Publié le 9 Mars 2008


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Après six lustres écoulés,
Au terme de sa vie mortelle,
Lui qui voulut naître pour cela
Il se livra à la Passion.
L'Agneau que l'on doit immoler
Est élevé sur l'arbre de la Croix.


Voici le vinaigre, le fiel, le roseau,
Les crachats, les clous, la lance;
Le doux corps est transpercé;
L'eau s'écoule avec le sang;
Terre, mer, astres et univers,
De quel torrent vous êtes lavés.

...
"mon peuple, que t'ai-je fait?
quel mal t'ai-je fait?
Réponds-moi"

antienne




office des laudes, bénédictins.
bréviaire monastique 1963.
Saintes semaines à tous et à toutes, en union avec le Saint Père, toute l'Eglise,
et toute la grande famille bénédictine, fils et filles de st Benoît.


"Espérons de la miséricorde de Dieu que les saints jours où nous entrons produiront en nous cet heureux changement qui nous permettra, lorsque l'heure du jugement de ce monde aura sonné, de soutenir, sans trembler, le regard de celui que nous allons voir foulé sous les pieds des pécheurs.

Le trépas du Rédempteur bouleverse toute la nature: le soleil se voile au milieu du jour, la terre tremble jusque dans ses fondements, les rochers éclatent et se fendent ; que nos cœurs aussi soient ébranlés, qu'ils se laissent aller de l'indifférence à la crainte, de la crainte à l'espérance, de l'espérance enfin à l'amour; et après être descendus avec notre libérateur jusqu'au fond des abîmes de la tristesse, nous mériterons de remonter avec lui à la lumière, environnés des splendeurs de sa résurrection, et portant en nous le gage d'une vie nouvelle que nous ne laisserons plus s'éteindre."

dom Guéranger




pax

"Sur la Croix c’est Dieu lui-même qui mendie l’amour de sa créature : Il a soif de l’amour de chacun de nous."

Benoît XVI


 
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Rédigé par philippe

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Publié le 9 Mars 2008

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"Sur le Calvaire, Marie se voit bien différente de ce qu'elle était à Bethléem, Là, comme Mère de celui qui est l'innocence même, Mère du Saint des saints, elle participait à la gloire que l'on rendait à son Fils; elle prenait part aux adorations des hommes et aux acclamations des anges. Comme la Mère du Juste par essence, elle ne sentait aucun des effets de l'arrêt porté contre les mères des pécheurs.

Mais sur le Calvaire, où elle est faite la mère des pécheurs, la mère des criminels, elle enfante dans la douleur et dans les angoisses, et saint Jean est le premier fruit de cette maternité, le premier-né de l'adoption, figure et symbole de tous les enfants de l'Église. En sa qualité de nouvelle Ève, pendant que le sacrifice universel est offert sur la croix en la personne de Jésus-Christ, la très sainte Vierge, offrant de son côté pour les hommes cette divine hostie, se sent aussi elle-même chargée de leurs péchés et obligée de satisfaire pour leurs crimes.

Elle peut bien dire, en imitant le langage de Noémi : « Ne me regardez plus maintenant comme au jour où je mis au monde mon Fils à a Bethléem, ce paradis de volupté; en engendrant l'auteur de toute sainteté, j'étais alors la mère des saints; mais à présent que je suis la mère des pécheurs, regardez-moi au contraire comme couverte de confusion, comme noyée dans un océan d'amertume et de douleur. »

mr. OLIER


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Publié le 7 Mars 2008



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    La mort de ceux qui nous sont proches nous laisse désemparés. Un père, une mère, ceux qui nous donnent la vie, nous les voyons mourir ! Nul n’échappe à ce choc. C’est un constat de la finitude humaine, mais qui fait porter le regard sur l’essentiel.

Devant la mort, celle de Lazare et la sienne propre, Jésus prie son Père : il en attend la gloire de sa résurrection et la vie pour tous ceux qui croiront en Lui.

    

1°) La résurrection de Lazare est le signe qui annonce sa Passion et son exaltation en croix. Le récit commence par évoquer l’onction prémonitoire de Marie et se termine par la décision prise par le grand prêtre de faire périr Jésus.

