spiritualite

Publié le 20 Février 2021

 

 

" Vous bâtissez sur nos ruines antiques, vous réparez les brèches, vous restaurez notre demeure" dévastée par la souffrance, et vous en faites le monument de votre amour."

" La nuit de mon doute et de ma nostalgie s'est illuminée d'espérance ... " 

Jérémie. 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 19 Février 2021

 

 

Au pied de ta Croix, Bien-Aimé,
Jésus, mon Amour crucifié.
Je viens te redire de prendre
Mon cœur sans jamais me le rendre !


 

-Sainte Elisabeth de la Trinité

 

carmel de Dijon 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 19 Février 2021

 

 

 

 

   Pour qu'une barque puisse avancer, il faut qu'elle soit sur l'eau.

   Si je m'amusais à prendre l'eau au gobelet et à la jeter sous la barque, il y aura de l'eau sous la barque, mais jamais assez pour la soulever et pour la faire partir. Il faut une certaine quantité d'eau , on dit " un certain tirant d'eau" .

   De même pour l'âme. Pour être soulevée et emportée vers Dieu, il lui faut une certaine quantité de prière, un certain tirant de prière.  Plus la prière sera profonde et large, plus l'âme sera légère et rapide dans la poursuite de son Dieu. En revanche une prière mesquine, une prière au gobelet, laissera l'âme inerte et lourde, impossible à remuer.  C'est par vagues pressées et profondes que la prière doit venir assiéger l'âme pour la ramener un moment et pour toujours vers la haute mer. 

 

rp Bruckberger.  op . 

 

 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 18 Février 2021

 

 

     Mais il faut voir, en même temps que ce beau rayonnement de grandeur répandu sur la vie de Jésus,  toute la sainte patience qui s'en exhale. Dès les premières manifestations de son ministère, Jésus se heurte aux tristes misères et aux implacables méchancetés dont il doit mourir. La poignante histoire de sa tentation au désert montre qu'il n'a pas du tout l'intention d'échapper aux dures nécessités par des fausses grandeurs. Il est décidé à mener sa vraie grandeur dans la patience. Satan essaie en vain sur le Christ ce qu'il a tenté, et, je crois bien réussi, sur tant de chefs de peuples et de meneurs d'hommes: ils doivent ne se priver de rien, ils doivent s'imposer par beaucoup d'ostentation et par beaucoup d'empire. C'est une voie tout opposée que choisit Notre-Seigneur, celle qu'il saura si bien dire en ses béatitudes parce qu'elle est si entièrement et si résolument la sienne. 

   De temps à autre, la colère le prend, l'indignation lui arrache de dures imprécations. Mais tout cela est retenu, et sa patience au fond est inlassable. Par ce côté patient de sa vie, il s'apprend à souffrir, comme dit saint Paul, et il s'exerce à la grande obéissance de la croix. Nous avons là comme le revers et la contrepartie de sa grandeur. 

   Jésus se mêle sans précaution à tout et à tous. Vous le rencontrez dans la poussière des routes, dans la bousculade des foules, dans les celliers, dans les déserts, à la montagne et à la mer. Il ne mange pas toujours à sa faim. La fatigue le prend. Les gens le harcèlent. Ses ennemis l'espionnent, et il en est parmi eux qui ne plaisantent pas. Il accueille tout le monde. ll n'envoie promener personne. Il se fait le guérisseur des bancals, le prédicateur des petites gens, l'ami des pécheurs. Bien des fois vous l'eussiez vu, il ne fait pas figure de grand homme. Son précurseur, un vaillant lui aussi, avait eu l'intuition de cela lorsqu'il avait montré du doigt ce Messie sous le signe de l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Des prophètes l'avaient également prédit tel qu'un agneau qui se laisse tondre sans se plaindre et mener à la boucherie sans se révolter. 

 Nous sommes assez habitués à considérer cette patience de Jésus. Il nous semble même qu'elle nous est due et qu'elle va de soi. Il ne faut d'ailleurs ni l'exagérer ni l'édulcorer. Elle n'est empreinte d'aucune lassitude, d'aucune pusillanimité. Il ne faut surtout jamais la séparer d'avec les vertus de grandeur. La patience de Notre-Seigneur, envers nous, envers tout, est elle aussi, pleine de grandeur d'âme. Et il ne faut pas moins de force et d'énergie morale d'un côté que de l'autre. D'autant qu'elle est tout enveloppée, je veux dire de cette patience de Jésus, de beaucoup de condescendance et de ce que j'ai nommé la gentillesse. On est fort quand on est là. A peine deux ou trois fois on l'entend gémir de son isolement et de l'incompréhension qui l'entoure, comme la fois qu'il pousse cette plainte étrange, rapportée par les trois synoptiques : O génération incrédule et gâtée ! jusques à quand serai-je près de vous ? Jusques à quand vous supporterai-je? 

