" Mes petits enfants " ( Jean XIII, 33)
Publié le 1 Avril 2022
Il revient à eux pour poursuivre leur éducation qui est son but immédiat.
La voix se fait tendre , littéralement maternelle . Il n'avait pas encore employé ces termes que nous lisons , hélas ! comme tout l'Evangile sans nous mettre en face de Celui qui les prononce, et sans entendre la sonorité du coeur infini qui les vit en les prononçant.
Il les met en face de la réalité. La réalité est double , et c'est ce qui fait la grandeur de cette scène; d'un côté le Fils de Dieu qui rentre dans la gloire de son Père, qui s'achève, se consomme, atteint toute sa taille, toute sa destinée et toute sa joie; de l'autre une épreuve où les uns le renient, un autre le trahit, où il doit quitter les siens, où il doit connaître toutes les douleurs de l'enfantement.
Pour lui tout cela ne fait qu'un ; la peine et la joie, l'humiliation et la gloire, la séparation et la réunion s'appellent et s'ordonnent. Mais ceux qui l'écoutent n'ont pas encore l'esprit qui découvre ces vastes plans. Il les prépare à le recevoir; il dispose en leurs âmes les matériaux qu'il édifiera en les éclairant.
En attendant, sans lumière et sans force, ils ont besoin d'être soutenus; ils sont les tout-petits que la maman doit rassurer, consoler, porter aux passages difficiles.
Il annonce la séparation: " Dans peu de temps je ne serai plus avec vous... où je vais vous ne pouvez venir."
Il faut vivre cette scène. Il s'est formé peu à peu entre Jésus et ceux qu'il appelle " mes petits enfants " une intimité que le récit évangélique laisse à dessein dans l'ombre, mais qui devait être extrême.
Notre-Seigneur était vraiment devenu tout pour les apôtres. Il était le Maître qui éclaire l'intelligence, il était le Messie-Rédempteur qui relève les âmes tombées, il était le Tout-Puissant qui dispose des choses, il était le fondateur d'un royaume où ils auraient les premières places, il était le protecteur, le soutien, le guide avec lequel on se sentait dans la bonne voie et en toute sécurité, il était le Père et l'Ami, il donnait satisfaction à tous leurs rêves; il était tout cela, et plus que cela..."On devine l'impression ressentie par ces pauvres Galiléens quand il leur annonce qu'il va les quitter et les laisser seuls? "
"Où je vais vous ne pouvez pas venir en ce moment." Pour eux néanmoins la séparation n'est pas définitive. Il laisse entrevoir la réunion; il fait briller la lumière dans les ténèbres...
Les Juifs auxquels il a parlé dans les mêmes termes n'ont pas entendu ce petit mot d'espérance; ils n'aiment pas la Lumière; ils ne désirent pas l'accueillir; ils ne souffriront pas de sa disparition; ils n'appelleront pas son retour.
Il en va tout autrement des apôtres: la Lumière est devenue leur vie; la pensée de la perdre les brise... Mais elle ne les quitte que pour purifier leurs âmes et se donner en tout son éclat.
dom Guillerand .