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Publié le 25 Décembre 2021

 

 

 

 

 

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NOËL

MESSE DE MINUIT

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 25 décembre 2021)

 

Apparuit gratia Dei

La grâce de Dieu s’est manifestée (Tt 2,11)

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Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

En communion avec les millions de chrétiens répandus sur la terre entière, nous voici réunis au cœur de l’hiver et au milieu de la nuit pour nous souvenir d’une naissance. Cette naissance, nous ne l’avons pas connue par les registres de l’état civil ; c’est un autre livre qui l’atteste et qui s’appelle l’Évangile, un mot d’origine grecque et qui veut dire Bonne nouvelle.

De fait, toute naissance est une bonne nouvelle.

Mais cette naissance l’est d’une manière particulière, puisqu’il s’agit de la naissance d’un sauveur. La bonne nouvelle rapportée par l’Évangile, c’est qu’aujourd’hui est né celui qui va opérer la réconciliation de l’homme avec Dieu : Dieu fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu, c’est-à-dire vivre de la vie de Dieu, vivre en communion avec Dieu. La bonne nouvelle de l’Évangile, ce n’est pas seulement la nouvelle d’une naissance, c’est la nouvelle que le temps de l’accomplissement du salut de l’humanité, le temps de la victoire du bien sur le mal est désormais ouvert. Une vierge vient de mettre au monde un fils. Elle lui a donné le nom de Jésus, c’est-à-dire Sauveur.

Cette bonne nouvelle nous vient d’une pauvre étable, isolée, ignorée au cœur de la nuit. Dans trente-trois ans, elle sera offerte à nouveau au monde du sommet d’une croix, où celui qui naît à la lumière de la terre aujourd’hui fera le don de sa vie comme preuve d’amour pour les hommes. Né seul auprès de Marie, sa Mère, et de Joseph, il mourra seul auprès de sa Mère et du disciple qu’il aimait.

Peut-on alors vraiment parler d’une bonne nouvelle ? Un Dieu se fait homme et meurt sur une croix... Mauvaise nouvelle pour Dieu. Mauvaise nouvelle pour l’homme.

Mais Dieu n’a pas dit son dernier mot. Voici que celui que la mort avait semblé rendre captif, en l’enserrant dans les linges où le corps du supplicié avait été enseveli après la toilette funèbre, et en le retenant derrière la pierre roulée d’un tombeau désormais clos, voici que le Christ brise les barrières du séjour des morts. Désormais c’est la mort qui est captive. Celui qui est la Vie a triomphé de la mort.

A la lumière de la Résurrection, la Croix et l’Incarnation deviennent parties intégrantes de l’unique bonne nouvelle du salut. Comme l’écrivait saint Paul à l’un de ses fils spirituels, Tite :

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. (Tt 2,11-14)

Oui, cette nuit, la grâce de Dieu s’est manifestée par la naissance d’un enfant. Elle se manifestera dans le triomphe du tombeau au matin de Pâques.

Mais cette grâce qui resplendit sur l’humanité demande à être accueillie, en écoutant l’enseignement qu’elle apporte et en le mettant en pratique.

Déjà, le récit des journées et des heures précédant la naissance du Sauveur n’est pas sans laisser craindre un mauvais présage quant à cet accueil.

L’édit de l’empereur Auguste, qui demandait que l’on se fasse recenser dans sa ville d’origine, avait contraint Marie et Joseph à quitter la riante Galilée pour les terres désertiques de la Judée, alors que la jeune épouse arrivait au terme de sa grossesse.

Arrivés à Bethléem, les pauvres époux ne purent trouver de logement : les hôtelleries probablement trop chères, leur étaient interdites, et la salle commune était déjà comble. Dieu est venu chez les siens, et les siens ne l’ont ni reconnu, ni même reçu. C’est dans une étable que naîtra l’enfant, et dans une mangeoire qu’il trouvera son premier repos.

Il n’est donc pas si facile de recevoir la bonne nouvelle de la naissance d’un sauveur, de reconnaître et d’accueillir la grâce de Dieu qui frappe à la porte. Le mal a obscurci les yeux de l’homme et a fermé la porte de son cœur, en blessant profondément le lien entre la création et le Créateur. L’homme est devenu sourd à l’hymne de la création. En tant qu’être intelligent, il avait pour devoir propre d’en rendre grâces à Dieu. Il s’est fait étranger à ce devoir.

Blessé dans le regard qu’il porte sur la création, l’homme est aussi blessé dans le regard qu’il porte sur les autres hommes. Les récentes révélations de l’actualité le confirment. Relevons que l’évangile de cette nuit offre deux regards sur l’homme.

Il y a celui de l’empereur Auguste, qui désire connaître le nombre de ses sujets. Les connaître ne l’intéresse pas, ce qu’il veut, c’est un nombre. A l’opposé, les Anges de la Nativité viennent annoncer à des pauvres, des bergers des environs, une grande nouvelle : « Dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Et ils ajoutent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de sa bienveillance. »

Le message de Noël, cette bonne nouvelle, c’est l’annonce de la paix venue du ciel et offerte à tout homme. En Jésus-Christ, Dieu révèle le regard posé sur chacun d’entre nous.

Mais alors pourquoi la paix est-elle si étrangère à notre temps ? Partout la guerre fait rage, parfois visible, souvent invisible, dissimulée derrière des accords économiques et prenant pour victimes des peuples entiers. La mort, provoquée par des mains qui ne devraient que guérir, rôde toujours plus oppressante auprès du sein maternel, ou des lits d’hôpitaux. En promouvant la théorie du genre, la société invite désormais l’homme à la guerre contre son propre corps.

En cette nuit de Noël, Dieu nous fait en abondance le cadeau de sa paix. En cette nuit de Noël, beaucoup de cadeaux vont s’échanger dans le monde. Le plus beau cadeau que nous puissions faire à nos proches, c’est de porter sur eux un peu de ce regard de paix que Dieu, de toute éternité, porte sur nous.

Contemplons pour finir, les yeux de Marie regardant son Enfant posé dans la mangeoire, regard de la toute pure sur le Dieu trois fois saint. Dans la glorieuse espérance du retour du Seigneur dans sa gloire, puisons dans ce regard la force de porter un juste regard sur notre prochain, d’y découvrir la présence de Dieu caché, avant de contempler un jour et pour l’éternité, Dieu dans sa gloire et notre prochain dans le rejaillissement de cette même gloire. Saint et joyeux Noël.

Amen

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NOËL

MESSE DU JOUR

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 25 décembre 2021)

 

Et lux in tenebris lucet.

