Publié le 20 Mars 2010

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saint Benoît priez pour nous !

sainte fête aux Benoît, moines

moniales.

 

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Le motif de la dévotion spéciale que nous éprouvons pour tel saint en particulier, est ordinairement emprunté à ses mérites, qui lui assurent un plus grand crédit auprès de Dieu.

Or, si l'on considère tout ce que la grâce a opéré en saint Benoît, tout ce que saint Benoît a accompli par lui-même et par ses enfants pour l'honneur de Dieu , le salut des âmes et le service de l'Église, on est amené à penser que parmi les amis de Dieu, parmi ceux qu'il a daigné glorifier, il en est peu dont l'intercession semble devoir être plus puissante.


Cette Règle si sainte et si remplie de sagesse, qui seule a régné pendant plus de cinq siècles dans tous les monastères de l'Occident, n'a-t-on pas droit de la considérer comme dictée par l'Esprit-Saint à l'homme choisi pour l'écrire et pour lui donner son nom?

Ces milliers de saints qu'elle a produits, et qui se sont fait gloire d'être les enfants de saint Benoît, ne sont-ils pas autant d'astres qui gravitent dans les cieux autour de ce brillant soleil? Des nations entières conquises sur le paganisme à la foi chrétienne par ses disciples, ne le proclament-elles pas leur Père? Les nombreuses phalanges de martyrs qui saluent Benoît du nom de leur chef, ne lui donnent-elles pas le droit de réclamer une part dans les mérites de leurs combats ? Cette multitude de saints Évêques qui ont gouverné tant d'Églises, cette pléiade de saints Docteurs qui ont enseigné la science sacrée, et combattu les hérésies de leur temps, n'est-elle pas aussi un hommage à celui que tous ont honoré comme leur maître?

Les trente souverains Pontifes, que la Règle bénédictine a donnés à l'Eglise, et dont un si grand nombre ont eu la main dans les mesures les plus importantes pour la défense et l'avantage de la chrétienté , n'attestent-ils pas aussi la haute sagesse du législateur inspiré sous la conduite duquel ils vécurent longtemps dans le cloître? Enfin, tant de millions d'âmes qui, depuis treize siècles, se sont vouées à Dieu sous sa sainte et impérissable institution, ne forment-elles pas autour de sa tête vénérable comme un diadème immortel qui fait l'admiration des élus?

 

Pour tous ces motifs, il semble légitime que le peuple chrétien dans les hommages qu'il rend aux héros de la sainteté, soit engagé à diriger son culte et sa confiance vers le grand Patriarche , autour duquel Dieu semble avoir réuni tout ce qui peut contribuer à nous donner une idée de la gloire immense dont il l'a couronné dans les cieux.

Recourons donc à lui dans nos besoins; il est puissant pour exaucer nos prières, et la bonté toute paternelle qui semble avoir été un des traits principaux de son âme, d'après les récits que saint Grégoire-le-Grand nous a laissés sur son admirable vie, est demeurée, au sein même de la gloire dont il jouit, comme le caractère permanent de son intervention en faveur des habitants de la terre.

 

Il apparut un jour à sainte Gertrude, son illustre fille. Ravie d'admiration dans la contemplation de ses grandeurs, la vierge lui rappela son glorieux trépas, lorsque dans l'église du Mont-Cassin, le vingt-un Mars 543, après avoir reçu le corps et le sang du Seigneur, soutenu sur les bras de ses disciples, debout comme un atblète, il rendit sa sainte âme à Dieu dans une dernière prière. Elle osa alors lui demander, au nom d'une si précieuse mort, qu'il daignât assister de sa présence, au dernier moment, chacune des religieuses qui composaient alors le monastère dont elle était Abbesse. Assuré de son crédit auprès du souverain Seigneur de toutes choses, le saint Patriarche lui répondit avec cette douce autorité dont son langage était rempli dès ici-bas : « Quiconque me rendra hommage pour  la faveur dont mon maître a daigné ho» norer mes derniers moments, je m'engage à l'assister moi-même à l'heure de sa mort. Je serai pour lui un rempart qui  le mettra en sûreté contre les embûches des démons. Fortifié par ma présence,  il échappera aux pièges des ennemis de son âme, et le ciel s'ouvrira pour lui ».

 

Une si précieuse promesse faite par un tel serviteur de Dieu , et garantie par une si noble épouse du Sauveur des hommes, a inspiré aux enfants de saint Benoît la pieuse pensée de composer une prière spéciale selon les intentions de leur Patriarche, à l'effet d'assurer à ceux qui la réciteront, le bienfait qu'il a daigné promettre.

 

Benoît, aimé du Seigneur, s'étant fortifié par la réception du Corps et du Sang de Jésus-Christ, était debout dans l'Eglise, appuyant ses membres défaillants sur les bras de ses disciples. Les mains élevées vers le ciel, il exhala son âme dans les paroles de la prière, et on le vit monter au ciel par une voie couverte de riches tapis et resplendissante de l'éclat d'innombrables flambeaux.

- Vous avez apparu plein de gloire en la présence du Seigneur;

- Et c'est pour cela que le Seigneur vous a revêtu de beauté.

 

"O Dieu qui avez honoré de tant et de si glorieux privilèges la précieuse mort du très saint Benoît; daignez nous accorder, à nous qui honorons sa mémoire, la grâce d'être protégés contre les embûches de nos ennemis, à l'heure de notre mort, par sa bienheureuse présence.

Amen

dom Guéranger  .



Seigneur, ayez pitié

Christ, ayez pitié

Seigneur, ayez pitié

 

Père du Ciel, Seigneur Dieu, ayez pitié de nous.

Fils Rédempteur du monde, ayez pitié de nous

Esprit Saint, Seigneur Dieu, ayez pitié de nous.

 

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.

Saint Joseph, priez pour nous.

Saint Benoît, patron de la bonne mort...

Saint Benoît, rempli du Saint Esprit

Saint Benoît, homme de prière.

Saint Benoît, fort dans la foi

Saint Benoît, ferme dans l'espérance.

Saint Benoît, ami des travailleurs

Saint Benoît, consolateur des malheureux,

Saint Benoît, soutien des malades

Saint Benoît, réconfort des pauvres

Saint Benoît, espoir des familles divisées

Saint Benoit, protecteur des enfants.

 

Saint Benoît, de la colère et de la haîne, délivrez-nous

Saint Benoît, de la jalousie et de la calomnie, délivrez-nous.

Saint Benoît, de toutes nos souffrances, délivrez-nous.

 

Seigneur, écoutez-nous.

Seigneur, exaucez-nous.

 

 

Seigneur Dieu, qui avez fait de saint Benoît un guide de vie chrétienne: donnez-nous de préférer votre amour à toute chose et aidez-nous à progresser sur les chemins de Jésus Christ Notre Seigneur. Amen.

 

 

Prions

 

Exaucez dans votre miséricorde et votre bonté les prières que nous vous adressions pour la liberté et l'exaltation de la Sainte Eglise Universelle, notre Mère, pour la conversion des pécheurs, pour la santé des malades, pour la consolation des affligés, pour le salut des vivants, et spécialemen pour nos intentions particulières............................

pour tous ceux qui se recommandent ou sont recommandés à nos prières; pour le soulagement ou la délivrance des défunts, pour nos amis. par Jésus-Christ Notre Seigneur.

 

Amen.

 

O bon Père Benoît, chef et Patriarche des moines, espérance et consolation de tous ceux qui recourent à vous de tout leur coeur, je me recommande humblement à votre très sainte protection. Daignez, en raison de l'excellence de vos mérites, me défendre contre tous les ennemis de mon âme et m'accorder dans l'abondance de votre tendresse, la grâce de la componction et le don des larmes, afin que je puisse pleurer comme il convient et abondamment tant de fautes et d'offenses dont je me suis souvent rendu coupable depuis ma jeunesse contre l'aimable et désirable Seigneur Jésus-Christ, et afin que je mérite de vous louer et de vous honorer dignement.

 

O olivier, ô vigne d'une extraordinaire fécondité dans la maison de Dieu. O vase d'or massif, orné de toutes sortes de pierres précieuses, choisi par Dieu et très agréable à son coeur, enrichi d'innombrables dons de la grâce comme d'autant de diamants étincelants. Je vous prie, je vous supplie, je vous conjure de toute l'ardeur de mon coeur et par tous les désirs de mon âme, Père très bienveillant et doux Maître, de daigner vous souvenir devant Dieu du pauvre pécheur que je suis, pour que, dans sa bonté&, il me pardonne tous mes péchés, me maintienne dans le bien et ne permette pas que quelque malheur m'éloigne jamais de lui. Puisse-t-il, au contraire, m'admettre après vous, ô Père, dans la société des Bienheureux et m'accorder la joie de le contempler; là je goûterai le bonheur éternel avec vous et avec l'immense armée de moines placée sous votre étendard. Daigne m'accorder cette grâce notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, qui, avec le Père et le Saint-Esprit, vit et règne dans les sicècles des siècles.