   Malgré tout, il nous supporte gentiment bien, notre Sauveur. Il se fait petit avec nous. Il nous mâche le pain de la vérité et de la vie. Il est toujours prêt à tout pardonner: vous savez jusqu'où il va dans ce sens. Il aime jusqu'à ses ennemis les plus déclarés, il ne fait que du bien à ceux mêmes qui le haïssent, il prie pour ceux qui le calomnient ou le persécutent, il bénit ceux qui le maudissent. C'est dire qu'il patiente avec tout ce qui est cause de sa mort. Et cependant ne croyez pas qu'il soit durci et insensible. Il a voulu donner aux témoins de sa transfiguration le spectacle navrant de son agonie. Nous sommes fixés à cet égard, et c'est là, dans cette nuit de Gethsémani , qu'il faut venir mesurer la patience de Jésus, la grandeur d'âme dont elle s'accompagne, et la force qui les nourrit l'une et l'autre. 

   En revanche, ces deux vertus de patience et de magnanimité qui ont rehaussé toute sa vie vont venir l'aider dans la mort. Vous méditerez la Passion sous ce double aspect.

   Vous verrez comme Jésus est grand dans sa Passion.

   Vous verrez comme Jésus est patient dans sa Passion.

   Et vous n'aurez pas de peine à démêler à travers cela l'étonnante fermeté d'âme qui porte en lui si haut la vertu de force.

   fr. Rogatien Bernard . +op 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 17 Février 2021

 

 

 

" Il renouvelle notre jeunesse

comme celle de l'aigle " 

ps. 102 

Dieu attend ma coopération .. Il donne des ailes à mon esprit, à mon coeur, de fortes ailes pour m'élever vers Lui. Si ce carême pouvait couper ce fil qui me tient à la patte , "mon moi" ,  ma misère, ma pauvreté, mes dégoûts, mes déceptions, les humiliations, le mépris, ... mes ras le bol.  

Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.. Nous oublier, sortir de nous pour voler vers Dieu, sinon notre esprit est trop replié sur lui-même, comme englué, dans la boue de ses fautes, 

nous dépérissons.. On en a tellement marre de soi. Ne pas se prendre pour ce qu'on est pas, ça c'est facile. On n'a pas fait de hautes études théologiques, !!!  pauvre de science et de culture devant Dieu. pas de risque de s'enfler d'orgueil. on reste un petit sans trop d'instruction juste ce qu'il faut. Le malheur de se savoir intelligent. Ca monte à la tête. Ca écrase l'autre. 

40 jours pour enfin voler pour de bon.  quelle misère.  Je vais redevenir jeune.. oups ! 

pour mon envol vers Dieu. L'aigle vole très haut vers la lumière. " Fils de lumière, nous faisons comme l'aigle lorsque nous nous consacrons au service de la lumière et produisons des fruits grâce à elle. ... pour que nous soyons "lumière du monde." Si , aidés de la grâce nous nous appliquons à la résurrection spirituelle, rien ne pourra lier nos ailes ni gêner notre envol vers Dieu... 

Etre libre. c'est pas la vie de famille qui pourrait me retenir, comme y en a pas, c'est peut-être ça qui retient mon envol.  y en a qui n'ont pas le temps de réfléchir et d'autres qui réfléchissent de trop alalala.. 

Jésus apprend moi à voler, mon dernier envol? qui sait ! 

miserere mei Deus... 

 

 

 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 17 Février 2021

 

 

"La très sainte Vierge nous apparaît ce jour comme ayant vis-à-vis de la croix l'attitude qu'il faut avoir, et que nous prenons d'ailleurs difficilement. Cette attitude est exprimée par deux mots de l’Evangile de saint Jean : stabat juxtaElle était tout près de la croix, et elle se tenait debout. Il faut d'abord se mettre tout près de la croix ; il ne faut pas faire comme les autres apôtres qui étaient debout, mais loin…

Il y a deux stabant qui nous sont exprimés dans l'Evangile. Il y a celui de l’Evangile de saint Jean, qui est l'Evangile intime : stabant juxta. Il y avait tout près, tout près de la croix, Marie, Mère de Jésus, Marie Cléophas, Marie-Madeleine et le disciple bien-aimé, c'est-à-dire les saints. Les autres évangélistes, qui sont peut-être un peu plus périphériques que saint Jean, qui voient plutôt ce qui est plus facile à voir humainement, ce qui est plus près de nos sens mais moins près de l'absolu, les autres évangélistes nous disent : stabant a longe. Il y en avait donc qui se tenaient debout, mais loin. C'étaient les autres apôtres ; et c’était leur malheur de se tenir loin…

Il faut les deux : il faut se tenir tout près de la croix, et il faut être debout. Debout, parce que c'est l'attitude du courage et parce qu'on est ainsi plus près de Notre-Seigneur. Si vous étiez près de la croix sans être debout, affaissés, par exemple, déprimés, vous seriez près de la croix elle-même, près du pied de la croix ; mais vous seriez beaucoup plus loin de Notre-Seigneur qui ne touche pas terre, plus loin de son cœur divin. Comme il s’agit surtout d'être près de Notre-Seigneur et même comme nous ne voulons être près de la croix que pour être près de Lui, alors nécessairement il faut être debout.

