le grain de sénevé. 25ème Dimanche après la Pentecôte
Publié le 18 Novembre 2012
Au commencement
Au-dessus du sens
Là est le Verbe.
Ô trésor si riche
Là le commencement fait naître commencement
Ô poitrine du Père
avec grand plaisir
En coule le Verbe !
Et pourtant le sein
Garde le Verbe
Cela est vrai.
Des deux un fleuve,
D'Amour le feu,
Les deux unis
Aux deux commun,
le Très-Doux Esprit
Très égal,
Inséparable.
Les trois sont Un.
Sais-tu quoi ? Non.
Il se sait lui-même : en entier,
Au mieu
La boucle des trois
A une profondeur terrible,
Le pourtour lui-même
Jamais sens ne saisit:
Là est une profondeur sans.
Fond
Échec et mat
Temps, formes et état !
L'anneau merveilleux
Est un jaillissement,
Tout immobile se tient son
point
Le mont pointu
Gravis-le sans agir
Intelligence
Le chemin t'emmène
En un merveilleux désert,
Au large, au loin,
Il gît sans limite.
Le désert n'a
Ni temps ni état,
Sa façon lui est particulière.
Ce désert le bien
Jamais pied n'y passe
Sens créé
Jamais n'y vint
Cela est; et personne ne
Sait quoi
Cet ici, ce là,
Ce loin, ce près,
Ce profond, cet haut,
Ceci est ainsi
Que ce n'est çà
Ni ci.
Cette lumière, cette clarté
Cette ténèbre complète,
Cet innommé,
Cet ignoré,
Libre du début et aussi
De la fin.
Cela paisiblement se tient désolé, sans vêtement.
Qui sait sa demeure?
Qu'il en sorte !
Et nous dise quelle est sa forme.
Deviens comme un enfant,
Deviens sourd deviens aveugle !
Tout ton être doit devenir néant,
Passe au-dessus de tout être, tout néant !
Laisse l'état laisse le temps,
Et aussi les images !
Allant sans voie
Par le sentier étroit,
Ainsi arrives-tu
À la trace du
Désert
Ô mon âme,
Va dehors ! Dieu, dedans !
Sombre tout mon être
Dans le néant divin
Sombre en ce fleuve sans fond !
Que je te fuis,
Tu viens à moi
Que je me perde
Alors, je Te trouve,
Ô Bien suressentiel !
maître Eckhart