Et la lumière brille dans les ténèbres (Jn 1,5 )

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

 

Après nous être retrouvés cette nuit et aux aurores pour chanter les saints mystères de la naissance de notre Sauveur, l’Église convie ses enfants une troisième fois au Saint Sacrifice de la Messe.

Durant ces heures, elle nous a invités à méditer la triple naissance du Christ : sa naissance éternelle du sein du Père, par exemple lorsque nous chantions dans l’introït de la Messe de la nuit : « Le Seigneur m'a dit : tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. » (Ps 2, 7) ; sa naissance selon la chair du sein de la Vierge Marie, objet propre de la fête de ce jour ; sa naissance enfin dans les âmes par laquelle le Christ « se lève dans nos cœurs tel l'étoile du matin » (2 P 1, 19), comme on le chante à la Messe de l’aurore dans l'introït : « La lumière brillera aujourd'hui sur nous. » (Is 9, 2)

Le prologue de l’Évangile selon saint Jean reprend ces trois naissances. Dans le mystère de l’Incarnation le ciel et la terre se donnent la main, comme le traduit de façon admirable une antienne de la solennité de Marie, Mère de Dieu, ou octave de la Nativité :

O admirable échange ! Le Créateur du genre humain prenant un corps et une âme, a daigné naître d’une Vierge ; et entrant dans l’humanité, sans le concours de l’homme, il nous a donné part à sa divinité. (1ère de Laudes)

Pourtant, il ne semble pas si immédiat de prendre part à cette divinité que nous offre l’Enfant de Bethléem, de laisser se lever dans nos cœurs son étoile. Voyez les hôteliers de Bethléem, et tant d’autres. Peu ont reconnu le Christ. Le Prologue de saint Jean nous le rappelle dans trois versets lourds de sens :

Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. (v. 9-11)

Le début du Prologue affirmait que le Verbe était Dieu, consubstantiel au Père comme le chante le Credo. Le Verbe, Parole éternelle du Père et seconde personne de la Trinité, est aussi la vraie Lumière ; celle qui a présidé aux premiers instants du monde et à la création de l’homme, en particulier à travers le don de la vie. Dans les ténèbres du chaos, la lumière a brillé et elle brille encore. Les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.

Malgré cela, l’évangéliste s’émeut : la lumière a lui, mais elle n’a pas été reconnue. Le Verbe est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu.

Pour quelle raison ? Probablement ce penchant de l’être humain à ne considérer que l’aspect matériel et palpable des choses. L’actualité récente montre que la tentation demeure, et qu’elle s’exprime dans le regard porté sur l’Église. Rappelons les premières lignes de la Constitution dogmatique sur l’Église du concile Vatican II, intitulée Lumen gentium, Lumière des peuples :

Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l'Esprit- Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l'Evangile, répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16,15).

Cette nuit, les anges ont loué Dieu en chantant : « Gloire à Dieu et paix sur la terre aux hommes de sa bienveillance. » La lumière et la paix de l’Incarnation se sont répandues sur des bergers partis vers la crèche à l’invitation des Anges. Un jour, sur le mont Thabor, cette lumière baignera la face des apôtres Pierre, Jacques et Jean. Elle brillera aussi sur les Douze et les disciples après la résurrection. Cette paix et cette lumière venues du ciel se feront aussi consolatrices de tant d’hommes et de femmes de Palestine souffrant dans leur âme ou leur corps.

Mais, il faut le reconnaître, l’Enfant de la crèche sera la première victime de son message d’amour. Parmi ses disciples, la lumière ne sera pas toujours reçue. Pierre trahira son maître ; quant à Judas, il le livrera.

Aujourd’hui, la lumière et la paix de Noël veulent toujours se répandre. Telle est la mission de l’Église, par le ministère de tant de prêtres, par la vie offerte de religieux et de religieuses apostoliques qui, de jour comme de nuit, demeurent serviteurs de leurs frères dans la peine. La lumière et la paix de Noël luisent aussi de la prière cachée de tant de moines et de moniales, de religieuses, retirés derrière les murs des cloîtres. Elles se répandent enfin grâce à tant de fidèles qui témoignent généreusement de leur foi, tant au sein de leur famille que de la société.

Mais le mal a profondément marqué le cœur de l’homme et de la société. Si l’Église est un mystère à la fois invisible et visible, si l’Église est sainte, elle est composée d’hommes et de femmes qui parfois peuvent être de grands pécheurs. Les événements de ces derniers mois le rappellent douloureusement. Les actes posés, les silences plus ou moins complices pratiquement imposés dans un monde qui se faisait une gloire d’interdire d’interdire, ont fait et font encore de nombreuses victimes.

En ce matin de Noël, nous confions à l’Enfant de la crèche toutes les victimes qui ont souffert et souffrent plus particulière- ment par le fait des membres de l’Église. Qu’il fasse briller sur eux sa face. Qu’il leur offre sa paix.

Nous prions aussi pour tous les prêtres, religieux et reli- gieuses indignes par leurs actes de paraître devant le Maître qui s’est fait serviteur, se revêtant de la chair même de leurs victimes. Que l’Enfant de la crèche ouvre leur cœur à une prise de conscience de la gravité de leurs actes et les conduise à demander le pardon après une réelle pénitence.

Enfin, prions pour l’Église. Que le difficile moment qu’elle traverse, que beaucoup ressentent comme une traversée des ténèbres, ne soit pas confisqué par ceux qui n’ont de cesse de faire triompher des idéologies à la mode et à la remorque de la société. Qu’il débouche sur une renaissance, un matin de Pâques.

Aujourd’hui un Enfant nous est né. Au milieu des ténèbres et des ombres de la mort, l’espérance renaît. Entre Marie et Joseph, un Enfant repose dans une mangeoire. Dieu est avec nous, Emmanuel, qui pourra être contre nous ?

Saint et joyeux Noël !

Amen, Alleluia.

 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 3 Décembre 2021

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Rédigé par Philippe

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Publié le 28 Novembre 2021

 

photo petit placide. 

 

 

 

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PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 28 novembre 2021)

 

Appropinquat Redemptio vestra Votre délivrance est proche (Lc 21,28)

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

Quel n’est pas notre étonnement en ce matin du premier dimanche de l’Avent, jour d’ouverture de l’année liturgique, d’entendre comme lecture de l’évangile, un passage tiré de la fin de l’évangile selon saint Luc ! Pourquoi l’Église ne nous propose-t-elle pas en ce jour, de méditer plutôt sur les évangiles du temps de l’attente de l’Enfant Dieu ? Pourquoi ne puise-t-elle pas aux nombreux textes de l’Ancien Testament qui annoncent un Messie ?

