l'enfant prodigue

Publié le 14 Mars 2023

 

 

Les références au veau gras qui est à tuer correspondent au Christ Lui-même, qui a accepté d’être tué pour purifier les pécheurs du péché. Les serviteurs désignent soit les anges, soit les prêtres. Si la maison paternelle ne représente que le ciel, alors le terme de serviteurs ne correspond qu’aux anges ; mais si on considère, ce qui est aussi exact, que la maison paternelle représente l’Église sur terre, alors les serviteurs désignent les prêtres, qui sont appelés à accomplir le mystère du sacrifice du Christ et à nourrir ainsi les hommes pour la vie éternelle. Le fait qu’on représente ici l’Église en premier lieu est évident dans la mesure où le fils prodigue n’était pas encore mort physiquement et que tant que l’homme ne s’est pas séparé de son corps, il appartient au Royaume de Dieu du point de vue de l’Eglise de Dieu sur terre. De même, le fait que les serviteurs correspondent non seulement aux prêtres mais aussi aux anges, est évident d’abord parce que les anges assistent au Saint Mystère dans l’église et aussi parce que, par l’intermédiaire de l’ange gardien, Dieu mène les hommes sur le chemin du salut.

Car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé.

Corporellement, il vivotait encore un peu, mais spirituellement il était mort. Une étincelle qui se trouvait encore là, se mit à flamber en lui et ranima toute son âme. Il avait été condamné dès le moment où il avait demandé sa part du patrimoine paternel. Mais il revint à lui. Ce qui signifie qu’il revint à lui avant l’illumination de l’étincelle de Dieu, car il s’était perdu lui-même. Dieu le connaissait et ne l’avait pas perdu de vue jusqu’à l’heure ultime, l’heure du repentir.

Et ils se mirent à festoyer.

Son fils aîné était aux champs. Quand, à son retour, il fut près de la maison, il entendit de la musique et des danses… Il se mit alors en colère et dit à son père: « Voilà tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis; et puis ton fils que voici revient- il, après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras» (Lc 15, 24-30).

C’est ainsi que le fils juste parla à son père. C’est avec autant de colère que s’expriment de nombreux justes à l’égard de l’Église, quand l’Église accueille avec joie et douceur les pécheurs repentis et les conduit vers le saint mystère de la Communion. C’est aussi ce que peuvent dire à Dieu les justes de l’Ancien Testament, quand ils voient que Dieu a offert Son Fils Unique en sacrifice à une génération plus jeune et pécheresse de l’humanité. «À nous, pourraient-ils dire, Il n’a jamais offert un chevreau ! À côté de l’énorme sacrifice que tu accomplis pour nos descendants pécheurs et débauchés, tu n’as fait le moindre sacrifice pour nous.» Ces mêmes justes pourraient aussi dire : «Tu nous as défendu de commettre le plus petit des péchés, aussi menu qu’un chevreau, et te voilà maintenant en train de récompenser cette génération de pécheurs avec le plus grand trésor que Tu possèdes, en sacrifiant Ton propre Fils ! »

Si on va plus loin, on voit que ce récit, simple en apparence, recouvre l’essence même de toute l’histoire du genre humain, de l’Adam déchu jusqu’au plus grand des Justes, le Seigneur Jésus, qui apparaît par rapport à l’humanité — Adam et sa descendance — comme le Fils aîné du Père céleste, bien que né Unique et non adopté. Si le Seigneur Jésus parlait comme un simple mortel, Il pourrait dire à Son Père: «Adam a péché et s’est détaché de Toi ; lui et toute sa descendance ont blasphémé Ton Nom, et maintenant Tu prépares pour lui et sa descendance une fête et une réjouissance telle que moi et tout le ciel en avons connu très peu.» Bien entendu, Jésus ne saurait jamais être en colère contre Son Père céleste ; Il serait tout aussi incapable de s’adresser en ces termes au Père céleste, sauf intentionnellement, en se transportant dans nos cœurs et en. nous parlant ainsi en guise de réprimande et pour l’exemple, afin que nous ne nous enorgueillissions pas de notre sens de la justice et que cet orgueil ne nous entraîne pas à mépriser les pécheurs repentis. Comme s’il voulait nous dire : quand moi, juste éternel, qui suis depuis l’éternité inséparable du Père, je ne proteste pas contre l’accueil de l’Adam repenti au sein du Royaume céleste, comment pouvez-vous, justes depuis la veille et pécheurs depuis le premier péché commis par Adam, protester contre l’amour de Dieu envers les pécheurs repentis ?

Mais le père lui dit: « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé» (Lc 15,31-32)!

Ainsi Dieu apaise le juste, en lui rappelant les biens innombrables qu’il possède conjointement avec Lui et dont il dispose à Ses côtés. Tout ce qui est à moi est à toi. Avec le retour de ton frère, ton bien ne diminue pas, mais ta joie doit augmenter. Puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé.

Ainsi s’achève cette parabole, qui constitue en elle-même tout un évangile de mystères et d’enseignements.

Celui qui, dans la prière, s’investira encore davantage dans ce récit, y découvrira encore plus de mystères et d’enseignements. Gloire au Seigneur Jésus, qui nous a offert cette parabole, comme un trésor plein de sagesse où des générations successives puisent la connaissance de Dieu et la connaissance des hommes, tout en y apprenant l’amour à travers la patience, le pardon dans la philanthropie divine et la joie dans la joie de Dieu lors de l’accueil des pécheurs repentis. Gloire aussi à Son Père prééternel et à l’Esprit vivifiant, Trinité unique et indivise, maintenant et pour toujours, à travers tous les temps et toute l’éternité.

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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