Ecoutons maintenant ce qui arriva à l’aveugle et ce qu’il fit : « Et à l’instant même il vit, et il allait à sa suite ». L’homme qui comprend le bien et le met en pratique, celui-là voit et suit.
Mais celui qui comprend le bien et néglige de le mettre en pratique, celui-là voit mais ne suit pas.
Donc, mes très chers frères, si nous nous reconnaissons aveugles dans notre cheminement, si, croyant au mystère de notre Rédempteur, nous nous asseyons près du chemin, si chaque jour nous demandons la lumière à notre Créateur par des prières suppliantes, si, après avoir été aveugle, notre intelligence est illuminée par cette même lumière, suivons Jésus par les actes après L’avoir reconnu par l’esprit !
Regardons par où Il passe et attachons-nous à ses pas en L’imitant ; car c’est en imitant Jésus qu’on Le suit, Lui qui a dit aussi : « Suis-moi et laisse les morts enterrer leurs morts » . Oui, suivre, c’est imiter : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ».
Considérons donc par où Il passe, pour parvenir à Le suivre : Lui, le Seigneur et le Créateur des anges, a daigné assumer notre nature qu’Il avait créée et venir dans le sein de la Vierge. Et dans ce monde, Il n’a pas voulu naître de parents riches, mais Il a choisi des parents pauvres. C’est pourquoi on ne put offrir pour Lui l’agneau et sa mère offrit en sacrifice de jeunes colombes et une paire de tourterelles.
Il n’a pas voulu être en vue dans le monde ; Il a enduré l’opprobre et la dérision ; Il a supporté les crachats, les fouets, les soufflets, la couronne d’épines et la croix ; et parce que nous sommes tombés loin de la joie intérieure à cause des plaisirs charnels, Il montre quelle amertume il faut traverser pour y revenir. Oui, que ne doit souffrir l’homme pour lui même, si Dieu a tant supporté pour les hommes !
Celui qui déjà a foi dans le Christ, mais qui continue à rechercher le gain avec rapacité, qui se laisse enfler d’orgueil par les honneurs, qui s’enflamme d’envie pour des apparences, qui se souille dans l’ordure de la débauche, qui convoite la prospérité de ce monde, celui-là dédaigne de suivre Jésus en qui cependant il croit.
Vraiment, il prend un autre chemin, celui qui convoite les joies et les délectations lorsque son guide lui montre le chemin de l’amertume !
Remettons-nous donc sous les yeux les péchés que nous avons commis.
Considérons ce Juge redoutable qui doit venir nous corriger. Accoutumons notre esprit aux lamentations ; que notre vie devienne amère dans la pénitence en ce temps-ci pour ne pas être amère dans l’éternité. Ce sont les larmes qui nous conduisent à la joie éternelle, comme l’a promis la Vérité qui dit : « Bienheureux les affligés, car ils seront consolés » . C’est par les plaisirs que l’on parvient aux gémissements, la Vérité l’atteste en disant : « Malheureux vous qui riez maintenant, car vous pleurerez et vous gémirez » . Donc si la joie de la rétribution est notre but, gardons en cette vie l’amertume de la pénitence.
Et ainsi non seulement notre vie s’accroît en Dieu, mais notre conversion elle-même enflamme les autres à la louange de Dieu. C’est pourquoi il est écrit : « Tout le peuple voyant cela fit monter ses louanges vers Dieu ».
Voyez comment disparaît tout ce que vous faites ! Et, que vous le vouliez ou non, comment vous vous hâtez sans le moindre délai vers le jugement ultime ! Pourquoi donc aimer ce que nous devons quitter ? Pourquoi négliger le lieu où nous devons aller ? Souvenez-vous qu’il est écrit : « Entende qui a des oreilles pour entendre ! » Or tous ceux qui étaient là avaient des oreilles, des oreilles de chair ! Mais Celui qui a dit à ceux qui avaient des oreilles : « Entende qui a des oreilles pour entendre ! » parlait, sans nul doute, des oreilles du cœur…
Prenez garde, donc, que la parole que vous avez reçue demeure dans l’oreille de votre cœur !
Prenez garde que la semence ne tombe pas près du chemin, que l’esprit mauvais ne vienne et n’arrache la parole de votre mémoire ! Prenez garde que la terre caillouteuse ne reçoive la semence et qu’elle ne produise des fruits de bonnes œuvres sans racine de persévérance. Beaucoup en effet apprécient ce qu’ils entendent et se proposent d’entreprendre des œuvres bonnes, mais bientôt, fatigués par les adversités naissantes, ils abandonnent ce qu’ils ont commencé. C’est que le sol caillouteux n’a pas d’humidité qui puisse conduire ce qui germe jusqu’aux fruits de la persévérance.
Beaucoup de gens, écoutant un discours contre la convoitise, en détestent la convoitise et se font les partisans du mépris de toutes choses ; mais aussitôt que l’âme voit ce qu’elle convoite, elle oublie ce qu’elle approuvait. Beaucoup de gens, écoutant un discours contre la luxure, non seulement ne désirent plus souiller leur chair, mais rougissent de l’avoir souillée. Mais que l’éclat de la chair apparaisse à leurs yeux, aussitôt le désir emporte leur âme comme s’ils n’avaient jamais rien décidé contre ce désir-là. Et cette âme agit pour sa condamnation, elle qui s’était souvenue de ce qu’elle avait fait et s’était déjà condamnée elle-même. Nous nous affligeons souvent de nos fautes et, après les avoir pleurées, nous y retournons.