Le thème lui-même du passage retenu surprend. Au terme de sa vie publique, alors que la montée vers Jérusalem va se conclure par son arrestation, son jugement et sa condamnation au supplice de la Croix, Jésus annonce la ruine du Temple et la venue du Fils de l’Homme.

Un tel discours avait de quoi étonner les disciples. Ceux-ci pressentaient la résolution de plus en plus ferme des prêtres et des pharisiens de faire mourir le Seigneur... En face de cela, Jésus affirmait la ruine à venir du Temple, et par là même, la fin du sacerdoce tel qu’il était alors exercé.

A l’heure qu’il est, les disciples n’ont pas compris que la mort du Seigneur n’est qu’un passage, choisi et assumé pour témoigner qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Le discours du Christ n’est pas passé inaperçu. Matthieu et Marc le rapportent également. Chez saint Luc comme chez saint Marc, c’est la vue d’une pauvre veuve déposant deux piécettes dans le tronc du Trésor du Temple, ainsi que l’émerveillement des disciples devant l’éclat, la beauté et la richesse de ce lieu, qui suscitent ce discours. Chez saint Matthieu, le contexte est un peu différent. Des malédictions adressées aux scribes et aux pharisiens précèdent en effet les paroles du Seigneur :

Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes ; vous... n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui veulent entrer !...

Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un seul converti, et quand c’est arrivé, vous faites de lui un homme voué à la géhenne, deux fois pire que vous !...

Malheureux êtes-vous, guides aveugles...

Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité.... Vous purifiez l’extérieur de la coupe et de l’assiette, mais l’intérieur est rempli de cupidité et d’intempérance !... Vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures... (cf. Mt 23,13-36)

et Jésus de conclure :

Voici que votre temple vous est laissé : il est désert.

En effet, je vous le déclare : vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Mt 23,38-39)

Au fond, si l’Église propose ces textes ce matin, c’est qu’il y a un préalable à l’attente authentique du Seigneur. En ce premier dimanche de l’Avent, l’Église invite ses enfants à disposer en eux un cœur accueillant, face au mystère qui va s’accomplir.

Au seuil de l’année liturgique, une question doit occuper notre cœur : qu’est-ce qui plaît le plus à Dieu, la pauvre veuve versant tout ce qu’elle a dans le tronc du Temple, ou ce même Temple serti d’or et de pierres précieuses ? Où ce peuple met-il sa fierté ?

La pauvre veuve donne tout ce qu’elle a. En remettant au Trésor ce qui est nécessaire à sa vie, elle offre en son cœur sa vie à Dieu. Elle est l’image du Christ qui la reconnaît comme telle. Les riches qui mettaient leur don au Trésor se bornaient à prendre sur leur superflu pour accomplir un précepte de la Loi. Leur cœur n’était pas au rendez-vous.

Aux yeux des disciples, la femme passait inaperçue. Eux, admiraient l’édifice de pierre qui n’est pourtant qu’un lieu, qu’un moyen pour conduire à Dieu. Peut-être admiraient-ils aussi les grands qui passaient devant eux. Dieu, lui, sonde les reins et les cœurs.

Ne traitons pas de manière identique les choses de Dieu et les intérêts matériels et caducs. Il est bon de nous en souvenir au seuil d’une année liturgique. Trop souvent, le temps aidant, nos repères deviennent flous, disparaissent même, le paraître ou l’avoir prennent la place de l’être, tant en nous-mêmes que dans le regard que nous portons sur le prochain.

Occasion nous est offerte aujourd’hui, de reconsidérer notre vie à la lumière du regard du Christ sur le Temple et sur ceux qui déposent leurs dons dans le Trésor. Lui donnons-nous tout, comme la misérable veuve, ou ne concédons-nous comme à regret que notre superflu ? Au fond, jusqu’où sommes-nous disponibles sur le chemin de notre conversion ?

Recherchons toujours la cohérence dans notre vie. Si nous voyons, agirons-nous ? « L’heure est déjà venue de sortir du sommeil. Car le salut est plus près de nous... La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière... Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ ». (cf. Rm 13 11-14)

En ce matin, c’est à l’espérance que nous invite l’Église. L’espérance est l’âme de tout recommencement. Cette espérance ne se fonde pas sur n’importe quoi ou n’importe qui. Celui qui en est le fondement, en est aussi l’objet, c’est le Seigneur, comme nous l’avons chanté au début de cette cérémonie : « Vers vous j’ai élevé mon âme, mon Dieu en vous j’ai mis ma confiance. »

L’objet de notre espérance, c’est aussi un enfant. A l’approche d’une naissance, toute famille se prépare ; alors que quelques semaines nous séparent de la fête de Noël, il est temps aussi de nous préparer. Si le Christ doit revenir à la fin des temps, il doit aussi revenir dès aujourd’hui au cœur de notre vie. Comment ne pas accueillir un enfant ? Que peut-on craindre d’un enfant ? Que Dieu vienne à nous sous les traits d’un enfant, est déjà un signe de son amour.

Remarquons pour finir, que le temps de l’Avent est un temps marial. Marie, en attendant son Enfant, le porte déjà en son coeur. Avançons à sa suite. Ce qui plaît à Dieu, c’est un cœur offert, un cœur donné, un cœur qui dit « Oui » pour vivre de la vie que Dieu vient nous offrir, sa propre vie.

 

Amen

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Rédigé par Philippe

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Publié le 4 Novembre 2021

 

 

saint Francisco Garcia

Martyr

Octobre 2021 

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+ TOUSSAINT

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault 

Fontgombault, le 1er novembre 2021

Beati estis Heureux êtes-vous

(Mt 5, 11) 

 

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

La fête de la Toussaint est la fête de tous les saints, la fête de la sainteté.

La foule de l’Apocalypse, composée de membres de tous les peuples, races, nations et langues que nul ne peut dénombrer, a grandi des premiers jours de la Création jusqu’à nos jours. Les temps à venir contribueront encore à son accroissement jusqu’à la fin du monde. L Cette foule, rapporte l’auteur de l’Apocalypse, proclame sans fin la gloire de Dieu : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! »

Ainsi s’écoulera l’éternité dans la contemplation de ce qu’il y a de plus beau, de meilleur et de plus vrai. L’esprit humain ne saurait épuiser la nouveauté de Dieu.

Bien loin de s’endormir ou de se lasser, il sera constamment tenu en éveil, attendant tout de Dieu et disposé à tout recevoir.