C'est très difficile d’unir ces deux choses. Ce n'est pas très difficile d'être debout loin de la croix, comme les autres apôtres. Rester debout quand on considère de loin ces choses, quand on ne s’approche pas trop, cela peut aller. De même, il y en a qui sont près de la croix, soit qu'ils la cherchent, soit que Dieu leur fasse une sainte violence. Seulement ils sont pour ainsi dire trop près de la croix pour se tenir debout ; ils ne peuvent pas supporter ce voisinage et surtout ce contact terrible. Le juxta nuit au stabat. Ils sont là, trop près de la terre et dans la mesure où ils sont déprimés, où tout s’abaisse en eux, ils ne sont pas assez près de Notre-Seigneur. C’est pourquoi de grands théologiens s'insurgent si énergiquement contre les peintres qui, représentent la très sainte Vierge pâmée au pied de la Croix ou ayant besoin d'être soutenue par l'un ou l’autre. Ils disent : non, c’est impossible. Parce que la très sainte Vierge aurait été ainsi un peu moins près de Notre-Seigneur ; elle aurait perdu ne fut-ce que quelques centimètres de cette proximité. Et elle ne l'aurait jamais accepté ! C'est d'ailleurs contre la parole de l'Ecriture qui nous dit que la mère de Jésus se tenait debout : stabat . 

Dans le stabat, cette prose admirable, où toutes les choses sont si merveilleusement exprimées, remarquez qu'on demande précisément à se tenir debout, au pied de la croix. Et on indique le moyen, le seul pour le chrétien. Le seul, c'est d'être avec la Sainte Vierge :  Juxta crucem tecum stare. 


Me tenir là, debout près de la croix avec vous, ô Marie !


Trois mots : stabat juxta  s (ce sont les mots de saint Jean) et tecum  (c'est le mot glissé entre les deux autres par la sainte liturgie). Jamais vous ne saurez unir ces deux choses : être tout près de la croix et être debout, si ce n’est avec Marie et en Marie. Certains hérétiques ont voulu rester tout près de la croix sans la très sainte Vierge, et ils n'y sont pas restés longtemps, je vous prie de le croire !… On ne le peut que par elle et en elle. Personne ne le peut autrement. La croix est trop terrible. (…)

(…) Rappelons-nous ces deux mots d'aujourd'hui :stabat Mater.  Ces deux mots sont unis de la façon la plus intime. Elle était debout parce qu’elle était mère, mère de ce Jésus qui mourait et notre mère à nous. Elle était debout pour être le trait d'union entre ces deux maternités. Sa tête et son cœur étaient si haut, précisément, pour être tout près de son Fils ; et ses pieds touchaient notre terre pour être tout près de nous qui sommes aussi ses enfants.


Alors contemplant tout cela vous comprendrez pourquoi les deux stabat de Jésus et de Marie, pourquoi ces deux stabat qui n'en font qu'un appellent le ecce mater tua : voilà ta mère…
(…) elle est debout parce qu'elle est mère, et cette mère-là est nécessairement debout. Alors Jésus peut dire : « Voilà ta mère » et Marie peut dire : « J'attirerai tout à moi comme mère… ». (…)"

rp Thomas  Dehau op+ 
 

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Rédigé par Philippe

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Publié le 16 Février 2021

 

 

" O mon Christ aimé, crucifié par amour . " 

ste Elisabeth de la Trinité. 

 

   Notre Seigneur est à nos yeux le prince des martyrs, le modèle des héros chrétiens, le prototype de la vertu de force. Nous pensons même qu'il a donné à cette vertu un tour nouveau, une perfection jusque là inouïe, un sens tout à fait inédit. C'est lui qui l'a rendu chrétienne. Depuis lui, et par l'effet d'une grâce qui découle de lui en nous, nous avons d'autres façons et d'autres raisons que les païens , d'être forts. C'est spécialement devant la mort que le chrétien fait ses preuves. C'est aussi là que Jésus Christ a fait les siennes. 

   Sa mort a été, toute sa vie présente à son esprit. Elle est restée vraiment la grande affaire de sa vie. On peut dire que c'est dans la prévision de sa mort qu'il a donné toute sa mesure et déployé ainsi toute sa force , une véritable vertu de force. C'est par là qu'il se dresse de tout son haut et qu'il s'affirme dans la plus entière possession de soi et de tout. Vous vous souvenez des propos surprenants qu'il tient à ce sujet et que rapporte saint Jean : Si le grain ne meurt, il demeure seul; mais , s'il meurt, il porte beaucoup de fruit... Et moi, quand j'aurai été élevé de terre, je tirerai à moi tous les gens... Il disait cela , explique saint Jean, pour indiquer de quelle mort il allait mourir. 

