historique de l'Avent : le rouleau de Ravenne.

Publié le 25 Novembre 2019

 

      Nos pères, les chrétiens de Rome , ont assisté, dans les vieilles basiliques du VIIIème siècle, à la liturgie de l'Avent; ils ont vu saint Grégoire le Grand ((590 604) faire son entrée solennelle dans les églises stationales au chant des antiennes Ad te levavi, Populus Sion, Gaudete; ils ont entendu les mêmes oraisons , les mêmes homélies, les mêmes chants dans la célébration des mêmes mystères, l'âme, comme la nôtre, tendue vers Bethléem.

         Dès le temps de ce grand Pontife, l'Eglise était donc en possession de la liturgie de l'Avent, telle que nous la connaissons aujourd'hui. Mais l'histoire de ses lointaines origines et des étapes de son évolution est plus difficile à démeler. En effet, ce poème sacré n'est pas une création géniale et spontanée d'un grand Pontife; il est l'oeuvre anonyme de plusieurs générations; les matériaux qui sont entrés dans sa composition viennent de pays et d'époques très différents.

   La plus ancienne attestation de la Fête de Noël remonte au milieu du IVème siècle

   C'est peu après cette date qu'on est en droit de chercher les premiers vestiges de l'Avent. En effet, historiquement la naissance du Sauveur avait été préparée par la longue attente de la première Alliance et du culte d'Israël dont les promesses messianiques étaient l'âme.  De plus , dès le IV ème siècle, le cycle pascal , avec sa longue préparation quadragésimale, avait reçu sa formation définitive. L'importance du mystère de Noël dont la solennité venait de trouver place sur le cycle, devait suggérer l'idée d'en faire précéder la célébration d'une période préparatoire semblable.

   Psychologiquement donc l'Avent ne devait pas tarder à s'organiser. De fait il en fut ainsi. C'est entre le IVème et le VIIème siècle qu'on peut suivre cette formation lente et successive, embryonnaire d'abord et restreinte à quelques églises, mais recevant bientôt , surtout dans les Gaules , tout son développement.

   Le plus ancien document est un canon du Concile de Saragosse (380) où se trouve constitué tout le noyau du cycle de Noël. " Pendant les vingt et un jours qui vont du 16è des Kalendes de janvier (17 Décembre) jusqu'au jour de l'Epiphanie, qui est le 8è des Ides de janvier (6 janvier) , sans interruption, il n'est permis à personne de s'absenter des réunions à l'église, de rester chez soi, de quitter la ville et de se rendre dans les montagnes, ni de marcher déchaussé; mais on doit se rendre à église. Celui qui n'observera pas cette prescription, qu'il soit anathème pour toujours. Tous les évêques ont dit : anathème " .

   On sait assez que les conciles n'innovent pas brusquement en matière disciplinaire: leurs décrets sanctionnent ou rappellent des usages établis et préviennent les relâchements: la teneur du présent canon indique assez que tel est le cas ici.

   Cet acte conciliaire constitue donc un témoignage significatif d'une institution liturgique solidement établie dans l'Eglise d'Espagne dès le IVème siècle.

   Chose plus significative encore: ce même cycle de trois semaines est attesté par un texte de saint Hilaire (+366) texte que jusqu'ici on lui avait contesté, mais qu'une critique mieux avertie lui a récemment restitué. Voici ce que dit le Docteur de Poitiers :" De même que le Père de famille de l'Evangile vint visiter par une triple venue l'arbre stérile; ainsi aussi notre sainte Mère l'Eglise se dispose chaque année à l'avènement du Sauveur par ce temps mystérieux de trois semaines." Nous avons donc là deux témoignages concordants de deux régions différentes, qui attestent l'existence d'un Avent embryonnaire au IVème siècle.

   Au Vème sicèle, saint Grégoire de Tours (+400) nous parle d'un temps de pénitence qui va de la saint Martin à Noël et qui comporte trois jours de jeûne par semaine.

   Il semble bien qu'on doive faire remonter à la même époque ce manuscrit si intéressant, connu sous le nom de Rotulus de Ravenne, rouleau liturgique, long de 360, publié pour la première fois en 1883 et qui contient quarante oraisons du type romain, toutes relatives à la préparation de la fête de Noël. " C'est dans ce rouleau de Ravenne, dit dom Cabrol, que l'on trouvera non pas la plus nombreuse, mais la plus belle collection de prières pour l'Avent. L'auteur, théologien à la fois très pieux, profond et précis, veut dans sa prière insister surtout sur l'union de la nature divine avec la nature humaine dans l'unité hypostatique, sur la Trinité et sur la Maternité divine.

" Fils du Père non engendré ô Christ Seigneur tout puissant, daignez prendre une chair immaculée, afin qu'en vous voyant partager notre nature, nous désirions être conduits aux biens célestes.

   O Dieu , vous qui êtes la voie de la vérité, et l'unité de l'ineffable Trinité, accordez-nous , par l'action de votre grâce en nous, d'aller au-devant de notre Sauveur qui approche, avec des oeuvres dignes de lui, et de mériter la récompense bienheureuse.

   On conviendra que nos ancêtres priaient autrement que nous. La piété liturgique, étrangère à toutes les mièvreries et à toutes les fadaises, se nourrit de saine doctrine et tend toujours vers Dieu.

dom Beauduin osb+

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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