Mais le voyant de l’Apocalypse n’oublie pas que telle n’est pas la condition humaine actuelle. Aussi, ne veut-il pas nous laisser ignorer le chemin des élus, un chemin à parcourir généreusement. L’un des Anciens proches du trône de Dieu, répond à son interrogation : Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le Trône de Dieu, et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire. Celui qui siège sur le Trône établira sa demeure chez eux. (Ap 7,14-15)

Tous les hommes obtiendront-ils cet honneur ? Tous y sont appelés mais seuls ceux qui ont blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau parviendront au but et remporteront la victoire. Ces hommes sont debout. Ils sont ressuscités. Ils ne ploient plus sous le poids du mal et du péché. L’Agneau se tient au milieu d’eux et Dieu a essuyé toute larme de leurs yeux. Ils sont dans la demeure de Dieu, et Dieu est dans leur demeure. Ils n’ont plus faim, ils n’ont plus soif. Ni la chaleur, ni le soleil ne les accablent. Ces hommes tiennent des palmes à la main, signes de victoire. Conduits par l’Agneau, ils ont traversé la grande épreuve. Ils ont franchi le ravin de la mort.

Qui voyons-nous dans cette foule immense ?

Là, nous reconnaissons Adam et Eve que les Pères de l’Église placent volontiers au Paradis malgré le premier péché, cette première révolte contre Dieu et ses commandements, dont ils furent personnellement coupables et dont le poids et les conséquences marquent chaque homme venant en ce monde, et ce dès avant sa naissance, du signe de la colère contre Dieu. Ici, ce sont les patriarches de l’Ancien Testament dont l’Écriture nous apprend qu’ils ont marché avec Dieu en sa présence. Nous voyons encore les personnages familiers du Nouveau Testament, Marie et Joseph, le Précurseur, les apôtres, les saintes femmes et le bon larron, premier canonisé de l’histoire de l’Église.

Nous voyons aussi tous les saints dont l’Église a reconnu le caractère exemplaire de la vie, et dont elle a affirmé qu’aujourd’hui ils sont avec Dieu. Nous reconnaissons enfin ceux que le Pape François appelle les saints de la porte d’à côté. Ces gens qui n’ont pas été canonisés ; des gens que nous avons connus et qui ont marqué notre enfance, notre vie, par leur pratique exemplaire de la charité et de la miséricorde. Imiter leurs gestes d’amour et de miséricorde, affirme le Saint-Père, est un peu comme perpétrer leur présence dans ce monde. Et en effet, ces gestes évangéliques sont les seuls qui résistent à la destruction de la mort : un acte de tendresse, une aide généreuse, un temps passé à écouter, une visite, une parole gentille, un sourire...

À nos yeux, ces gestes peuvent sembler insignifiants, mais aux yeux de Dieu, ils sont éternels, car l’amour et la compassion sont plus forts que la mort. (Angélus du 1 er novembre 2015)

Suivre le Christ à travers le chemin des saints de tous les temps, c’est prendre le chemin de l’éternité bienheureuse : Heureux, dès à présent, les morts qui meurent dans le Seigneur. Oui, dit l’Esprit, qu’ils se reposent de leurs peines, car leurs actes les suivent ! (Ap 14,13)

Nous ne retrouverons au Ciel que ce que nous aurons donné sur la terre : nos actes de miséricorde, de charité. Nos actes, bons ou mauvais, sont comme les enfants de nos vies. Dans la mesure où ils nous font progresser vers le Seigneur, nous-mêmes ou autrui, dans la mesure où ils nous en détournent, ces actes prennent une couleur morale. Ils sont bons ou mauvais. Dieu nous tient pour responsables les uns des autres.

Nous voici donc invités à prendre soin de toute vie humaine dont la fin est la gloire et la louange de Dieu, et dont les actes préparent dès aujourd’hui l’éternité. De sa conception jusqu’à sa fin , la vie humaine est orientée vers une rencontre. Ce soin s’étend aussi à ceux qui sont morts et qui demeurent aujourd’hui au purgatoire, cette antichambre du Paradis. Leur séjour est pesant, alors que ces âmes séparées de leur corps aspirent à la rencontre de Dieu.

Tout en comprenant le motif de leur pénitence, elles attendent l’ouverture de la porte du Ciel. Demain, l’Église nous invitera à prier pour nos frères défunts. Par nos visites au cimetière, par l’assistance à l’office des morts, par la récitation du chapelet, nous allégeons le poids de leur peine et réduisons la durée de leur séjour. Ils nous béniront pour cela.

En ce matin de la Toussaint, allons-nous donc demeurer dans la contemplation du Ciel, comme les apôtres au jour de l’Ascension ?

Le Seigneur poursuit l’annonce des béatitudes par deux adresses à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde... » (Mt 5,13-14)

La fête de la Toussaint nous rappelle que la terre, sortie des mains de Dieu, née de la lumière du premier jour, est le haut lieu, le beau lieu où il revient à l’homme de mettre en œuvre le programme des béatitudes.

Heureux les doux, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, heureux les artisans de paix... (Cf. Mt 5,1-12)

Parmi ces béatitudes, la tradition monastique a enseigné tout particulièrement la pureté du cœur, qui se traduit à travers la vérité et la cohérence de la vie, la franchise, la simplicité et la limpidité, l’absence de murmures, de critiques infondées ou stériles. Mettons-nous à l’école des premiers moines. Oui, comme ils sont bienheureux les cœurs purs ! Au sein d’un monde fatigué et malade, ils rayonnent et témoignent de la Bonté, de la Beauté, de la Vérité qu’est Dieu.

Déjà, ils voient Dieu.

Amen

 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 12 Octobre 2021

 

+ DÉDICACE

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 12 octobre 2021)

Ecce nova facio omnia.

Voici que je fais toutes choses nouvelles. (Ap 21,5)

 

La fête de la Dédicace dans l’année liturgique, n’appartient ni

au cycle du temporal qui parcourt les mystères de la vie du Christ à travers les temps de l’Avent, de Noël, de l’Épiphanie, du Carême, de Pâques et de la Pentecôte, ni au cycle du sanctoral où l’Église, à travers un culte public, invite ses propres enfants à imiter la vie de ceux qui ont vécu à l’écoute de la grâce et selon la loi de Dieu, et qu’elle a déclarés saints.

Non, rien de tout cela ce matin. La fête de la Dédicace est le rappel d’un événement qui a marqué l’histoire d’un lieu et qui ne manque pas de laisser un souvenir impérissable à ceux qui l’ont vécu. La dédicace d’une église est une prise de possession par Dieu de ce lieu qui devient consacré. Toutes les églises ne sont pas dédicacées cependant. Sur les murs de celles qui le sont, douze croix demeurent témoins de l’événement. Des cierges les illuminent au jour anniversaire. Il est significatif que le rite de la dédicace commence par l’entrée des reliques des martyrs qui seront placées dans la table de l’autel et s’achève par l’inauguration de la réserve eucharistique. Dieu en ce lieu est plus présent qu’en tout autre.

