homélie pour la ste Scholastique - Wisques.

Publié le 10 Février 2015

http://www.mondoglobale.com/images/st-scholastica.png

 

http://arrasmedia.keeo.com/moniales-159461.jpg

 

 

+

SAINTE SCHOLASTIQUE



Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Abbaye Notre-Dame, Wisques,

le 10 février 2015)

 


Os 2, 16.17b.21-22 Ap 19, 1.5-9a Lc 10, 38-42

 

Ma très Révérende Mère, mes bien chères Sœurs, chers Frères et Sœurs,

 

 

L'ANNEE DE LA VIE CONSACREE, dans la lumière des textes que nous venons d'entendre en cette fête de sainte Scholastique, invite tout à la fois à rendre grâce, pour la consolation de Dieu qui depuis si longtemps nous accompagne, à renouveler notre espérance de poursuivre dans l'avenir une histoire glorieuse avec Jésus, tout en demeurant, pour le moment présent, dans la joie de l'Evangile, notre vademecum : Dieu avec nous, Emmanuel.

 

 

Le décret Perfectæ Caritatis du Concile Vatican II consacré à la rénovation de la vie religieuse enseigne :


Dès les origines de l'Eglise, il y eut des hommes et des femmes qui voulurent, par la pratique des conseils évangéliques, suivre plus librement le Christ et l'imiter plus fidèlement et qui, chacun à sa manière, menèrent une vie consacrée à Dieu...


Dans une telle variété de dons, tous ceux que Dieu appelle à la pratique des conseils évangéliques, et qui en font profession, se vouent au Seigneur de façon spéciale en suivant le Christ chaste et pauvre (Mt 8,20 et Lc 9,58), qui par son obéissance jusqu'à la mort de la croix (Ph 2,8) a racheté les hommes et les a sanctifiés. Poussés dans cette voie par la charité que l'Esprit-Saint répand dans leurs cœurs (Rm 5,5), ils vivent toujours davantage pour le Christ et pour son Corps qui est l'Eglise (Col 1,24). C'est pourquoi, plus fervente est leur union au Christ par cette donation d'eux-mêmes qui embrasse toute leur existence, plus riche est la vie de l'Église et plus féconde son apostolat.... (n°1)


Le prophète Osée évoque les éclipses que peut vivre toute vocation, et qui exigent un renouvellement perpétuel :


Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l'entraîner jusqu'au désert et je lui parlerai cœur à cœur...Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse. (Os 2, 16.17b)


L'épouse a été infidèle et Dieu va la séduire à nouveau. Nous nous sommes engagés et engagés pour la vie... il y a quelques années, quelques dizaines d'années... Peut-être sommes-nous plus que jubilaires... Nous nous sommes engagés, alors qu'aujourd'hui les jeunes générations semblent ne plus vouloir ou ne plus pouvoir s'engager. Etait-ce, de notre part, inconscience, présomption ? Avions-nous, après étude exhaustive, les qualités requises par la Sainte Règle pour faire une bonne moniale, un bon moine ?

 


Marthe, Marthe, dit Jésus, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. (Lc 10, 41-42)

 


Quelle est donc cette chose, la seule nécessaire, qui ne nous sera pas enlevée ? Marthe tourne et vire dans sa maison, Marie demeure aux pieds de Jésus, elle se met à son école.


En nous appelant à la vie religieuse et consacrée, Jésus nous a invités avant toute chose à demeurer à ses pieds, à vivre de lui et pour lui. Saint Benoît requiert du novice qu'il cherche Dieu. Demeurer aux pieds de Jésus, c'est s'offrir afin d'être transformé par lui, c'est lui demander de nous accorder précisément tout ce qui nous manque, afin d'être tout à lui.

 

Laisser le Seigneur agir en nous, c'est le laisser encore et toujours nous séduire, comme il nous a séduits au temps de notre jeunesse. Notre vie religieuse demeure une histoire d'amour. Sommes-nous souples dans la main de l'Epoux ? Sommes-nous attentifs à sa voix ?

 


Si le chemin paraît difficile, laissons-nous donc consoler par Dieu. Dans des propos improvisés, et néanmoins très forts, le Pape François, à Tirana, invitait de façon instante les religieux au don radical de leur vie, à cette consolation de Dieu :


Malheur à nous si nous cherchons une autre consolation ! Malheur aux prêtres, aux religieux, aux sœurs, aux novices, aux personnes consacrées quand ils cherchent des consolations loin du Seigneur ! Je ne veux pas vous ''bastonner'', aujourd'hui, je ne veux pas devenir votre ''bourreau'', ici ; mais sachez-le bien : si vous cherchez de la consolation ailleurs, vous ne serez pas heureux !

(Discours du 21 septembre 2014, à Tirana en Albanie)


Il y a peut-être une erreur radicale et commune que nous faisons sur ce que doit être notre vie religieuse. Sur terre, pensons-nous, nous donnons notre vie à Dieu afin de pouvoir dans l'éternité recevoir tout de lui. Ce n'est pas faux, mais là n'est pas l'essentiel. Peut-être serait-il plus juste de dire : sur terre, nous nous disposons afin d'être consolés par lui, pour pouvoir le louer éternellement dans le ciel.

 


La vie religieuse n'est pas une vie de tension mais une vie d'abandon.

 

Ce n'est pas nous qui montons à Jésus, c'est Jésus qui vient à nous. Saint Augustin disait : « Dieu en faisant attendre élargit le désir. En faisant désirer, il élargit l'âme ; en l'élargissant, il augmente sa capacité à recevoir. » (Saint Augustin cité par Benoît XVI en Spe Salvi n° 33.) Le don de Dieu suffit.

 


Le prophète Osée et l'Apocalypse enseignent cela. Laissons-nous séduire sur terre ; abandonnons-nous au Fiancé dont la voix résonne à nos oreilles à travers les paroles sacrées de l'Ecriture ; accueillons-le dans le sacrement de son Corps et de son Sang ; reconnaissons son visage en nos frères et en nos sœurs ; ainsi nous pourrons prendre place un jour dans la liturgie du Ciel et proclamer sans fin : Alleluia ! C'est à notre Dieu qu'appartiennent le salut, la gloire et la puissance... Alléluia ! Le Seigneur notre Dieu a pris possession de sa royauté, lui, le Tout-Puissant. Soyons dans la joie, exultons, rendons-lui gloire, car voici les noces de l'Agneau, et son épouse s'est faite belle !

 

(Ap 19, 1.6-7)

 


« Là où il y a les religieux il y a la joie » aime à redire le Saint-Père.

 

Pourquoi cela ? Simplement parce que chaque religieux est un chantier plus ou moins vaste où l'Artisan divin devrait pouvoir donner librement cours à son art. Si tel est le cas, alors tout est joie.


Marie en cela nous est un exemple : « C'est elle, fille bien-aimée du Père et revêtue de tous les dons de la grâce, que nous considérons comme modèle insurpassable de la sequela dans l'amour de Dieu et dans le service du prochain », enseigne le Saint-Père. (Lettre Apostolique du 21 novembre 2014 aux consacrés, en la conclusion)


Mettons-nous à son école.

 


Amen.

Rédigé par dom Jean Pateau

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article