   C'est dans la mort qu'il a mis le sceau à son Incarnation: on ne peut douter de la sincérité de celle-ci quand on sait que Jésus est mort comme il a fait. C'est dans la mort qu'il a mis le prix de notre Rédemption et qu'il en a puissamment fondé l'ouvrage: les rachetés du Christ le sont au prix de son sang, l'Eglise du Christ est née dans le sang de ce martyr. C'est dans la mort que Jésus a fourni le plus grand témoignage de son attachement à nous: Personne, dit-il, n'a plus de vrai amour que celui qui offre sa vie pour ses amis. C'est là qu'il cherche et qu'il trouve le plus sûr moyen d'étendre son règne sur nous et d'assurer notre incorporation à lui. Les premiers chrétiens ont tout de suite compris l'importance capitale de cette mort, et c'est pourquoi ils y ont trouvé un si grand culte. Il n'y a qu'à voir la place qu'en occupe le récit dans les quatre évangiles. 

   Il faut bien remarquer le caractère pleinement délibéré et parfaitement résolu de cette mort. Rien n'y est fatal. Tout y est cherché. Jésus meurt dans la force de l'âge aussi bien que dans la force de son âme. S'il est victime, c'est qu'il le veut bien. Par une vue qui lui parait toute simple , il se considère comme un bon pasteur qui offre sa vie pour les brebis de son troupeau: il tient là-dessus des propos , qui sont bouleversants , de gentillesse et de don de soi. Cependant il souligne hautement la vigueur de l'acte et la valeur du don : Ma vie, dit-il,, personne ne me l'enlève, c'est de moi-même que je l'offre, j'ai le pouvoir de l'offrir et j'ai aussi celui de la reprendre, tel est l'ordre et le mandat que j'ai reçu de mon Père. Tout parait se liguer contre lui, mais c'est lui qui veut bien se livrer. Rien ni personne n'aurait pouvoir sur lui si lui-même ne s'y prêtait. Il meurt de mort violente. Il est odieusement condamné, honteusement exécuté. Il ne s'en plaint pas. Plus ils sont enragés à le perdre, plus il est ardent à les sauver. Où sont la haineuse illusion de l'écraser, il se fait fort de vaincre. 

   Une objection peut se lever ici dans nos esprits. Jésus sait où il va, il sait qu'il en sortira, il sait qu'il s'en tirera: de cela nous ne pouvons douter. Si donc ni la mort en soi, ni sa mort à lui n'ont pour lui aucun mystère, nous sommes enclins à penser qu'elles ne doivent point tant lui causer d'épouvante: cependant c'est un fait qu'il en a .  Nous touchons sur ce point les profondeurs de Jésus-Christ. Ces profondeurs, il ne nous appartient pas de les mesurer sur nous, c'est à nous d'essayer de nous étendre jusqu'à elles. Il faut tenir tous les fils, et prendre les faits comme ils sont. Jésus n'en a aucune simagrée devant nous ni devant Dieu. Il n'a pas fait semblant de mourir. Il n'a pas simulé la peur de mourir. Sa mort a été bien réelle, et des plus atroces. Elle lui a fait peur plus qu'à nous. Il faut prendre cela au sérieux, au tragique même. Et , comme nous sommes pourtant bien sûrs qu'il avait tout sous son regard, l'avenir ainsi que le présent, l'éternité ainsi que le temps, nous sommes amenés à conclure que ce qui l'épouvante dans la mort, ce n'est pas l'inconnu qu'elle recèle, c'est au contraire l'immensité qu'il y voit. Pour le moment, il nous dit qu'il est dans le bain et que sa mort est un calice bien amer à boire: sur ce nous devons le croire, et nous voyons qu'il dit vrai et qu'il est terriblement angoissé jusqu'à ce que ce soit accompli.

   Il n'y a donc pas à définir la vertu de force autrement pour lui que pour nous. Elle est cette fermeté d'âme qui fait qu'il ne va pas broncher devant la mort. Le point cardinal de la force morale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il faut oser le dire, a été son équilibre et son parfait aplomb par rapport à la mort. 

   Il a été fort parce qu'il a eu le courage et l'intrépidité d'affronter les périls et les peines qui le menaient là. Il a été fort parce qu'il a su dominer les frayeurs et les craintes que ressentait son âme, sa grande âme humaine. Il a été fort parce qu'il a su dompter ses colères généreuses et modérer ses plus légitimes et ses plus saintes irritations, pour aller mourir comme il fallait qu'il mourût. Il a été fort parce qu'il a su demeurer dans tout cela noblement et simplement soi-même, l'élu de Dieu , le sauveur et l'ami des hommes.  Enfin et surtout il a porté la vertu de force au plus haut degré de perfection parce qu'il su imprimer à sa mort, pourtant hideuse à tant d'égards, la sainteté et la solennité des grandes causes dont il s'inspirait et pour lesquelles il se sacrifiait: il revêt dans la mort toute la majesté du père ou de la mère  même , qui se sacrifie pour ses enfants, du prince qui meurt pour son peuple, du prêtre qui meurt pour son Dieu. Je meurs, dit-il pour que vous viviez.  