Amen.

 

PRIONS.

 

Nous vous demandons, Dieu tout-puissant, en vertu des mérites et des exemples de notre Bienheureux Père saint Benoît, de ses disciples Placide et Maur, de la Vierge sa soeur scholastique et de tous les saints moines qui ont combattu pour vous dans les rangs de son armée et sous sa conduite, de renouveler en nous votre Esprit-Saint, afin que, sous son inspiration, nous luttions avec vigueur contre la chair, contre le monde et contre le démon. Et puisque la palme de la victoire ne s'obtient que par les fatigues du combat, donnez-nous la patience dans l'adversité, la constance dans les tentations et la prudence dans le danger. Donnez-nous l'éclat de la chasteté, le désir de la pauvreté, le mérite de l'obéissance et la fidélité résolue dans l'observance. Puissions-nous, forts de votre secours et unis par les liens de la charité fraternelle, nous acquitter de notre service avec une commune ardeur et traverser cette vie présente de manière à mériter d'entrer un jour, victorieux et couronnés, dans l'éternelle Patrie pour y être réunis aux phalanges des saints moines. Par le Christ Notre Seigneur.

 

Amen.

 

O saint Patriarche, nous vous invoquons : levez vos bras paternels largement ouverts vers le Très Sainte Trinité et priez pour le monde, pour l'Eglise, et particulièrement pour l'Europe, pour votre Europe dont vous êtes le patron céleste : pour que celle-ci n'oublie pas, ne refuse pas, ne rejette pas l'extraordinaire trésor de la foi chrétienne qui, pendant des siècles a animé et fécondé l'histoire et le progrès moral, civil, culturel, artistique de ses différentes nations ; que, par la vertu de sa matrice chrétienne, elle soit porteuse et génératrice d'unité et de paix parmi les peuples du continent et ceux du monde entier ; qu'elle garantisse à tous ses citoyens la sérénité, la paix, le travail, la sécurité, les droits fondamentaux, comme ceux qui concernent la religion, la vie de famille, le mariage.

 

 Jean-Paul 2

 

 

 

 

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Rédigé par philippe

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Publié le 20 Mars 2010

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Les

étendards du Roi s’avancent

 et la lumière de la Croix resplendit son mystère,

 En Croix, la Vie subit la mort,

 et par sa mort elle redonne la vie.

 

 

 Ses membres furent percés par les clous,

 étendant Ses mains, Ses pieds,

 pour notre Rédemption,

 Il fut sacrifié comme Victime.

 

 

Achevé par la funeste

 pointe de la lance

 Pour nous laver du péché,

 Il ruissela d’eau et de sang.

 

 

 

Voici que s'accompli ce qu’a chanté

 David en ses vers prophétiques.

 Proclamant aux nations:

 c’est par le bois que Dieu règnera

 

 

 Arbre splendide et étincelant,

 orné de la pourpre royale,

 Tronc choisi qui fus jugé digne

 de toucher des membres si saints.

 

 

 

Arbre bienheureux dont les branches

 portent le Salut des siècles:

 Tu pesas le poids de ce corps

 et l’Hadès dut lâcher sa proie.

 

 

 

Tu exhales l'arôme de ta sève,

 et répands un parfum de nectar,

 par ton agréable fertile Fruit

 tu applaudis au noble triomphe.

 

 

 

Salut, Autel, salut, Victime

 de la gloire de la Passion,

 dont la vie a supporté la mort,

 et par la mort redonne la vie.

 

 

 

Salut, ô Croix, seule espérance !

 Offre au temps de la Passion,

 Grâce abondante aux hommes fidèles,

 Et rémission aux coupables.

 

 

 Trinité, Toi la source du Salut,

 que loue tout esprit:

 qui par le mystère de la Croix triomphe,

 recevra l'éternelle récompense.

Amen !

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Rédigé par philippe

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Publié le 20 Mars 2010

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 En vérité, en vérité je vous le dis : j'étais avant qu'Abraham fût fait.

Amen, amen dico vobis, antequam Abraham fieret, ego sum.

 

 

 

Quelle charité de Jésus-Christ pour les hommes!

Lorsque les hommes lui préparent les supplices les plus cruels, la mort la plus ignominieuse, c'est alors même que, pour les prévenir contre le scandale de sa croix, il s'applique à les convaincre par les preuves les moins équivoques, qu'il est Dieu, et qu'il ne sera livré que parce qu'il le voudra, et au moment qu'il le voudra. Nous l'avons vu, il y a peu de temps, pour affermir la foi de ses disciples, manifester sa gloire à trois d'entre eux sur le mont Thabor, leur découvrir sa grandeur et sa divinité par le concours de divers prodiges mystérieux; leur faire entendre la voix du Père céleste, qui l'appelle son Fils bien-aimé, en qui il met toutes ses complaisances, qui le reconnaît pour sa sagesse éternelle, pour la vérité par essence, en ordonnant de l'écouter et de le suivre; leur faire voir Moïse et Elie qui figurent la loi et les prophètes, s'entretenant avec lui pour marquer qu'il est la fin et le terme de la loi, la lumière, le conducteur, l'objet des prophètes et l'accomplissement des prophéties; leur apprendre enfin, par l'entretien qu'il a avec Moïse et Elie sur ce qu;il doit souffrir à Jérusalem, que loin de se scandaliser de ses souffrances, ils doivent en conclure qu'il est véritablement le Sauveur attendu sous sa loi, promis par les prophètes, désigné par Jes anciennes figures, donné dans la plénitude des temps.

 

Aujourd'hui ce n'est plus à l'écart et à trois disciples seulement, mais au milieu du temple et à tout Israël qu'il expose les preuves de ses perfections, de ses grandeurs, de l'excellence de son ministère, en un mot, de sa divinité.

Il les prouve d'abord par son impeccabilité, en défiant les Juifs de le convaincre du péché; par sa personnalité de Fils unique de Dieu, en l'appelant formellement son Père, qu'il honore, et qui également recherche sa gloire et lui fait justice; par sa qualité de vérité essentielle, de parole éternelle du Père, qui lui donnait droit d'être écouté et d'être cru de ceux à qui il daignait parler, et qui ne pouvaient, sans se rendre coupables, mépriser les vérités qu'il leur annonçait ; par sa mission divine, en disant qu'il est celui dont Abraham a désiré avec ardeur de voir le jour, et dont la vue, seulement en esprit et par l'espérance, l'a comblé de joie.

Enfin, par l'éternité de son existence dans le sein de Dieu en déclarant que, quoiqu'il n'eût paru que depuis peu d'années sur la terre, il était avant qu'Abraham fût fait : Amen, amen dico vobis, antequam Abraham fieret, ego sum.

 

Est-ce sans dessein que l'Eglise, dans ce saint temps, nous met coup sur coup sous les yeux toutes ces preuves des grandeurs, des perfections sublimes de Jésus-Christ?


Non sans doute, mes frères; elle veut que nous nous en occupions d'une manière particulière, avant que d'entrer dans ces jours destinés à nous rappeler les humiliations de ce divin Sauveur.

Conformons-nous donc aux vues de cette mère tendre et si éclairée sur nos besoins.


Il est doux, il est grand, il est consolant de s'occuper de notre divin Sauveur, sous les divers points de vue de sa gloire et de ses abaissements.


Il réunit lui seul le ciel et la terre, Dieu et l'homme, le temps et l'éternité; la vérité que nous devons croire, la majesté que nous devons adorer, la bonté que nous devons aimer, et la grâce que nous devons attendre.


 


dom Sensaric.


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Publié le 20 Mars 2010

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Publié le 19 Mars 2010

Rédigé par philippe

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Publié le 19 Mars 2010

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La croix, qui fut d'abord la source de la grâce, en est jusqu'à la fin l'écoulement intarissable; elle produit et perpétue tout à la fois les biens et les avantages acquis par la mort de Jésus-Christ.

C'est par la croix que nous sont communiquées toutes les grâces nécessaires pour la conservation et l'accroissement de la justice qui nous unit à Dieu ; la croix et la grâce se réunissent partout. Aussi, dit saint Chrysostome, la croix entre-t-elle dans tout ce que la religion a de plus saint.