Ainsi Balaâm pleura à la vue des tentes d’Israël et implora pour que sa mort soit semblable à la leur, en disant : « Que meure mon âme de la mort des justes et que ma fin soit comme leur fin » . Mais aussitôt l’heure de la contrition passée, le vice de l’avarice l’enflamma à nouveau, et, pour quelques cadeaux qu’on lui avait promis, il donna un conseil pour préparer la mort de ce peuple, mort dont il avait souhaité mourir lui-même ; et il oublia ce pourquoi il avait pleuré, car il ne voulut pas éteindre ce qui en lui brûlait par avarice.
La bonne terre porte du fruit par la patience, car il est bien vrai que nous ne faisons rien de bon sans savoir supporter avec sérénité ce qui est mauvais chez notre prochain. Plus on s’élève vers les choses célestes, plus rudes sont les réalités que nous devons affronter dans ce monde ; car lorsque notre esprit se détache de l’amour du siècle présent, l’hostilité de ce siècle augmente.
Voilà pourquoi la plupart des gens que nous voyons faire le bien peinent sous le lourd fardeau des tribulations : ils fuient déjà les désirs terrestres et, malgré cela, sont harcelés des maux les plus durs.
Toutefois, selon la parole du Seigneur, ils portent du fruit par la patience, car s’étant humiliés sous les coups, ils sont ensuite exaltés jusqu’au repos.
De même que le raisin foulé aux pieds s’écoule en un vin savoureux, de même que l’olive broyée et pressée se sépare de la pulpe et devient une huile onctueuse, de même que le grain de blé battu sur l’aire se sépare de la balle et parvient purifié dans le grenier, que celui qui désire dompter entièrement les vices s’applique à supporter humblement les désagréments de sa purification, pour se présenter devant le juge d’autant plus propre que le feu de la tribulation l’aura purifié de sa rouille.
Voyez, mes frères, nous commençons à comprendre ce que nous avons entendu ; chaque jour le monde est affligé de misères nouvelles et grandissantes ; combien d’hommes survivront-ils parmi ce peuple que vous voyez ici, alors que chaque jour de nouveaux tourments nous affligent, que tombent sur nous des catastrophes soudaines et inouïes ?
Au temps de la jeunesse le corps est vigoureux, le cœur est fort et intact, les épaules musclées et les poumons fonctionnent bien ; à l’âge de la vieillesse, par contre, le corps se courbe, les épaules tombent, la respiration est entrecoupée de soupirs fréquents, la vigueur fait défaut et la parole est embarrassée par une respiration haletante ; bien que la décrépitude soit encore lointaine, l’infirmité corporelle est devenue notre état habituel. Ainsi en est-il du monde : en ses premières années il fleurissait dans sa force printanière, vigoureux pour propager la semence de l’humanité, resplendissant dans la santé des corps, riche de l’abondance des biens. Désormais il tombe dans sa propre sénilité et le voici, proche de la mort, opprimé par des misères grandissantes.
Non, mes frères, ne vous attachez pas à ce qui n’a pas la force de subsister ! Ayez à l’esprit le conseil de l’apôtre qui nous met en garde en ces termes : « N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde ; si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (IJn 2 : 15)
Avant hier, mes frères, vous avez appris qu’une terrible tempête a déraciné des arbres centenaires, détruit des maisons et rasé des églises jusqu’à leurs fondations ; combien d’entre nous, tranquilles et bien portants la veille, croyant accomplir leur tâche le lendemain, ont-ils trépassé dans la nuit d’une mort soudaine, pris au piège de cette destruction ?
Nous pouvons aussi aller jusqu’à distinguer dans ces différentes heures les âges de la vie d’un homme ; le point du jour, bien sûr, représente l’enfance de notre intelligence ; la troisième heure peut se comprendre comme la jeunesse, parce que l’ardeur de l’âge s’accroît tout comme le soleil monte dans le ciel. La sixième heure marque la maturité parce que la vigueur s’y affermit en plénitude, semblable au soleil fixé au zénith. On peut comprendre la neuvième heure comme la vieillesse, car cet âge abandonne l’ardeur de la maturité de même qu’à cette heure le soleil descend du haut des cieux. La onzième heure représente ce moment de la vie qu’on appelle la décrépitude ou sénilité.
Voilà pourquoi, à juste titre, les grecs n’appellent pas les plus âgés « vieillards » mais « anciens », pour suggérer que ceux qu’ils appellent « anciens » sont plus âgés que les vieillards.
Ainsi l’un est amené à une vie droite dès son enfance, l’autre dans sa jeunesse, un autre dans sa maturité, un autre dans sa vieillesse, un autre à l’âge de la sénilité, comme les ouvriers sont appelés à la vigne à des heures différentes.
Examinez donc, mes très chers frères, votre genre de vie et voyez si vous êtes déjà des ouvriers de Dieu.Que chacun pèse ce qu’il fait et juge s’il travaille dans la vigne du Seigneur. Celui qui recherche dans cette vie son intérêt personnel n’est pas encore venu à la vigne du Seigneur, car ceux qui travaillent pour le Seigneur ne pensent pas à leur propre profit mais à celui du Seigneur, ils se vouent avec ardeur à la charité et s’appliquent à la bienveillance, veillent au profit des âmes et se hâtent d’emmener avec eux les autres vers la vie. Mais celui qui vit pour lui-même, qui se repaît des plaisirs de la chair, est convaincu de paresse à juste titre parce qu’il ne recherche pas le fruit du travail divin.
