l'enfant prodigue.
Publié le 15 Mars 2023
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L’amour infini de Dieu pour les hommes se manifeste dans Son immense patience, Son immense pardon et Son immense joie. Un tel amour ne peut se comparer sur terre qu’à l’amour maternel. Qui possède plus de patience envers une créature vivante sur terre qu’une mère envers son enfant ? Quel pardon dépasse le pardon accordé par une mère ? Quels yeux pleurent autant de joie devant un pécheur repenti que ceux d’une mère devant son enfant qui a demandé pardon? L’amour maternel sur la terre, depuis que celle-ci existe, n’a été surpassé que par le Seigneur Jésus-Christ dans Son amour à l’égard du genre humain. Sa patience s’est étendue jusqu’aux terribles souffrances endurées sur la Croix; Son pardon s’est déversé de Son cœur et de Ses lèvres, même sur la Croix; Sa joie envers ceux qui se sont repentis a été l’unique joie qui a illuminé Son âme souffrante tout au long de Sa vie terrestre. Seul l’amour divin dépasse l’amour maternel. Seul Dieu nous aime plus que notre mère; Lui seul possède plus de patience envers nous que notre mère ; Lui seul pardonne plus que notre mère, et Lui seul se réjouit davantage devant notre redressement que notre mère.
Celui qui n’a pas de patience avec nous quand nous avons péché, ne nous aime pas. Ne nous aime pas non plus celui qui ne nous pardonne pas, alors que nous nous repentons de nos péchés. Mais celui qui nous aime le moins, est celui qui ne se réjouit pas devant notre redressement.
La patience, le pardon et la joie sont les trois caractéristiques fondamentales de l’amour divin. Ce sont aussi les caractéristiques de tout amour véritable – s’il existe d’ailleurs un autre amour en dehors de l’amour divin ! Sans ces trois caractéristiques, l’amour n’est pas amour. Et si on devait appeler toute autre chose du nom d’amour, ce serait comme si une chèvre ou une truie était appelée brebis.
Dans le récit sur le fils prodigue, le Seigneur Jésus nous montre l’image de l’amour véritable, divin, avec des couleurs si nettes que cet amour scintille aussi fort devant nous que ce monde au moment où, après les ténèbres de la nuit, le soleil vient l’illuminer. Depuis deux mille ans, les couleurs de ce tableau ne s’effacent pas, et elles ne s’effaceront pas tant qu’existeront des hommes sur terre et l’amour de Dieu pour les hommes. Au contraire, plus les hommes sont pécheurs, plus fortement apparaît ce tableau, plus net et plus nouveau.
Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: «Père, donne- moi la part de fortune qui me revient. » Et le père leur partagea son bien (Lc 15, 11-12).
Qu’y a-t-il de plus simple que le début dramatique de ce récit? Mais quels destins se cachent sous cette simplicité? Sous l’identité de l’homme (de ce récit), se trouve Dieu., alors que sous celles des deux fils, on trouve l’homme juste et l’homme pécheur, ou tous les justes et tous les pécheurs. L’homme juste est plus ancien que l’homme injuste, car Dieu, à l’origine, avait créé l’homme juste, qui par la suite se transforma lui-même en pécheur. Le pécheur recherche la division : celle avec Dieu comme celle avec son frère juste.
Derrière ces deux fils, on évoque également la dualité de la nature au sein d’un même homme : celle qui aspire à Dieu et celle qui pousse au péché. Une nature incite l’homme à vivre dans la loi de Dieu du point de vue de l’homme intérieur.; comme dit l’apôtre Paul, alors qu’une autre m’enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres (Rm 7, 22-23).
L’homme spirituel et l’homme charnel, ce sont deux hommes dans un même homme. L’homme spirituel ne peut concevoir de vivre séparé de Dieu, alors que l’homme charnel estime que sa vie ne commence que dans la division avec Dieu. L’homme spirituel est plus ancien, l’homme charnel plus jeune. De par son origine même, l’homme spirituel est plus ancien, car il est écrit que Dieu dit: Faisons l’homme à notre image (Gn 1, 26); or l’image de Dieu est de nature spirituelle et non charnelle ; puis Dieu modela l’homme avec la glaise du sol (Gn 2, 7) auquel II insuffla Son image créée précédemment, c’est-à-dire l’homme spirituel. Bien entendu, l’homme charnel ainsi créé par Dieu, bien que poussière, n’était pécheur en rien. Mais l’homme charnel fut conduit au péché. Eve était plus jeune qu’Adam. Elle fut créée à partir du corps d’Adam ; mais poussée par son propre désir charnel, elle transgressa le commandement de Dieu et succomba à la tentation. Cette chute l’éloigna de Dieu et son esprit la fit partir vers un pays lointain, le royaume de Satan.