    Devant la tombe de son ami, Jésus est troublé : bouleversé par une émotion profonde, il se met à pleurer. La même émotion fait pressentir son agonie. Il ressent l’effroi et frémit : « Mon âme est troublée. Et que dire ? Père sauve-moi de cette heure. Mais c’est pour cela que je suis arrivé à cette heure. Père, glorifie ton nom ! » (12, 27) Certains Juifs disent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Certes, il aurait pu éviter que Lazare meure, mais à sa propre mort il ne peut se soustraire. Il dépose sa vie volontairement, car tel est l’ordre qu’il a reçu de son Père. Alors qu’on lève la pierre du tombeau, Jésus lève les yeux au ciel et exprime sa communication incessante avec le Père : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ». Sa prière n’est pas une demande mais une action de grâces, qui présuppose toutefois une demande : par delà Lazare, la prière se réfère à la traversée de l’Heure, en accord avec le trouble de Jésus. « C’est lui, explique l’Épître aux Hébreux, qui, aux jours de sa chair, étant présenté avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé, en raison de sa piété… » (5, 7).

    Jésus est exaucé quand il crie d’une voix forte : « Lazare, ici, dehors ! ».La mort est bien réelle, mais elle n’est pas la réalité ultime. Se réalise la parole qu’il avait dite lors d’un autre miracle : « Amen, Amen, je vous le dis, l’heure vient, et c’est maintenant, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu et ceux qui l’auront entendue vivront » (5, 25). « Vous saurez que je suis le Seigneur, avait présagé Ézéchiel, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferez sortir ». – Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandelettes, et le visage enveloppé d’un suaire. Ces détails anticipe en image ce qui attend Jésus ; mais l’image est décalée : suaire et bandelettes seront abandonnées dans un tombeau vide, dont la pierre est roulée, car Jésus entre dans une vie nouvelle, dans la gloire divine. Lazare quant à lui, est empêtré dans ses linges, car il revient à la vie sans être définitivement soustrait aux liens de la mort : sa « résurrection » (qui n’est qu’une réanimation) est seulement un miracle, un signe, non la réalité du mystère de la résurrection.

2°) Le miracle de Lazare ressuscité est le signe vivant de la condition nouvelle du croyant qui passe de la mort à la vie. Quand Jésus prie : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé… si j’ai parlé c’est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé », et que par la foi ils participent à ma vie de Fils ressuscité.

    Cette portée symbolique du récit ressort du dialogue de Jésus avec ses disciples, puis avec Marthe.

    À ses disciples, il dit que Lazare est endormi, et qu’il va le réveiller. Les apôtres ne comprennent pas : « S’il dort, il sera sauvé ». Mais Jésus parlait du sommeil de la mort physique. S’il n’emploie pas le mot « mort », c’est que pour lui il n’y a qu’une seule mort : celle du péché, qui est totale et éternelle. Et il est venu précisément pour nous libérer de cette mort. La mort physique servira à sa gloire : « Je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez ». Le miracle aura lieu pour susciter la foi en Celui qui affronte la mort. Et sera la glorification du Christ.

À Marthe, Jésus annonce que son frère ressuscitera : on rencontre la même in-intelligence qu’avec les apôtres. Marthe professe sa foi juive en la résurrection des morts au dernier jour ; mais Jésus proclame qu’il est la résurrection et la vie, la vie éternelle, il la donne sans attendre le dernier jour. «  Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ». Le croyant entre dès maintenant dans la vie divine et éternelle. En accueillant sa Parole, il passe de la mort à la vie. Le dernier jour est déjà là. « Crois-tu cela ? » Marthe répond par la profession de foi des nouveaux baptisés : « Je crois, Seigneur, que tu es le Fils de Dieu ». À toi, le Père a remis tout pouvoir pour délier les liens du péché et de la mort, et faire marcher dans la vie nouvelle de l’Esprit.Tu peux nous arracher à la corruptibilité et nous plonger en plein milieu divin. Car toi seul es saint, le Libérateur, le Rédempteur. Marthe devant le tombeau de Lazare fait remarquer : « Seigneur, il sent déjà, voilà quatre jours qu’il est là ». La foi n’est pas un anesthésique, le fameux opium, un artifice pouvant économiser l’angoisse de la mort. Mais quand on adhère au Christ, la mort avec lui change de sens, de couleur, de saveur et d’odeur. « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » ; tu verras ton frère ressuscité, tu verras les cieux ouverts et la création transfigurée, la victoire pascale métamorphoser ce monde voué à la décomposition que produit la mort. « Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8, 11).