En vérité, celui qui a négligé jusqu’à la fin de ses jours de vivre pour Dieu est comme celui qui est resté à ne rien faire jusqu’à la onzième heure. C’est pourquoi il est dit justement à ceux qui sont restés indolents jusqu’à la onzième heure : « Pourquoi vous tenez-vous là tout le jour à ne rien faire ? », comme s’il était dit clairement : « Puisque vous n’avez pas voulu vivre pour Dieu dès l’enfance et la jeunesse, au moins convertissez-vous à la fin de vos jours, et comme il ne vous reste déjà plus grand labeur à accomplir sur le chemin de la vie, venez au moins le soir ».
Ainsi le maître de maison appelle ces gens-là, et d’ordinaire ils sont rémunérés les premiers, parce qu’ils quittent leur corps pour le Royaume avant ceux qui avaient été appelés dès l’enfance. Le larron n’est-il pas venu à la onzième heure, à cause de son châtiment et non de son âge, lui qui confessa Dieu sur la croix et rendit le dernier soupir presque en même temps que les paroles de sa confession ? C’est en commençant par le dernier que le maître de maison remet le salaire, de même qu’Il a d’abord conduit le larron au repos du paradis avant d’y conduire Pierre.
Combien de nos pères vécurent avant la Loi, combien sous la Loi, et cependant ceux qui ont été appelés lors de la venue du Seigneur sont parvenus au Royaume des Cieux sans aucun délai. Ceux donc qui se sont mis au travail à la onzième heure reçoivent ce même denier qu’ont attendu de tous leurs vœux ceux qui avaient travaillé dès la première heure, car étant venus au Seigneur à la fin des temps, ils reçoivent en partage la même vie éternelle que ceux qui avaient été appelés dès le début des temps. Aussi, ceux qui avaient travaillé les premiers murmurent en disant : « Ces derniers ont travaillé une heure seulement et tu les fais égaux à nous qui avons supporté le poids du jour et la chaleur ! » Ceux qui ont travaillé depuis le début du monde ont porté le poids du jour et de la chaleur parce qu’il leur a fallu vivre plus longtemps et ils eurent à supporter d’autant plus de tentations charnelles. On devra, en effet, porter d’autant plus le poids du jour et de la chaleur et être fatigué par l’ardeur de la chair que la vie sera plus longue.
"Si nous n'avons pas de saints laïcs, l'Église s'éteindra . "
Ainsi a dit le P. Aleksander Fedorowicz, un saint curé d'Izabelin près de Varsovie.
Et chacun de nous doit réfléchir à ce que devrait être mon témoignage de foi , afin que l'Église ne s'éteigne pas mais s'allume à travers moi.
Le démon a dit cela au Père Gabriel Amorth, exorciste du Saint-Siège : "Si les gens savaient ce qu'est le Rosaire et le récitaient tous les jours, je serais fini." Il n'y a toujours pas assez de ce chapelet. C'est à nous d'affaiblir au moins sérieusement Satan si nous ne parvenons pas à le « finir ».
Nous ne pouvons pas toujours nous permettre une pleine concentration dans la prière, mais si nous ne le pouvons pas autrement, laissons le chapelet exprimer notre bonne volonté comme une prière des lèvres au lieu de nous ennuyer ou de ne penser à rien.
Il y a un poème intitulé In Praise of the Body à propos d'un homme qui s'est endormi en priant à genoux. Le corps « dormait, parce qu'il dormait, et pourtant il était agenouillé ». Prions comme nous pouvons, pas comme nous ne pouvons pas
"Le mariage catholique, union d'un homme et d'une femme, doit être une union sacramentelle. Ce n'est que dans un tel mariage que des enfants doivent naître.
"Mais pour parler des enfants, il faut aussi parler des parents, et par conséquent de la famille. Parce que les parents sont en grande partie responsables de ce que sera un enfant. Ils conçoivent un enfant (généralement !) par amour. Et ici, je me tourne vers les croyants, car les non-croyants raisonnables et honnêtes ont certainement leurs propres méthodes et motivations pour bien élever leur propre enfant. Par conséquent, un enfant de parents croyants a le droit de naître dans un mariage sacramentel en restant dans l'état de grâce sanctifiante. Sa vie commence par recevoir le plein amour - de Dieu et des gens.
L'ambition spirituelle des parents devrait être de concevoir un enfant en état de grâce, car alors une grande chose se produit - une nouvelle créature prend vie. Dieu donne sa puissance aux personnes aimantes qui doivent transmettre cet amour à leur progéniture. Un grand mal est fait à l'enfant au tout début, lorsque l'acte de conception a lieu sans l'état de grâce. S'il n'y a pas de Christ, il y a Satan. Il ne peut pas y avoir de vide. Bien sûr, il peut être corrigé, car les attitudes ultérieures peuvent compenser les effets du premier pas imprudent. Le sacrement du baptême fera face à Satan à la fois chez l'enfant et chez les parents, s'ils y renoncent consciemment - au moins pendant le baptême de l'enfant. Le mal, cependant, doit être appelé par son nom et ensuite systématiquement éliminé.
Fidèles à leurs vœux de mariage, les parents s'efforcent d'être toujours en état de grâce. Cela leur donne la force de rester ensemble, de créer un environnement totalement sûr. Cela leur permet de se retrouver pleinement, ainsi que d'atteindre un sentiment de sécurité et de confiance comme fruit du véritable amour, divin et humain. Le climat de l'amour est l'espace dans lequel l'enfant perçoit la réalité.
Courage à répandre le Royaume de Dieu ! Avec Jésus et Marie !
Dans le passage évangélique Marie adresse à son Fils une demande en faveur de ses amis qui se trouvent en difficulté. A première vue, cela peut apparaître une conversation tout à fait humaine entre Mère et Fils; et, en effet, c'est également un dialogue rempli de profonde humanité.
