Pax vobis !

Publié le 7 Avril 2010

 

http://farm3.static.flickr.com/2057/1864633004_633acde051.jpg

 

Ecoutons maintenant ce que dit le même Souverain des anges, au milieu de ses disciples : « La paix soit avec vous. Après ces paroles, il leur montra ses mains et son côté. » Puis il répéta : « La paix soit avec vous. »

Notre Seigneur, tendre ami des hommes, nous souhaite ainsi la paix en tout temps, c'est-à-dire, en naissant, en mourant, en ressuscitant. A sa naissance, lorsque son âge ne lui permettait pas encore de parler, les anges annoncent la paix aux hommes. La veille de sa passion, s'entretenant avec ses disciples : « Je vous donne ma paix, dit-il, je vous laisse la paix. » Joan. XIV,27. Ressuscité, il répète trois fois dans le présent évangile cette même parole : « La paix soit avec vous. » Quand il envoie ses disciples prêcher, il leur enseigne d'user de la même formule de salutation envers leurs hôtes. Qui douterait de l'importance d'un bien, que l'ami des hommes a tant de fois souhaité aux hommes? Enfin, entre autres noms glorieux, Isaïe lui décerne celui de prince de la paix; parce que le Christ est pour nous l'auteur de cette paix, lui qui, par le mérite de sa passion, a apaisé son Père justement irrité contre nous, et qui d'un juge sévère a fait le père le plus bienveillant.

 


 

La paix, dont nous lui sommes redevables, étant multiple, la première et la principale est sans contredit celle par laquelle nous sommes réconciliés avec Dieu. De cette paix naît d'abord la tranquillité de la conscience, car le juste a bien des raisons de conjecturer qu'il a obtenu son pardon et qu'il a Dieu pour ami.

Ecoutez l'Apôtre : « L'Esprit-Saint rend témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu. Que si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers de Jésus-Christ. » Rom. VIII,16.

Qu'est-ce donc que ce témoignage, sinon le gage de la vie éternelle?

Or que peut-il arriver à l'homme de plus désirable que d'être dans un état tel que, si la mort l'atteint, le Seigneur le trouve non pas abattu, triste, rebelle, tremblant, mais joyeux, veillant, prêt, comme un serviteur fidèle et prudent, qui est digne d'être établi sur tous les biens de son maître? Au contraire, quoi de plus amer qu'une mauvaise conscience, quoi de plus douloureux, puisque cette âme infortunée est piquée par les aiguillons du péché, qui ne lui laissent aucune relâche?

Oui, quoi de plus malheureux qu'un tel homme qui, veillant, dormant. mangeant, buvant, vit toujours dans le péché, prend son sommeil dans le péché, se réveille dans le péché, se met à table dans le péché, sachant toujours que Dieu est indigné et courroucé contre lui? Quoi de plus misérable que cet homme? Et y a-t-il dans le péché, ou une volupté, ou un avantage, qui puisse compenser une si profonde misère?

 

Il est encore une autre paix, celle qui réconcilie l'homme avec lui-même.

Car l'homme, avant cette paix, était dans un profond désaccord avec lui-même; l'esprit demandant une chose, et la chair, mauvaise conseillère, demandant autre chose. Or, cette paix devait être donnée aux hommes par la venue du Christ; le psalmiste l'atteste : "La miséricorde et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont embrassées. » Ps. LXXXIV,11.

En effet, que la miséricorde et la vérité de Dieu se soient donné la main lors de l'avènement de Jésus-Christ, c'est ce que témoigne Zacharie, père de saint Jean, quand il dit : « Pour exercer sa miséricorde envers nos pères, » Luc. I, 72, — voilà la miséricorde —«et se souvenir de son alliance sainte; » —voilà la vérité, c'est-à-dire la réalisation de la promesse, car il ajoute : " Selon qu'il a juré à Abraham, notre père, de nous accorder » — accorder quoi? — « qu'étant délivrés des mains de nos ennemis, nous le servirions sans crainte, marchant en sa présence dans la sainteté et dans la justice. » Luc..I,72,75

Voilà les deux autres biens annoncés par le royal Prophète, c'est-à-dire, la justice et la paix. Au moyen de cette paix, délivrés de la crainte de nos ennemis, nous menons une vie tranquille et calme dans la crainte du Seigneur.

 

Le poète sacré dépeint l'harmonie et la concorde de ces deux vertus par le nom de baiser, dont l'élégance égale la douceur.

Cette figure de langage montre parfaitement le lien étroit de parenté qui unit la justice et la paix; lesquelles se tiennent si bien, qu'il n'y a pas de justice sans la paix, ni de vraie paix sans la justice. «La paix, dit Isaïe, est le fruit de la justice, » Isai. XXXII,17. Enfin telle est l'affinité, la liaison, qui existe entre elles, que souvent l'Ecriture emploie l'une pour l'autre.

Ainsi, dans son Cantique, Zacharie met la voie de la paix, pour la voie de la vertu et de la justice. On voit par là combien est grande la folie de tant d'hommes qui, par un instinct naturel, aspirant sans cesse au calme et à la tranquillité de la paix intérieure, s'imaginent pouvoir y arriver sans la justice, quand ces deux vertus sont tellement connexes, qu'elles sont inséparables. « Qu'ils sachent donc ceux-là, dit saint Augustin, qu'ils ne peuvent obtenir ce qu'ils désirent, en laissant de côté ce qu'ils négligent. » Car seules les voies de la justice sont belles, et tous ses sentiers sont pleins de paix. » Prov, III, 17.

Au contraire, des voies des impies, il est écrit : « Dans leurs voies sont la ruine et l'infortune; ils n'ont pas connu la voie de la paix,  Ps. XIII, 3, j'entends de cette paix qui apaise, calme, et soumet à l'empire de la raison les mouvements tumultueux de l'âme.

Bannissez cette paix, et qu'est-ce qui domine dans le cœur, sinon le trouble et. les séditions intestines? En effet, on lit dans Isaïe : « Le cœur de l'impie est comme une mer toujours agitée, qui ne peut être en repos, et dont les flots vont se rompre sur le rivage avec une écume sale et bourbeuse. » Cor impii quasi mare fervens, quod quiescere non potest, et redundant fluctus ejus in conculcationem et lutum. Isa. LVII20. Pourquoi in lutum, sur le bourbier? — Parce que tout effort des impies, parce que la fièvre de leurs passions a pour objet de saisir des choses honteuses et vaines, parfaitement exprimées par ce mot de bourbier ou de vile poussière.

 

louis de Grenade.

 

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article