Publié le 2 Octobre 2009
Confié par la Sainte Vierge un jour du temps à Dominique de Guzman, lorsque les gens ne savaient pas lire, cette prière qui répugne aux esprits forts, a traversé les âges sans que personne ne soit parvenu à la détruire. Les apostats de tout poil ont bien essayé de nous faire comprendre que les « chrétiens adultes », ceux qui se « tiennent debout à l’église et qui communient dans la main », n’ont que faire de ces patenôtres qu’on récite sans âme et sans conviction… !
Mais en fait de patenôtres, les mêmes vaticineurs n’ont rien eu à donner à manger à leurs ouailles, et à défaut d’avoir rempli les cœurs, ils ont vidé les églises.
Le rosaire, le « Saint Rosaire » est la prière des petits, des pauvres, des malades, des enfants. En notre siècle d’hypercriticisme, d’hyperationalité, d’hyperdisjonctivisme, d’hyperienpourattendre, il est donc normal que le rosaire soit voué aux gémonies, sans autre forme de procès. Force est de constater que nos grands penseurs de la modernité s’en soient bien éloignés.
Ce qui est intéressant de noter c’est que les principaux ennemis du rosaire sont désormais octogénaires, pendant que le rosaire, le Saint Rosaire lui, n’a pas pris une ride.
Alors que leurs discours moqueurs et abusivement post-conciliaires firent en sorte que le rosaire soit banni, cette prière des pauvres s’est maintenue, comme si par enchantement, il défiait, les unes après les autres et dans la « sancta indifferentia », toutes les tentatives démoniaques de détruire la religion. Certains se sont même ingéniés à l’interdire lorsque le Saint Sacrement est exposé. Comme si Jésus était devenu orphelin de mère et de père, et qu’on interdise de louer sa maman quand il est là ; ça aussi, ce fut du grand n’importenawak.
Mais qu’importe ! les pieuses gens qui s’agenouillent devant Jésus Christ réellement et substantiellement présent, dans son corps, son sang, son âme, sa divinité, dans le Très Saint Sacrement de l’Autel, n’ont aucun scrupule à tenir discrètement dans leur main leur chapelet.
Car en fait de religion, le chapelet en « est ». C’est un objet de piété, un instrument de religion, un moyen comme un autre, certes, mais c’est un moyen de pauvres, et donc qui fait peur, car la religion du pauvre indispose. Car la piété du pauvre, du petit, du sans-voix, du sans défense, la piété de celui qui n’a pas de pouvoir est le seul acte de pouvoir qui puisse défier l’abus de pouvoir, la dictature. La dictature de la pensée univoque et unique moderniste qui exècre le « populaire ». De cette pensée unique qui parle « en veux-tu en voilà » du « peuple de Dieu », qui n’a que ce mot à la bouche mais qui ne s’en est jamais tenue aussi loin qu’aujourd’hui et veut détruire tout ce qui est « populaire ». Or ce qui est « du peuple », en général, par définition est « populaire ». A noter aussi l’engouement pour les pauvres, et paradoxalement ceux-là mêmes qui parlent de pauvres nourrissent un profond mépris pour la « prière du pauvre » !
Combien de paradoxes de la sorte devrons-nous supporter encore… ?
De cette pensée unique qui parle de culture, de progrès, de modernité, mais qui ne s’est jamais tenue aussi loin des mystères simples et frais qu’on médite dans ce rosaire.
Le Saint rosaire n’a pas seulement substitué les cent-cinquante psaumes par les « ave Maria », il propose aussi une méditation, une réflexion sur les « mystères », autant dire sur les passages de la Vie de Jésus Christ. Car le Rosaire porte à Dieu. Par Marie. Ad Jesum per Mariam.
Au fond, le rosaire répugne parce qu’il est saint.
Et comme toute chose sainte, il effraie, et l’on pense qu’il doive disparaître. Le seul problème c’est que lorsque quelque chose vient de Dieu, il est quasi impossible de le faire disparaître : comme la vie. La vie, on aurait pu la faire disparaître de la face de la terre, mais l’homme n’y est jamais parvenu, comme il n’est jamais arrivé à « l’inventer », ne restant que « procréateur » ou « transmetteur » de vie, mais pas Créateur. Il en va de même du rosaire ; on aura beau faire des congrès, des « partages de silence », des réunions, des carrefours, des tables rondes, carrées, ovales… tout ce que vous voudrez, personne, j’entends, personne ne pourra détruire le Rosaire, parce que c’est le Saint Rosaire.