Toutefois, Marie ne s'adresse pas simplement à Jésus comme à un homme, en comptant sur son initiative et sa disponibilité à porter secours. Elle confie une nécessité humaine à son pouvoir - à un pouvoir qui va au-delà de l'habileté et de la capacité humaine. Et ainsi, dans le dialogue avec Jésus, nous la voyons réellement comme une Mère qui demande, qui intercède.
Cela vaut la peine d'approfondir un peu plus la compréhension de ce passage évangélique: pour mieux comprendre Jésus et Marie, mais précisément aussi pour apprendre de Marie à prier de manière juste. Marie n'adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement: "Ils n'ont pas de vin" (Jn 2, 3).
En Terre Sainte, les noces étaient fêtées pendant une semaine entière; tout le village y participait, et l'on consommait donc de grandes quantités de vin. Or, les époux se trouvent en difficulté, et Marie le dit simplement à Jésus. Elle ne demande pas une chose précise, et encore moins que Jésus exerce son pouvoir, accomplisse un miracle, produise du vin. Elle confie simplement le fait à Jésus et Lui laisse la décision sur la façon de réagir. Nous constatons ainsi deux choses dans les simples paroles de la Mère de Jésus: d'une part, sa sollicitude affectueuse pour les hommes, l'attention maternelle avec laquelle elle perçoit la situation difficile d'autrui; nous voyons sa bonté cordiale et sa disponibilité à aider.
C'est à Elle que nous confions nos préoccupations, les nécessités et les situations difficiles. Cette bonté prête à aider de la Mère, à laquelle nous nous confions, c'est ici, dans l'Ecriture Sainte, que nous la voyons pour la première fois. Mais à ce premier aspect très familier à tous s'en ajoute un autre, qui nous échappe facilement: Marie remet tout au jugement du Seigneur.
A Nazareth, elle a remis sa volonté, la plongeant dans celle de Dieu: "Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38). Telle est son attitude permanente de fond.
Ainsi, elle nous enseigne à prier: ne pas vouloir affirmer face à Dieu notre volonté et nos désirs, aussi importants et raisonnables qu'ils puissent nous sembler; mais les présenter devant Lui et le laisser décider de ce qu'il veut faire. De Marie, nous apprenons la bonté prête à aider, mais également l'humilité et la générosité d'accepter la volonté de Dieu, en ayant confiance en Lui, certains que sa réponse, quelle qu'elle soit, sera notre bien, mon bien véritable.
En la solennité de l’Epiphanie, l’Eglise continue à contempler et à célébrer le mystère de la naissance de Jésus sauveur.
La fête d’aujourd’hui souligne en particulier la destination et la signification universelles de cette naissance. Se faisant homme dans le sein de Marie, le Fils de Dieu est venu non seulement pour le peuple d’Israël, représenté par les pasteurs de Bethléem, mais également pour l’humanité tout entière, représentée par les Mages. Et c’est précisément sur les Mages et sur leur chemin à la recherche du Messie (cf. Mt 2, 1-12) que l’Eglise nous invite aujourd’hui à méditer et à prier. Dans l’Evangile, nous avons entendu que ces derniers, arrivés de l’Orient à Jérusalem, demandent: «Où est le roi des juifs qui vient de naître? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui» (v. 2). Quel genre de personnes étaient-ils et de quelle sorte d’étoile s’agissait-il? C’était probablement des sages qui scrutaient le ciel, mais non pour chercher à «lire» l’avenir dans les astres, ou éventuellement pour en tirer un profit; c’était plutôt des hommes «à la recherche» de quelque chose de plus, à la recherche de la véritable lumière, qui soit en mesure d’indiquer la voie à parcourir dans la vie. C’était des personnes assurées que dans la création, il existe ce que nous pourrions définir la «signature» de Dieu, une signature que l’homme peut et doit tenter de découvrir et déchiffrer. La manière de mieux connaître ces Mages et de comprendre leur désir de se laisser guider par les signes de Dieu est peut-être de s’arrêter pour analyser ce qu’ils trouvent, sur leur chemin, dans la grande ville de Jérusalem.
Ils rencontrèrent tout d’abord le roi Hérode. Il était certainement intéressé par l’enfant dont parlaient les Mages; mais pas dans le but de l’adorer, comme il veut le laisser croire en mentant, mais pour le supprimer. Hérode était un homme de pouvoir, qui ne voyait dans l’autre qu’un rival à combattre. Au fond, si nous réfléchissons bien, Dieu aussi lui apparaît comme un rival, et même un rival particulièrement dangereux, qui voudrait priver les hommes de leur espace vital, de leur autonomie, de leur pouvoir; un rival qui indique la route à parcourir dans la vie et qui empêche ainsi de faire tout ce que l’on veut. Hérode entend de ses experts en Ecritures Saintes les paroles du prophète Michée (5, 1), mais son unique pensée est le trône. Alors, Dieu lui-même doit être voilé et les personnes doivent se réduire à être de simples pions à déplacer sur le grand échiquier du pouvoir.