Si nous sommes régénérés dans les eaux du baptême, si nous recevons l'Esprit de force dans la confirmation, si nous sommes réconciliés à Dieu dans le tribunal de la pénitence; si nous participons au corps du Seigneur dans l'Eucharistie, on emploie le signe de la croix, pour nous marquer sans doute que toutes les grâces nous viennent de la croix, pour marquer que la croix donne à tous la vie et la sainteté, la fécondité; qu'elle est le lien indissoluble do notre union, de notre alliance avec Dieu ; que c'est le sceau mystérieux dont Dieu marque ses élus, pour les distinguer d'un peuple profane.

 

De là, mes frères, la vénération de tous les chrétiens pour la croix de Jésus Christ, l'image et l'abrégé de merveilles opérées pour notre salut.


Sa seule vue nous trace l'amour de Jésus-Christ et les bienfaits que nous en avons reçus.

Nous nous représentons, en la voyant, l'auteur de la vie qui l'a consacrée par sa mort ; nous nous représentons son sang adorable qui se répand sur nos consciences, pour les purifier des oeuvres mortes; nous nous souvenons qu'en portant Jésus elle nous a tous portés dans ses bras, que nous avo;is pris une nouvelle vie dans son sein, et que nous sommes devenus enfants  de Dieu, parce que nous sommes devenus enfants de la croix.

 

La reconnaissance n'est pas le seul motif de notre culte.


L'union étroite que Jésus-Christ contracte avec la croix nous porte à lui rendre des hommages solennels.

Ce Dieu fait victime ne s'est pas en effet contenté de la porter dans son cœur, et d'aller au-devant d'elle par ses désirs; il l'a gravée dans sa chair, il se l'est en quelque sorte incorporée; partout je vois la croix suivre les destinées de Jésus-Christ, naître avec lui, croître avec ses années, arrosée de son sang dans sa passion, couronnée de gloire dans son triomphe ; remplie de grâce dans son Eglise, destinée à lui servir de tribunal au grand jour de sa justice; en un mot, je ne trouve jamais ni Jésus-Christ sans la croix, ni la croix sans Jésus-Christ.

 


 

N'hésitons donc pas, mes frères, à nous prosterner devant ce bois sacré ; Jésus-Christ ne pourra désavouer nos adorations; il en sera l'objet, et les acceptera pour lui-même. Souvenons-nous, dit saint Augustin, que ce n'est que par un amour digne du sien que Jésus-Christ crucifié se trouve parfaitement adoré.


L'amour est le culte suprême, sans lequel on fléchit en vain les genoux; et l'amour pour Jésus-Christ est imparfait, si l'on ne le préfère à tout, si l'on ne souffre tout pour lui, comme il a tout souffert pour nous. J'avoue qu'il faut pour cela se renoncer soi-même, se refuser nux plus douces impressions du monde, se raidir contre ses penchants, réprimer ses passions, commander aux mouvements de son cœur, se préparer à des combats continuels, s'armer d'une force supérieure pour remporter tant de victoires : mais cette force victorieuse nous la trouvons dans la croix de Jésus-Christ, qui nous associe a ses triomphes.

 

Où sont en effet les tâches que l'exemple d'un Dieu ne soutienne pas?


Lorsqu'on le voit élevé sur une croix, et rassasié d'opprobres, non pour son intérêt, mais pour le nôtre, qui osera se plaindre de l'amertume de son calice? qui trouvera désormais le salut trop cher en comptant le prix que l'a payé Jésus-Christ? Qui pourra refuser le sacrifice du monde entier à celui qui ne nous refuse pas le sacrifice de sa propre vie?


Je suis assuré, disait saint Paul, que ni le ciel, ni la terre, ni la vie, ni la mort, ne pourront me séparer de la charité de Jésus-Christ. (Rom, VIII.) Que la gloire du monde et ses plaisirs me sollicitent, je saurai les mépriser; que les persécutions et les périls me menacent, je suis prêt à les braver; je suis sur d'en triompher. Ainsi parlait cet Apôtre. Où puisait-il cette héroïque fermeté? C'était dans la croix de Jésus-Christ. Je triomphe de tout cela, disait-il, animé par celui qui nous a chéris, jusqu'à se livrer pour nous : Sed in his omnibus suptramut propter eum qui dilexit nos.


Le même objet inspirait le même courage aux martyrs.


Armés de celte pensée: Jésus-Christ a souffert pour nous sur la croix, ils attendaient constamment les supplices qui venaient trop tard à leur gré ; ils n'osaient s'accorder même en passant, des consolations que leur offrait une condition aisée. Le désir empressé de rendre à Jésus-Christ souffrance pour souffrance les dégoûtait de toutes les douceurs de la terre, et leur adoucissait toutes les amertumes d'une vie austère; les persécutions redoublaient leurs forces; les lois de l'humanité oubliées a leur égard, tous les éléments employés a les tourmenter les trouvaient également intrépides. Celte invincible fermeté, c'était Jésus-Christ crucifié, qui non-seulement la leur inspirait par son exemple, mais qui la leur donnait par sa grâce et la vertu de sa croix.


 

Par la croix en effet, Jésus-Christ a reçu le pouvoir de nous communiquer sa constance et de nous associer à ses victoires, II a passé, dit saint Paul, par de rigoureuses épreuves; c'est  pourquoi, conclut l'Apôtre, ii est puissant pour fortifier les siens dans les combats qu'ils ont à soutenir: in quo passus est eis qui tentantur auxiliari , (hebr., II)

 

Sur la même croix où Jésus Christ a pris le pouvoir de nous accorder les secours nécessaires à notre faiblesse, il a puisé les sentiments de compassion qui l'intéressent à nos maux, à nos combats, à nos périls.


Nous n'avons pas un pontife incapable de compatir à nos faiblesses, dit l'Apôtre [hebr , IV), il a voulu s'y soumettre lui-même pour s'en instruire immédiatement; sa propre expérience a pu l'attendrir sur nos douleurs. Les larmes qu'il a répandues lui font partager l'amertume de nos gémissements : en se mettant à notre place, il a jugé de la violence qu'il en coûte pour dompter les sens et la nature, il a mesuré les tentations avec nos forces; il a jugé la-dessus de la nécessité des secours qu'exige notre fragilité; il a préparé des remèdes proportionnés aux besoins; en sorte que nous savons qu'il n'est aucune grâce, aucune consolation, aucun secours, qui ne soit entre ses mains pour nous être distribués à propos ; en un mot, son pouvoir et son amour se sont réunis sur la croix, ils se perpétuent dans son cœur, ils se manifestent selon les circonstances; ils se diversifient selon les besoins, et avec de pareilles armes, la victoire ne nous est-elle pas assurée ?

 

Parcourez donc, mes frères, tous les malheurs qui peuvent vous abattre, tous les objets qui peuvent vous séduire, tous les périls qui peuvent vous alarmer avec Jésus-Christ crucifié, vous allez triompher de tout.

 

Vous êtes surchargés de peines, vous ne respirez que pour souffrir.


Chaque jour annonce quelque nouveau sujet de désolation ; tous les appuis vous sont ôtés et vous laissent seul avec votre douleur et votre accablement?

Mais si tout le reste vous manque les ressources de la croix ne vous manqueront pas; sur la croix , Jésus-Christ a fait une alliance particulière avec les âmes affligées; il s'est engagé à demeurer avec elles par préférence, les afflictions leur deviennent un titre pour l'invoquer avec succès et leur donnent un droit plus authentique aux effusions de sa tendresse et de sa grâce; il a d'ailleurs adouci la croix en la choisissant le premier.


Lorsqu'elle n'avait rien que d'horrible il l'a prise pour lui-même; après l'avoir décorée et consacrée, il vous en fait part comme à ses autres disciples et il s'engage à la porter avec vous.

 

Votre cœur agité par les passions, ne vous laisse aucun repos et ne vous promet de douceur que dans le crime; une tentation ne se dissipe que pour faire place à une autre, et tant d'assauts qui se succèdent ne peuvent après tout aboutir qu'à une défaite humiliante?


Ne la croyez pas, chrétiens, et que Jésus-Christ crucifié dissipe vos alarmes. Ayez confiance, disait-il à ses disciples, parce que j'ai vaincu le monde.

 

Sur la croix il a vaincu le monde pour vous et pour lui comme son ennemi et comme le vôtre; il a mis en vous une force secrète pour clouer à la croix l'amour-propre et la volupté, les plaisirs et les passions ; profitez de vos avantages, consentez à combattre à l'ombre de la croix et soyez assuré de la victoire.


Vos chutes réitérées ont éteint en vous la grâce du Seigneur et fortifié les liens de vos habitudes criminelles; le péché vous est devenu comme nécessaire et toute voie de retour vous est fermée; mais souvenez-vous de ce que vous dit saint Paul, que par sa seule oblation sur la croix Jésus-Christ a tout consommé pour les justes et pour les pécheurs; qu'il a mérité pour vous les prix d'adoption et de liberté; qu'il a rendu sa prière efficace pour les plus indignes, pour les plus inexcusables, pour les plus éloignés du royaume de Dieu ! que l'effet de cette prière s'étend à vous en particulier et proportionnément à vos malheurs.