   Nous pouvons donc penser qu'il meurt de sa plus belle mort et que la force dont il a fait preuve a l'éminente qualité du martyre.

   Lorsque Jésus commence sa vie publique, il sait qu'elle sera de courte durée. Il lui faut en très peu de temps mener à bien de grandes choses. Dès lors, on dirait que la brièveté des jours et l'exiguïté des éléments dont il dispose ne font qu'augmenter la magnanimité des vues qu'il a , la portée des enseignements qu'il donne et des institutions qu'il fonde . Il dit et il fait avec une sorte de naturel et de simplicité qui ajoute à sa grandeur. La mort qui le guette l'oblige, non pas certes à faire vite, mais à voir grand et à faire grand. Il est splendide comme un créateur, qui se joue du temps et du néant. Il  va fonder et lancer sa société religieuse, bâtir son Eglise comme il dit, en un rien de temps. Il fait ses plus grandes révélations avec des mots de son pays, il élève sa construction avec des hommes et des choses de chez nous, du pain, du vin, des paysans, des marins; mais fortement il pose sur tout et sur tous sa propre grandeur, et de ses mains l'oeuvre sort magnifiée, consolidée, avec tous les promesses du temps et de l'éternité. Il fait preuve, en toute cette entreprise, d'une grandeur d'âme qui est incomparable. Il se sent d'autant plus fort qu'il sait que sa mort même, bien loin de tout compromettre, apportera une suprême consécration à tout ce qu'il est et à tout ce qu'il fait. Aussi est-ce sur cette avenue de grandeur qu'il invite à le suivre et qu'il entraîne ses vrais disciples. 

   Pour être dignes de lui, pour pouvoir faire route avec lui,  nous devons voir grand comme lui et nous devons être prêts à nous sacrifier pour les grandes causes qu'il sert, auxquelles il a si magnifiquement voué sa vie. 

   Cette mort même qu'il voit venir, cette croix qui le hante, il les pare de magnificence, il les auréole de sa grande âme. Il les associe à ses plus hautes révélations et aux plus beaux moments de sa vie. Il les fait pressentir aux maîtres en Israêl dans ses soirées de Jérusalem. Il les annonce gravement à Pierre et aux apôtres après qu'ils l'ont proclamé le Christ Fils de Dieu vivant. Il s'en entretient dans la gloire de la transfiguration avec les deux grands hommes de l'ancienne révélation, Moïse en qui se résume toute la Loi et Elie en qui se récapitulent tous les prophètes. 

   Il salue sa Passion comme ce qui est écrit et prédit de lui, c'est-à-dire comme la pensée du Père et comme la volonté du Père. C'est sa mort enfin qu'il va investir d'une véritable pérennité par l'invention prodigieuse de sa sainte Cène: toujours il rassemblera ses fidèles autour d'elle , et c'est par elle qu'il ouvre à lui comme à eux la bienheureuse éternité. Elle explique l'intrépide grandeur de sa vie. 

   De cette acceptation de la mort, de cette consécration par la mort, il tire véritablement toute sa gloire. Il l'appelle son heure, il l'appelle sa gloire. Il y met son point d'honneur. Il se fait fort par là de tout sauver. Sachant que son Père lui a tout mis dans les mains et que c'est de Dieu qu'il est sorti et que c'est vers Dieu qu'il s'en va, il sait aussi que son heure viendra et que c'est pour lui le grand moyen, royal et sacerdotal toujours, de remonter vers son Père et d'y emmener tous ceux que son Père lui a donnés.    

    rp Bernard op + 

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Publié le 16 Février 2021

 

    La prière est le plus haut exercice de vaillance qui soit. Il exige un élan sans cesse renouvelé de tout l'être. Un ancien règlement français de cavalerie a cet axiome admirable :" Jette ton coeur par-dessus l'obstacle et ton cheval ira le chercher ! " L'obstacle est ici l'univers entier. Il faut jeter son coeur le plus loin possible, par delà les sommets du ciel.

   La prière, c'est l'ombre de la mort sur notre âme. " Quand je traverserais l'ombre de la mort, je ne redouterais rien, parce que Tu es avec moi. "

   Dieu n'est avec nous que si nous avons d'abord consenti à traverser cette ombre horrible de la mort. On se met en présence de Dieu comme on meurt. Mourir, c'est abandonner son âme. Prier, c'est aussi détacher son âme de tout et de soi-même , pour l'abandonner aux mains de Celui dont saint Paul a écrit qu'il est horrible de tomber aux mains du Dieu vivant.

   Oui , c'est bien le moment de déployer toute sa vaillance et comme me le disait un petit Français de six ans :" Je ne recule jamais. - Alors , c'est que tu n'as jamais peur ? - Oh si, j'ai peur, mais quand j'ai peur, j'avance!"

   La prière est vraiment l'ombre de la mort: elle en a la forme et toutes les exigences. Le langage chrétien dit d'ailleurs de quelqu'un qui vient de mourir: il a paru devant Dieu. C'est bien une expression équivalente à celle : mettons-nous en présence de Dieu. C'est pourquoi encore les anciens Juifs avaient bien vu que nul ne peut voir Dieu sans mourir.