Hérode est un personnage qui ne nous est pas sympathique et que nous jugeons instinctivement de façon négative en raison de sa brutalité. Mais nous devrions nous demander: peut-être existe-t-il quelque chose d’Hérode en nous? Peut-être nous aussi, parfois, voyons-nous Dieu comme une sorte de rival? Peut-être nous aussi sommes-nous aveugles devant ses signes, sourds à ses paroles, parce que nous pensons qu’il pose des limites à notre vie et ne nous permet pas de disposer de notre existence à notre gré? Chers frères et soeurs, quand nous voyons Dieu de cette manière, nous finissons par être insatisfaits et mécontents, car nous ne nous laissons pas guider par Celui qui est à la base de toutes les choses. Nous devons ôter de notre esprit et de notre coeur l’idée de la rivalité, l’idée que laisser place à Dieu constitue une limite pour nous-mêmes; nous devons nous ouvrir à la certitude que Dieu est l’amour tout-puissant qui n’ôte rien, qui ne menace pas, et qui est au contraire l’Unique capable de nous offrir la possibilité de vivre en plénitude, d’éprouver la vraie joie.
Les Mages rencontrent ensuite les savants, les théologiens, les experts qui savent tout sur les Saintes Ecritures, qui en connaissent les interprétations possibles, qui sont capables d’en citer par cœur chaque passage et qui sont donc une aide précieuse pour ceux qui veulent parcourir la voie de Dieu. Toutefois, affirme saint Augustin, ils aiment être des guides pour les autres, ils indiquent la voie, mais ils ne marchent pas, ils restent immobiles. Pour eux, les Saintes Ecritures deviennent une sorte d’atlas à lire avec curiosité, un ensemble de paroles et de concepts à examiner et sur lesquels discuter doctement. Mais nous pouvons à nouveau nous demander: n’existe-t-il pas aussi en nous la tentation de considérer les Saintes Ecriture, ce trésor très riche et vital pour la foi de l’Eglise, davantage comme un objet d’étude et de discussion des spécialistes, que comme le Livre qui indique la juste voie pour parvenir à la vie? Je pense que, comme je l’ai exposé dans l’exhortation apostolique Verbum Domini, devrait toujours à nouveau naître en nous la profonde disposition à voir la parole de la Bible, lue dans la Tradition vivante de l’Eglise (n. 18), comme la vérité qui nous dit ce qu’est l’homme et comment il peut se réaliser pleinement, la vérité qui est la voie à parcourir quotidiennement, avec les autres, si nous voulons construire notre existence sur le roc et non sur le sable.
Et nous en venons ainsi à l’étoile.
Quel type d’étoile était celle que les Mages ont vue et suivie? Au cours des siècles, cette question a été l’objet de discussion entre les astronomes. Kepler, par exemple, considérait qu’ils s’agissait d’une «nova» ou d’une «supernova», c’est-à-dire de l’une de ces étoiles qui normalement diffusent une faible lumière, mais qui peuvent à l’improviste connaître une violente explosion interne qui produit une lumière exceptionnelle. Ce sont assurément des choses intéressantes, mais qui ne nous conduisent pas à ce qui est essentiel pour comprendre cette étoile. Nous devons revenir au fait que ces hommes cherchaient les traces de Dieu; ils cherchaient à lire sa «signature» dans la création; ils savaient que «les cieux proclament la gloire de Dieu» (Ps 19, 2); c’est-à-dire qu’ils étaient certains que Dieu peut être entrevu dans la création.
Mais, en hommes sages, ils savaient également que ce n’est pas avec un télescope quelconque, mais avec l’acuité des yeux de la raison à la recherche du sens ultime de la réalité et avec le désir de Dieu animé par la foi, qu’il est possible de le rencontrer, ou mieux qu’il devient possible que Dieu s’approche de nous. L’univers n’est pas le résultat du hasard, comme certains veulent nous le faire croire. En le contemplant, nous sommes invités à y lire quelque chose de profond: la sagesse du Créateur, l’inépuisable imagination de Dieu, son amour infini pour nous. Nous ne devrions pas permettre que notre esprit soit limité par des théories qui n’arrivent toujours qu’à un certain point et qui — à tout bien considérer — ne sont pas du tout en opposition avec la foi, mais ne réussissent pas à expliquer le sens ultime de la réalité. Dans la beauté du monde, dans son mystère, dans sa grandeur et dans sa rationalité, nous ne pouvons que lire la rationalité extérieure, et nous ne pouvons manquer de nous laisser guider par celle-ci jusqu’à l’unique Dieu, créateur du ciel et de la terre. Si nous avons ce regard, nous verrons que Celui qui a créé le monde et celui qui est né dans une grotte à Bethléem et qui continue à habiter parmi nous dans l’Eucharistie, sont le même Dieu vivant, qui nous interpelle, qui nous aime, qui veut nous conduire à la vie éternelle.
Hérode, les experts en Ecritures, l’étoile.
Mais suivons le chemin des Mages qui parviennent à Jérusalem. Au dessus de la grande ville, l’étoile disparaît, on ne la voit plus. Qu’est-ce que cela signifie? Dans ce cas aussi, nous devons lire le signe en profondeur. Pour ces hommes, il était logique de chercher le nouveau roi dans le palais royal, où se trouvaient les sages conseillers de la cour. Mais, probablement à leur grand étonnement, ils durent constater que ce nouveau-né ne se trouvait pas dans les lieux du pouvoir et de la culture, même si dans ces lieux leur étaient offertes de précieuses informations sur lui. Ils se rendirent compte en revanche que, parfois, le pouvoir, même celui de la connaissance, barre la route à la rencontre avec cet Enfant. L’étoile les guida alors à Bethléem, une petite ville; elle les guida parmi les pauvres, parmi les humbles, pour trouver le Roi du monde. Les critères de Dieu sont différents de ceux des hommes; Dieu ne se manifeste pas dans la puissance de ce monde, mais dans l’humilité de son amour, cet amour qui demande à notre liberté d’être accueilli pour nous transformer et nous permettre d’arriver à Celui qui est l’Amour.