    Quand Jésus se met en route vers sa Passion, Thomas, tout feu tout flamme, prend la décision héroïque : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ». Hélas, il interprète comme une démarche de mort, la démarche de Jésus en vue de la vie. Les juifs, Marie, Marthe, tous croient à la toute-puissance de la mort. Mais tous sortent de cette méprise, du lieu où ils étaient : Jésus et les disciples de Transjordanie ; les juifs, de Jérusalem ; Marthe, du village ; Marie avec les juifs, de sa maison de Béthanie ; Lazare, de sa tombe. N’est-ce pas l’amour qui les fait tous converger vers Jésus, qui se dirige vers l’endroit où il défie la mort ? « Nous le savons, nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort » (I Jn 4, 14).
Faisons nôtre la prière de ce dimanche : « Accorde-nous, Seigneur Dieu, notre Père, de marcher nous aussi allègrement dans cette charité qui a poussé ton Fils à se livrer à la mort par amour pour le monde ». Amen.

Fr Jean Gabriel . O.S.B
pour le petit Placide.

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Rédigé par philippe

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Publié le 7 Mars 2008


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Magnifique messe qui  servait autrefois  de préparation au baptême. "O vous qui êtes altérés, venez vers les eaux, dit le Seigneur, même si vous n'avez pas d'argent, venez, buvez avec joie."


... "Au temps favorable je t'exaucerai.

à ceux qui sont dans les ténèbres, montrez-vous!

ils pâtureront le long des chemins, ils n'auront plus ni faim ni soif, ni l'air embrasé ni le soleil ne les fera souffrir, car celui qui les prend en pitié les guidera et les conduira vers les eaux jaillissantes....

Criez de joie; terre, exulte: montagnes, éclatez d'allégresse, car le Seigneur console son peuple et prend en pitié ses affilgés.



Isaïe 19- 8,15


"Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie."

St Jean 8,12-2


,,, comme un avant-goût de la nuit de Pâques.

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Publié le 7 Mars 2008

d'où  il rentra à Fontgombault..... bénédictin.
quelques années plus tard.
très beau..

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Rédigé par philippe

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Publié le 7 Mars 2008

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"Voici maintenant ce que font souvent les chasseurs. Quand le cerf est épuisé de soif et de fatigue, ils rappellent et retiennent les chiens pendant quelque temps (quand ils sont sûrs de tenir le cerf dans le parc à gibier). et ils le laissent un peu reprendre haleine, pendant quelques instants. La bête en est ainsi très réconfortée et peut d'autant mieux supporter la chasse une seconde fois.
C'est ainsi qu'agit Notre Seigneur.

Quand il voit que la tentation et sa chasse deviennent trop violentes et trop pénibles pour l'homme, il l'arrête un peu et met sur les lèvres du coeur de l'homme une goutte de la douce saveur des choses divines.
L'homme en est si fortifié, que tout ce qui n'est pas Dieu lui parait méprisable, et qu'il lui semble alors avoir triomphé de toute sa misère. Mais ce n'est là qu'un réconfort pour une nouvelle chasse.

Au moment où il y pense le moins, voilà que les chiens lui sautent de nouveau à la gorge et l'assaillent avec un acharnement beaucoup plus fort que la première fois; mais maintenant il est fortifié et a plus de résistance qu'auparavant.

C'est à cause de sa merveilleuse bienveillance et de son grand amour, que Dieu laisse ainsi pourchasser les hommes; c'est en effet, ainsi que, cerf chassé, l'homme court à Dieu comme il convient; il en résulte un ardent désir de Dieu et une soif de Celui en qui est toute vérité, toute paix et pleine consolation.

Dieu en agit ainsi pour le breuvage, qui étanchera sa soif, soit d'autant plus doux, plus délicieux, plus délectable ici dans le temps et plus tard dans l'éternité.
Dans l'éternité, l'homme boira, à pleine source, au coeur de son Père; ici-bas il en éprouve une telle consolation que tout lui parait sans valeur et qu'il tiendra pour rien de souffrir pour Dieu."

