En ce jour où la lumière se levant repoussa les ténèbres et la nuit, le ciel et la terre à la fois vous adorent, ô Seigneur, et rendent à vous la louange.
Du Père de lumière a brillé sur nous la clarté ravissante et splendide, chassant les ombres de cette terre, donnant à tout, éclat et vie.
Illuminez nos cœurs de la lumière de vos préceptes, ô miséricordieux ; éloignez des âmes de ceux qui vous servent les ténèbres de l'ignorance, faites que nous soyons agréables à votre gloire.
En ce même jour le Seigneur s'est levé du tombeau dans la vertu, la puissance et la force; en ce jour aussi l'Eglise sainte a été parée des prêtres, ses ministres.
Qu'ils sont beaux les chœurs des fils de l'Eglise debout dans la prière ! de leurs rangs montent de suaves et joyeuses mélodies comme celles des Anges.
Prophètes qui avez révélé les mystères, Apôtres annonçant l'Evangile, Martyrs qui savez mourir, amis du Christ, dans votre sang, aux quatre coins du monde, l'Eglise sainte a été bâtie. Intercédez pour ses enfants qui chantent votre gloire, afin de trouver grâce.
dom Guéranger.
"La eésurrection du jeune homme de Naïm a rempli de joie la veuve, sa mère; de même notre mère la Sainte Eglise se sent heureuse en voyant quotidiennement des hommes ressusciter spirituellement."
saint Augustin
"Crie de joie, stérile, qui n'enfantais pas;
éclate en cris de joie et d'allégresse, toi qui n'a pas eu les douleurs!
Car plus nombreux sont les fils de l'abandonnée
que les fils de l'épouse, dit Yahvé.
Elargis l'espace de ta tente,
déploie tes tentures sans contrainte,
allonge tes cordages, renforce tes pieux!
Car tu vas éclater à droite et à gauche.
Ta race possédera des nations
et les tiens peupleront des villes abandonnées. "
Is. 54 1,3
Le Christ sait bien qu’une multitude l’entoure, qui, saisie par le miracle, proclamera l’événement dans toute la contrée. Mais le Seigneur n’agit pas par artifice, pour la beauté du geste : il se sent, tout simplement, affecté par la souffrance de cette femme, et il ne peut s’empêcher de la consoler. Il s’approcha d’elle en disant en effet : Ne pleure pas. Cela revenait à lui dire : je ne veux pas te voir en pleurs, car je suis venu apporter la joie et la paix sur cette terre. Ensuite vient le miracle, cette manifestation du pouvoir du Christ-Dieu. Mais son âme a d’abord ressenti cette émotion, signe manifeste de la tendresse du Cœur du Christ-Homme.
Si nous ne l’apprenons pas de Jésus, jamais nous n’aimerons. Si nous pensions, comme certains, que garder un cœur pur, digne de Dieu, consiste à ne pas le mêler à des affections humaines, à ne pas le contaminer à leur contact, il en résulterait logiquement que nous serions insensibles à la douleur des autres.
St Josemaria
(- comme il y en a tant de nos jours., on peut "crever" à leur porte.. !)
Nulle part ailleurs dans la Bible n’est mentionnée la ville de Naïn ; cette petite bourgade située non loin du Mont Thabor ; une petite ville où sera manifestée non seulement la lumière d’une transfiguration certaine, mais aussi et surtout la pleine lumière d’une résurrection, c’est à dire la pleine Lumière de la Résurrection.
En étant attentifs au récit de cette scène évangélique il est frappant de constater que d’emblée que deux groupes distincts se croisent :
D’une part un imposant cortège funèbre et d’une autre part le Christ suivi de Ses apôtres mais également d’un nombre important de personnes ; « une foule nombreuse » comme le dit le texte au verset 11.
Autant dire que le symbolisme qui se dégage de cette scène est fort puisque d’évidence la Vie et la mort se rencontrent, la Vie et la mort se confrontent ; la Vie et la mort se retrouvent face à face pour ainsi dire.
La mort étant représentée ici de façon crue et accentuée par une femme non seulement veuve, mais qui plus est par une femme légitimement atteinte dans son affectivité par la perte d’un jeune fils unique; la Vie quant à elle étant bien évidemment symbolisée par le Christ et la foule nombreuse d’hommes et de femmes qui Le suivait.
En voyant la souffrance qui se dégageait de cette procession funéraire, le Christ manifesta à la fois Sa pleine humanité et à la fois Sa divinité : Son humanité en étant « pris de compassion », sa divinité en opérant le miracle de la résurrection.
Être « pris de compassion » est lourd de sens, puisque littéralement le verbe « compatir » signifie « souffrir avec » ; et pourtant, plus encore qu’une simple compassion humaine, cela signifie la tendresse et l’amour dont Dieu fait preuve face à notre misère ; la tendresse et l’amour de Dieu face à notre propre souffrance. En un mot : cela signifie la miséricorde dont Dieu use généreusement envers chacun de nous.
Pour le Christ une seule parole a suffit pour ressusciter le jeune homme : « Je te le dis ; lève-toi ! » ; ce « lève-toi » qui sous-entend le dynamisme de la vie propre à la Résurrection du Christ, mais aussi la résurrection spirituelle que réalise l’éveil du baptême ainsi que le dit Saint Paul dans l’épître aux Ephésiens : « Eveille-toi, toi qui dors ; lève-toi d’entre les morts et sur toi luira le Christ ! » (Eph, V-14).
La résurrection du fils de la veuve présage dès à présent toutes les résurrections à venir ; comme en réponse à ces « petites morts » que nous pouvons traverser et où nous entraîne le péché, pour reprendre St Ambroise de Milan qui précise que « même si il y a péché grave que vous ne puissiez laver par les larmes du repentir ; que pour vous pleure cette Mère qu’est l’Eglise et qui intervient pour chacun de ses enfants comme une mère veuve pour des fils uniques…lorsqu’elle voit ses enfants poussés vers la mort par des actes funestes ».
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soyons donc intimement convaincus que la Résurrection du Christ est la voie et la réponse à toute souffrance affective ; ce genre de souffrances dont la veuve de Naïn était en quelque sorte l’incarnation avant sa rencontre avec le Christ ; en tant qu’elle était privée d’un conjoint aimant et fidèle mais aussi d’un enfant, ce qui aurait fait toute sa joie de femme.
Si l’Evangile n’indique pas qu’elle se soit révoltée ou ait cherché des dérivatifs et échappatoires en tous genres pour fuir la souffrance à laquelle elle était acculée, c’est que tel devait être le cas : elle a su accueillir spirituellement cette souffrance jusqu’à ce que le Christ se penche vers elle dans un élan d’amour compatissant et ce, sans qu’elle ait demandé quoi que ce soit.
Homélie d'un moine orthodoxe de l'eglise d'occident