Faites-le seulement souvenir de son amour.

Souvenez-vous-en vous-même; que la reconnaissance et la foi vous les rendent présents et vous verrez tomber vos chaînes et les voies de la justice s'aplaniront devant vous.


Les crimes que vous retrace votre vie passée sont d'une nature à vous ôter toute espérance ; vous avez à vous reprocher des horreurs qui révoltent et des noirceurs inouïes pour qui l'enfer semble être fait? Comparez-les cependant à Jésus-Christ attaché sur la croix, renferment-ils plus d'énormité que Jésus-Christ n'a de mérite? Est-il d'iniquité sur la terre qu'il n'ait pas noyée dans son sang et qui soit échappée au déluge de grâce sorti de son côté percé?


L'entrée de son cœur est encore libre pour vous; l'amour qui l'a ouvert ne peut consentir à se renfermer : un repentir sincère vous y fera trouver un asile assuré; cherchez-y votre refuge et vous l'y trouverez, si vous le cherchez sincèrement.


Qu'opposerez-vous encore, que la croix de Jésus-Christ ne puisse surmonter?


Sera-ce votre faiblesse et votre fragilité naturelle? Si l'on vous disait de compter sur vous-mêmes, vous auriez raison de trembler; mais si la force de Jésus-Christ est la vôtre, s'il vous l'a transmise par sa croix, si pour en être revêtu, vous n'avez qu'à l'invoquer avec foi, comment pourrez-vous justifier vos alarmes? Or saint Paul vous apprend qu'incapable de tout par vous-même, vous pouvez tout en celui qui vous fortifie, qui est Jésus-Christ.


Serait-ce les esprits de ténèbres?


Eh! que peuvent-ils contre vous après que Jésus-Christ les a publiquement attachés à sa croix? Comment oseront-ils vous attaquer, si vous leur opposez la croix de Jésus-Christ? Non seulement la vertu de la croix les a domptés, mais l'image, le signe seul de la croix les déconcerte et les disperse. En l'imprimant sur notre front, nous nous rendons redoutables à ces ennemis obstinés, nous leur montrons celui qui les a vaincus et le trophée de sa victoire, nous attirons sur nous la protection et la grâce dont sa croix est la source : connaissez-en donc les biens et les avantages.


Sachez donc, mes frères, estimer comme il faut tout ce que vous possédez dans Jésus-Christ crucifié ; connaissez l'abondance et la sûreté des ressources qui vous y sont offertes; recourez-y dans vos peines, dans vos perplexités, dans vos désolations et dans toutes les différentes épreuves qui peuvent affliger votre vie et menacer votre innocence.


Tenez-vous au pied de la croix, réclamez-y Jésus-Christ sans vous lasser, sans vous décourager, sans jamais l'oublier.

Essayez-le ; et si vous n'êtes pas secourus, si rous n'êtes pas soutenus de sa force, si vous ne triomphez pas de tout, dites que nous en imposons a votre crédulité, à moins que votre coeur ne désavoue vos prières et que votre conduite ne démente votre conscience. Car nous ne promettons rien ni à l'obstination ni à l'hypocrisie, nous ne leur promettons ni la victoire dans le temps, ni la gloire dans l'éternité quoique selon les desseins de Jésus-Christ, sa croix nous associe  à ses récompenses et nous introduise dans sa gloire.

 

Jésus-Christ, souverain pontife des biens à venir, dit saint Paul , nous ayant acquis une rédemption éternelle, s'est ouvert à lui-même et à tous les siens l'entrée du sanctuaire véritable, non par un sang étranger, mais par son propre sang. (Hebr., IX.) .


Sa mort est notre bonheur éternel, l'effusion de son sang et l'acquisition de sa propre gloire sont donc pour nous une même chose, et Jésus-Christ les rend inséparables, lorsque la veille de sa mort, il dit qu'il va livrer sa vie pour nous, il va nous donner la vie éternelle. Avant de consommer son sacrifice, il adresse à son Père ses dernières demandes ; et il nous signifie ses dernières volontés; il fait avec son Père et avec nous un traité solennel; il y met les conditions et il les signe de son sang. L'heure est venue où votre Fils va vous glorifier par la croix, daignez le glorifier et sanctifier, et faites que mes disciples et ceux qui m'appartiennent, participent à ma gloire.

Voilà les paroles que Jésus-Christ adresse à son Père, et son Père y souscrit en acceptant son sacrifice.

Ainsi nous pouvons dire qu'il est aussi certain que la gloire de Jésus-Christ nous est acquise par la croix qu'il est vrai que Jésus-Christ est mort pour nous, puisqu'il n'est mort qu'à cette condition.


I! ne s'agit plus, pour obtenir la gloire que Jésus-Christ nous a méritée, que d'observer les conditions qu'il nous a prescrites.


Quiconque veut être mon disciple, qu'il prenne sa croix, qu'il la porte tous les jours, et qu'il me suive.

Voilà le prix auquel Jésus-Chist a mis sa gloire. Tout acquise qu'elle nous est déjà par son sang, il nous traite comme il s'est traité lui-même : il veut que tout soit commun entre nous et lui, et que la croix soit notre partage sur la terre, comme !a gloire sera notre héritage dans le ciel. Nous ne saurions changer les conditions du traité qu'il a fait avec nous : elles sont immuables, le temps ni la coutume ne peuvent nous en dispenser : Jésus-Christ lui-même ne peut ni rétracter ses lois, ni désavouer son exemple, ni ouvrir une autre voie que celle qu'il a suivie.

 

Qui que vous soyez, mes frères, quelque titre qui vous distingue aux yeux des hommes, quelques avantages que vous offre le monde, si vous voulez arriver au terme de la gloire, marchez donc dans le chemin de la croix.


Hélas! sans recourir rnême aux austérités du la pénitence, si nécessaires d'ailleurs à votre fragilité; sans vous prescrire ces mortifications sévères, si fréquentes dans les premiers siècles, et si recommandées dans la vie chrétienne ; vous trouvez des croix à chaque pas, et nous ne demandons presque de votre religion que de les sanctifier par la patience, de les unir à celle de Jésus-Christ, de les offrir en expiation de vos offenses, de les faire valoir comme le prix de votre rédemption qu'on vous met en main.


Dieu les ménage à votre sanctification, n'en perdez pas le fruit.


Si vous n'avez pas lu courage de les choisir vous-même, ayez au moins la soumission de les accepter lorsque Dieu les choisit pour vous.


Que la croix de Jésus adoucisse la vôtre, que son exemple soutienne votre constance, que sa gloire anime vos espérances. Songez que du haut de son trône il est spectateur de vos combats ; que la couronne à la main il voit couler vos larmes qu'il compte vos soupirs, qu'il met les tribulations que vous souffrez pour lui en dépôt dans ses tabernacles éternels, et qu'il ne vous marque aujourd'hui du caractère de ses disciples, que pour vous associer à ses élus dans l'éternité bienheureuse.



Ainsi soil-il.

dom Sensaric.


 

 

 

 

 

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Publié le 19 Mars 2010

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Publié le 19 Mars 2010


http://www.traditioninaction.org/religious/religiousimages/A023_ChristCrucified_Closeup.jpg

O mon Christ aimé, crucifié par amour,

je voudrais être une épouse pour votre coeur,

je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer. . .jusqu'à en mourir !

Mais je sens mon impuissance

et je vous demande de me «revêtir de vous-même»,

d’identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme,

de me submerger, de m'envahir, de vous substituer à moi,

afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre vie.

Venez en moi comme adorateur, comme réparateur et comme sauveur.


Elisabeth de la trinité

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Publié le 17 Mars 2010

http://images.artnet.com/WebServices/picture.aspx?date=20070328&catalog=116013&gallery=424817785&lot=00601&filetype=2

http://new.catholicmom.com/wp-content/uploads/2008/12/12_28_08_holy_family.jpg


Il l'établit le seigneur et le maître de sa maison.
Constituit eum dominum domus suae.
Ps. 104



PANEGYRIQUE DE ST JOSEPH
+
SANCTE JOSEPH ORA PRO NOBIS.
sainte fête au Saint Père.


Ces paroles ont été dites de l'ancien Joseph, figure du grand patriarche dont j'entreprends l'éloge.

 

Il y a une grandeur humaine qui consiste dans la possession des biens que ce monde recherche, les honneurs, les richesses, les fortunes éclatantes et tout ce qui peut satisfaire la cupidité : en vain chercherions-nous cette grandeur dans le glorieux saint Joseph.

