« Rembrandt et la figure du Christ »
Publié le 23 Juillet 2011
"Etre chrétien, suivre le Christ, il n'y a rien de plus grand ; tout quitter pour Jésus, il n'y a rien de plus grand. C'est accepter d'être rejeté des hommes, accepter d'être sur la croix comme lui et de garder le silence comme lui. C'est par la Croix qu'on entre dans le Ciel, il n'y a pas d'autre porte. La sagesse de la Croix, c'est cela"
P. Marie-Dominique Philippe, OP
Ô Seigneur, exaucez et dictez ma prière,
Vous la pleine sagesse et la Toute Bonté,
Vous sans cesse, anxieux de mon heure dernière
Et qui m'avez aimé de toute éternité...
Exaucez ma prière après l'avoir formée
De gratitude immense et des plus humbles vœux,
Comme un poète scande une ode bien aimée,
Comme une mère baise un fils sur les cheveux...
Et donnez-moi la foi très humble, que je pleure
Sur l'impropriété de tant de maux soufferts,
Sur l'inutilité des grâces et sur l'heure
Lâchement gaspillée aux efforts que je perds.
verlaine
C’est par ces deux puissantes toiles que s’ouvre la magnifique exposition du Louvre intitulée «Rembrandt et la figure du Christ». Elle donne à voir et à suivre la quête personnelle du grand peintre du «siècle d’or» néerlandais, à la recherche de la figure du Christ. Cette quête a donné naissance à un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre qui s’alignent sur les murs de l’exposition. Rembrandt a 23 ans quand il peint Les Pèlerins d’Emmaüs. Il n’aura de cesse de travailler à la représentation de l’histoire du Christ et à sa figure, à travers ses huiles, dessins, eaux-fortes et esquisses. Moins de vingt ans plus tard, il repeindra le fameux Souper à Emmaüs, avec, cette fois-ci, le visage du Christ au centre de la toile. Au fil de ses œuvres, l’artiste inspiré approche au plus près l’humanité de Jésus, tout en rappelant son aura divine par le jeu de clair-obscur dans lequel il est passé maître. Il y a deux Jésus-Christ chez Rembrandt: l’un rendu par une dimension visionnaire, l’autre peint «d’après nature», dans une série de portraits ou d’études exécutés en atelier, avec un modèle qui pose. Ce dernier choix est audacieux et intervient tardivement; il est à rebours du mystère dont Rembrandt a chargé ses toiles plus thématiques, inspirées de scènes bibliques. En effet, en lecteur assidu des Évangiles, le grand maître de l’École hollandaise du XVIIe siècle s’est intéressé en particulier aux relations entre Jésus et ceux qui l’écoutent ou cherchent sa perte. Il relève le défi de peindre la parole et ses effets. Dans ces tableaux-là, Jésus est une silhouette, une expression puissante, un homme entouré d’une lumière surnaturelle.