   Le détachement de la mort est préfiguré dans celui qu'impose la prière. Il faut abandonner les biens extérieurs, les amis, les êtres les plus chers; et puis le corps lui-même s'obscurcit, se refroidit, on abandonne son corps; l'âme elle - même est livrée à l'inconnu, elle est précipitée de tout son haut dans l'abîme vertigineux de l'au-delà: nous appelons cela mourir.

  Je crois que c'est aussi prier et que, dans la prière, il faut se résoudre à faire tous ces abandons volontairement, en détournant notre affection de tous ces objets, comme en mourant on le fait par force. Si les saints d'ailleurs meurent si facilement, c'est qu'en priant de tout leur coeur et depuis longtemps, ils ont pris pour ainsi dire l'habitude de mourir. 

 

RP Bruckberger op +

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Publié le 12 Février 2021

 

 

 

" Voici que nous montons à Jérusalem..!"

 

   Deux mystères sont exprimés dans le signe de la Croix, l'un par les paroles prononcées, l'autre par le geste qui accompagne ces paroles et en ce double mystère, c'est tout le dogme et la morale qui sont contenus, c'est tout le drame de notre existence qui est évoqué.

   Jamais les païens ou les philosophes n'ont prononcé ces simples mots que balbutie un enfant: " Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. " En ces paroles c'est notre foi en Dieu qui est affirmée. 

   Le mystère de  Dieu est impénétrable: toute sagesse des sages de ce monde serait impuissante même à en soupçonner la grandeur. Mais pour le plus petit des disciples de Jésus, un coin du voile est levé, il sait que Dieu est société: Père, Fils, Esprit. L'intelligence se perd, elle entre dans l'épaisseur du mystère divin et, du coup, elle devine quelque chose du bonheur de Dieu. La révélation de la Trinité c'est pour nous la révélation de la béatitude suprême. Le signe de la croix est une profession de foi au bonheur.

   Car, ce bonheur ne nous est pas étranger. Les païens ont pu concevoir que Dieu fut heureux, mais après des siècles de réflexions et d'efforts, devant l'inutilité de leurs vertus pour s'élever au-dessus d'eux-mêmes et améliorer l'humanité, ils concluaient à deux mondes séparés à jamais. Rien de plus tragique, de plus désespéré que ce mot qui résume la sagesse antique :" Les dieux sont les dieux, les hommes sont les hommes " . D'un côté, l'univers de la souffrance et de la mort, de l'autre, l'univers du bonheur. On appartient à l'un ou à l'autre. On ne passe pas de l'un à l'autre. 

   La révélation chrétienne renverse tout cet échafaudage. Elle ouvre, il est vrai, de tels aperçus sur le bonheur de Dieu, elle le situe si haut, elle donne de tels motifs d'en concevoir la transcendance qu'on aurait pu croire les ponts à jamais coupés. 

   Il n'en est rien : tout au contraire celui-là même qui apporte cette Révélation, Jésus, est précisément celui qui renverse le mur de séparation, il est selon le mot si profond de sainte Catherine de Sienne, le Pont jeté entre le ciel et la terre. Une perspective nouvelle s'ouvre devant nous: Dieu est heureux, souverainement heureux, il n'a pas besoin de personne, et cependant s'il a créé des hommes, ça été par amour et comme pour étendre son bonheur.

   La béatitude de la Trinité éclate: s'il y a des hommes et des anges, c'est que Dieu - par amour - a voulu les associer à son bonheur. Ainsi affirmer la Trinité, faire le signe de la Croix, c'est affirmer le bonheur, celui de Dieu, mais aussi celui des hommes appelés à partager la béatitude divine; les paroles du signe de la Croix sont une profession de foi en la béatitude, elles recouvrent ces derniers mots qui achèvent comme un cri de victoire notre Credo: Je crois en la vie éternelle.

   Or voici que le geste qui accompagne ces paroles va à l'encontre de ce que j'affirme.

   La croix, c'est l'instrument de torture. La souffrance ne suffisait pas. Ce n'était pas assez de la faim et du froid, de la maladie et de la mort, il fallait que les hommes, compagnons de misères s'ingéniassent encore à se faire mutuellement souffrir. Il fallait - c'est Jésus qui le dit- que ce bonheur que j'évoquais à l'instant nous fut acquis au prix des souffrances de l'Homme-Dieu. Dieu est heureux, souverainement , inébranlablement heureux dans sa Trinité et voici que la béatitude qu'il nous veut, c'est par la Croix qu'il nous l'obtient; le bonheur c'est au prix du malheur qu'il nous le donne.

   Or ce signe, ce signe de mort et de désespérance, c'est sur mon corps que je le trace comme pour dire que, moi aussi, je suis voué à la souffrance, fut-elle injuste, que j'accepte cette souffrance et que je la veux. Mystère, mystère encore et qui va, semble-t-il à l'encontre du premier. 