Comme aux plus grandes fêtes, l’Église déploie chaque année les fastes de sa liturgie en ce jour anniversaire.

L’église de pierre est un lieu saint, chantait l’antienne d’Introït : Terrible est ce lieu, c’est la maison de Dieu, la porte du Ciel. Maison de Dieu, porte du Ciel, l’église est le lieu favorable pour qui veut cheminer vers Dieu. En ce lieu de silence réservé à la prière, le Seigneur demeure d’une manière particulière, sacramentelle, dans le tabernacle.

La lecture de l’Apocalypse évoque la sainteté du lieu où nous sommes, dans des termes sans équivoque :

Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces comme une épouse parée pour son mari. Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : «Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront son peuple, et lui- même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. » (Ap 21,2-3)

Entrer dans une église consacrée invite au souvenir que l’église n’est pas un lieu comme un autre. Entrer dans une église consacrée, c’est aussi entendre l’appel à accueillir Dieu chez soi, en sa propre demeure, en sa famille, sa communauté, en son propre cœur, en son âme. Signée lors du sacrement du baptême, l’âme est un lieu sacré qui doit être protégé.

Cette volonté de Dieu de venir résider, non seulement dans les temples de pierre mais aussi chez nous, transparaît de manière très concrète dans les lignes aimables relatant la visite de Jésus à Zachée, le publicain collecteur d’impôt : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » (Lc 19, 5)

"Il faut », le Seigneur ne laisse pas grand choix à celui qui était perché sur un sycomore, en espérant le voir tout en demeurant inaperçu. Beaucoup d’hommes, bien plus que nous ne le croyons, cherchent aujourd’hui à connaître Jésus... leur laisserait-il plus de choix qu’à Zachée ?

L’appel adressé par le Christ personnellement à Zachée, les apôtres ont reçu mission de le faire résonner jusqu’aux limites de la terre comme le rapporte saint Matthieu en conclusion de l’Évangile :

Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint- Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. (Mt 28, 19-20)

L’appel à la mission s’adresse désormais à tous les chrétiens et en particulier aux prêtres. Cet appel devrait pouvoir se conclure par la même réflexion que faisait Jésus : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Lc 19, 9-10)

Sauver, tel est le but de la mission.

Il y a quelques jours a été rendu public un rapport accablant qui met en cause des prêtres, des religieux. Qu’ont-ils fait ? Ils ont abusé de jeunes. Ils ont été envoyés en mission par l’Église pour conduire à Dieu, pour introduire au salut. Mais dans leur cœur, la duplicité était cachée. Dissimulés derrière leurs missions d’apôtres, ils ont cherché aussi à profiter, non pas à servir mais à se servir. Parfois aussi, ceux qui savaient se sont tus.

La blessure est immense dans le cœur de ceux qui recevaient ces hommes comme les ambassadeurs du Christ. Par la faute des évangélisateurs, par des silences gênés ou complices, l’Église est désormais accusée, et le Christ moqué par certains de ceux qui ont souffert du fait de mercenaires. Tous les chrétiens sont blessés et demeurent dans la honte.

Aujourd’hui, comme en bien des temps, la frêle barque de l’Église est agitée tant au-dehors par les flots, qu’au-dedans par les fautes de ses membres.  ... (!!!)

Saint Jean Chrysostome, Patriarche de Constantinople au IVe siècle affirmait :

Telle est la grandeur de l’Église que, combattue, elle triomphe, outragée, elle n’en apparaît que plus éclatante. Elle reçoit des blessures, mais elle ne succombe pas à ses blessures ; elle est ballottée par tous les flots, mais elle ne sombre pas.

(Saint JEAN CHRYSOSTOME, Hom. in Eutropium, 1, PG 52, col. 397)

Face au scandale, nous nous trouvons bien démunis. Le Seigneur des consolations sait apaiser les cœurs des victimes. Elles ne peuvent rester sur le bord de la route, abandonnées tant par leurs bourreaux que par ceux qui préféreraient les ignorer. Eux aussi sont des fils d’Abraham. Malgré les blessures et à travers leurs blessures, ils demeurent invités à franchir les portes de la Cité sainte.

Par l’Église, Dieu veut les toucher, les guérir. Qu’il inspire aux pasteurs les gestes et les paroles qui doivent être accomplis et prononcées. Les promesses de Dieu rapportées par le livre de l’Apocalypse demeurent actuelles :

Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. (Ap 21,4)

L’affirmation de Dieu est sans appel : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » (Ap 21,5)

Amen.

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Rédigé par Philippe

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Publié le 8 Octobre 2021

 

 

 

+ NOTRE-DAME DU ROSAIRE

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 7 octobre 2021)

 

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

"Fiat mihi secundum verbum tuum"

Qu’il soit fait de moi selon ta parole Lc 1,38

 

La richesse de la Fête du Très Saint Rosaire déployée tant dans les

textes de la Messe qu’à travers ceux de l’office conduit à considérer l’ensemble des mystères de la vie du Seigneur dans les yeux et dans le cœur de Marie.

Pie XII écrivait le 7 août 1947 aux membres d’un congrès qui s’est déroulé à Paris et à Lisieux du 23 au 30 septembre suivant à l’occasion du cinquantenaire de la mort de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus :

Tandis que dans l’ordre naturel, l’enfant, en grandissant, doit apprendre à se suffire, dans l’ordre de la grâce, l’enfant de Dieu en grandissant comprend de mieux en mieux, qu’il ne pourra jamais se suffire à lui-même qu’il doit vivre dans une docilité et une dépendance supérieure.

Quel homme pourrait oublier que si Marie a enfanté sans douleur Jésus en l’étable de Bethléem, la Vierge toute douloureuse nous a tous reçus comme ses enfants et nous a enfantés au pied de la Croix : « Femme, voici ton fils... Voici ta Mère. » (Jn 19,26-27)

L’évangéliste Jean à qui s’adressait les paroles de Jésus ajoute en conséquence : « Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. »

Contrairement à l’ordre de la nature où l’enfant à mesure qu’il grandit s’éloigne de ses parents, si de par la volonté de Jésus nous avons reçu Marie pour Mère, il nous revient d’accueillir toujours plus cette maternité, de demeurer ses enfants, de la prendre chez nous. Ce faisant, un chemin sûr s’ouvre pour avancer vers le Seigneur. Marie ne peut enseigner autre chose que ce qu’elle a elle-même vécu. Celui qui suit le chemin qu’elle indique, assurément prend la route du Ciel et y parviendra.