Tauler

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Rédigé par philippe

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Publié le 7 Mars 2008

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"Notre société crie la nécessité de retrouver les influx essentiels à la vie, de retrouver la mémoire, une structure qui permette à chaque individu de s’accomplir. Nous sommes tous à la fois victimes et responsables du modèle social aliénant dans lequel nous vivons. Une société amnésique, robotisée, coupée de ses racines spirituelles, obsédé par ses loisirs, ses vacances, ses week-ends, est une société en sursis. Nous vivons sans doute la fin d’un cycle urbain, comme la fin d’un cycle de civilisation. L’homme nouveau, comme la cité de demain, devra se retourner vers l’Orient, étancher sa soif aux sources vives et éternelles de la Vérité…"


Paul Barba Negra.

auteurs de films documentaires sur la géographie de l'espace et l'art sacré entre autre "Reims Cathédrale des sacres, ..très beaux documentaires hélas jamais réédités en dvd .. dommage.
source

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Rédigé par philippe

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Publié le 6 Mars 2008

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"Ô mon peuple, que t’ai-je fait ?
En quoi t’ai-je contristé ? Réponds moi..."


 Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. » (Jn 19, 37)

Chers frères et sœurs !

« Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. » (Jn 19, 37). C’est le thème biblique qui guidera cette année notre réflexion quadragésimale. Le Carême est une période propice pour apprendre à faire halte avec Marie et Jean, le disciple préféré, auprès de Celui qui, sur la Croix, offre pour l’Humanité entière le sacrifice de sa vie (cf. Jn 19, 25). Aussi, avec une participation plus fervente, nous tournons notre regard, en ce temps de pénitence et de prière, vers le Christ crucifié qui, en mourant sur le Calvaire, nous a révélé pleinement l’amour de Dieu. Je me suis penché sur le thème de l’amour dans l’encyclique Deus caritas est, en soulignant ses deux formes fondamentales : l’agape et l’eros.

L’amour de Dieu : agape et eros.

Le terme agape, que l’on trouve très souvent dans le Nouveau Testament, indique l’amour désintéressé de celui qui recherche exclusivement le bien d’autrui ; le mot eros, quant à lui, désigne l’amour de celui qui désire posséder ce qui lui manque et aspire à l’union avec l’aimé. L’amour dont Dieu nous entoure est sans aucun doute agape. En effet, l’homme peut-il donner à Dieu quelque chose de bon qu’Il ne possède pas déjà ? Tout ce que la créature humaine est et a, est un don divin : aussi est-ce la créature qui a besoin de Dieu en tout. Mais l’amour de Dieu est aussi éros. Dans l’Ancien Testament, le Créateur de l’univers montre envers le peuple qu’il s’est choisi une prédilection qui transcende toute motivation humaine. Le prophète Osée exprime cette passion divine avec des images audacieuses comme celle de l’amour d’un homme pour une femme adultère (3, 1-3) ; Ézéchiel, pour sa part, n’a pas peur d’utiliser un langage ardent et passionné pour parler du rapport de Dieu avec le peuple d’Israël (16, 1-22). Ces textes bibliques indiquent que l’eros fait partie du cœur même de Dieu : le Tout-puissant attend le « oui » de sa créature comme un jeune marié celui de sa promise. Malheureusement, dès les origines, l’humanité, séduite par les mensonges du Malin, s’est fermée à l’amour de Dieu, dans l’illusion d’une impossible autosuffisance (Jn 3, 1-7). En se repliant sur lui-même, Adam s’est éloigné de cette source de la vie qu’est Dieu lui-même, et il est devenu le premier de « ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort » (Hb 2, 15). Dieu, cependant, ne s’est pas avoué vaincu, mais au contraire, le « non » de l’homme a été comme l’impulsion décisive qui l’a conduit à manifester son amour dans toute sa force rédemptrice.

La Croix révèle la plénitude de l’amour de Dieu.

