salé, pas salé.
Publié le 25 Novembre 2009
Le sel est un aliment indispensable à la vie. Connu sous le nom chimique de chlorure de sodium, il maintient l’eau à l’intérieur des cellules de notre organisme. Les besoins en sel ont varié au cours du temps. Quand le régime alimentaire des hommes préhistoriques était essentiellement carné, les besoins en sel étaient largement assurés ; mais quand, au Néolithique, l’homme est devenu éleveur et agriculteur, les besoins en sel sont devenus plus importants tant pour l’alimentation humaine, que pour celle des troupeaux. La recherche en sel est alors devenue primordiale.
Deux sortes de sel
Il existe deux sources principales de sel dans la nature : le sel de mer et le sel gemme ou sel de terre, qui est un sel fossile, témoin de l’évaporation des mers anciennes à l’origine de lagunes salines. Il existe dans de nombreux pays, comme en France dans le Jura, en Allemagne dans la région de Halle et en Autriche dans la région de Salzbourg, des sources salines qui ont été repérées depuis très longtemps : le site éponyme de la civilisation celte en Haute-Autriche, Hallstatt, est une mine de sel exploitée dans le premier âge du fer, vers 700 ans avant notre ère. Il existe de nombreuses autres sources de sel de terre dans le monde, comme les lacs salés asséchés du Sahara, ou les déserts salé d’Atacamara au Chili, ou les salines précolombiennes de Maras, au Pérou, près de Cuzco, exploitées depuis plus de 4000 ans. Les modes de récolte du sel varient selon les climats : pour le sel de terre, l’évaporation naturelle du sel par le soleil est la règle dans les pays tropicaux et même en Castille. Dans les pays d’Europe du Nord, on injectait de l’eau pour dissoudre le sel gemme et on le chauffait dans des poêles géantes que l’on alimentait avec du bois, puis plus tard avec du charbon, ce qui a concouru à la fois à des déboisements importants, puis à des plantations de bois de chauffe. Le sel de mer était soit évaporé au soleil, comme encore de nos jours dans les marais salants de Guérande (où l’on recueille le sel de plus grande qualité, la fleur de sel) ou à Aigues-Mortes dans les salines du midi, soit dans les pays humides et froids comme l’Essex , la Zélande ou la Normandie, chauffé comme pour le sel gemme. Dans les pays chauds et humides, comme le Golfe de Guinée en Afrique, on brûlait des herbes pour en extraire le sel.
Le sel dans la religion
Le sel a eu dans de nombreuses religions une valeur sacramentelle. Dans la Bible, dans la Genèse, lors de la destruction de Sodome et de Gomorrhe, « la femme de Lot regarda en arrière et elle devint une statue de sel ». Dans l’évangile de Marc, le Christ dit « vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? ». Chez les Grecs, le sel était considéré comme un don de Poséidon, et les Romains épandirent du sel sur les ruines de Carthage pour que la menace carthaginoise soit éliminée à jamais, avant de reconstruire une ville romaine à son emplacement ! Dans l’hagiographie chrétienne, Judas est souvent identifié sur les tableaux de la Cène par une salière renversée. D’ailleurs le sel est resté longtemps, un moyen de conjurer le mauvais sort.