Il est vrai qu'il est issu d'une longue suite d'aïeux qui ont porté le sceptre de Juda, et qu'il peut compter parmi ses ancêtres les premiers et les plus illustres rois du monde; mais sa famille est tombée dans la pauvreté et le mépris, et il peut dire par avance avec les apôtres : Nous sommes le rebut et la balayure du monde. Étant venu à Bethléem par l'ordre .de l'empereur pour s'y faire enregistrer, il ne trouve pas une maison pour se loger, chacun le rejette, il est forcé d'en emprunter une des bêtes et de se retirer dans une grotte déserte; il faut qu'il subsiste par le secours d'un art mécanique des plus vils et qu'il gagne son pain à la sueur de son front ; en un mot, on ne peut être plus dépourvu de tous les avantages et des qualités qui attirent la considération du monde. Mais il y a une grandeur divine qui consiste dans la possession des biens de la grâce et les marques de l'autorité, de Dieu.

Oh ! que Joseph est grand de cette espèce de grandeur, qu'il est puissant dans le royaume de Dieu, qu'il est riche en grâces et comblé de dons spirituels !

 

Que la foi de ce vrai enfant d'Abraham est vive, que son espérance est ferme, que sa charité est ardente, que son humilité est profonde, que son oraison est sublime, que sa chasteté est angélique, que son obéissance est parfaite et héroïque, et quel éclat de sainteté rejaillit du corps de toutes ses actions ! Mais pour vous marquer encore plus précisément le caractère de notre Saint, ce qui le distingue et l'élève beaucoup au-dessus des autres, considérez la part que le Père éternel lui a donnée dans l'économie de l'Incarnation, cette Œuvre par excellence où la Sagesse et la Toute-Puissance se sont comme épuisées, ce grand mystère caché en Dieu de toute éternité, et révélé dans la plénitude des temps ?

N'est-il pas cet homme privilégié qui a trouvé grâce devant le Seigneur pour être uni par le plus étroit de tous les nœuds à la plus pure, la plus sainte, la plus parfaite des créatures, en un mot à la divine Marie, car ce mot seul est un grand éloge, et renferme un monde entier de merveilles ; il se voit élevé sur les deux plus nobles et les plus sacrées têtes du monde; il transporte l'Arche de la nouvelle alliance selon les différents besoins, il tient en ses mains le dépôt du salut et de la rédemption des hommes, enfin il est appelé, et il est effectivement le père de Jésus, qualité qui l'élève d'autant plus au-dessus des anges, que le nom dont il est honoré est plus excellent que le leur, n'étant appelés que ses ministres.


Joseph a été jugé digne d'une gloire d'autant plus grande que celle de Moïse, que ce législateur n'a eu la conduite que du peuple de Dieu, Joseph est chargé de celle du Fils de Dieu même. Moïse n'a été que simple serviteur dans la maison de Dieu, Moïses in domo tanquam famulus : Joseph y a été établi maître avec une pleine autorité : Constituit eum dominum domus suœ.

Eh! quelles louanges ne seront pas infiniment au-dessous d'un ordre si élevé, et quelle éloquence ne se trouvera comme accablée par l'abondance et la richesse de la matière! Tâchons pourtant de nous renfermer dans les bornes ordinaires, et pour cet effet, après avoir supposé comme un principe incontestable, que Dieu n'appelle jamais à un rang et à un emploi, qu'il ne donne libéralement les grâces et les talents nécessaires pour s'en acquitter dignement, voyons de quelle façon le Père éternel, donnant à Joseph pouvoir et autorité sur son Fils, l'a revêtu de ses propriétés personnelles, ce sera le premier point; et comment en l'établissant chef de Marie, il l'a orné de ses plus rares vertus, ce sera le second, et tout le partage de ce panégyrique. Vierge sainte, vous y êtes intéressée, j'ai lieu de me promettre votre assistance.

 

http://www.stjosephmaybee.org/images/St__Joseph_color_gif.gif


PREMIER POINT

 

La plupart des justes qui ont précédé l'avènement de Jésus-Christ ont eu la gloire de figurer quelqu'une de ses actions ou de ses souffrances: vous n'avez pour en être convaincus qu'à jeter les yeux sur Abel égorgé par son frère et sur Joseph vendu par les siens, Melchisédech offrant du pain et du vin au Seigneur, Aaron lui immolant des victimes sanglantes ; regardez Isaac lié sur un bûcher, Jonas enfermé dans le ventre d'une baleine, Moïse faisant sortir les Israélites de l'Egypte, Josué les faisant entrer dans la terre promise, David persécuté et Salomon glorieux ; vous n'avez qu'à considérer ces hommes extraordinaires pour voir en chacun d'eux quelque trait particulier du Sauveur du monde, qui semble les avoir choisis pour faire par avance en leur personne comme un essai de ce qu'il devait lui-même accomplir dans la plénitude des temps.

Or, si ce choix a été si avantageux pour ces serviteurs de Dieu, qu'on ne voie rien en eux de plus auguste que cette glorieuse qualité de figure de Jésus-Christ, que faudra-t-il dire du grand saint Joseph, en qui se trouve non pas l'ombre et le rayon d'une chose qui ne devait arriver qu'après plusieurs siècles, mais la représentation, la figure d'une action présente et subsistante, non la figure d'un Dieu fait homme, c'est-à-dire revêtu de la forme d'esclave, et en cette qualité moindre que son Père, et même inférieur aux anges, avec qui par conséquent il n'est pas étrange que des hommes aient quelque rapport, mais la figure d'un Dieu toujours invisible, toujours impassible et glorieux; enfin, non-seulement quelques traits particuliers qu'il faudrait rassembler pour en pouvoir faire un portrait achevé, mais son image entière, pour ainsi dire, car il représente les propriétés personnelles du Père.

Cet avantage lui est si propre et si particulier qu'il ne peut le partager avec personne. Je m'arrête à trois ou quatre propriétés du Père éternel, dont saint Joseph a reçu une communication plus abondante : il est père et vierge; il met en son Fils toute son affection, il le conduit dans tous les moments et toutes les circonstances de sa vie avec une providence particulière ; enfin il a une puissance et une autorité singulière sur lui.

 

Le Sage, pour nous donner quelque idée de la génération éternelle du Verbe, dit qu'elle est l'effusion toute pure de la clarté du Tout-Puissant, l'éclat de la lumière éternelle, le miroir sans tache de la majesté de Dieu ; telle est la génération du Verbe dans le temps. Bien loin d intéresser la pureté de Marie, elle la consacre, il y entre comme dans son temple pour se revêtir de notre chair ; il en sort comme la fleur de sa tige qui l'embellit, ou le rayon qui pénètre un cristal, et le rend tout lumineux.

Or, Joseph est revêtu de la pureté du Père éternel, il est établi le protecteur et le témoin de celle de Marie, il a gardé avec encore plus de fidélité et de respect l'Épouse de son Maître, que l'ancien Joseph n'en eut pour celle de Putiphar, dont il n'était que l'esclave; c'est pourquoi l'abbé Rupert, admirant ces chastes époux, les compare à ces lis mystérieux au milieu desquels l'Époux des Cantiques prend son repos et sa nourriture, si nous n'aimons mieux les comparer aux chérubins qui étendaient leurs ailes sur le Propitiatoire, et se regardaient mutuellement.

 

Et saint Augustin prouve très-solidement que le mariage de Joseph, tout extraordinaire qu'il est, ne laisse pas d'être un véritable mariage, puisque toutes les conditions nécessaires pour le rendre tel s'y rencontrent, jusqu'à la fécondité qui en est la fin et le but.


Il est vrai que Joseph n'a aucune part à cette fécondité, mais c'est cela même qui fait sa gloire, il n'en est pas pour cela un père moins tendre, moins empressé, et, si j'ose m'exprimer ainsi, moins amoureux et moins passionné. Renfermons-nous dans ce qu'en apprend l'Évangile. Faut-il porter l'Enfant Jésus en Egypte ? faut-il le ramener en Judée ? Joseph seul est chargé de cette glorieuse, mais périlleuse commission, toute la part qu'y prend saint Gabriel est d'en donner avis à Joseph. Joseph seul l'exécute ; cependant qu'y avait-il de plus facile à cet archange après l'exemple d'Élie, d'Énoc et d'Abacuc, que de transporter en un moment cette sainte Famille en Egypte, si cette gloire n'était réservée tout entière à Joseph, afin qu'il fît voir en cette rencontre que la tendresse qu'il avait pour son Fils allait jusqu'à le bannir de son pays et exposer sa vie à mille hasards ?