Mais pour nous aussi les choses ne sont pas si différentes que ce qu’elles étaient pour les Mages. Si on nous demandait notre avis sur la façon dont Dieu aurait dû sauver le monde, peut-être répondrions-nous qu’il aurait dû manifester tout son pouvoir pour donner au monde un système économique plus juste, dans lequel chacun puisse avoir tout ce qu’il veut. En réalité, cela serait une sorte de violence sur l’homme, car cela le priverait d’éléments fondamentaux qui le caractérisent. En effet, il ne serait fait appel ni à notre liberté, ni à notre amour. La puissance de Dieu se manifeste de manière complètement différente: à Bethléem, où nous rencontrons l’apparente impuissance de son amour. Et c’est là que nous devons aller, et c’est là que nous retrouvons l’étoile de Dieu.
Ainsi nous apparaît très clairement un dernier élément important de l’épisode des Mages: le langage de la création nous permet de parcourir un bon bout de chemin vers Dieu, mais il ne nous donne pas la lumière définitive. A la fin, pour les Mages, il a été indispensable d’écouter la voix des Saintes Ecritures: seules celles-ci pouvaient leur indiquer la voie. La Parole de Dieu est la véritable étoile qui, dans l’incertitude des discours humains, nous offre l’immense splendeur de la vérité divine.
Chers frères et sœurs, laissons-nous guider par l’étoile, qui est la Parole de Dieu, suivons-la dans notre vie, en marchant avec l’Eglise, où la Parole a planté sa tente. Notre route sera toujours illuminée par une lumière qu’aucun autre signe ne peut nous donner. Et nous pourrons nous aussi devenir des étoiles pour les autres, reflet de cette lumière que le Christ a fait resplendir sur nous.
"Recevons par leur intercession une grâce de simplicité, d’enfance,
d’accueil de l’instant présent, quel qu’il soit, comme le
lieu d’un rappel au devoir pressant que reçoit tout homme d’y
chercher Dieu, et ce, dans le chaos du monde et de nos vies si
distraites, si gaspillées par l’addiction aux médias et aux blogs.
"Sur le chemin des Mages, lumières et ténèbres, joies et
inquiétudes, alternent. Mais l’étoile a comme recueilli leurs
cœurs. Ils ont abandonné les vanités du temps qui passe, et ils
l’ont suivie. Renonçons donc aux nouvelles pour chercher la
vraie nouvelle. A l’école des Mages, avançons vers la maison de
Bethléem pour adorer. Avançons vers la patrie céleste. Là, nous
retrouverons Jésus et Marie, là, nous trouverons Dieu."
"Dites : Ô en silence, n’y ajoutant rien. Ô loue, ô désire, ô attend, ô gémit, ô admire, ô regrette, ô entre dans son néant, ô renaît avec le Sauveur, ô l’attire du ciel, ô s’unit à lui, ô s’étonne de son bonheur dans une chaste jouissance, ô est humble, ô est ardent. Qu’y a-t-il de moins qu’un ô ; mais qu’y a-t-il de plus grand que ce simple cri du cœur ? Toute l’éloquence du monde est dans cet ô; et je ne sais plus qu’en dire, tant je m’y perds.
Qu’on serait heureux d’être à la crèche de Jésus-Christ, quand ce ne serait que comme ces animaux puisque l’un connaît son maître, et l’autre la crèche de son Seigneur (Is 1, 3)! C’est alors qu’il faudrait dire avec David : J’ai été devant vous comme un animal. Vous pouvez aspirer à tout, même aux saintes dispositions de la sainte Vierge, même à celles de Jésus-Christ, qui est notre vrai modèle. Dieu distribue ses dons dans le degré et dans la manière qu’il veut.
« Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience », dit saint Jacques dans son Épître (Jc 5, 7-10).
En quoi consiste la patience ? Si elle s’attache à la poursuite d’une fin à venir, peut-on dire, sans tricher, que l’Avent attise notre patience ? Le Christ est déjà venu, et, s’il vient à nouveau, ce n’est semble-t-il qu’une convention du calendrier.
Qu’est-ce que la patience ?
La scène est au restaurant, dans un sketch devenu célèbre, filmé par Pierre Palmade. Robert Hirsch et Gisèle Casadessus, deux octogénaires, dînent.
– Madeleine, quand donc consentirez-vous à m’épouser ?
– Mais Fernand, vous me l’avez déjà demandé en 1950 !
– Mais je vous aime, Madeleine !
– Oh, je vous connais, vous les hommes ! Une fois que vous avez ce que vous voulez, vous disparaissez, pffuitt !
– Disparaître ! Mais où voulez-vous que j’aille, Madeleine ? Nous avons été dans le même lycée, nous avons travaillé dans le même magasin, nous avons vécu dans le même village, nous vivons dans la même maison de retraite !
Ainsi de suite. Voilà donc un amoureux patient. Sur son visage, se lit à la fois une souffrance et un espoir. La souffrance de supporter un contretemps ; l’espoir de séduire enfin sa belle. La patience est tissée de ces deux lainages, mais souvent elle tire sur le tissu.
Certes, aujourd’hui, nous avons plutôt appris le « tout, tout de suite » et la patience nous manque. Mais la vie nous rappelle à une patience qui est alors moins une vertu qu’une nécessité. Nous patientons dans la souffrance physique, faute de la réduire ; nous supportons les injustices, nous patientons par amour avec ceux auprès de qui nous vivons.