En ce sens, le choix de l’Église de retenir comme péricope évangélique pour cette fête du Saint Rosaire l’événement de l’Annonciation n’est pas anodin. Appelés à méditer les mystères de la vie de Jésus à travers les yeux et dans le cœur de Marie, reconnaissons que pour Marie tout prend sa source dans la conclusion apportée par la Vierge aux paroles de l’ange : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il soit fait de moi selon ta parole. »

Saint Jean de la Croix avait l’habitude d’adresser de courts billets à ceux qu’il accompagnait afin de les guider sur les chemins spirituels. Voici ce qu’il écrivait sur l’un d’eux : « Le Père n’a dit qu’une parole : ce fut son Fils. Et dans un silence éternel il la dit toujours : l’âme doit l’écouter en silence. » (Maxime 147)

Ce qui a trait à la génération éternelle du Verbe dans la bouche du Père pourrait se transposer aussi en la bouche de Marie pour ce qui est de la naissance du Verbe selon la nature humaine et dans le temps : « Marie n’a dit qu’une parole « Qu’il soit fait de moi selon ta parole » ; et cette parole a été féconde. Et cette parole elle la dit toujours et l’âme de celui qui veut demeurer à l’école de Marie doit l’écouter en silence sans jamais se lasser de l’écouter à nouveau. » La vie de Marie n’est que l’éclosion d’une unique parole.

Mais comment Marie en est-elle venue à prononcer cette parole ?

Tout commence par la visite d’un ange : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » (Lc 1,28) Cette visite inattendue a de quoi troubler l’humble Vierge qui ne comprend pas une telle salutation. Après l’avoir rassurée, l’ange lui confirme sa première salutation : le Seigneur est avec elle ; elle a trouvé grâce auprès de Dieu.

Dans un second temps, l’ange explicite ce que signifie cette grâce, cette beauté particulière de Marie en raison du choix, du regard divin qui s’est posé sur elle : Elle va concevoir un fils.

Une demande lui est faite : elle lui donnera le nom de Jésus c’est-à-dire Dieu sauve. Cette demande est tout un programme : comment une mère serait-elle étrangère à l’œuvre de son fils ?

Quant à ce que sera cet enfant, l’ange le révèle : son nom est Fils du Très-Haut. Il recevra le trône de David pour un règne qui n’aura pas de fin.

Marie répond sur un plan tout humain, qu’elle ne connaît point d’homme. Mais l’Esprit-Saint viendra sur elle et la puissance du Très-Haut la prendra sous son ombre. La maternité d’Élisabeth, la stérile, confirmera cette annonce.

L’ange ajoute : « Aucune parole n'est impuissante quand elle est de Dieu. »

Tout est dit du côté de Dieu : Marie a été choisie pour une maternité unique, celle du Fils du Très-Haut, celle du Messie.

Bien plus que d’acquiescer à une conception miraculeuse, il lui est demandé à travers le nom qu’elle doit donner à l’enfant  d’acquiescer à la totalité du mystère du Christ. Elle ne sera pas seulement la mère d’un enfant, elle sera la mère du Sauveur.

Par un acte de foi fait au nom de l’humanité, Marie répond en écho à la parole de l’ange : « Qu’il soit fait de moi selon ta parole, » cette parole toute puissante qui vient de Dieu.

Parce que Marie est toute à Dieu, Dieu en elle fait de grandes choses. A travers elle, comme au jour de la première création, mais de façon plus belle puisque Marie est créature raisonnable, Dieu dit et les choses sont. Puissions-nous l’imiter !

En ce jour où bien des souvenirs nous ramènent dix ans en arrière, écoutons les mots prononcés par le Père Abbé Édouard au jour de sa propre bénédiction abbatiale le 7 octobre 1953 :

Majestueusement assise, deux anges derrière la tête, Notre Seigneur sur ses genoux la main levée pour bénir, pendant qu’Elle, dans un geste de souverain respect, soutient de la sienne le bras de son Fils comme pour provoquer ou s’associer à sa bénédiction, la Vierge Immaculée, la glorieuse reine du Ciel, la Reine du Rosaire, restée fidèle à son sanctuaire n’a pas cessé de le garder dans sa jeune splendeur et de chanter avec Lui son cantique de simplicité... J’aime y voir... comme une invitation à lui laisser faire de ce monastère dédié depuis toujours à sa glorieuse Assomption... un joyeux foyer de vie mariale, un paradis d’enfance spirituelle, de simplicité dans la liberté des enfants de Dieu, une source jaillissante d’eau vive et intarissable, une éternelle fontaine d’amour, Fons Amoris, donec dies elucescat, jusquà ce que paraisse le jour.

 

A l’école de nos Pères Abbés du Ciel, demeurons tels de petits enfants, les fils dociles et aimants de notre Vierge et Mère.

Amen.

 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 7 Octobre 2021

 

 

 

Solennité du Très Saint Rosaire 

 

La fête du Saint Rosaire qui est ce jeudi 7 octobre prochain, est célébrée aujourd'hui le premier dimanche d'octobre, mois dédié à ce Saint Rosaire.

L'épître de la messe d'aujourd'hui donne le ton de la fête lorsque nous entendons la Sagesse s'adresser à nous : Maintenant donc, enfants, écoutez-moi : bienheureux ceux qui gardent mes voies. Écoutez les instructions, soyez sages et ne les refusez pas. Béni soit l'homme qui m'écoute, et qui veille quotidiennement à mes portes, et attend aux poteaux de mes portes. Celui qui me trouvera trouvera la vie et sera sauvé par le Seigneur. (Proverbes 8 :32-35).

La Divine Sagesse personnifiée dans ce passage du livre saint est déposée par l'Église sur les lèvres de Marie Immaculée.

Écoutez-moi, dit-elle, en bonne Mère. Restez dans mes voies.

Comment s'en tenir aux voies de Marie, si ce n'est en contemplant les mystères de sa vie dans le très Saint Rosaire ? Écoutez les instructions et soyez sage. En effet, en accompagnant Notre-Dame et son Divin Fils à travers les divers mystères de cette grande prière, nous nous trouvons en train de devenir sages, à la fois en écoutant les paroles qu'ils prononcent, et en imitant les actions que nous les voyons accomplir.

Béni soit l'homme qui me soutient et veille quotidiennement à mes portes. D'innombrables maîtres se disputent notre attention. De nombreux enseignants nous disent qu'ils ont la solution.