 

Lorsqu'il le perdit au temple de Jérusalem à l'âge de douze ans, oh ! quelle douleur ne sentit-il pas ! que d'alarmes et de pleurs! combien ses entrailles furent-elles émues et déchirées ! de quels traits son cœur ne fut-il pas percé ! Enfin, faut-il nourrir et faire subsister Jésus dans son enfance, et dans un âge plus avancé, Joseph a encore le privilége d'entretenir une si précieuse vie du .travail de ses mains et de la sueur de son front; ses bras ont fourni à tout ce qui était nécessaire à la subsistance du Verbe fait chair : Ad omnia quae opus erant ministrtaverunt manus istae. Heureux travail, fonction sacrée, noble et divine occupation, préférable infiniment à l'action infatigable de l'ange qui fait tourner le soleil : non, il n'y en a pas un dans le ciel qui n'envie votre bonheur et ne soit jaloux de vos sueurs, n'ayant eu cet avantage qu'une seule fois après le jeûne miraculeux du désert.

 

0 Père trop heureux ! qui ne pouvez excéder dans l'amour que vous portez a votre Fils, puisqu'il a un Dieu pour objet, un Dieu, dis-je, qu'il faut aimer avec excès et sans mesure pour le bien aimer : réjouissez-vous de ce que les droits de la nature et de la grâce, de la raison et de la religion se trouvent ici réunis et confondus; abandonnez-vous librement à tous les mouvements et les transports qu'ils vous inspirent, vous n'avez pas à craindre cette funeste division de cœur presque inévitable aux pères selon la chair, qui aiment d'ordinaire leurs enfants d'un amour tout profane et tout païen, et qu'une fausse tendresse aveugle si fort, qu'ils aiment souvent en eux ce qui fait l'aversion et le mépris du reste du monde, qui n'a pas la complaisance de les regarder avec les mêmes yeux. Saint Joseph a travaillé pour Dieu en travaillant pour son Fils, et il s'est amassé par là un trésor incorruptible.

 

Il nous reste à considérer comment la providence du Père éternel se repose sur Joseph de la conduite de son Fils, et comment il le revêt de son autorité sur lui.


Quoique Dieu étant la Sagesse même n'ait plus besoin de celle des hommes pour former ses desseins, et encore moins de leur puissance pour les exécuter, il ne dédaigne pourtant pas de se les associer quelquefois pour être ses coopérateurs dans ses plus grandes entreprises, c'est dans cette vue qu'il a prédestiné saint Joseph !

Vous avez déjà pu remarquer, dans ce que nous avons dit, la vigilance plus que paternelle avec laquelle ce glorieux patriarche s'est appliqué à conserver le précieux trésor de notre éternité , je veux dire à garantir le divin Enfant de ses persécuteurs et a le pourvoir de tous ses besoins : ses yeux sont toujours ouverts pour la conservation de ce dépôt céleste, son cœur est toujours préparé pour exécuter les ordres d'en haut : semblable à ces animaux mystérieux d'Ézéchiel, il ne fait pas un pas et la moindre démarche que par le mouvement de l'Esprit divin, et dans les moments que le Père éternel lui prescrit.

 


 Mais c'est peu que la Providence se décharge sur Joseph du soin de Jésus, voici quelque chose de bien plus surprenant : tout pouvoir lui est donné sur le Tout-Puissant !

Ah ! c'est ici que les expressions me manquent ; eh quoi ! Seigneur, n'avez-vous pas protesté solennellement que vous ne donneriez jamais votre gloire à un autre ? comment donc déposez-vous votre autorité sur votre Fils, ce qui est toute votre gloire, entre les mains de Joseph?

On a regardé comme un grand prodige que le soleil se soit une seule fois, et en une seule occasion, arrêté à la voix d'un homme, et que cet astre soit demeuré immobile à la parole de Josué, et voici le Créateur du soleil et le maître de Josué, qui, durant trente ans, a obéi à Joseph! On admire encore que le patriarche Joseph ait passé de la prison au comble des honneurs, et que l'Egypte entière se soit vouée et soumise à ses lois; mais qu'est-ce qu'une semblable autorité en comparaison de celle que le second Joseph exerce sur le Maître du monde et le Roi des rois?

Joseph commande, Jésus obéit; Joseph donne des ordres, Jésus les exécute.

0 merveille incompréhensible ! cieux et terre, n'avez-vous pas été mille fois étonnés d'un tel prodige? Celui qui, pour me servir des termes de saint Paul, n'a pas cru commettre une usurpation en se disant égal à Dieu, daigne pourtant bien se soumettre à un homme, et se rendre à ses volontés ! En quoi, dit saint Bernard, je ne sais ce que nous devons le plus admirer, ou la soumission de Jésus, ou l'autorité de Joseph; dans l'un j'aperçois une humilité sans exemple, et dans l'autre une puissance sans bornes.

Mais vous n'avez encore considéré qu'une partie de ce grand tableau, c'est l'autorité que Joseph a reçue du Père éternel sur Jésus ; voyons celle qu'il a exercée sur Marie, dont il a été établi le chef, et dont en cette qualité il a reçu une communication abondante de grâces et de vertus. C'est mon second point.

 

http://www.stjosephmaybee.org/images/St__Joseph_color_gif.gif

 

SECOND POINT

 

Nous lisons, au commencement de la Genèse, que Dieu ayant créé le premier homme, et appliqué ses mains, son esprit, ses yeux à former ce chef-d'œuvre: II n'est pas bon, dit-il, que l'homme soit seul, faisons lui une compagne semblable à lui pour l'aider; la même chose se passe dans la réparation de l'homme, excepté que la femme est formée la première. Dieu ayant résolu dans son conseil éternel de revêtir son Fils d'un corps mortel dans le sein d'une pure Vierge, et ce mystère devant être caché aux Juifs et aux démons jusqu'à ce que le salut des hommes eût été opéré sur la croix, Marie est choisie entre toutes les femmes pour être Mère du Verbe fait chair, et Joseph lui est associé pour être son époux et couvrir sous le voile du mariage cette œuvre par excellence : Faciamus ei adjutorium simile sibi.

Oh ! que ces paroles sont glorieuses à Joseph, et l'élèvent non-seulement au-dessus de tous les hommes, mais encore de tous les anges !

Je sais bien que, selon l'ordre établi dans le monde, l'épouse reçoit sa noblesse et sa grandeur de son époux ; mais dans l'ordre établi de Dieu pour ce mariage, arrêté dans le conseil d'en haut, l'époux reçoit tout de l'Épouse ; le chef, de Celle qui lui est soumise ; c'est par le canal et le ministère de Marie que les grâces sont communiquées à Joseph, c'est sur ce beau modèle qu'il se forme et se perfectionne, c'est de cette union qu'il tire toute son excellence, son amour ardent pour Jésus, son zèle infatigable pour le servir, son esprit de prière et de retraite, sa modestie, son recueillement, en un mot toutes ses inclinations divines! Quel mariage fut jamais mieux assorti, et quel époux a jamais été plus favorisé du ciel ?

 

Je n'ai pu vous le représenter revêtu des propriétés du Père éternel, sans faire briller à vos yeux plusieurs traits de ses rares vertus, dont il est redevable à la qualité d'époux de Marie; parcourons les principales qui nous restent, car ce champ est trop vaste et d'une trop grande étendue.

 

Si Marie a plu par la virginité, c'est par son humilité qu'elle a mérité de concevoir.

 

La virginité de la Virginité même a été comme un nard et un parfum précieux qui a fait monter son odeur jusqu'au tronc du Très-Haut, et l'a attiré en ses chastes entrailles; elle éclate de même dans Joseph, et s'y fait distinguer parmi toutes les autres. II effaçait de son souvenir cette longue suite de patriarches, de juges, de rois dont il était issu, ponr ne se regarder que comme un vil artisan, comme un homme de la lie du peuple, ou plutôt le dernier des hommes. Content de sa condition obscure et méprisable qui eut paru insupportable à tout autre, il n'eût pas échangé les instruments de son art avec des sceptres et des couronnes ; mais ce qui est bien plus admirable, il effaçait de sa pensée tant d'actions saintes, tant de vertus dont il était orné, el les richesses spirituelles dont il était comblé, qui le rendaient aux yeux de Dieu et de ses anges plus grand que Salomon,  pour ne s'occuper que de son néant.

 

Oh ! qu'il était petit et vil à ses propres yeux ! qu'il était pénétré de son indignité! Hé! combien de fois, Seigneur, avez-vous vu ce Saint incomparable s'abîmer devant votre majesté souveraine, en vous protestant avec Abraham qu'il n'était que poussière et que cendre, et avec David qu'il n'était qu'un néant et moins qu'un néant devant vous !