Donne-moi la part de fortune qui me revient.
C’est ainsi que le pécheur parle à Dieu. Mais qu’est-ce qui appartient à l’homme qui ne soit à Dieu ? La poussière ; rien d’autre que la poussière. En vérité, la poussière fut créée par Dieu, mais la poussière n’appartient pas à l’être divin. Et c’est pourquoi ce n’est que la poussière que l’homme peut appeler sienne ; tout le reste est à Dieu, tout le reste appartient à Dieu. Tant que l’homme n’est pas séparé de Dieu, tout ce qui est à Dieu est aussi à lui.
Comme le dit Dieu Lui-même : mon enfant, tout ce qui est à moi, est à toi. De même que l’homme peut en pareil cas dire : Tout ce qu’a le Père est à moi (Jn 16, 15).
Mais quand l’homme veut s’éloigner de Dieu, et quand il demande sa part du patrimoine inestimable de Dieu, Dieu peut ne rien lui donner et être néanmoins juste. Car l’homme sans Dieu n’est rien et tout son patrimoine ne représente rien. Quand Dieu lui donne de la poussière, c’est-à-dire le corps seul, sans l’esprit, sans l’âme et sans aucun des dons spirituels, Il lui donne néanmoins quelque chose de plus que ce qui est à l’homme ; et il le fait non dans un esprit de justice, mais par miséricorde. Mais comme la miséricorde divine est infiniment plus grande que la miséricorde maternelle envers son enfant, Dieu donne à Son fils pécheur quelque chose de plus que la poussière. En fait, outre le corps, Il lui laisse une âme dans le corps, comme c’est le cas chez les animaux ; en plus, Il lui laisse un peu de dons spirituels : un peu de raison dans la conscience de la quête du bien, seulement une petite étincelle, afin de ne pas l’abandonner tout à fait comme un animal parmi les animaux.
Et le père leur partagea son bien.
Peu de jours après, rassemblant tout son avoir, le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y dissipa son bien en vivant dans l’inconduite (Lc 15,12-13).
Peu de jours après’, est-ce que sous ces quelques mots, ne se cache pas le mystère du bref séjour d’Adam au paradis ? En commettant le péché, Adam a de ce fait demandé et obtenu la séparation avec Dieu. En s’éloignant de Dieu, il a vu sa propre nudité, c’est-à-dire qu’il a vu qu’il n’était rien sans Dieu. Dieu, dans Sa miséricorde, ne l’abandonna pas tout nu, mais lui fit des vêtements – conformes à sa stature réduite -, l’en revêtit et le laissa (Gn 3, 21). Tu es glaise et tu retourneras à la glaise (Gn 3, 19), dit Dieu à Adam. Cela signifie : au mieux, seule la poussière est à toi, tout le reste est à moi. Tu as cherché ce qui est à toi, je te le donne ; mais pour que tu puisses vivre et être au moins l’ombre de ce que tu as été jusqu’à présent, je te donne quelque chose de plus : je te donne une étincelle de ma dignité divine.
Ce qui s’est passé avec Adam, s’est répété et se répète avec des millions de fils d’Adam qui par le péché se sont éloignés de Dieu pour partir avec leurs biens vers un pays lointain. Dieu ne retient personne de force et n’oblige pas à rester avec Lui, car Dieu a créé l’homme libre et, fidèle à Lui-même, Il ne souhaite jamais vaincre cette liberté humaine.
Or, que fit le pécheur insensé quand il s’est éloigné de Dieu ? Il partit pour un pays lointain et y dissipa son bien en vivant dans l’inconduite. Cela ne fut pas le fait d’un seul pécheur; cela ne fut pas seulement le fait du plus jeune fils de ce père ; cela est le fait de tout homme, sans une seule exception, quand il s’éloigne de Dieu. Il consuma en un souffle leurs jours (Ps 77,33).
En vivant dans l’inconduite. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie passer ses journées dans toutes sortes de péchés, dans l’ivrognerie, les querelles, le gaspillage, et surtout la débauche, ce qui très rapidement détruit la force vitale et éteint l’étincelle divine. Quand l’homme n’a pas d’amour, il s’adonne aux passions. Quand l’homme abandonne la voie de Dieu, il se retrouve dans un entrelacs de chemins innombrables, faisant des allées et venues de l’un à l’autre. Le débauché tient une hache près de la racine de sa vie ; chaque jour, il frappe avec la hache sur la racine, jusqu’à ce que l’arbre commence à s’assécher dans la douleur.