Le rosaire, le « saint Rosaire » a conservé sa saveur d’antan et la même destination que jadis : à savoir, ceux qui ne savaient pas lire jadis, ce sont les petits d’aujourd’hui, les faibles, les sans-voix, ceux qui n’ont que leur doigt pour compter les cent-cinquante « Ave Maria », qui correspondaient aux cent cinquante psaumes du bréviaire de jadis. Cette prière de « substitution » a maintenu des âmes en alerte, cette prière de pauvres et pour les pauvres a sauvé des millions, des milliards d’âmes en détresse. « Le Psautier de la Vierge » comme le dit Alain de la Roche est la prière qui a uni des âmes, qui a élevé des âmes, qui a sauvé des âmes. La complétude mystérique du Rosaire, passant inlassablement les épisodes joyeux, douloureux et glorieux de la vie du Christ et de sa Très Sainte Mère, cette complétude n’a pas trouvé d’égal jusqu’ici, et pour cause : c’est Dieu qui a transmis le rosaire aux pauvres. Au reste il faut se faire « pauvre » pour prier le Rosaire. Ceux qui « parlent des pauvres », qui se font des fortunes en écrivant sur l’Eglise des pauvres (Hans Küng), ceux-là ne sont pas assez pauvres pour aimer et prier le Rosaire. Pour aimer et prier le Rosaire, il faut être pauvres et humbles, et se savoir « en besoin » de grâces.
Mais qu’il est beau de voir ces pauvres paysans des steppes hongroises, le visage buriné par les vents venus d’Asie, tenir fébrilement entre leurs grosses mains boursoufflées ce petit rosaire fait de perles de bois d’olivier ! Mais qu’il est beau de voir ces vieilles femmes espagnoles emmantillées, égrener patiemment leur rosaire offert jadis pour leur première communion. Mais qu’il est beau de voir ces pieuses portugaises dévalant à genoux la Cova da Iria tout en récitant leur chapelet ! Mais qu’il est beau de voir ces vieux confesseurs italiens engoncés dans leur confessionnal tout méditant les mystères du rosaire… ! Mais qu’il est beau de voir les pèlerins traditionnels sur les routes de France, méditer le chapelet, et continuer leur pérégrination accompagnés et bénis par leur tendre Mère du ciel.
Le Rosaire a cela de rassurant qu’il est une prière pour tous, et récitée par tous.
Il s’agit d’une prière à notre Mère, d’une pétition humble, d’un suffrage de désarmés, de démunis, de faibles, de malades, de petits.
Les grands de ce monde n’ont que faire d’une chose aussi insignifiante qu’est le chapelet. Prière insignifiante en effet, pour les insignifiants aux yeux du monde. Mais pour les yeux de Dieu, il y a au contraire toute la signification de son amour dans ce petit instrument de prière.
Les tordus, les apostats, les hérétiques peuvent bien cracher leur venin sur cette prière, ils peuvent la ridiculiser, l’interdire, la proscrire, elle restera néanmoins celle que Dieu à donner aux pauvres hommes que nous sommes. C’est une prière de pauvre, pour des pauvres.
Le Rosaire est une prière dont on peut dire qu’elle est un « lien » qui nous unit à la Très Sainte Vierge Marie, la Bienheureuse Mère de Dieu. Et ce cordon ombilical, ce lien de piété parentale filiale est un appui, un soutien, une joie.
Comment ne pas vouloir établir un lien avec Dieu ?
Le chapelet est ce lien, cette chaîne, cette corde, cette courroie de transmission qui, au gré des heures passés à réciter les « ave Maria », transporte l’âme pour lui faire contempler les mystères dont elle goûtera la félicité, là-haut, dans l’Eternelle Patrie. Au ciel. Voilà on y est: le rosaire, le Saint Rosaire est un avant-goût du ciel.