C’est dans le mystère de la Croix que se révèle pleinement la puissance irrésistible de la miséricorde du Père céleste. Pour conquérir à nouveau l’amour de sa créature, Il a accepté de payer un très grand prix : le sang de son Fils Unique. La mort qui, pour le premier Adam, était un signe radical de solitude et d’impuissance, a été ainsi transformée dans l’acte suprême d’amour et de liberté du nouvel Adam. Aussi, nous pouvons bien affirmer, avec Maxime le Confesseur, que le Christ « mourut, s’il l’on peut dire, divinement parce que il murut librement » (Ambigua, 91, 1956). Sur la Croix, l’eros de Dieu se manifeste à nous. Eros est effectivement – selon l’expression du Pseudo-Denys – cette force « qui ne permet pas à l’amant de demeurer en lui-même, mais le pousse à s’unir à l’aimé » (De divinis nominibus, IV, 13 : PG 3, 712). Existe-t-il plus « fol eros » (N. Cabasilas, Vita in Christo, 648) que celui qui a conduit le Fils de Dieu à s’unir à nous jusqu’à endurer comme siennes les conséquences de nos propres fautes ?

« Celui qu’ils ont transpercé »

Chers frères et sœurs, regardons le Christ transpercé sur la Croix ! Il est la révélation la plus bouleversante de l’amour de Dieu, un amour dans lequel eros et agape, loin de s’opposer, s’illuminent mutuellement. Sur la Croix c’est Dieu lui-même qui mendie l’amour de sa créature : Il a soif de l’amour de chacun de nous. L’apôtre Thomas reconnut Jésus comme « Seigneur et Dieu » quand il mit la main sur la blessure de son flanc. Il n’est pas surprenant que, à travers les saints, beaucoup aient trouvé dans le cœur de Jésus l’expression la plus émouvante de ce mystère de l’amour. On pourrait précisément dire que la révélation de l’eros de Dieu envers l’homme est, en réalité, l’expression suprême de son agape. En vérité, seul l’amour dans lequel s’unissent le don désintéressé de soi et le désir passionné de réciprocité, donne une ivresse qui rend légers les sacrifices les plus lourds. Jésus a dit : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » (Jn 12, 32). La réponse que le Seigneur désire ardemment de notre part est avant tout d’accueillir son amour et de se laisser attirer par lui. Accepter son amour, cependant, ne suffit pas. Il s’agit de correspondre à un tel amour pour ensuite s’engager à le communiquer aux autres : le Christ « m’attire à lui » pour s’unir à moi, pour que j’apprenne à aimer mes frères du même amour.

Le sang et l’eau.

« Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé ».

Regardons avec confiance le côté transpercé de Jésus, d’où jaillissent « du sang et de l’eau » (Jn 19, 34) ! Les Pères de l’Église ont considéré ces éléments comme les symboles des sacrements du Baptême et de l’Eucharistie. Avec l’eau du Baptême, grâce à l’action du Saint Esprit, se dévoile à nous l’intimité de l’amour trinitaire. Pendant le chemin du Carême, mémoire de notre Baptême, nous sommes exhortés à sortir de nous-mêmes pour nous ouvrir, dans un abandon confiant, à l’étreinte miséricordieuse du Père (cf. saint Jean Chrysostome, Catéchèses 3,14). Le sang, symbole de l’amour du Bon Pasteur, coule en nous tout spécialement dans le mystère eucharistique : « L’Eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande de Jésus… nous sommes entraînés dans la dynamique de son offrande » (Encyclique Deus caritas est, 13).

Nous vivons alors le Carême comme un temps « eucharistique », dans lequel, en accueillant l’amour de Jésus, nous apprenons à le répandre autour de nous dans chaque geste et dans chaque parole. Contempler « celui qu’ils ont transpercé » nous poussera de manière telle à ouvrir notre cœur aux autres en reconnaissant les blessures infligées à la dignité de l’être humain ; cela nous poussera, en particulier, à combattre chaque forme de mépris de la vie et d’exploitation des personnes, et à soulager les drames de la solitude et de l’abandon de tant de personnes. Le Carême est pour chaque chrétien une expérience renouvelée de l’amour de Dieu qui se donne à nous dans le Christ, amour que chaque jour nous devons à notre tour « redonner » au prochain, surtout à ceux qui souffrent le plus et sont dans le besoin. De cette façon seulement nous pourrons participer pleinement à la joie de Pâques. Marie, Mère du Bel Amour, tu nous guides dans ce chemin du Carême, chemin d’authentique conversion à l’amour du Christ.


A vous, chers frères et sœurs, je souhaite un chemin du Carême profitable, et je vous adresse affectueusement à tous une spéciale Bénédiction Apostolique.