Vraiment bienheureux sont ceux qui savent donner ce temps chaque jour pour veiller aux portes de Notre-Dame, considérant attentivement son rôle dans le salut de nos âmes. Celui qui me trouvera trouvera la vie et aura le salut.

Oui, en effet, car dans ces mystères du Rosaire se trouve la source même de la vie, Jésus-Christ lui-même. Mais pourquoi le Rosaire est-il une prière si puissante ? Je suggérerais un certain nombre de raisons.

Tout d'abord, c'est une simple prière.

Il unit des prières vocales facilement apprises à la contemplation des mystères de l'Evangile que nous connaissons tous pour les avoir entendus maintes fois. En compagnie de Notre-Dame, nous contemplons son Fils et les grands mystères de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.

Deuxièmement, c'est une prière humble et facile.

Tout le monde peut prier le chapelet. Il ne nécessite aucune grande expertise ou étude. Tout le monde peut le prier, du petit enfant qui commence à apprendre son catéchisme, au théologien expert qui connaît les tenants et aboutissants de la foi. Elle peut être priée par les personnes en bonne santé à qui elle enseigne comment faire bon usage de leur talent, et elle peut être priée par les malades qui n'ont pas l'énergie de l'esprit ou du corps pour faire plus. N'importe qui, à tout moment, peut saisir les perles sacrées et ainsi prendre et tenir la main de Notre-Dame sur le chemin du salut. Même si la fatigue ou la maladie empêchent de dire les prières ou de penser aux mystères, le simple fait de tenir le chapelet est une prière, en signe d'amour pour Marie et de confiance en elle.

Troisièmement, c'est une prière profonde. Les prières vocales qu'il comprend sont les deux prières les plus importantes de notre foi, contenant tout ce dont nous avons besoin pour obtenir. La prière du Seigneur, ou Notre Père, est la prière qui nous a été enseignée par Jésus Lui-même, et elle nous fait demander toutes les choses qui sont bonnes pour nous dans l'ordre du salut. Le Je vous salue Marie, dont la première moitié nous a été donnée par l'archange Gabriel et sainte Elisabeth, nous amène tout droit à la vérité centrale de notre foi, à savoir l'Incarnation du Verbe éternel dans le sein de l'humble Vierge de Nazareth.

Les mystères que nous contemplons sont ces mêmes mystères par lesquels Il nous a apporté le salut, et ainsi ils nous révèlent les mystères les plus profonds de Dieu.

Enfin, c'est une prière puissante. Il nous fait nous adresser à Dieu Tout-Puissant avec la prière toute-puissante et toujours efficace de son Divin Fils. Elle met sur nos lèvres les Noms salvateurs de Jésus et de Marie, qui sont la terreur de tous les démons de l'enfer. Elle pousse la Vierge la plus puissante, la Dame des Victoires, à intervenir dans nos vies, car elle attend toujours que nous l'impliquions.

Mes Chers Amis, l'humanité se trouve au bord du gouffre, au bord d'un désastre incalculable. Nos efforts humains pour lutter pour la vérité et la liberté sont nécessaires, mais ils sont très limités. Le Rosaire n'est pas limité. Il n'y a pas de grâce qui ne puisse être obtenue par la récitation du Rosaire. Ne manquons pas d'obéir à notre Mère qui nous dit de prier son Rosaire.

Elle sait ce qui est le mieux pour nous et elle veut nous sauver. Priez le Rosaire tous les jours. Il y a près de 20 ans, le Pape Saint Jean-Paul II nous a remis une belle lettre apostolique sur le Rosaire, qu'il a conclue par ces paroles fortes, que je fais miennes aujourd'hui :

« Que cet appel de moi ne passe pas inaperçu !

 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 5 Octobre 2021

 

 

 

 

 

 

Au fond , aucun des invités de la dernière heure ne possédait , au moment de son appel , la robe nuptiale; on la reçoit en entrant , on la tient de la générosité même de celui qui invite.

Car ce vêtement de noces qui nous permet de paraître au festin de Dieu, c'est la justice, c'est la  foi et la charité, c'est la communion à la vie et aux dispositions du Christ. 

Pourquoi l'invité a-t-il négligé de la revêtir? Pourquoi mentir au roi en paraissant aux noces de son Fils sans être l'ami de son Fils?  On ne s'introduit pas avec un vêtement souillé dans les splendeurs d'une fête...

   Pour un temps, au sein de l'Eglise, vivront confondus et assis, semble-t-il à une même table, les bons et les mauvais; mais le roi entre, soit au cours de cette vie, soit à la dernière heure, et rien n'échappe à son regard. L'interpellé se tait, parce qu'il n'a vraiment rien à répondre. Il est injustifiable.

  Il était si facile de faire comme tout le monde, et de revêtir , à l'entrée de la salle, cette robe nuptiale, qui ne coûte rien, et qui est la condition même de la participation au festin ! Alors la justice de Dieu s'exerce. Le repas a lieu le soir, comme de coutume; en dehors , tout n'est que ténèbres. Il n'y a de lumière que dans la salle du festin.

Et le roi dit aux serviteurs :" Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors. Là , il y aura des pleurs et des grincements de dents... "

 

dom Delatte . 

 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 27 Septembre 2021

 

 

 

 

 

Joseph Zieminski is a College III seminarian from the Diocese of Santa Rosa, California.

He was home-schooled his whole life and came to seminary right out of high school. He attended and led boy’s youth groups at his parish and he also served for Mass on a regular basis. Joseph now serves as one of our music directors at the seminary. Some of his special interests include liturgy, music, baseball, and ultimate frisbee. If you are discerning the priesthood, Joseph encourages you to keep close to Christ in prayer and remember that if you listen, He will always show you the way. Please pray for Joseph!

 

 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 28 Août 2021

 

 

 

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Fête de SAINT AUGUSTIN

PROFESSION SOLENNELLE

Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 28 août 2021)

 

 

Tu vois la Trinité, si tu vois la charité.

( De Trinitate VIII, 7, 12)

Chers Frères et Sœurs,
Mes très chers Fils, et vous particulièrement qui allez émettre vos vœux solennels de religion,

Cette formule tirée de l’œuvre de saint Augustin répond au drame de toute vie humaine inquiète de savoir d’où elle vient et où elle va, inquiète au fond de trouver Dieu, et pour cela d’en connaître le chemin. Augustin pose un jalon : il ne peut espérer voir Dieu, celui qui ne voit pas la charité.