Ne fut-ce pas par un effet de ces sentiments dont il était tout pénétré, qu'il voulut se séparer de Marie et quitter une condition qu'il ne pouvait regarder qu'en tremblant (c'est l'opinion d'Origène et de saint Bernard). Il fut tout près de se retirer d'Elle dans la même disposition que saint Pierre conjura depuis Jésus-Christ de s'éloigner de lui, parce qu'il n'était qu'un pécheur, il fallut qu'un ange vînt le rassurer et lui dire : Fils de David, ne craignez point de demeurer avec Marie votre épouse.

Qu'il est fidèle à suivre Jésus dans son exil, ses persécutions, sa vie cachée et inconnue, et peu empressé à prendre la moindre part à la gloire de ses miracles et de ses actions publiques et éclatantes ! qu'il était éloigné de le presser de se manifester au monde avant le temps, à l'exemple de ses autres parents selon la chair, afin de s'attirer de la considération, ou de lui demander une des premières places pour lui ou pour les siens, ainsi que la mère des Zébédées ; il ne se glorifie uniquement que dans les opprobres de Jésus-Christ

 

L'amour de la pauvreté et de l'obéissance, fille de l'humilité, ne se font pas moins remarquer dans tout le cours de sa vie ; il souffre non-seulement avec patience, mais encore avec joie, toutes les incommodités inséparables de son état; bien loin de se croire misérable dans le sein même de la misère, il s'estimait trop heureux de n'avoir pas où reposer sa tête, et bénissait Dieu sans cesse de pouvoir honorer la pauvreté de Jésus, qui, jouissant dans le ciel de toutes les richesses de la gloire, s'est fait pauvre s. pour notre amour.

 

Ne fit-il pas de même à l'exemple de ce Dieu obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix? sa nourriture et ses délices furent de faire en toutes choses la volonté du Père céleste. Hésitera-t-il jamais un seul moment d'exécuter ses ordres quoique très sévères et très-rigoureux, comme quand il fallut se lever au milieu de la nuit, passer à travers les satellites d'Hérode, et s'enfuir dans une terre étrangère et idolâtre? que de répliques n'eût pas faites un esprit peu soumis? comment s'en aller sans provision, sans équipage, sans aucuns moyens, chez un peuple harbare, dans la plus rude saison de l'année, avec une vierge faible et un enfant nouveau-né?

 

La même obéissance le lit retourner ensuite en Judée, malgré la crainte qu'il avait d'Archélaûs, fils du tyran, aussi cruel que son père, et aussi prêt à sacrifier toutes choses a son ambition.

0 prompte et parfaite obéissance ! que vous condamnerez un jour nos résistances aux ordres de Dieu, nos murmures et tous les vains prétextes dont nous nous servons pour couvrir notre lâcheté et colorer nos prévarications !

0 divine vertu qui nous pourriez élever, aussi bien que Joseph, à la sublime alliance de Jésus, puisqu'il nous assure dans l'Évangile que quiconque fait la volonté de son Père céleste, celui-là est son père, sa mère, son frère et sa sœur, pourquoi ne faisons-nous pas plus d'efforts pour vous acquérir?

 

Que dirai-je a présent de la grandeur de sa foi ?


elle mériterait seule un panégyrique. Si sainte Elisabeth félicite Marie d'avoir cru : Beata quœ credidisti, n'ai-je pas autant de raison de m'écricr : O Joseph ! que votre foi est grande, vous êtes bien heureux d'avoir cru comme votre Épouse aux paroles de l'ange, d'avoir étouffé tous les soupçons qui pouvaient être injurieux à la pudeur de cette incomparable Vierge.

 

Mais que cette foi me paraît héroïque, lorsque le même ange vint l'avertir de prendre la Mère et l'Enfant, et de s'enfuir sans délai en Égypte ! S'il eût consulté les lumières de l'esprit humain, que n'eût-il pas opposé pour ne pas exécuter un ordre qui paraissait si étrange? Quoi ! Seigneur, eût dit un autre à sa place, cet Enfant miraculeux vient pour sauver les hommes, et il faut qu'on le sauve lui-même ! puisque vous avez tout pouvoir, que n'exterminez-vous ce tyran qui ose s'attaquer à votre Fils ? que ne faites-vous descendre le feu du ciel pour le consumer? que ne le foudroyez-vous du souffle de votre bouche, ou du moins, puisque le cœur des rois est en vos mains, que ne changez-vous le sien en lui inspirant des sentiments de piété et de religion?

Joseph est bien éloigné de former de pareilles pensées et d'écouter de semblables raisonnements, sa foi vive et éclairée lui fait comprendre en un moment ce que plus de trois ans de conversations et d'instructions n'avaient pu faire concevoir aux apôtres mêmes, prévenus comme les Juifs des idées d'un Messie qui viendrait dans la pompe et la magnificence des siècles. Joseph savait que son royaume n'était pas de ce monde, qu'il ne délivrerait son peuple que de la servitude du péché et de ses ennemis invisibles, qui sont les démons; que la voie qu'il tiendrait pour accomplir ce grand ouvrage serait celle des humiliations, de la pauvreté, de la souffrance ; malgré la répugnance des sens et la révolte de la raison, il perce et découvre, à travers les plus profonds abaissements, toute la grandeur et la majesté d'un Dieu.


Que dirons-nous de la mort de Joseph, qui n'est pas moins admirable que sa vie, et où toutes ses vertus semblent briller d'un nouvel éclat?


Cette mort n'a rien de triste et d'affreux, cette nuit n'a rien de sombre et d'obscur, c'est un pilote qui, après une heureuse navigation, baisse peu à peu les voiles de son vaisseau et entre dans le port; regardez-le expirant sans effort entre les bras de Jésus et de Marie, remettant au Père éternel son âme, qu'il lui avait offerte mille fois en sacrilice, et s'endormant du sommeil des justes.


Oh ! que cette mort est précieuse, et quelle ferme dignement le cours d'une si belle vie!

ô mort douce et tranquille, mort charmante et délicieuse! où sont tes horreurs, tes frayeurs, tes alarmes et tes convulsions? n'est-ce pas là mourir plus véritablement que Moïse, in osculo Domini, dans le baiser du Seigneur?

Mais que faites-vous, grand Saint, quand vous mourez de si bonne heure? que pouvcz-vous trouver de plus grand dans le ciel quand il vous serait ouvert immédiatement, que ce que vous laissez sur la terre? quoi! nous avons tant de peine à quitter des parents et des amis qui ne sont que des hommes et des pécheurs comme nous, et vous quittez un Dieu et la Mère d'un Dieu sans regret et sans violence ; en un mot, vous laissez avec joie en ce monde ce que nous allons chercher en l'autre!


Ah! je vois bien ce que c'est, mes frères, et quand je dis que Joseph meurt in osculo Domini, je né dois pas oublier qu'au lieu de ces mots, la Vulgate porte : Jubente Domino, par l'ordre du Seigneur.

En effet, c'est par l'ordre du Père éternel dont il est venu tenir la place pour gouverner sa Famille qu'il quitte le monde ; il y est demeuré autant qu'il a été nécessaire pour sauver la vie du Fils et l'honneur de la Mère, il n'y pouvait rien faire de plus grand que d'être le protecteur d'une telle Vierge et le sauveur du Sauveur des hommes, il peut dire comme lui au Père éternel : J'ai consommé l'œuvre que vous m'avez donnée a faire.

 

Seigneur, que je meure de la mort de ce juste, mais faites auparavant, par votre grande miséricorde, que je vive de la vie de ce juste, c'est-à-dire de la vie de Jésus, car Jésus était sa vie, et il pouvait dire avec autant de fondement que saint Paul : Je vis, non pas moi, c'est Jésus-Christ qui vit en moi ; rendez-nous de parfaits imitateurs de Joseph, comme il a été lui-même un parfait imitateur de Marie, surtout de sa profonde humilité et de son amour pour la vie cachée et inconnue ; que toute notre étude soit de former, de nourrir, de faire croître Jésus-Christ dans nos cœurs et dans le cœur de nos frères, de le garantir de ses persécuteurs par nos prières, nos paroles, nos bons exemples, afin que lorsque nous serons arrivés à ce terrible moment qui décidera de notre éternité, nous nous trouvions remplis de confiance comme saint Joseph, et méritions d'avoir quelque part à la gloire dont il jouit dans l'éternité bienheureuse.

 

Père Bernard Bourrée, prêtre de l'Oratoire.