La vie enseigne la patience, et nous pressentons que la patience est une force. Une force, parce que le patient ne consent pas à une tristesse désordonnée, face à ce qui lui nuit présentement : il demeure dans l’ordre d’une fin atteignable. Toute visite chez le dentiste se nourrit d’une souffrance intolérable, augmentée du spectacle du sadique qui arrive avec ses instruments, et finalement d’espoir récompensé.
Toutefois, tout ne mérite pas qu’on patiente : lenteur n’est pas vertu, de même que vitesse n’est pas toujours synonyme de précipitation. Les génies de l’organisation sont peut-être des impatients, il n’empêche que leur rapidité de conception et d’exécution semble plus adaptée à leurs projets qu’une circonspection disproportionnée.
Saint Thomas dit que le persévérant patiente autant qu’il faut ; le mou, moins qu’il ne faut ; le pertinace – l’entêté –, plus qu’il ne faut. La patience consiste donc à supporter de façon proportionnée, en fonction, lorsque c’est possible, d’un espoir, d’un plus grand bien à venir. C’est l’espoir qui permet de donner à la patience un caractère plus tonique, et qui la fait participer à la vertu de force.
La patience devient alors persévérance et longanimité, elle tend vers un bien qui se trouve à longue distance, à longue durée.
La patience devient aussi constance : elle tient le coup, en dépit des obstacles extérieurs. C’est ainsi que Bernard Palissy, pour découvrir le secret de l’émail blanc des Italiens, celui de leur cuisson, brûle ses meubles, sous les cris incessants de sa femme et les moqueries de ses amis. Il le découvre, et devient le plus grand céramiste de la Renaissance. Le constant domine les obstacles.
Surtout, le vrai patient est mû par un but. Il souffre, il supporte, mais il sait pourquoi : l’épreuve en vaut la peine. Il sait aussi que seule la patience perce les secrets de la difficulté, de l’excellence, du mérite. Il vise un but et s’y donne à fond, il s’y sacrifie même parfois, mais pour un bien qu’il sait plus élevé. Il apprend à demeurer dans sa persévérance. Quand il réussit, il se retourne, épuisé, sanglant, mais rieur : le mou et l’entêté sont restés loin derrière.
De quelle façon l’Avent attise-t-il notre patience ?
En effet, le Christ n’est pas à venir, il est déjà venu, une fois pour toutes. Unique fut son Incarnation, uniques sa Passion et sa Résurrection, effectif désormais le salut qu’il nous offre.
La préparation à Noël, nous le savons, est une attente pédagogique.
Ce n’est pas tant le Christ qui vient, que nous, qui nous disposons à le recevoir. L’Avent construit une patience spéciale, elle ne comporte ni souffrance ni espoir, ni constance, bien plutôt une vertu intérieure et chacun devient une crèche.
Notre âme s’arrondit en une mangeoire, où le nouveau-né aura bien chaud. La paille de notre chaleur est celle de la charité : la charité divine, que le Christ vient manifester et nous donner ; puis notre charité, en effet reçue de lui, avec lequel nous le bercerons.
Une âme façon mangeoire se prépare et entretient notre patience, car, dit saint Paul, « la charité est patiente » (I Co 13, 4).
La patience du chrétien se tire donc de l’intériorisation du temps liturgique. L’Avent a dépassé son milieu : y sommes-nous entrés, tâchons-nous de le vivre, voulons-nous y demeurer ? La patience se tire surtout de la charité, car la charité rend la patience patiente.
Rien ne servirait de rester forts sur terre si aucun ciel ne nous était promis. Nos contemporains, de plus en plus athées, l’ont compris : puisqu’il n’y a pas de ciel à espérer, vivons le mieux possible sur terre, selon une certaine patience – qu’un chrétien jugera mutilée –, qui relève du consentement.
Le monde est sans Dieu, il va sans but, consentons à la nécessité de la matière. Tout est matière, hasard, atomes. Notre joie est alors le sourire figé de la fatalité. Succès garanti de Spinoza, chaque année ou presque, dans tous les magazines estivaux !
Le chrétien, lui, est sûr de son Sauveur. L’espoir, sentiment humain toujours incertain de l’avenir, est devenu espérance, certitude du salut proposé. Si nous apprenons la patience, la vraie, face au martyre, à la persécution, aux moqueries, à la marginalisation des catholiques, à la haine du vrai Dieu, c’est parce que le Christ est déjà venu, pour tous. Notre seule incertitude tient à notre propre péché.
C’est pourquoi, chaque année, la crèche nous réchauffe et nous unifie dans la patience de Dieu, dès que nous y demeurons.
L'Avent, mes frères, est le temps de la conversion. Il est temps d'ouvrir les portes au Rédempteur pour que Dieu s'incarne, devienne homme, devienne humanité et que vous deveniez « Dieu ».
Dieu veut devenir un homme, parce qu'il veut d'abord le racheter de son péché et ensuite le diviniser, le sauvant de ce mode de vie terrestre, pour un nouveau mode de vie céleste. Il veut le racheter, il veut le refaire, c'est une « nouvelle création » pour le magnifier et le glorifier. Pourquoi ?. Ne me demandez pas. C'est un mystère : pourquoi Dieu aime-t-il tant cette créature, l'être humain ? Il nous a révélé qu'il l'aimait beaucoup, mais nous ne voyons pas clairement pourquoi.
« Réjouissez-vous dans le Seigneur. Je vous le répète encore : soyez heureux, car le Seigneur est proche !
Telles sont les paroles de salutation par lesquelles s'ouvre ce troisième dimanche de l'Avent.
L'Église les place devant nous. Ces mots sont comme un miroir. Miroir d'espérance joyeuse.
