des chrétiens prennent les armes face à l’Etat islamique
Publié le 19 Février 2015
Près de 1.500 chrétiens, dont certains venus d’Europe, combattent désormais au sein du Conseil militaire syriaque, allié des forces kurdes et de l’Armée syrienne libre. Leur objectif: combattre la dictature et l’islamisme radical, mais aussi défendre une Syrie multiconfessionnelle, multiethnique et démocratique.
Yohanna Gabriel est l’un des quelques 1.500 combattants chrétiens au sein du Conseil militaire syriaque (CMS), fondé en janvier 2013. Âgé de 26 ans, ce jeune ingénieur, diplômé de l’Université d’Alep, a rejoint les rangs de la milice à ses balbutiements. Aujourd’hui, il dirige une unité de jeunes combattants, âgés pour la plupart de 18 à 25 ans. «Avant même l’offensive de l’Etat islamique (EI) en juin dernier à Mossoul et la récente déferlante islamique, nous pressentions le danger d’une militarisation de la Révolution syrienne. Le port d’armes s’est imposé à nous», dit-il.
Fin 2012, seize mois après la création de l’Armée syrienne libre (ASL), il était parmi les quelques dizaines de chrétiens réunis à Qamishli, la plus grande ville de la province de Hassaké, pour réfléchir à une structure militaire. «Nous étions 150 combattants au début. […] Notre objectif était de nous défendre par nous-mêmes, sans être sous l’aile de telle ou telle partie. Nous avons vu ce qui s’est passé en Irak pour nos frères chrétiens. Les Kurdes et les Arabes étaient pourtant là et armés […]», affirme le jeune combattant.
En quelques mois, plusieurs centaines de jeunes combattants rallient les rangs de la milice naissante, mais leurs efforts se heurtent à l’absence d’appui financier et militaire. «Nous ne disposons d’aucun soutien occidental ou arabe. La capacité militaire de l’EI est supérieure à la nôtre. Ils possèdent des chars, une artillerie plus lourde et comptent sur les tribus arabes qui leur ont prêté allégeance pour mieux maîtriser le terrain», souligne-t-il.
Dernière libération en date: celle du village de Tell Hirmiz, une localité chrétienne qui longe la rivière de Khabour, où habitait une importante population assyrienne. «Nous avons réussi à prendre en otage onze jihadistes durant cet assaut», précise Yohanna.
Autre fait atypique propre à cette résistance: la présence de combattants étrangers, venus entre autres, de Belgique, de Suisse, d’Allemagne et de Suède, où réside une importante diaspora syriaque, estimée à plus d’un demi-million de personnes. «Toutes les composantes ethniques ou religieuses en Syrie ont fait appel ou ont été rejointes par des combattants étrangers, qu’il s’agisse des Kurdes, épaulés par les peshmergas, des islamistes sunnites, soutenus par des jihadistes venus du monde entier, ou encore des chiites, dont les effectifs ont été renfloués par des combattants iraniens, irakiens et libanais. Pourquoi ne ferions-nous pas pareil?», s’interroge, sous le couvert de l’anonymat, un responsable syriaque.
Nous sommes les plus vieux habitants de cette région. L’identité syro-assyrienne dépasse le simple fait d’être chrétien. Nous avons notre langue, notre culture et nos traditions. Lorsque nous parlons des Kurdes, nous parlons d’une nation, d’une histoire, etc. Pourtant, ils sont musulmans. Nous, c’est pareil.»
..
.. sympas tout ce petit monde, ça change.. !
................................................................................................... ......