
T
e Deum..
Dans quelques jours ce chant sera sur les lèvres de la Sainte Eglise. Le Te Deum va fermer à clef la porte de l'année 2007 pour l'ouvrir sur une nouvelle année.
Déjà des profondeurs de la nuit de Noël s'élèvera ce chant en action de grâces au mystère de l'Incarnation.
Et pourtant il n'est pas trop besoin d'aller loin pour n'y voir sans doute qu'une année bien morose, bien pénible, surtout quand l'un des nôtres nous a été enlevé. On pense à eux, on pense ceux qui nous ont précédé et ce chant est leur chant de victoire et de triomphe de tout un combat mené jusqu'au bout, parfois jusqu'au sacrifice de leur vie comme Anne-Lorraine.
Nous avançons avec la croix sur la route de notre exil, en route vers notre patrie future. Ce chant de triomphe de notre sainte Mère l'Eglise est bien le nôtre. Elle fait éclore de nos jardins de souffrance, des joies, mais surtout tant de larmes, mais si pleines et si fécondes dans le temps, dans le "aujourd'hui je t'ai engendré", dans le maintenant du "Je vous salue Marie"... Cet aujourd'hui qui n'a pas de temps.
Ils sont allés au-devant pour guider notre route, comme éclaireurs, comme sentinelles bienveillantes sur les durs et âpres chemins qui mènent à Dieu.
Sur le salon beige, M.J. disait qu'il n'est pas bon pour l'homme de rester seul citant saint Thomas. A la bonne heure. Mais cette chère dame sait vous rattraper quand vous vous y attendez le moins, un jour ou l'autre dans votre vie.
Tout n'est que tromperie, que trompe-l'oeil, chimères, sauf oui, quand par chance vous avez comme dans la vie monastique quelqu'un qui vous accompagne au seuil de l'éternité, mais c'est quand même rare. dans notre pauvre monde.
L'homme est seul. S'il n'était pas seul il n'irait pas s'exposer constamment sur des forums, sur de l'internet, et s'il y va c'est pour casser sa solitude et ses ennuis... pour se défouler, pour briser la monotonie de son existence et ce qui cache souvent bien des drames ou des problèmes psychologiques..
Quand je vais dans la maison de retraite de ma mère où je vois ces fins de vie en fauteuil roulant, oui je me dis que l'homme est quand même bien seul.
Cette dame rencontrée à Lourdes.. surprenante petite bonne femme.. "Vous savez la Vierge, je l'invoque tous les jours..." Mère de 10 enfants pour se retrouver aussi bien seule dans une résidence.. pour passer Noël avec des personnes agées.. ses enfants éparpillés dans le monde, aux U.S.A, ou peut-être morts..
Dame solitude est pire que nos radars, elle se trouve à chacun de nos carrefours, à chacune de nos rues, à chacune de nos maisons et nous ne la voyons pas ou refusons de la voir.
Le petit Placide s'est fait flascher, il en a sa dose.
Mais comme quoi tout vous surprend.
D'ailleurs surprenante petite bonne femme et que je retrouvais à la grotte prier sa Mère avec tant de piété, malgré les moins cinq avoisinants.Je me suis dit encore décidément le Bon Dieu cueille ses fleurs dans les déserts de la simplicité. Ah ce n'était pas une excitée, mais sûrement une âme intérieure et comme ces choses se sentent et se voient..
N'allez pas leur demander ce qu'elles en pensent du Motu Proprio.. où je ne sais quoi, si ça se trouve, elles n'en connaissent même pas l'existence. Elles savent oui peut-être, mais ça s'arrete là..à chacun sa planète.
Oui comme je disais la solitude nous propulse à des milliers, mais des milliers de kilomètres de la planète terre, avec tous ses problèmes, non pas que nous en soyons indifférents, mais sans aucun doute nous voyons les choses autrement. Alors oui, d'où les incompréhensions multiples. Oui c'est vrai nous n'avons plus les mêmes priorités, ni le même regard. Nous ne savons qu'une chose, demain nous ne savons même pas de quoi il sera fait, qu'il sera fait d'un toujours perpétuel, auquel nous essayons de nous adapter et de nous tenir prêts.
Dans sa Tendresse bienveillante, l'Eglise nous redit tout le programme divin, Notre-Dame, l'Incarnation, ce mystère de l'union de Dieu à l'homme en vue de nos retrouvailles éternelles...
Te Deum, de ce que nous sommes encore à l'oeuvre, oeuvre pourtant pour la plupart presque achevée. Il ne reste que si peu de pages à écrire au moins pour certains et beau nombre d'entre nous. Peut-être notre dernier Noël, le der des der.
Alors pour la nouvelle année, j'offre cette prière de dom Delatte que je trouve très belle:
"Père, vous êtes bon, personne ne vous ressemble. Vous savez seul comment notre coeur est à vous. Si vous voulez quelque chose, vous savez bien que vous pouvez tout demander. Père, donnez la force et un rayon de joie à ceux qui souffrent, dites votre nom à ceux qui ne vous connaissent pas, rappelez à vous ceux qui vous oublient, comblez ceux qui vous aiment, et accordez votre beauté à ceux qui attendent et ne vivent que pour vous..."
...
sur les dura et aspera per quae itur ad Deum.
bonnes et saintes fêtes, dans la joie peut-être la seule, la plus vraie, celle que nous pouvons méditer en ce jour et y être attentif, celle de se savoir enfant, enfant de Dieu et de l'Eglise.