BENEDICTUS PP. XVI
2007/
 
 

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Publié le 6 Mars 2008

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Les étendards du Roi s'avancent, la Croix rayonne en son mystère… (Hymne du Temps du Carême et de la Passion)

Cette hymne liturgique est un très beau poème sur la croix où la Vie subit la mort pour donner des fruits de vie. Elle est une contemplation sur ce bois qui fut jugé digne de devenir le trône du Sauveur en touchant ses membres saints. Cet arbre est comme illuminé par celui qu'il porte, son Créateur, sauveur des hommes. Ses bras ont porté la rançon du monde et sous ce poids l'enfer dut lâcher sa proie. La pourpre royale est faite d'eau et de sang qui ruissellent des plaies du Christ. Sur les nations, regnavit a ligno Deus, Il a régné par le bois de la Croix.

Eloge du mal, de la souffrance, de la mort déifiée ? Non, éloge de la vie, de la victoire sur le mal, sur la mort. Car c'est la Lumière qui débouche sur la nuit… O crux ave, spes unica… Salut, ô croix, seule espérance! Les vivants chantent vos louanges, victorieux par votre croix… Du triomphe du jour des Rameaux à la trahison de l'apôtre Judas le soir du Jeudi-saint, des tribunaux religieux et civils, des sévices, des tortures, du portement de la Croix; de la Crucifixion et de la mort du Vendredi vers 15 heures, de l'attente anxieuse et craintive jusqu'à l'aube radieuse de Pâques, nous suivrons pas à pas, avec la Vierge Marie sa mère, Jésus, le Christ, notre sauveur, fils de l'homme et fils de Dieu…

Suivons-Le, aimons-Le, prions-Le. Effectuons, nous aussi, notre pâque, notre passage, de notre mort à nous-mêmes à la vie, à Sa vie !

abbé Christian Laffargue.

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Publié le 5 Mars 2008


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"Il s'agit donc d'entrer dans un mystère de Salut (v.17) ce qui revient à dire, pour qui contemple la croix glorieuse, se convertir à l'amour de Dieu. Rien n'est moins évident ! Se convertir à l'amour de Dieu, c'est se tourner vers celui que nous avons transpercé, c'est contempler celui qui est élevé de terre. Se convertir à l'amour de Dieu, c'est laisser par conséquent cet amour nous rejoindre là où nous n'aimons pas, ne nous aimons pas, ne sommes pas aimés. C'est laisser la tendresse de Dieu prendre possession de notre mal, mal qui fait le mal et mal qui nous fait mal.

Tendresse de Dieu qui touche et anéantit la dureté du cœur de l'homme. Se convertir à l'amour de Dieu, c'est être jugé sans concession et sans réserve, sans aucune circonstance atténuante, par cet amour de Dieu qui sauve (v.17ss), qui est allé jusqu'à l'anéantissement du péché pour devenir pur engendrement de vie éternelle.

Se convertir à l'amour de Dieu, c'est laisser ce flot vivifiant jaillit de la croix emporter les digues du cœur et se répandre sur ses espaces réservés et desséchés. Ou bien c'est ce Feu brûlant qui consume notre néant envahi d'inconsistantes réalités pour devenir en vérité notre plénitude.

Aventure pascale, sublime et redoutable à la fois, que celle qui consiste à se convertir à l'amour de Dieu ! Aucune autre aventure à vrai dire ne vaut la peine d'être vécue si elle ne nous conduit au seuil de celle-là seule qui importe.

Il n'est pas nécessaire de chercher ailleurs l'amour de Dieu et il ne faut jamais se chercher ailleurs que dans l'amour de Dieu, c'est là une question de vie ou de mort. Dieu est bien là où je ne le savais pas, je ne le croyais pas, je ne le voulais pas. (même à Chavagnes, dis-donc!)

Ce Dieu qui est bien là, c'est bien le Dieu d'amour, de tendresse et de miséricorde. A découvrir cela dans la contemplation de la croix glorieuse, je me découvre à cet amour brûlant qui me connaît, me révèle et me désire, amour que je peux et que je veux dès lors connaître, croire et désirer selon la même démesure de cet amour, infinie."

Frère Jean-Marc GAYRAUD, o.p

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