Depuis que vous êtes entré au monastère, saint Benoît ne vous a pas conduit par un autre chemin, lui qui invite ses fils à « Chercher Dieu » en déployant les trésors Du bon zèle que doivent posséder les moines :

[Les moines], écrit-il, s’honoreront mutuellement... ; ils supporteront entre eux avec la plus grande patience les infirmités physiques et morales; ils s’obéiront à l’envi... ; nul ne recherchera ce qu’il juge utile à soi-même mais ce qui l’est à autrui ; ils se prodigueront en toute pureté une charité de frères. (Règle de saint Benoît, c.72)

A cette école, le monastère devient vite un atelier où tous s’empressent à la pratique de la charité, un atelier qui est le lieu favorable où le miracle de la transformation des cœurs s’accomplira :

Si la charité vous plaît quand on la loue, écrivait saint Augustin, qu'elle vous plaise tellement que vous la gardiez dans votre cœur.

Si l'on vous montrait un vase ciselé, doré, artistement travaillé, et si ce vase séduisait vos yeux, attirait sur lui l'attention de votre cœur, si la main de l'artiste vous plaisait, et le poids de l'argent et la splendeur du métal, est-ce que chacun de vous ne dirait pas : « Oh ! si je pouvais avoir ce vase » ?...

Or, on fait devant vous l'éloge de la charité. Si elle vous  plaît, ayez-la, possédez-la : il n'est besoin de voler personne,  ni de penser à l'acheter ; elle se donne pour rien. Prenez-la donc et attachez-vous étroitement à elle. (Commentaire sur l'Épître de saint Jean, VII, 9).

Le moine est par nature un conspirateur pour la cause de la charité. Tantôt il puise dans la respiration d’amour de sa communauté ; tantôt il l’alimente de sa propre respiration.

Dès les premiers jours de votre vie monastique, en vous confiant non en vos propres forces, mais dans la grâce que Dieu a promise à tous ceux qui espèrent en lui, vous avez reconnu que c’est Dieu seul qui était au principe de la vie de la communauté, comme au principe de la vôtre. Vous n’exprimerez pas autre chose aujourd’hui en frappant encore à la porte du cœur de Dieu : Recevez-moi, Seigneur, et je vivrai.

Saint Augustin, comme nous tous, a mis du temps à comprendre ce mystère de la présence de Dieu tout à la fois si actif et ignoré au cœur de nos vies. Voici comment il l’exprimait en d’inoubliables et admirables paroles :

Tard je t'ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t'ai aimée ! Mais quoi ! Tu étais au-dedans de moi et j'étais, moi, en dehors! Et c'est au-dehors que je te cherchais ; je me ruais dans ma laideur sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi, retenu loin de toi par ces choses qui ne seraient point, si elles n'étaient en toi.

Tu m'as appelé et ton cri a forcé ma surdité ; tu as brillé et ton éclat a chassé ma cécité ; tu as exhalé ton parfum, je l'ai respiré et voici que pour toi je soupire ; je t'ai goûtée et j'ai faim de toi, soif de toi ; tu m'as touché et j'ai brûlé d'ardeur pour la paix que tu donnes. (Conf. X, 27, 38)

Avec Dieu nous sommes et nous serons toujours en retard, lui nous devance, frappe sans relâche à la porte de notre cœur, rappelant qu’il est là.

Et que faire lorsque l’appel a été entendu ? Quelle mission nous attend ?

L’évangile de ce matin y répond : Vos estis sal terræ... Vos estis lux mundi. Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde. Cet appel, qui vaut pour tout homme, s’adresse en particulier aux religieux, et en tout premier lieu aux moines. Être sel, être lumière, cela semble si simple ! Le sel sale parce qu’il est sel, et la lumière rayonne parce qu’elle est lumière. Le convive se réjouit de la saveur d’un plat convenablement salé, et l’homme rend grâce pour les beautés de la création qu’il voit à la lumière du soleil.

Mais comment un moine, reclus derrière sa clôture, pourra-t-il rayonner? Comment pourra-t-il susciter dans le cœur des hommes une louange de gloire à Dieu ?

Comme le sel, comme la lumière, le moine rayonnera tout simplement par la fidélité à ce qu’il est, à sa vocation : qu’il cherche Dieu, qu’il soit l’homme du désir de Dieu. Déjà par ce qu’il est, la vie du moine est prière.

Écoutons encore saint Augustin :

Le désir est une prière continuelle, alors même que la langue garde le silence. Si tu ne cesses de désirer, tu ne cesses de prier. Quand la prière sommeille-t-elle ? Lorsque le désir s'est refroidi. (Serm. 80,7)

A la part de prière qui occupe le moine, s’ajoute celle du travail. Augustin, écrivait le Cardinal Ratzinger, « est devenu un homme de plus en plus ordinaire parmi les hommes, il est devenu le serviteur de tous, et ainsi il est vraiment devenu un saint. En effet, la sainteté chrétienne ne consiste pas en quelque chose de surhumain, en un talent ou une grandeur formidable que quelqu’un d’autre n’aurait pas. La sainteté chrétienne, c’est tout simplement l’obéissance, se mettre à disposition là où Dieu nous appelle, cette obéissance qui ne fait pas confiance à sa propre grandeur, mais qui accepte tout de la grandeur de notre Dieu. » (Dogme et Annonce, Paris, Parole et Silence, 2012, p.384)

Qui mieux que Marie a vécu ces lignes ?

Ce que vous admirez extérieurement en Marie, disait saint Augustin reproduisez-le dans l'intérieur de votre âme.

Croire de cœur pour être justifié, c’est concevoir le Christ ; confesser de bouche pour être sauvé, c’est l'enfanter. (Serm. 191,4)

Telle est aussi la vocation du moine : contempler et louer. Écoutons encore l’évêque d’Hippone chanter la beauté de celui qui a conquis, fasciné son cœur, votre cœur, nos cœurs :

Pour nous qui croyons, que l'Époux apparaisse toujours dans sa beauté. Il est beau comme Dieu, puisque le Verbe est Dieu ; il est beau dans le sein de la Vierge, où il se revêt de la nature humaine sans se dépouiller de la nature divine ; il est beau dans sa naissance, ce Verbe enfant. Il est donc beau dans le ciel et beau sur la terre, beau dans les entrailles virginales, beau dans les bras maternels, beau dans ses miracles et beau dans la flagellation, beau quand il nous invite à sa vie, beau quand il méprise la mort, beau quand il donne son âme et beau quand il la reprend, beau sur la croix, beau dans le sépulcre, beau dans le Ciel. (Tr. Psaumes 44,3)

Amen.

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Rédigé par Philippe

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