 

 

 










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Publié le 17 Mars 2010




Congrès Théologique

en l’Aula Magna

de l’Université Pontificale du Latran,

jeudi 11 et vendredi 12 Mars 2010

 

« Fidélité du Christ, fidélité du Prêtre »

 

 

Communication de S.E. Msgr. Marc Aillet

Evêque de Bayonne, Lescar et Oloron

 

 

 

 

À l’origine du Mouvement liturgique, il y avait la volonté du pape saint Pie X, en particulier dans le motu proprio Tra le sollicitudini (1903), de restaurer la liturgie et d’en rendre plus accessibles les trésors pour qu’elle redevienne la source d’une vie authentiquement chrétienne, précisément pour relever le défi d’une sécularisation croissante et encourager les fidèles à consacrer le monde à Dieu. D’où la définition conciliaire de la liturgie comme « sommet et source de la vie et de la mission de l’Eglise ». Contre toute attente, comme les Papes Jean Paul II et Benoît XVI l’ont souvent relevé, la mise en œuvre de la Réforme liturgique conduisait parfois à une sorte de désacralisation systématique, la liturgie se laissant progressivement envahir par la culture sécularisée du monde ambiant et perdant ainsi sa nature et son identité propre : « C’est le Mystère du Christ que l’Eglise annonce et célèbre dans la liturgie, afin que les fidèles en vivent et en témoignent dans le monde » (CEC n. 1068).


Sans nier les fruits authentiques de la réforme liturgique, on peut dire cependant que la liturgie a été blessée par ce que Jean Paul II a appelé des « manières de faire inacceptables » (Ecclesia de Eucharistia n. 10) et que Benoît XVI a dénoncé comme des « déformations à la limite du supportable » (Lettre aux évêques accompagnant le motu proprio Summorum Pontificum). C’est aussi l’identité de l’Eglise et du prêtre qui a été ainsi blessée.


C’est qu’on avait assisté dans les années postconciliaires à une sorte d’opposition dialectique entre les défenseurs du culte liturgique et les promoteurs de l’ouverture au monde. Parce que ces derniers allaient jusqu’à réduire la vie chrétienne au seul engagement social, à l’aune d’une interprétation séculière de la foi, les premiers, par réaction, se réfugiaient dans une liturgie absolue jusqu’au « rubricisme », au risque d’inciter les fidèles à se protéger excessivement du monde. Dans l’exhortation apostolique Sacramentum Caritatis, Benoît XVI met un terme à cette polémique et sort de cette opposition par le haut. L’action liturgique doit réconcilier la foi et la vie. Parce qu’elle est la célébration du Mystère pascal du Christ, rendu réellement présent au milieu de son peuple, la liturgie donne une forme eucharistique à toute l’existence chrétienne pour en faire un « culte spirituel agréable à Dieu ». C’est l’engagement du chrétien dans le monde et le monde lui-même qui sont appelés, grâce à la liturgie, à être consacrés à Dieu. L’engagement du chrétien dans la mission de l’Église et dans la société trouve en effet sa source et son impulsion dans la liturgie, jusqu’à être attiré dans le dynamisme de l’offrande d’amour du Christ qui y est actualisée.


Le primat que Benoît XVI entend donner à la liturgie dans la vie de l’Eglise – « Le culte liturgique est l’expression suprême de la vie sacerdotale et épiscopale », confiait-il aux évêques de France réunis à Lourdes le 14 septembre 2008 en assemblée plénière extraordinaire – veut remettre l’adoration au cœur de la vie du prêtre et des fidèles. En lieu et place du « christianisme séculier » qui a souvent accompagné la mise en œuvre de la réforme liturgique, le Pape Benoît XVI entend promouvoir un « christianisme théologal » qui peut seul servir ce qu’il a désigné comme la priorité qui prédomine à cette étape de notre histoire, à savoir : « rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu » (Lettre aux évêques de l’Eglise catholique, 10 mars 2009). Où mieux que dans la liturgie, en effet, le prêtre approfondira-t-il son identité si bien définie par l’auteur de l’épitre aux Hébreux : « Tout grand-prêtre [en effet], pris d’entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d’offrir dons et sacrifices pour les péchés » (He 5, 1).


L’ouverture au monde souhaitée par le Concile Vatican II a souvent été interprétée dans les années postconciliaires comme une sorte de « conversion à la sécularisation » : cette attitude ne manquait certes pas de générosité, mais conduisait à négliger l’importance de la liturgie et à minimiser la nécessité d’observer les rites, réputés trop éloignés de la vie du monde qu’il fallait aimer et dont il fallait être pleinement solidaire, jusqu’à se laisser fasciner par lui. Il en est résulté une grave crise d’identité du prêtre qui ne percevait plus toujours l’importance du salut des âmes et la nécessité d’annoncer au monde la nouveauté de l’Evangile du Salut. La liturgie est sans conteste le lieu privilégié de l’approfondissement de l’identité du prêtre, appelé à « contester la sécularisation » ; car comme le dit Jésus, dans sa prière sacerdotale : « Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité » (Jn 17, 15-17).



Cela passera sans aucun doute par une observation plus rigoureuse des prescriptions liturgiques qui gardent le prêtre contre la prétention, même inconsciente, d’accaparer l’attention des fidèles sur sa personne : le rituel liturgique que le célébrant est appelé à recevoir filialement de l’Eglise, permet en effet aux fidèles de rejoindre plus facilement la présence du Christ Seigneur lui-même dont la célébration liturgique doit être le signe éloquent et qui doit toujours avoir la première place. La liturgie est blessée lorsque les fidèles sont livrés à l’arbitraire du célébrant, à ses manies, ses idées ou opinions personnelles, voire ses propres blessures. D’où l’importance encore de ne pas banaliser des rites qui, en nous arrachant au monde profane et donc à la tentation de l’immanentisme, ont le don de nous immerger d’un coup dans le Mystère et de nous ouvrir à la Transcendance. En ce sens, on ne dira jamais assez l’importance du silence qui précède la célébration liturgique, tel le narthex intérieur où l’on se déleste des préoccupations du monde profane, même légitimes, pour entrer dans le temps et l’espace sacrés où Dieu va révéler son Mystère ; non moins que du silence dans la liturgie pour s’ouvrir plus sûrement à l’action de Dieu ; et la pertinence d’un temps d’action de grâce, intégré ou non à la célébration, pour prendre la mesure intérieure de la mission qui nous attend, sitôt retourné dans le monde. L’ obéissance du prêtre aux rubriques est encore le signe silencieux et éloquent de son amour pour l’Eglise, dont il n’est que le ministre, c’est-à-dire le serviteur.


D’où l’importance aussi de la formation des futurs prêtres à la liturgie, et spécialement à la participation intérieure, sans laquelle la participation extérieure préconisée par la réforme manquerait d’âme et favoriserait une conception tronquée de la liturgie qui s’exprimerait en termes de théâtralisation excessive des rôles, de cérébralisation réductive des rites et d’autocélébration abusive de l’assemblée. Si la participation active, qui est le principe opératoire de la réforme liturgique, n’est pas l’exercice du « sens surnaturel de la foi », alors la liturgie n’est plus l’œuvre du Christ, mais l’œuvre des hommes. En insistant sur l’importance de la formation liturgique des clercs, le Concile Vatican II fait de la liturgie une des disciplines principales des études ecclésiastiques, en évitant de la réduire à une formation purement intellectuelle : en effet, avant d’être un objet d’étude, la liturgie est une vie, mieux : c’est « passer sa vie à passer dans la vie du Christ » . C’est le bain par excellence de toute vie chrétienne : au sens de la foi et au sens de l’Eglise, à la louange et à l’adoration, comme à la mission.


Nous sommes donc appelés à un véritable « sursum corda ». Le « élevons notre cœur » de la préface introduit les fidèles dans le cœur du cœur de la liturgie : la Pâque du Christ, c’est-à-dire son passage de ce monde vers le Père. La rencontre de Jésus ressuscité avec Marie-Madeleine, au matin de la Résurrection, est en cela très significative : par son « noli me tangere », Jésus invite Marie-Madeleine à « regarder vers les réalités d’en haut », lui reprochant de ne pas encore être monté vers le Père dans son cœur, et l’invitant précisément à aller dire aux disciples qu’il lui faut monter vers son Dieu et notre Dieu, vers son Père et notre Père. La liturgie est précisément le lieu de cette élévation, de cette tension vers Dieu qui donne à la vie un nouvel horizon et par là, son orientation décisive. A condition de ne pas la considérer comme un matériau disponible à nos manipulations trop humaines, mais d’observer, avec une obéissance filiale, les prescriptions de la sainte Eglise.



 

Comme l’affirmait le Pape Benoît XVI dans la conclusion de son homélie en la solennité des saints Pierre et Paul de l’année dernière : « Lorsque le monde, dans son ensemble, sera devenu liturgie de Dieu, lorsque dans sa réalité il sera devenu adoration, alors il aura atteint son objectif, alors il sera sain et sauf ».




 

 

 

 

 

 

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Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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