  La Trinité nous entrainait vers les hauteurs, au-delà de tout bonheur concevable, la  Croix nous ramène sur la terre et nous force à regarder en face - pour l'aimer - une souffrance que nous fuyons de toutes les forces de notre être. Les paroles affirment, le geste qui accompagne les paroles nie, ou plutôt, les paroles affirment, le geste affirme, et ces deux affirmations vont en sens diamétralement opposé. Mais parce que geste et parole forment un tout, ils constituent l'affirmation la plus dissonante, la plus scandaleuse , la plus mystérieuse qui se puisse concevoir. 

   On comprend le cri des Juifs assistant à la Passion, de ceux-là qui, séduits par la grandeur du Christ, se demandent au Calvaire, si celui qu'ils viennent de crucifier ne serait pas le Fils de Dieu: Descends de la Croix et nous croirons en toi. Ainsi parle la sagesse humaine . La sagesse divine a un autre langage, et le Christ, Sagesse de Dieu expire sur un gibet.

   L'homme ne comprend pas la souffrance: tout au plus peut-il l'accepter comme un fait qui reste une pierre d'achoppement pour son intelligence et qu'il ne sait comment concilier avec la bonté et la puissance de Dieu. On a vu les philosophes, tour à tour, nier la souffrance pour mieux affirmer la transcendance de Dieu ou nier Dieu pour être fidèle à la logique de la souffrance.

   Le signe de la Croix laisse bien en arrière ces sagesses trop courtes; dans un même geste, il affirme , d'une part, Dieu , son bonheur, son amour pour nous, notre vocation à la béatitude et d'autre part il reconnait l'existence d'une souffrance qu'il accepte et qu'il va jusqu'à aimer. 

  Contradiction! non, mystère, mystère de notre vie, mystère du Christ. Car c'est en Jésus-Christ qu'une première fois s'est réalisé ce mystère de la coexistence et de l'accord du bonheur suprême de Dieu et de l'extrême souffrance de l'homme. 

   Au temps de Pâques, l'Eglise honore tout spécialement les stigmates du Christ. Elle ne fait en cela que continuer le geste du Christ qui apparaissant à ses disciples se plait à leur montrer les plaies des pieds, des mains et du côté. Les stigmates sont devenus signes de gloire, eux qui furent source de souffrance. La souffrance de Jésus devient source et cause de bonheur pour lui-même et pour nous. La Croix, le signe de la Croix domine le monde, le nôtre et celui-là-même de la gloire.

   C'est pourquoi le signe de la Croix marque nos existences du sceau de son double mystère, il accompagne tous les sacrements depuis le baptême où l'on en marque le néophyte sur le coeur et sur le front (afin que son amour et son intelligence soient ouverts à la charité et à la foi) jusqu'à ces onctions en forme de croix que l'on fera, au dernier jour, sur le moribond. C'est du signe de la Croix que l'on confirmera, que l'on pardonnera, que l'on marquera les nouveaux conjoints: l'Eucharistie, ce mémorial de la Passion , on ne la donnera pas sans avoir tracé avec le pain sacré le signe de la Croix; par lui enfin commencent et s'achèvent nos prières. Bien plus, c'est d'un signe de Croix que l'on bénira: le signe du mépris et de la torture est devenu en christianisme celui de la bienvenue et de la bénédiction.

   Heureux l'homme qui comprend ces choses, car ce ne sont pas la chair et le sang qui les enseignent ! Seul ! le Père les peut révéler.

   L'enfant s'étonne quand il apprend le signe de la Croix est le résumé de toute la religion. Les gestes les plus simples sont aussi les plus expressifs. Dieu n'est-il pas la simplicité même

   " Stat crux dum volvitur orbis - La croix demeure tandis que l'univers s'écoule."

   Telle est la devise des Chartreux. En ces temps si troublés où toute valeur semble sombrer, il faut regarder la Croix et se conformer à elle. 

   Jadis les grands calvaires jalonnaient nos routes. Notre route aussi nous fait découvrir la croix à plus d'un tournant de notre vie. Signe de contradiction, signe de mort, croit-on, signe de vie plus encore. Oui, il y a la souffrance et l'injustice de la mort, mais il a aussi la vie et c'est en la croix qu'elle est cachée.

   Je crois à la vie éternelle parce que ma foi va d'abord à Jésus crucifié. Et si cette souffrance est pour moi si mystérieuse, si incompréhensible que toute parole se refuse à en parler et que dans le signe de la Croix ce n'est que d'un geste que je l'évoque, mes lèvres prononcent ces mots si grands qui définissent le mystère du bonheur, j'affirme notre vocation au bonheur au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. 

   RP Louvel op + 

 

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Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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Publié le 11 Février 2021

 

photo : petit Placide . 

 

Eau de Crystal,

priez pour nous. 

 

   

   Est-il de souffrance plus profonde au coeur de l'homme que celle qu'il éprouve des mensonges auxquels il est asservi, parce qu'il a confondu sa personne et son personnage.

