclair venu de Syrie, s’emparent de cette ville de trois millions d’habitants, la seconde d’Irak et nullement défendue par les soldats de Bagdad. Même les capitales occidentales ont été prises de court. D’autant que la capitale du Kurdistan, Arbil, n’est qu’à quelques heures de route, droit devant, à l’est. Dans un premier temps, les djihadistes de l’État islamique, qui récupèrent dans les casernes de Mossoul des centaines d’engins et d’armes lourdes, font croire que les minorités seront acceptées. Puis des signes de discrimination sont mis en place, notamment la reconnaissance des maisons chrétiennes. Et ensuite des exactions… Garder Mossoul à tout prix est d’une importance vitale pour Abou Bakr Al-Baghdadi, qui a feint d’accorder sa clémence un temps avant de montrer son véritable visage.

 

La stratégie de l’organisation fondamentaliste, bien plus sanguinaire encore que Al Qaida, repose aussi sur un incroyable trésor de guerre. À Mossoul, les autorités de Bagdad avaient oublié de vider les coffres des banques. Résultat : des dizaines de millions de dollars ont été ramassées par les islamistes. Un budget quasi-étatique qui s’enrichit de la contrebande du pétrole, de l’impôt prélevé sur les commerces dans les zones libérées et du commerce des otages. Dans une enquête très détaillée publiée en juillet, le New York Times chiffre ainsi le « global business » des otages à 125 millions de dollars depuis 2008, dont 66 pour la seule année dernière?! Une manne qui permet aux organisations fondamentalistes d’acheter des armes, de payer des opérations commandos et des actes de terrorisme.

 

Parmi les premières victimes de ce djihadisme barbare, les chrétiens représentent pourtant la mémoire de l’Orient. En Égypte, les premières églises remontent aux origines de la chrétienté et la communauté chrétienne prospérait six siècles avant l’avènement de l’islam. Les chrétiens d’Égypte se sont même affranchis de la tutelle de Byzance dès 451 lors du concile de Chalcédoine, optant pour le monophysisme, la fusion entre la nature humaine et la nature divine du Christ. Dès lors, le christianisme – qui a essaimé vers l’est sur les bords de l’Euphrate, dans l’antique Mésopotamie, au Levant, en Asie mineure, l’actuelle Turquie – est devenu partie intégrante de l’identité de l’Orient.

 

C’est bien ce que veulent éradiquer les fanatiques et les partisans du totalitarisme religieux. Voilà pourquoi les capitales occidentales ne doivent pas oublier les chrétiens en péril. Au risque sinon que l’ensemble de la communauté musulmane soit elle aussi prise en otage par les fondamentalistes.

 

Par Olivier Weber

 

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Rédigé par Olivier Weber

Publié dans #divers

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