Au milieu de ces notes de joyeuse espérance, je suis gêné de devoir dire à haute voix : Frères, ils nous tuent Noël... ils nous tuent Noël ! Autant dire : ils tuent notre joyeuse espérance !...
Cette société, qui est composée de nous tous, offre tout : des festins, des plaisirs excitants, des voyages de rêve autour du monde, des hôtels, déjà plus de 5 étoiles. Elle nous habille de tenues flashy, confortables et provocantes, et nous offre toutes sortes de sensations et de plaisirs.
C'est l'offre de Noël, c'est Noël pour le monde. Offrez tout sauf Dieu. Dieu, on n'en a pas besoin, ce n'est pas rentable, ni coté en bourse. Cette offre formidable et variée, c'est tout Noël, c'est tout espoir. Dieu est réduit au silence. Dieu est trop. Peut-être que, plusieurs fois, cela gêne même.
Pourquoi toute cette offre ? Pour être heureux? ...Tu as la réponse, tu la connais très bien. Nous le savons tous, y compris les poètes, qui parfois ne rêvent pas : « à quelle vitesse le plaisir va, à quel point la douleur vient après qu'elle a été convenue, à quel point à notre avis n'importe quel moment dans le passé était meilleur » .
En d'autres termes, plus nous vivons ce tourbillon de plaisirs et d'évasions, plus nous ne nous sentons pas heureux, mais plus vides, et nous aspirons aux temps passés, où avec moins de choses matérielles, nous étions plus heureux et plus satisfaits : "Voyez comme ils ne valent rien les choses après lesquelles nous marchons – et courons, - que dans ce monde traître – même avant de mourir – nous les perdons ». "Ne soyez pas dupe, non - en pensant que ce que vous attendez durera - plus que ce que vous avez vu a duré - parce que tout doit durer - de telle manière".
Le chant de Noël nous dira ainsi : « Le réveillon de Noël approche, - Le réveillon de Noël s'en va, - et nous partirons, - et nous ne reviendrons plus » .
Toi, vrai chrétien, et personne responsable, tu ne veux pas que Noël te tue.
Votre espérance est en Dieu d'abord, qui ne passe pas et qui dure et en conséquence de cette plénitude de Dieu dans votre vie vous la manifestez avec une joie saine et solide. C'est pourquoi vous entrez dans l'Avent. Et dimanche après dimanche tu viens chercher la lumière dans la Parole de Dieu pour ne pas te perdre en chemin.
« Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux ". C'est l'annonce du prophète Isaïe, disant : « une voix crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, frayez ses sentiers. Portez les fruits que demande la conversion " .
Au plus fort du troisième dimanche de l'Avent, nous, chrétiens, devons passer par cette épreuve de sincérité, en répondant à cette question : qu'est-ce que vous préférez le plus : le divertissement, les spectacles, la bonne chère, les voyages d'agrément et les aventures ? Le Christ d'abord et avant tout ? Parce que nous, ceux d'entre nous qui se sentent et se disent chrétiens, avec notre fidélité à une pratique religieuse en tout, répondons, non par de simples paroles, mais par nos œuvres, par nos vies, que nous préférons et optons pour le Christ et non pour des orgies que le monde nous offre. Ce n'est pas vrai?.
Mettons-nous au travail, alors, ne nous décourageons ni ne désespérons, car il semble que nous tombions dans le piège de nos ennemis. Isaïe nous l'a crié en première lecture : « Renforcez vos mains faibles, renforcez vos genoux chancelants, (priez davantage, alors), dites aux lâches de cœur : soyez forts, n'ayez pas peur. Regarde ton Dieu qui vient en personne ! Les yeux des aveugles s'ouvriront, les oreilles des sourds s'ouvriront...
Tes yeux verront, tes oreilles entendront, tes pieds s'effaceront, ta langue chantera. Joie perpétuelle. Ces valeurs et joies chrétiennes demeurent; ceux du monde passent. Vous devez vous battre et travailler sur l'Avent, vous n'avez pas à vous endormir.
Il nous reste un peu plus d'une semaine. Il ne faut pas perdre patience, ni se laisser désespérer : savoir souffrir et attendre que le Seigneur vienne, "comme le paysan qui attend patiemment le fruit précieux de la terre," , nous dit l'apôtre .
N'oublie pas, mon bon frère, l'émerveillement de ce que tu es, et combien tu vaux, car même si tu te sens pécheur et un peu honteux de certains comportements dans ta vie, même si tu crois que tu es le plus petit dans ta grande famille, l'Église, qui est la porte du Royaume des Cieux, auquel tu appartiens par ton baptême, tu es plus grand que tout né d'une femme, tu es plus grand que Jean-Baptiste.
Tournez-vous donc vers les pauvres. Aidez-les avec votre argent, avec votre compassion, avec votre présence et vos paroles de bonnes nouvelles ; C'est là que Dieu est né : dans les plus nécessiteux et dans le besoin de tout : dans les aveugles, dans les infirmes, dans les lépreux, dans ceux qui n'entendent pas, matériellement ou dans leur esprit et dans leur cœur. Vous vous retrouverez avec cette joie de Noël, qui ne passe pas et qui ne vous laisse pas vide après un court laps de temps.
Cherchez Dieu dans la Sainte Eucharistie pour ouvrir et élargir votre cœur afin que tout le mystère de Noël puisse y entrer. Car "si vous avez Dieu, qu'est-ce qui vous manque, mais si vous manquez de Dieu, qu'est-ce que vous avez"?.
C'est ce que disait sainte Thérèse de Jésus :
« à qui a Dieu, il ne manque rien, Dieu seul suffit !