   Nous savons bien, et Pascal nous l'eût appris, que nous ne  nous faisons pas seulement par le dedans, par l'esprit. Du dehors, et par nos gestes, la machine nous engage dans l'humilité, le respect, la force. Ainsi l'éducation, les fonctions sociales tendent-elles à nous faire un personnage; mais c'est dans l'espoir que du geste et de l'attitude il se fera un passage dans le coeur.

   Le danger est que sournoisement, lâchement, nous découvrions que le personnage suffit; et qu'au dedans de nous, nous pouvons toujours demeurer méprisants, si la parole est déférente; hostiles, si le sourire est bienveillant. Au lieu de façonner notre personnage, notre personnage s'est durci en un masque étranger à notre vrai figure. Il suffit qu'il y soit bien appliqué. 

   Alors tombe sur nous la nécessité implacable de " faire notre personnage", de "tenir" surtout notre personnage . 

   Mais quelle lassitude nous accable! Il y a si longtemps que nous portons ce masque! Ca été la fin de notre âge d'enfants. Politesse et bientôt dissimulation de ce qu'on pense, de ce qu'on aime. Face de savoir , cachant nos ignorances. Face de puissance, comme ces masques chinois, comme ces casques à crinière, rostro feroce, pour tenir en arrêt nos ennemis. Tout ce harnachement, cette armure de fer, où il faut se raidir pour faire figure dans la carrière, dans les affaires, dans le monde. Face, la plus lourde à porter, des vertus, grimace de justice, facies d' impeccabilité, sous lesquels pourrissent nos plaies secrètes. Persona , quelle ironie en ce mot dont nous avons fait: personnage, personne, et qui nativement signifiait masque simplement. 

   Jeter bas les masques! Bien sûr, on espère la solitude, la nuit pour, sans témoin, reprendre son vrai visage. Quand on est encore jeune. Au début du métier. Pour se laver des sueurs qui collent et  respirer. Et puis , on se fait à tout. On craint, si l'on arrête son jeu, de ne plus pouvoir le reprendre. On est dupe du personnage qu'on se joue à soi-même et l'on finit par y croire. 

   Malheur à l'homme qui ne veut pas s'avouer son dégoût du mensonge où il s'est engagé! Et ce qui a réussi à ne plus être gêné par ce carton collé à son visage; qui ne se connaît plus que par le reflet de cette figure en sa glace ; et qui meurt dans son personnage! Hypocritae! Masques! c'est le seul mot impitoyable de l'Evangile. 

   Ils avaient bien raison, les Pharisiens, quand ils confessaient que lui, Jésus-Christ ne " regardait pas au masque des hommes " .

   Or, si sot qu'en soit le dessein (sachant d'ailleurs que nous ne le tromperons pas), c'est plus fort que nous, face même à Dieu, nous paradons. Vainement; tant que l'on voudra. Mais la peur est plus forte. Nous tenons cela d'Adam qui, le premier, couvrit sa nudité de cette ridicule ceinture de feuilles de figuier. -  " Pudeur ", dit-il à Dieu qui s'étonnait. Son premier mot était plus juste. " J'ai eu peur " ,avoua-t-il d'abord. 

   " Figure-toi, disait donc Péguy à son ami, comme lui redevenu chrétien, figure-toi que pendant dix-huit mois je n'ai pu dire mon Notre Père que votre volonté soit faite ! Je ne pouvais pas dire vraiment : Que votre volonté soit faite!

Alors, je priais Marie.  ... Dans le mécanisme du salut, l'Ave Maria est le dernier secours. Avec lui , on ne peut -être perdu. " 

  ... l'envie d'en finir avec le mensonge; parce qu'Elle est si simple, si candide qu'on n'a même pas envie de plaider, pour obtenir un accueil déjà offert, pour voiler une plaie déjà aimée. On ne redoute rien d'Elle, parce qu'Elle ne se scandalise de rien; Elle a déjà tout expié... 

   Refuge des pécheurs ! ... 

 O Reine, voici donc après la longue route,

Avant de repartir par ce même chemin,

Le seul asile ouvert au creux de votre main,

Et le jardin secret où l'âme s'ouvre toute.

 

Voici le lieu du monde où tout devient facile,

Le seul coin de la terre où tout devient docile,

Et ce même vieux coeur qui faisait le rebelle,

Et cette vieille tête et ses raisonnements;

Et  ces deux bras raidis dans les casernements;

Et cette jeune enfant qui faisait trop la belle.

 

Voici le lieu du monde où tout rentre et se tait,

Et le silence et l'ombre et la charnelle absence,

Et le commencement d'éternelle présence,

Le seul réduit où l'âme est tout ce qu'elle était.

 

Ce qui partout ailleurs est une dure loi

N'est ici qu'un beau pli sous vos commandements,

Et dans la liberté de nos amendements,

Une fidélité plus tendre que la foi. 

 

P. Paul Doncoeur 

 

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Rédigé par Philippe

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